24. La méditation exclusivement centrée sur la vigueur de l'éléphant éveillera cette force, ou lumière.

 

Ce sutra a soulevé de nombreuses discussions et son interprétation courante a répandu l'idée que la méditation sur l'éléphant procurerait la force de l'éléphant. Maints commentateurs déduisent de ce texte que la méditation sur d'autres animaux fera obtenir les caractéristiques de ces animaux.

Il ne faut pas oublier que ce livre est un manuel scientifique, dont les objectifs sont les suivants :

1.
Donner à l'aspirant un entraînement grâce auquel il pourra pénétrer dans des domaines plus subtils.

2.
Lui faire obtenir le pouvoir sur le mental, afin que celui-ci soit un instrument dont il usera à son gré en tant qu'organe de vision dans les mondes supérieurs, et comme transmetteur, ou intermédiaire, entre l'âme et le cerveau.

3.
Eveiller la lumière dans la tête afin que l'aspirant puisse devenir un centre irradiant la lumière, illuminant ainsi tous les problèmes, et qu'il puisse, à travers sa lumière, voir partout la lumière.

4.
Eveiller les feux du corps afin que les centres deviennent actifs, lumineux, conjoints et coordonnés.

5.
Etablir une coordination entre :
a.
L'égo ou âme sur son propre plan.
b.
Le cerveau, par la voie du mental.
c.
Les centres. Par un acte de la volonté, ils peuvent alors, dans leur ensemble, être mis en état d'activité uniforme.

6.
Ceci étant réalisé, le feu jusqu'alors assoupi qui se trouve à la base de l'épine dorsale, s'éveillera et pourra poursuivre son trajet vers le haut en toute sécurité, pour finalement fusionner avec le feu ou lumière dans la tête et, de ce fait, passer outre, ayant "brûlé toutes les impuretés et laissé nets les canaux" en vue de leur utilisation par l'égo.

7.
Développer ainsi les pouvoirs de l'âme, les siddhis supérieurs et inférieurs, afin de procurer à la race un serviteur compétent.
Ces sept points étant assimilés par le mental, il est intéressant de noter que le symbole du centre se trouvant à la base de l'épine dorsale – le centre muladhara – est l'éléphant. C'est le symbole de la vigueur, de la puissance concentrée, de la grande force de propulsion qui, une fois éveillée, emporte tout ce qui se trouve devant elle. C'est, pour notre cinquième sous-race, le symbole de ce qu'il y a de plus puissant et fort dans le règne animal. C'est une image de la transmutation ou sublimation de la nature animale ; car, à la base de l'épine dorsale, se trouve l'éléphant et, dans la tête, le lotus aux mille pétales dissimulant Vishnou, qui siège en son centre. Ainsi, la nature animale est portée vers le haut et jusque dans les cieux.

Par la méditation sur cette "force de l'éléphant", le pouvoir du troisième aspect, l'énergie de la matière elle-même et, en conséquence, de Dieu le Saint-Esprit ou de Brahma, est éveillée et réunie à celle du second aspect, ou aspect de la conscience, l'énergie de l'âme, celle de Vishnou, le second aspect, la force christique. Il en résulte une unification parfaite, ou union entre l'âme et le corps, but véritable du Raja Yoga.

Que les étudiants en cette science veuillent bien, cependant, se souvenir ici que ces formes de méditation fixées sur un seul point ne sont autorisées que lorsque les huit moyens de yoga (traités dans le livre II) ont été pratiqués.