Manière dont le disciple aborde l'extériorisation dans sa conscience


J'estime nécessaire ici de clarifier un point. Les disciples envoyés par les divers ashrams n'arrivent pas sur terre conscients d'une haute mission, et connaissant bien la nature de la tâche qui leur a été assignée subjectivement. Dans le cas de certains disciples, qui seront de grande élévation et ayant rang d'initiés, ils peuvent avoir la conviction d'une mission (si on peut employer ce terme) dans leur extrême jeunesse, et ainsi s'orienter vers la tâche de leur vie, dès le début ; cette conviction s'accroîtra, s'approfondira et se clarifiera avec les années. Mais il faut se souvenir que la majorité des disciples ne réagira pas ainsi. Ils arriveront en incarnation avec certains dons et certains talents innés, avec certaines idées fermement enracinées, dotés d'idéaux irrévocables et d'un cerveau réceptif à un mental bien développé. Ils se frayeront un chemin normalement, selon leurs tendances et prédilections naturelles, vers le domaine de l'activité humaine où il est prévu
qu'ils travaillent, et dans lequel ils doivent apporter certains changements fondamentaux, en accord avec l'intention hiérarchique. Cette intention hiérarchique leur sera généralement inconnue, bien qu'il puisse parfois en être autrement ; toutefois la tâche à accomplir leur paraîtra impérative et nécessaire, et devant être accomplie à tout prix. Ils trouveront leur voie vers la politique, les mouvements éducatifs, la science ; ils travailleront dans le domaine humanitaire, social et financier ; ils adopteront ces modes d'activités par inclination naturelle, et non parce qu'ils "obéissent" aux instructions d'un Maître. Ils réussiront dans leur effort, car la puissance de la Hiérarchie sera derrière eux, et l'ashram intérieur peut faire beaucoup pour ses disciples travaillant à l'extérieur, lorsqu'il s'agit d'ouvrir des portes, de mettre en oeuvre des efforts et d'organiser des contacts ou autres facilités ; tout ceci s'accomplit, néanmoins, sans que l'impulsion intérieure soit évidente. La reconnaissance de cet effort intérieur dépendra de la position du disciple dans l'ashram. Quand le disciple est très avancé, il peut prendre conscience de sa haute mission, et savoir que ce n'est pas une intention fanatique venant de lui-même, mais une tâche précise, entreprise en réponse aux projets ashramiques. De tels cas seront l'exception et non la règle, surtout dans les premiers stades. Ces travailleurs hiérarchiques réuniront autour d'eux des disciples moins avancés, qui travailleront dans la même direction, par communauté d'intérêt, mais non par la reconnaissance d'instructions similaires – ce qui est très différent.
Dans l'un des cas, la conscience de la mission est développée par des périodes d'établissement de plans précis avec l'ashram, et en consultation avec le Maître ou ses collaborateurs chevronnés. Dans le cas plus général, le disciple réagit et travaille en réponse à l'impression, ignorant totalement, à ce stade, d'où vient l'impression ; il considère qu'il s'agit d'une activité de son mental, jouant le rôle d'agent directeur dans toutes les activités prévues, dans le thème et le dessein de sa vie, qui sont son service dynamique.
Une caractéristique majeure est néanmoins présente chez tous ces disciples et aspirants au travail ; c'est un profond sentiment humanitaire, et une détermination d'aider la cause du bien-être humain. Une distinction intéressante se fera jour plus tard, et influera sur l'âge nouveau, à l'encontre des méthodes du passé et du présent. Les disciples et les aspirants ne seront pas voués à un travail purement humanitaire ou social. Ce sera un motif de leur travail, non un objectif. Ils ne consacreront pas leur vie et leurs efforts uniquement au soulagement des besoins des hommes. Toutes les phases de la vie humaine – politique, finance, science et religion – seront reconnues comme leur tâche immédiate mais, à l'avenir, le motif ne sera pas principalement la réussite dans les affaires, ou l'ambition de la personnalité, mais l'impulsion à subordonner ces dernières à l'effort général et à l'aide de l'humanité dans son ensemble, dans une vision à long terme.
C'est cet esprit humanitaire en développement qui sous-tendra tous les mouvements vers la socialisation des hommes, en tous pays. Ce mouvement est symptomatique d'un changement d'orientation dans la pensée de l'homme, et c'est là que gît sa valeur essentielle. En réalité, il n'indique pas une nouvelle technique de gouvernement, et cette phase particulière est éphémère ; il est d'autre part fondamental à l'ordre mondial nouveau qui émergera de toutes les expériences que la pensée humaine tente en ce moment. Voilà ce qui existera dans la conscience des disciples chargés par la Hiérarchie de faire les changements nécessaires, et la nouvelle orientation, et non une reconnaissance des Maîtres et de leurs ordres, pas plus qu'une toile de fond hiérarchique ou ashramique.
Pendant leur incarnation, ces disciples sont libres de servir uniquement et de tout coeur cette phase de l'effort humain où semblent les conduire leur destin et la tendance de leur vie. Ils peuvent n'être aucunement conscients d'un objectif spirituel (ainsi appelé aujourd'hui), si ce n'est la reconnaissance de l'amour qu'ils portent à leurs semblables ; cet amour conditionnera tout ce qu'ils feront et motivera tous leurs efforts.
