Le travail du Christ aujourd'hui


N'oubliez pas un point important. La Hiérarchie est le résultat de l'activité et de l'aspiration humaines. Elle a été créée par l'humanité. Ses membres sont des êtres humains qui ont vécu, souffert, réussi, échoué, atteint le succès, subi la mort et passé par l'expérience de la résurrection. Ils sont de la même nature que ceux qui luttent aujourd'hui avec les processus de désintégration, mais qui – néanmoins – portent en leur sein la semence de la résurrection. Ils connaissent tous les états de conscience et les ont tous maîtrisés. Ils les ont maîtrisés en tant qu'hommes, ce qui garantit à l'humanité la même réussite ultime. Nous avons tendance à considérer les membres de la Hiérarchie comme radicalement différents de l'humanité, en oubliant que la Hiérarchie est une communauté d'hommes ayant réussi, qui, antérieurement se sont soumis aux feux purificateurs de la vie quotidienne, et ont fait leur propre salut en tant qu'hommes et femmes plongés dans les choses de ce monde, en tant qu'hommes d'affaires, maris, femmes, fermiers, gouvernants, et qu'ils connaissent donc la vie dans toutes ses phases, et tous ses degrés. Ils ont surmonté les expériences de la vie ; leur grand Maître est le Christ ; ils sont passés par les initiations de la nouvelle naissance, du baptême de la transfiguration, de la crucifixion et de la résurrection. Mais ce sont toujours des hommes, et Ils ne diffèrent du Christ que par le fait que lui, le premier de notre humanité à atteindre la divinité, l'Aîné d'une grande famille de frères (comme l'a exprimé l'apôtre Paul), le Maître des Maîtres et l'Instructeur des anges et des hommes, fut jugé si pur, tellement saint et éclairé, qu'on lui permit d'incarner, à notre intention, le grand principe cosmique d'amour ; Il nous a donc révélé, pour la première fois, la nature du coeur de Dieu.
Ces hommes parfaits existent donc ; ils sont plus que des hommes car l'esprit divin en eux enregistre tous les stades de la conscience – subhumaine, humaine et suprahumaine. Ce développement inclusif leur permet de travailler avec les hommes, d'entrer en contact avec l'humanité lorsque c'est nécessaire, et de savoir comment guider son progrès jusqu'aux phases de résurrection.
Point n'est besoin que je m'attarde ici sur le monde qu'Ils essaient d'aider et de sauver. La condition de l'humanité est aujourd'hui connue de tous ceux qui pensent véritablement. La dévastation, la crucifixion, le carnage, la mort sont largement répandus ; la souffrance, la désillusion et le pessimisme influencent la pensée et la réaction de millions d'individus, tandis que la triste situation des masses non pensantes et impuissantes a atteint un point inconcevable de misère. L'ignorance, le manque de compréhension et l'égoïsme des hommes de partout, particulièrement dans les pays qui ont échappé aux ravages de la guerre, aggravent la situation. Néanmoins, avec sérénité et confiance, la Hiérarchie fait face aujourd'hui à sa tâche ardue.
J'aimerais aborder un des aspects de son travail et de son attitude, car il peut engendrer un malentendu parmi les personnes à vision étroite et (si je puis les décrire ainsi) au coeur rétréci, mais aimant. Je veux parler de l'attitude adoptée par la Hiérarchie, pendant ces dernières années de guerre. Certains ont estimé que cette attitude prêtait à critique. Permettez-moi d'être explicite, et de faire entrer en jeu le facteur temps. Je suis en mesure de le faire, car c'est par mes écrits que la position de la Hiérarchie fut affirmée et publiquement déclarée.
En 1932, j'ai écrit une série d'opuscules dans le but de mobiliser les disciples du monde sous le nom de Nouveau groupe des serviteurs du monde, et de stimuler chez les hommes de bonne volonté un ultime effort pour éveiller l'humanité à la nécessité du changement. J'ai essayé d'instituer un grand nettoyage mondial, et d'inciter les hommes à prendre les mesures nécessaires pour éviter la guerre – guerre que la Hiérarchie voyait se rapprocher de jour en jour. D'une manière que l'homme ordinaire n'a pas comprise ni imaginée, les forces du mal sortaient de leur antre ancien, avec une extrême puissance ; elles s'appliquaient à rechercher ceux qu'elles pourraient influencer et obséder, hâtant ainsi le désastre pour l'humanité. Elles trouvèrent des hommes au mental réceptif à leur incitation au mal dans tous les pays ; elles s'aperçurent aussi qu'il était possible de prendre possession de deux pays, le Japon et l'Allemagne – et dans une proportion bien plus faible – l'Italie.
