18. Un degré plus avancé de samadhi est réalisé lorsque, par la pensée unifiée, l'activité extérieure est calmée. A ce stade, la chitta n'est sensible qu'aux impressions subjectives.
Le mot "samadhi" donne lieu à des interprétations diverses et s'applique à différents stades de la réalisation du yogi, ce qui suscite quelque difficulté à l'étudiant moyen se livrant à l'étude des divers commentaires. L'une des façons les plus faciles de saisir la signification de ce mot consiste peut-être à se souvenir que le mot "Sama" se réfère à la faculté qu'a la substance (chitta) de prendre forme ou de se modifier en conformité avec les impressions extérieures. Ces impressions atteignent le mental par la voie des sens. Quand l'aspirant en Yoga peut exercer un contrôle sur ses organes de perception sensorielle et les empêcher de continuer à transmettre au mental leurs réactions à ce qui est perçu par eux, deux choses se produisent alors :
a.
Le cerveau physique devient silencieux et calme.
b.
La substance mentale, ou corps mental, la chitta, cesse d'assumer les manifestations diverses et devient également calme.
C'est l'un des stades de début du Samadhi mais non le samadhi de l'adepte.
C'est un état d'activité intérieure intense, se substituant à l'activité extérieure.
L'aspirant réagit cependant aux modifications résultant de perceptions plus subjectives encore. Il prend conscience d'un champ de connaissance nouveau, bien qu'ignorant encore ce qu'il est. Il se rend compte de l'existence d'un monde qui ne peut être connu par l'entremise des cinq sens, mais que révèlera l'emploi correct de l'organe mental. Il acquiert une perception de ce qui peut apparaître derrière les mots qu'on trouve dans l'un des sutras suivants ; dans la traduction de Charles Johnston, cette idée est exprimée en termes particulièrement clairs :
"Le voyant est pure vision... il regarde au dehors à travers le vêtement du mental." (Livre II, Sutra 20)
Le sutra précédent traitait de ce qu'on peut appeler la méditation avec semence ou objet ; ce sutra-ci suggère le stade suivant : la méditation sans semence, ou dénuée de ce qui pourrait être reconnu comme objet par le cerveau physique.
Il pourrait être avantageux de mentionner ici les six stades de méditation dont traite Patanjali car ils constituent une indication au sujet du processus intégral de développement dont il est question dans ce livre :
1.
Aspiration.
2.
Concentration.
3.
Méditation.
4.
Contemplation.
5.
Illumination.
6.
Inspiration.
Il est utile de remarquer ici que l'étudiant commence par aspirer à ce qui gît au-delà de son savoir, et aboutit à être inspiré par ce qu'il a cherché à connaître. La concentration (ou centralisation intense) a pour résultat la méditation et la méditation s'épanouit en contemplation.