I. LA FAILLITE DES EGLISES.

 

Souvenons-nous bien que le Christ n'a pas échoué. C'est l'élément humain qui a échoué et qui l'a vaincu, a déjoué Ses intentions et prostitué la vérité qu'Il révélait. La théologie, le dogme, la doctrine, le matérialisme, la politique et l'argent ont constitué une vaste nuée sombre entre les Eglises et Dieu. Ils ont caché la vision réelle de l'amour de Dieu et c'est à cette vision d'une réalité aimante et à la prise de conscience essentielle de ses implications que nous devons revenir.

Existe-t-il quelque espoir que les Eglises et les ecclésiastiques prennent mes dires en considération et que la foi, comme elle existait en Christ, se renouvelle et revienne ? Existe-t-il dans les Eglises, assez d'hommes doués de vision pour gagner la bataille, une vision qui leur permette de subvenir aux besoins de l'homme, et non une vision n'envisageant que la croissance et l'agrandissement des Eglises ? Des hommes semblables existent effectivement dans toutes les organisations religieuses, mais leur nombre est par malheur déplorablement restreint. Même en s'unissant, chose encore impossible, du fait de malencontreuses différences de doctrines, ils forment un groupe qui pèse bien peu en face des pouvoirs établis, de la splendeur matérialiste, des intérêts bien assis et de l'entêtement fanatique des ecclésiastiques réactionnaires de toutes les dénominations. C'est néanmoins pour ces quelques-uns que j'écris, car c'est habituellement la minorité qui lutte, en ce cas les rares ecclésiastiques à tendances spirituelles qui conservent la vision véritable, et finissent par la traduire en réalité vivante. Ce sont ceux qui parcourent les rues torrides et misérables avec l'humanité affamée et agonisante et ressentent donc avec acuité le besoin de régénération des Eglises.

Les salles de réunions religieuses, les chaires, les journaux et magazines religieux retentissent tous des appels lancés aux hommes pour revenir à Dieu et pour trouver dans la religion l'issue au présent chaos. Pourtant l'humanité n'a jamais été aussi encline à la spiritualité que maintenant, ni si consciemment et nettement orientée vers les valeurs spirituelles et la nécessité de réviser et de réaliser les valeurs spirituelles. Les appels lancés devraient s'adresser aux chefs religieux et aux ecclésiastiques de toutes les religions, à ceux qui partout travaillent pour les Eglises. Ce sont eux qui doivent revenir à la simplicité de la foi, comme elle existe en Christ. Ce sont eux qui ont besoin de se régénérer. Partout les hommes demandent la lumière. Qui peut la leur donner ? Ceux qui avancent eux-mêmes dans la plus profonde obscurité ?
Encore une fois, des aveugles conduiront-ils des aveugles ?

Deux facteurs principaux sont cause de l'échec des Eglises :

1. D'étroites interprétations théologiques des Ecritures.
2. Les ambitions matérielles et politiques.
Dans tous les pays, au cours des âges, des hommes ont cherché à imposer leurs interprétations religieuses personnelles de la vérité, des Ecritures, et de Dieu à la masse. Ils se sont emparés des Bibles du monde, et se sont efforcés de les expliquer, en passant les idées qu'ils y trouvaient au crible de leurs propres intelligences et cerveaux, et, naturellement, au cours de ce processus, le sens se trouvait dénaturé. Non contents de cela, leurs adhérents ont imposé ces interprétations faites par l'homme a des gens ignorants, qui ne réfléchissaient point. Chaque religion, le bouddhisme, l'hindouisme dans ses divers aspects, l'islam et le christianisme ont produit quantité d'esprits remarquables qui, d'habitude, ont cherché en toute sincérité à comprendre ce que Dieu était supposé avoir dit et qui ont formulé des doctrines et des dogmes sur la base de ce qu'ils croyaient être l'intention de Dieu. Leurs paroles et leurs idées sont ainsi devenues des lois religieuses et des vérités irréfutables pour d'innombrables millions. En dernière analyse, qu'avons-nous ? Les idées d'un esprit humain, exprimées dans les termes de son époque, de sa tradition, de son éducation, sur ce que Dieu a dit dans une Ecriture soumise depuis des siècles aux vicissitudes et aux erreurs, inévitables avec de constantes traductions, traductions souvent basées sur un enseignement oral.