La Hiérarchie, prévoyant ceci, chercha à anéantir leurs efforts. Elle lança un appel aux personnes spirituelles du monde. Son appel atteignit des millions de personnes, ce qui résulta en un effort planétaire maximum en mai 1936, date où la Grande Invocation fut employée sur une grande échelle dans la plupart des pays. Pendant trois ans encore, la Hiérarchie poursuivit son oeuvre d'amour.
Elle lutta pour sauver l'humanité, et éveiller les hommes au péril imminent, s'efforça de mettre fin à l'égoïsme de l'humanité, et de lui donner une orientation nouvelle vers les valeurs spirituelles, afin d'éviter la guerre. Elle échoua. Les hommes de bonne volonté et les personnes spirituelles ne purent apprécier la vraie nature du danger menaçant. Certains le comprirent, et firent le maximum ; un petit nombre travailla dur, confiant dans la sagesse de ceux qui savaient et demandaient leur aide ; la plupart des gens furent troublés et inquiets, mais n'apprécièrent pas correctement le double danger qui menaçait l'humanité : le danger résultant de l'égoïsme et de la cupidité de l'homme, et le danger qui s'approchait de la terre, par l'action des forces combinées du mal. Ces forces furent organisées par des êtres d'expérience, très pervers et compétents, qui se préparaient à obséder et finalement à prendre possession du peuple allemand négatif, gouverné par un groupe d'hommes d'un égoïsme si positif, d'esprit si matérialiste et agressif qu'ils pouvaient aisément devenir les agents des forces subjectives du mal.
En septembre 1939, une suprême perversité se déchaîna sur terre. Du fait que la Hiérarchie ne pouvait pas, et ne voulait pas empiéter sur le libre arbitre de l'homme, le mal que l'humanité avait elle-même engendré se manifesta, et le mal auquel certaines nations et certains individus avaient été réceptifs apparut, faisant éclater la deuxième Guerre Mondiale. Un mal effréné prit possession de la terre par l'intermédiaire des nations de l'Axe. Les Allemands entrèrent en Pologne. Cette nation reçut le premier impact à cause de son égoïsme national, de sa répression des classes inférieures, de l'exaltation de son aristocratie de mentalité fasciste, et de sa haine des Juifs. Les Nations alliées commencèrent lentement à s'organiser, sous l'influence des Forces de Lumière. C'était la guerre.
Dans ces circonstances, que devait faire la Hiérarchie ? Toutes les occasions avaient été offertes à l'humanité d'arrêter la descente du mal en manifestation. Partout la voix des chefs et des personnes à but humanitaires proclamait la nécessité d'une réforme. De quel côté la Hiérarchie devait-elle jeter le poids de son influence ? Devait-elle prendre parti ou demeurer neutre ?
Devait-elle rester à l'écart, et adopter l'attitude du spectateur, de l'observateur ?
Devait-elle demeurer au-dessus des actions de l'homme et attendre la décision de la bataille à livrer ? Devait-elle se conformer aux idées sentimentales du public instruit par l'église et parler "de paix, de paix" alors qu'il n'y avait pas de paix, et présenter l'aspect négatif de l'amour de tous les peuples, alors que la haine déchaînée parcourait la terre ?
Il faut se souvenir que si cette guerre avait ressemblé aux guerres des siècles passés, et n'avait été qu'une lutte entre des groupes ou des nations, la Hiérarchie serait restée en dehors du conflit, et aurait laissé les hommes arriver à une victoire décisive, selon le mérite de leurs unités combattantes. Mais cette fois-ci, il s'agissait de beaucoup plus et la Hiérarchie le savait. Cette guerre n'a pas été simplement un conflit d'agression entre nations, ou de haine entre les tenants d'idéologies différentes, mais quelque chose de beaucoup plus grave.
