19. Le samadhi qui vient d'être décrit ne dépasse pas les limites du monde phénoménal ; il ne va pas au-delà des dieux, ni de ceux qui ont affaire au monde concret.

 

Ici, il convient de noter que les résultats acquis par les développements qui font l'objet des sutras dix-sept et dix-huit, ne conduisent l'aspirant qu'à la lisière du domaine de l'âme, à ce nouveau champ de connaissance dont il a pris conscience. Il est encore confiné aux trois mondes. Il n'est arrivé qu'à tranquilliser les modifications du corps mental, afin que l'homme sur le plan physique et dans son cerveau physique) puisse prendre connaissance pour la première fois de ce qui se trouve au-delà de ces trois mondes, c'est-à dire l'âme, son rayon de vision et son savoir. Il a encore à renforcer la chaîne qui le rattache à l'âme (et dont il est traité dans les sutras vingt-trois à vingt-huit). Puis, ayant transféré sa conscience en celle de l'homme réel ou spirituel, il doit commencer à travailler de ce nouveau point de vue ou terrain favorable.

Cette idée a été exprimée par quelques traducteurs comme étant la condition dans laquelle l'aspirant devient conscient "du nuage de pluie des choses connaissables". Le nuage de pluie n'a pas produit de précipitation suffisante pour faire tomber la pluie, des hauteurs célestes jusqu'au plan physique, ou pour que les "choses connaissables" deviennent connues du cerveau physique. Le nuage est perçu comme le résultat d'une intense concentration et de l'apaisement des modifications inférieures ; mais, avant que l'âme – le Maître – ait pris la barre, la connaissance de l'âme ne peut se déverser dans le cerveau physique à travers le sixième sens, le mental.

La science du Yoga est une science réelle, et le véritable samadhi ou réalisation ne sera accompli que lorsque les étudiants l'aborderont au moyen des stades appropriés et par l'emploi des méthodes scientifiques.