La doctrine de l'inspiration verbale des Saintes Ecritures du monde, jugée particulièrement applicable à la Bible chrétienne, est aujourd'hui complètement périmée et, avec elle, l'infaillibilité de l'interprétation. Toutes les Ecritures du monde sont maintenant considérées comme provenant de mauvaises traductions et aucune d'entre elles, après des milliers d'années de traduction, ne demeure telle qu'elle était à l'origine, si toutefois elle a jamais existé comme manuscrit original et n'était pas les souvenirs des paroles prononcées, notées par un auditeur. En même temps, il faut se souvenir que la tendance générale et l'enseignement de base, tout comme la valeur réelle des symboles, sont habituellement corrects, quoique le symbolisme lui-même doive être soumis à une explication moderne et non aux fausses interprétations de l'ignorance. Ce que j'essaie de montrer, c'est que dogmes et doctrines, la théologie et les affirmations dogmatiques ne sont pas nécessairement marquées au coin de la vérité, telle qu'elle existe dans la pensée de Dieu, avec laquelle la majorité des interprètes dogmatiques se prétendent familiers. La théologie est simplement ce que les hommes s'imaginent être la pensée de Dieu. Ils se font ainsi semblables à Dieu, puisque apparemment, ils peuvent lire Sa pensée à livre ouvert. Plus l'Ecriture est ancienne, plus grande est, nécessairement, la déformation. La doctrine d'un Dieu vengeur, celle du châtiment dans un enfer hypothétique, l'enseignement que Dieu aime seulement ceux qui l'interprètent dans les termes d'une école théologique particulière, le symbolisme du sacrifice sanglant, l'appropriation de la Croix comme symbole chrétien, l'enseignement concernant la naissance d'une vierge et l'image d'une Divinité irritée que seule la mort apaise sont des résultats malheureux de la propre pensée de l'homme, de sa nature haïssante, de son isolationnisme sectaire (encouragé par l'Ancien Testament juif, mais généralement absent des fois orientales), de son sentiment de crainte, hérité du côté animal de sa nature, tout cela entretenu et inculqué par la théologie, mais non par le Christ, ni par le Bouddha ni par Shri Krishna.

La sotte mentalité des hommes, au cours de leurs stades d'évolution passés et présents, n'a compris, ni aujourd'hui ni jamais, l'intelligence et les desseins de Celui en Qui nous vivons, nous mouvons et avons notre être. Ils interprètent Dieu en termes à leur mesure. Aussi quand les hommes acceptent un dogme sans réfléchir, ils acceptent seulement le point de vue de quelque autre humain faillible, et non une vérité divine. C'est celle-ci que les séminaires de théologiens devraient commencer par enseigner, en formant leurs élèves à penser par eux-mêmes et à se souvenir que la clé de la vérité se trouve dans la puissance unifiante de la religion comparée. Seuls, ces principes et ces vérités qui sont reconnus universellement et qui ont leur place dans toute religion sont vraiment nécessaires au salut. La suite des vérités secondaires et sujettes à controverses est habituellement insignifiante et n'est pas nécessaire, sinon pour appuyer la vérité primordiale et essentielle.

C'est cette présentation d'une vérité déviée qui a conduit l'humanité à formuler un ensemble de doctrines, dont le Christ ne savait apparemment rien et dont, serai-je dire, Il se souciait sans doute moins encore. Le Christ désirait seulement que les hommes reconnussent que Dieu est amour, que tous les hommes sont enfants d'un même père, et par conséquent frères, que l'esprit de l'homme est éternel et qu'il n'y a point de mort. Il souhaitait ardemment que le Christ en chaque homme (la conscience christique innée qui nous fait tous un et un avec Christ), fleurit dans toute sa gloire. Il enseignait que la note dominante de la vie spirituelle était le service et que la volonté de Dieu serait révélée. Ces points ne sont pas ceux que la masse des commentateurs a relevés. Ils ont discuté ad nauseam de la mesure où le Christ était divin et de celle où Il était humain, de la nature de la naissance d'une Vierge-mère, du rôle de saint Paul dans l'enseignement de la vérité chrétienne, de la nature de l'enfer, du salut par le sang et de l'authenticité et de l'historicité de la Bible.