La Hiérarchie savait que des forces extrêmement puissantes tiraient parti de la stupidité humaine, pour se mêler des affaires mondiales et que des groupes puissants d'êtres malfaisants étaient organisés pour exploiter la situation. Elle savait aussi que la combinaison du mal ancien et de l'égoïsme des hommes se révélerait inévitablement trop fort, même pour les Nations alliées, si on les laissait rencontrer, sans assistance, les Puissances de l'Axe et les seigneurs du mal qui sortaient de leur demeure cachée. De sorte que la Hiérarchie prit position du côté des Nations alliées et le fit savoir. En même temps, des mesures physiques précises étaient prises pour aider les Forces de Lumière ; les hommes et les chefs furent soigneusement choisis, et des disciples d'élite placés dans des positions de pouvoir et d'autorité. Les chefs des Nations alliées et de leurs armées ne sont pas des hommes sans foi ni loi, comme les chefs des Puissances de l'Axe ; ce sont des hommes de rectitude, d'intention humanitaire et spirituelle, qui sont donc capables de travailler – consciemment ou inconsciemment – sous l'inspiration de la Hiérarchie. Ceci a été amplement démontré. Du fait de cette décision de la Hiérarchie, le Christ devint automatiquement le Chef de ces Forces.
Son travail a été sérieusement entravé par la mièvre sentimentalité du chrétien non pensant, et par le pacifiste bien intentionné, mais souvent inintelligent. Ces deux groupes étaient prêts à sacrifier l'avenir de l'humanité, pour être temporairement "gentil" et "bon", et prendre des mesures bénignes.
Les forces du mal, qui parcourent le monde aujourd'hui, ne comprennent pas de telles mesures. Le cri de ces personnes disant que "Dieu aime tous les hommes" est vrai – éternellement vrai – c'est l'un des faits inaltérables de l'existence même – Dieu aime – sans distinction, et quelle que soit la race ou la croyance. Pour cette Grande Vie, rien n'a d'importance que l'humanité et son progrès, car de l'humanité dépend le salut de tous les règnes de la nature. Mais cette déclaration (faite dans le temps et l'espace, et concernant l'aspect forme, et non l'esprit de l'homme) est fréquemment trompeuse, et les simples d'esprit sont aptes à oublier que le Christ a dit "Celui qui n'est pas avec moi est contre moi."
Les hommes ne comprennent pas non plus la puissance de la pensée maniée par ceux qui travaillent sous les ordres du Christ et avec lui. La pensée est de l'énergie divine pure, impersonnelle et – comme le soleil – elle se déverse sur les bons et les méchants, à moins d'être dirigée de façon précise et délibérée. La Hiérarchie avait donc à faire face au problème et à la nécessité de veiller à ce que l'énergie de la pensée pure et impersonnelle, n'aille pas jusque dans les rangs de ceux qui luttaient contre la liberté humaine, car elle stimule l'intellect et les processus mentaux des bons comme des méchants. Elle compensa délibérément ce danger, en dirigeant sa pensée vers les forces qui se battaient sous les ordres des chefs des Nations alliées, et en prenant ouvertement position du côté des justes relations humaines. Elle n'osa pas agir autrement car – à leur place et dans des circonstances données – les chefs des forces du mal se sont révélés plus ingénieux, calculant mieux que ceux qui se battent pour la liberté humaine. C'est cette distinction et sa nécessité que certains penseurs chrétiens bienveillants et bien-intentionnés, mais ignorants, négligent souvent.
Le travail du Christ, concernant la guerre, a aussi été handicapé par ceux qui sont préoccupés de commerce, dans toutes les nations, et spécialement dans les pays neutres qui ont profité de la guerre, ainsi que par les intérêts financiers des "grosses affaires" en bien des contrées. En ce moment, ces intérêts sont centrés sur certains groupes financiers dans toutes les nations puissantes, et surtout aux Etats-Unis. Il a aussi été gêné par les individus qui cherchent à exploiter la triste situation de l'humanité souffrante à leur avantage financier.
Donc, quand la guerre éclata, que l'humanité décida de se battre, et que les forces du mal se déchaînèrent sur la planète, la Hiérarchie cessa ses efforts pour engendrer la paix par la bonne volonté, et se rangea ouvertement aux côtés de ceux qui luttaient pour repousser le mal jusqu'à son point de départ, et pour vaincre les Puissances de l'Axe. A cause de cette décision de la Hiérarchie, les personnes qui ne réfléchissent pas proclament que les déclarations de ceux qui représentent la Hiérarchie sur terre sont contradictoires, et que les actions de la Hiérarchie sont incompatibles avec leurs idées préconçues sur la manière de manifester l'amour. Pendant les cinq
dernières années, en conséquence, les efforts du Christ et de ses disciples, les Maîtres de Sagesse ont été dirigés vers une clarification des vrais problèmes dans le mental des hommes, et vers une unification de la politique interalliée.