Du point de vue du Maître, ils peuvent être atteints, recevoir l'impression et être dirigés, et ils sont indiscutablement atteints de cette manière. De leur point de vue, ce sont simplement des hommes actifs énergiques, dotés d'une bonne intelligence, profondément intéressés par la tâche qu'ils ont choisie dans la vie, prouvant qu'ils sont capables de travail efficace dans telle ou telle ligne d'action, aptes à influencer d'autres personnes et à les diriger vers une action similaire, apportant de nets changements dans le domaine de l'effort humain qui les concerne, et du même coup haussant les principes sous-jacents à un niveau plus élevé. Ceci est du travail hiérarchique à l'état pur. Il affecte considérablement la conscience de l'humanité.
Ces disciples peuvent être conscients de ce que leur action et leur pensée font partie d'un effort dans l'évolution ; dans cette mesure ils sont conscients de leur mission, mais la valeur de cette attitude est qu'elle les relie, par la conscience, à beaucoup d'autres personnes. ayant des motifs semblables et conscientes d'une vision similaire. Il est évidemment sage de se rappeler que de tels disciples ont le type prononcé de leur rayon, et sont des personnalités intégrées, dans le sens le plus élevé du terme. Ils travailleront sur terre, en tant que personnalités de haut degré, sous l'impact de motifs forts émanant de l'âme, en réponse à l'impression de l'ashram ; toutefois, dans leur cerveau physique, il n'en savent rien et s'en soucient encore moins. Une partie de leur efficacité dans le service est due au fait qu'ils ne sont pas préoccupés par le contact de l'âme et par l'idée d'un service académique. Ils ont les yeux fixés sur le travail à faire, leur coeur est avec leurs semblables ; ils ont la tête pleine de méthodes, techniques et pratiques qui élèveront le niveau de l'effort dans le domaine qu'ils ont choisi. D'où leur réussite inévitable.
Ce travail de préparation à l'extériorisation de la Hiérarchie ne sera pas demandé aux disciples qui sont intensément intéressés par la réceptivité personnelle à l'âme, qui travaillent diligemment au contact de l'âme, qui se préoccupent de l'art de servir consciemment, font du service un but, et qui sont vivement conscients du fait de l'ashram et de l'existence du Maître. On peut faire confiance aux disciples avancés, qui sont stabilisés dans l'ashram, et qui sont si habitués au Maître que celui-ci ne prend pas dans leur conscience une importance excessive pour travailler dans le monde selon une ligne correcte, et exécuter le travail de préparation. Ils ne peuvent pas être détournés de leur attention exclusive à la tâche, par un appel ou une suggestion de l'âme : ils sont donc libres pour faire le travail prévu.
La situation relative à la conscience du disciple en cette période d'intense difficulté, mais de grand intérêt, qui confronte l'humanité, pourrait donc être résumée dans les déclarations suivantes :
1. Le disciple n'est poussé par aucun désir d'extérioriser la Hiérarchie, ou de voir l'ashram auquel il est affilié fonctionner physiquement sur le plan extérieur. Il peut n'avoir nullement conscience de l'intention hiérarchique. S'il est conscient de ce dessein sous-jacent, c'est tout à fait secondaire dans sa conscience. Le bien de l'humanité et un avenir spirituel stabilisé pour l'humanité sont les motivations majeures de sa vie.
2. Le disciple est de tendance strictement humanitaire. Il travaille pour l'humanité Une, et bien que peut-être conscient de son affiliation à la Hiérarchie, sa loyauté, son service et l'intention de sa vie sont entièrement dirigés vers la cause du perfectionnement de l'homme. Par cette attitude, il en arrive à ressembler aux Maîtres, dont la directive de vie n'est pas influencée par les possibilités hiérarchiques, mais par l'adhésion aux desseins de Shamballa, dans l'action, dans les relations, et quant au Plan concernant toutes les unités de vie dans les trois mondes.
3. L'intuition du disciple est vive et active ; les idées nouvelles, et les nouveaux concepts vitaux sont au premier plan de son esprit. Il répudie presque automatiquement la pensée réactionnaire et conservatrice du passé – et, sans fanatisme ou insistance excessive, il vit, parle et instruit selon les lignes nouvelles des justes relations humaines.
4. Le disciple, préoccupé des plans hiérarchiques pour l'avenir, a l'esprit très ouvert en ce qui concerne le développement des vrais pouvoirs psychiques. Il déplore et réprime tous les états et formes de pensée négatifs, lorsqu'il les rencontre dans son entourage, mais il encourage le développement de toutes les formes de perception sensibles supérieures, qui élargissent la conscience humaine et enrichissent son contenu.
5. Selon sa condition hiérarchique, il deviendra de plus en plus un canal de pouvoir dans le monde. L'affirmation de la Bible (ou plutôt l'injonction) de prendre racine vers le bas et de porter des fruits vers le haut, a pour lui une signification occulte profonde.
Je ne parle pas ici du développement du disciple en tant que disciple, ou de son progrès comme individu sur le Sentier ; j'examine le type de conscience avec lequel il aborde la tâche à exécuter. A moins qu'il ne remplisse, en luimême, les conditions énumérées dans cette section de notre étude, il ne fera pas partie des travailleurs de cette période intermédiaire entre l'âge ancien et l'âge nouveau.