Les paroles et les épîtres de saint Paul ont reçu au moins autant d'attention que les paroles du Christ, sinon davantage, et la même infaillibilité lui a été imputée, alors que le seul auteur du Nouveau Testament qui ait interprété correctement et compris la pensée du Christ est saint Jean. Dans ses écrits, l'amour du Christ émerge sans disputes doctrinales.

Aujourd'hui, les hommes reconnaissent intellectuellement l'aube de la liberté. Ils comprennent que tout homme devrait être libre d'adorer Dieu à sa manière. Cela, si c'est vrai et si l'on y insiste, sonne le glas de la théologie. Cela ne signifie pas que, dans l'ère nouvelle à venir, chacun choisira l'école théologique à laquelle il lui plaira d'appartenir. Son propre mental éclairé par Dieu cherchera la vérité et il se l'interprétera lui-même. Les jours de la théologie sont comptés et celui de la vérité vivante se lève. C'est ce que les Eglises orthodoxes se refusent à comprendre. La vérité est essentiellement contraire à toute controverse. La où se manifeste la controverse, le point est habituellement d'une importance secondaire et se rapporte surtout à l'idée humaine de la vérité.

Aujourd'hui, les hommes ont poussé loin le rejet des dogmes et des doctrines, et ce fait est bon et encourageant. Il marque un progrès, mais jusqu'à présent, les églises ne veulent pas voir là l'œuvre divine. La liberté de pensée, le refus d'accepter les enseignements des Eglises dans les termes de la théologie ancienne, la remise en question des vérités présentées et le rejet de l'autorité ecclésiastique sont caractéristiques de la pensée spirituelle du temps présent. Les ecclésiastiques orthodoxes considèrent cela comme le signe de tendances dangereuses et comme un détachement à l'égard de Dieu, par conséquent, comme la perte du sens du divin. C'est exactement le contraire, que cela indique.

Aussi graves peut-être, à cause de l'effet produit sur des milliers innombrables parmi le public ignorant, sont les ambitions matérielles et politiques des Eglises. Dans les religions orientales, tel n'est pas le cas, du moins n'est-il pas aussi flagrant. Dans le monde occidental, pareille tendance amène rapidement l'effondrement des Eglises. Dans les religions orientales, un négativisme désastreux a pris le dessus. Les vérités données n'ont pas suffit à améliorer la vie quotidienne du croyant, ni à ancrer de manière créatrice les vérités sur le plan physique. L'effet des doctrines orientales est surtout subjectif et, dans les affaires de tous les jours, il est négatif. Le négativisme des interprétations théologiques des Ecritures bouddhiques et hindoues a maintenu le peuple dans un état léthargique, dont il commence lentement à émerger. La foi mahométane est, comme la chrétienne, une face positive de la vérité, quoique fort matérialiste. Ces deux croyances ont été militantes et politiques dans leurs activités.

La grande religion de l'Occident, le christianisme, a été nettement objective dans sa présentation de la vérité. Le besoin s'en faisait sentir. Elle a été militante, fanatique, grossièrement matérialiste et ambitieuse. Elle a combiné les objectifs politiques à la pompe et aux cérémonies, érigées de grandes structures de pierre et sa puissance et son autorité se sont montrés d'une nature très restrictive.

L'Eglise chrétienne primitive (relativement pure dans sa présentation de la vérité et dans ses mœurs) finit par se diviser en trois parties : l'Eglise catholique romaine, qui cherche aujourd'hui à capitaliser le fait qu'elle est l'Eglise-Mère l'Eglise, byzantine ou grecque orthodoxe et les Eglises protestantes. Toutes se sont scindées sur des questions de doctrine et toutes étaient à l'origine sincères, propres et relativement bonnes et pures. Toutes sont allées se détériorant depuis le jour de leur institution et se trouvent aujourd'hui dans la triste situation suivante : 

1.
L'Eglise catholique romaine se distingue par trois traits, tous contraires à l'esprit du Christ :
a.
Une attitude intensément matérialiste. L'Eglise de Rome est représentée par de vastes édifices de pierre, cathédrales, basiliques, institutions, couvents, monastères. Pour les bâtir, sa politique, au cours des siècles, a consisté à drainer l'argent de la poche de riches et pauvres, sans distinction. Le dieu de l'Eglise catholique est l'argent. Cette Eglise strictement capitaliste est puissante dans les pays fascistes. L'argent accumulé dans ses coffres entretient une puissante hiérarchie ecclésiastique et ses nombreuses institutions ou écoles.