Ils se sont occupés de liguer entre eux les hommes de bonne volonté du monde entier, en vue du prochain cycle de Conférences, et des réajustements mondiaux à venir. Ils ont cherché à protéger ceux qui souffraient, à organiser des méthodes de secours, guidant l'esprit des chefs des armées, éveillant l'opinion publique afin qu'elle prenne les mesures qui finalement conduiront à de justes relations humaines. Temporairement, les Allemands et les Japonais ont été abandonnés à leur destin et à la merci des armées du mal ; la débâcle actuelle de l'Allemagne témoigne de ce que le mal peut apporter à ceux qui lui obéissent. En dehors de tous ces modes de renforcement des Forces de Lumière, et de leurs efforts pour libérer l'humanité du mal descendu sur elle, la
Hiérarchie avait d'autres lignes d'activité qui ne peuvent être dévoilées, car elles concernent le maniement des forces subjectives du mal. On comprendra la puissance de ces forces si on considère la durée de la guerre, et le fait que deux nations ont pu tenir tête – jusqu'à ces derniers mois – aux nations du monde entier, unies contre elles.
C'est, en soi, un fait phénoménal, qui témoigne de la force du groupe du mal – objectif et subjectif – lequel a essayé de parvenir à la domination du genre humain. Si la Hiérarchie n'avait pas pris parti pour les Nations alliées, et jeté la puissance de sa pensée dans la bataille, nous serions encore loin de la victoire. Aujourd'hui, elle nous est presque acquise.
Ainsi que je l'ai dit ailleurs, il est fallacieux de croire que le travail du Christ passe principalement par l'intermédiaire des églises et des religions mondiales. Il travaille nécessairement avec elles quand les conditions le permettent – il existe un noyau vivant de vraie spiritualité en leur sein – ou quand l'appel de leurs invocations est assez puissant pour l'atteindre. Il emploie tous les canaux possibles, grâce auxquels la conscience humaine peut être élargie, et une juste orientation obtenue. Il est, néanmoins, plus exact de dire que c'est en tant qu'Instructeur Mondial qu'Il travaille constamment, et que les églises ne sont que l'une des voies d'enseignement qu'Il utilise. Tout ce qui éclaire le mental des hommes, toute propagande qui tend à créer de justes relations humaines, tous les modes d'acquisition de connaissance véritable, toutes les méthodes de transmutation de la connaissance en sagesse et en compréhension, tout ce qui élargit la conscience de l'humanité et les états de conscience et de sensibilité subhumains, tout ce qui dissipe le mirage et l'illusion, tout ce qui brise la cristallisation et perturbe les conditions statiques, fait partie des activités réalistes du département de la Hiérarchie qu'Il préside.
Il est limité par la qualité et le calibre de l'appel invocatoire de l'humanité, ce qui, à son tour, est subordonné au point d'évolution atteint.
Dans l'histoire du Moyen Age et antérieurement, c'était les églises et les écoles de philosophie qui fournissaient les voies principales de son activité, mais il n'en est pas ainsi aujourd'hui ; c'est un point dont les églises et les religions organisées feraient bien de se souvenir. Son accent et son attention sont maintenant déplacés vers deux nouveaux domaines d'effort : tout d'abord, le domaine de l'éducation mondiale, et deuxièmement, la sphère où l'on met en oeuvre intelligemment les activités du secteur gouvernemental, dans ses trois aspects, science de l'homme d'Etat, politique, législature. Aujourd'hui, les gens du peuple s'éveillent à l'importance et à la responsabilité de gouverner ; en conséquence, la Hiérarchie se rend compte, qu'avant qu'un cycle de vraie démocratie (telle qu'elle existe essentiellement et se manifestera un jour) puisse se faire jour, l'éducation des masses en matière d'art de gouverner, de stabilisation économique par le juste partage, et d'échanges politiques honnêtes, est une nécessité impérative. Le long divorce entre la religion et la politique doit cesser ; c'est possible maintenant grâce au niveau élevé de l'intelligence humaine de masse, et au fait que la science a tellement rapproché les hommes que ce qui survient en quelque lointaine région de la surface du globe est objet d'intérêt général en quelques minutes. Le temps et l'espace sont maintenant abolis.