b.
Un programme politique à longue échéance et à longues vues, dont le but est le pouvoir temporel, et non le bien-être des petites gens. Le programme actuel de l'Eglise catholique comporte de nettes implications politiques. Son attitude envers le communisme contient les germes d'une autre guerre mondiale. Les activités politiques de l'Eglise catholique en ce moment n'édifient point la paix, sous quelque aspect qu'elles se présentent.
c.
Une politique qui maintient consciemment la masse du peuple dans l'ignorance intellectuelle, qui la fait naturellement se ranger au côté des forces réactionnaires et conservatrices, si actives dans leur puissante résistance de l'Ere nouvelle, à sa civilisation nouvelle et à sa culture plus éclairée. Une foi aveugle et une entière confiance dans le prêtre et dans le Vatican sont considérées comme des devoirs spirituels.
L'Eglise catholique romaine se retranche et présente un front unifié contre toute présentation nouvelle et évolutive de la vérité au peuple.
Ses racines plongent dans le passé, mais ne poussent pas vers la lumière ; ses ressources financières considérables lui permettent de menacer l'illumination future de l'humanité, sous couvert du paternalisme et d'une apparence colorée, cachant la cristallisation et une stupidité intellectuelle, qui aboutiront inévitablement à sa propre condamnation.

2.
L'Eglise orthodoxe grecque avait atteint un tel degré de corruption, de zizanie, d'avidité et de vices sexuels que, temporairement, elle fut abolie sous la révolution russe. Ce geste était sage, nécessaire et juste.
L'accent était entièrement mis sur l'aspect matériel dans cette Eglise, mais elle n'avait jamais disposé (ni ne disposera) d'un pouvoir comparable à celui de l'Eglise catholique romaine. Le refus du parti révolutionnaire en Russie de reconnaître cette Eglise corrompue était juste et salutaire. Cela n'a point fait de mal, car le sentiment de Dieu ne peut jamais être chassé du cœur humain. Si toutes les Eglises organisées disparaissaient de la face du monde, le sens de Dieu, du respect et de la connaissance du Christ resurgiraient avec une force et une conviction nouvelles. Vous savez que l'Eglise a de nouveau été admise en Russie et une nouvelle occasion lui est offerte. Je n'insisterai pas aujourd'hui sur l'Eglise en Russie, ni sur son attitude actuelle. Elle ne joue encore aucun rôle dans les affaires mondiales, mais il y a lieu d'espérer qu'elle émergera finalement comme force spirituelle régénérée. L'épreuve de son milieu est telle, qu'elle ne peut se monter aussi réactionnaire que les Eglises d'autres parties du monde.

3.
Les Eglises protestantes – L'Eglise désignée sous le terme générique "protestante" se distingue par la multiplicité de ses divisions. Elle est large, étroite, libérale, radicale et proteste toujours. Elle compte dans son sein de vastes Eglises telles que l'Eglise protestante épiscopale, l'Eglise méthodiste, l'Eglise d'Angleterre, l'Eglise de la congrégation, l'Eglise presbytérienne et bien d'autres, grandes et petites. Ces Eglises sont aussi caractérisées par leurs buts matériels. Elles sont relativement peu sujettes aux aspirations politiques qui conditionnent l'Eglise catholique romaine, mais elles constituent un corps de croyants querelleurs, fanatiques et intolérants. L'esprit de différenciation y prospère. Il n'existe point parmi elles de cohésion, ni d'unité, mais un esprit partisan, virulent, qui rejette constamment et fait croître les cultes protestants par centaines, présentant toujours une théologie étroite, qui n'enseigne rien de nouveau, mais produit des querelles nouvelles au sujet d'un point de doctrine ou d'une question d'organisation ecclésiastique, ou de procédure. Les Eglises protestantes ont créé un précédent de la controverse acrimonieuse dont les Eglises plus anciennes demeurent assez indemnes, vu leur méthode hiérarchique de gouvernement et le contrôle de l'autorité centrale.
Comment le besoin de l'humanité d'être guidée spirituellement peut-il être assouvi, si les chefs des Eglises se préoccupent de questions temporelles, si l'accent est mis dans les Eglises catholique romaine, orthodoxe grecque et chez les protestants sur la pompe et le cérémonial, sur les vastes églises ou les cathédrales en pierre, les vases sacrés d'or et d'argent, les barrettes écarlates, les vêtements enrichis de joyaux et tous ces accessoires que la gent ecclésiastique prise tant. Comment, en particulier, peut-on sauver les enfants affamés d'Europe et du monde, alors que papes et évêques demandent de l'argent pour bâtir des cathédrales et édifier encore des églises, même si les églises déjà existantes demeurent vides ? Comment la lumière peut-elle illuminer à nouveau la pensée des hommes, si le clergé maintient le peuple dans la crainte, sauf s'il accepte les vieilles interprétations théologiques et les vieilles méthodes de s'adresser à Dieu ? Comment les besoins spirituels et intellectuels du peuple peuvent-ils être satisfaits, si les séminaires de théologiens n'enseignent rien de neuf et d'adapté au temps présent, mais envoient des jeunes gens guider l'humanité armés seulement des antiques interprétations ? Ces jeunes gens entrent dans la voie religieuse et la préparation à leur ministère avec de grandes espérances et une vision élevée. Ils en sortent avec peu d'espoir, guère de foi, mais décidés à "réussir" et à s'élever dans les rangs ecclésiastiques.

La question se pose de savoir si le Christ se sentirait chez Lui dans les églises, s'Il revenait parmi les hommes. Les rites et les cérémonies, la pompe et les somptueux vêtements, les cierges, l'or, l'argent, les ordres gradués des papes, des cardinaux, des archevêques, des chanoines et des simples curés, vicaires et clergé mineur présenteraient sans doute peu d'intérêt pour le simple fils de Dieu, Qui, sur terre, n'avait point de lieu ou reposer Sa tête.

En écrivant ce jugement sur les Eglises, je suis pleinement conscient qu'il existe de grands et bons hommes, des hommes profondément spirituels que le destin retient prisonniers dans les murs étroits des églises et des confessions.
Leur sort est difficile. Ils se rendent compte de la situation et luttent, en s'efforçant de présenter des idées chrétiennes, religieuses et saines à un monde qui souffre et cherche. Ce sont de vrais enfants de Dieu ; leurs pieds sont posés dans des lieux fort désagréables ; ils savent que la "pourriture" a miné la structure ecclésiastique et connaissent la bigoterie, l'égoïsme, l'avidité et l'étroitesse dont ils sont entourés.

Ils savent bien que nul n'a jamais été sauvé par la théologie, mais seulement par le Christ vivant et la prise de conscience du Christ au-dedans de chaque cœur humain ; ils répudient intérieurement le matérialisme de leur milieu et ne voient guère d'espoir pour l'humanité au sein des Eglises. Ils savent bien que les réalités spirituelles ont été oubliées dans le développement matériel des Eglises ; aimant leurs semblables, ils désireraient détourner l'argent dépensé à entretenir les églises et pour leurs frais généraux vers la création du Temple de Dieu "qui n'est pas fait de main d'homme mais dure éternellement dans les cieux". Ils servent cette Hiérarchie spirituelle qui veille, invisible et sereine, dans les coulisses des affaires humaines et ne se sentent nullement liés intérieurement à une quelconque hiérarchie ecclésiastique. Le facteur principal est pour eux d'amener l'être humain à une relation consciente avec le Christ et cette Hiérarchie spirituelle et ils se soucient peu d'accroître l'assiduité des fidèles et l'autorité de misérables hommes. Ils croient à ce royaume de Dieu, dont le Christ est le Maître principal, mais n'ont aucune confiance dans le pouvoir temporel que réclament et qu'exercent papes et archevêques.

De tels individus se trouvent dans toutes les grandes organisations religieuses, en Orient comme en Occident et dans tous les groupes ostensiblement consacrés à des buts spirituels. Ce sont des hommes simples et sanctifiés, qui ne demandent rien pour leur personne, qui représentent Dieu en vérité et dans la vie et ne participent pas réellement à l'Eglise au sein de laquelle ils agissent. L'Eglise souffre fort du contraste qu'ils offrent et ne leur permet guère d'atteindre à l'éminence et au pouvoir. Temporellement ils ne sont rien, mais leur exemple spirituel apporte l'illumination et la force à beaucoup.
Ils sont l'espérance de l'humanité, car ils sont en contact avec le Christ et forment partie intégrante du Royaume de Dieu. Ils représentent la Divinité d'une manière que les ecclésiastiques et les soi-disant princes de l'Eglise imitent rarement.