17. La conscience d'un objet s'obtient par la concentration sur sa nature quadruple : la forme, par l'examen ; la qualité (ou guna), par la mise en œuvre du discernement ; le dessein, par l'inspiration (ou la grâce) et l'âme, par l'identification.

 

Il apparaît donc que le précepte "comme un homme pense ainsi est-il" (Prov. XXIII, 7) se base sur des faits occultes. Toute forme, de quelque sorte qu'elle soit, a une âme et cette âme ou principe conscient est identique à celle qui se trouve en la forme humaine ; identique en nature, mais non quant à l'étendue ou au degré de son développement. Cela est également vrai des grandes Vies ou Existences suprahumaines en lesquelles l'homme "vit, se meut et a son existence" (Actes XVII, 28) et au stade de développement Desquelles il aspire.

Tandis que l'aspirant choisit avec soin les "objets" de sa méditation, il construit lui-même, grâce à ces objets, l'échelle qui lui permettra en définitive d'atteindre à l'absence d'objet. Son mental prenant de plus en plus l'attitude méditative de l'âme, le cerveau devient également de plus en plus soumis au mental, tout comme celui-ci l'est à l'âme. L'homme inférieur s'identifie ainsi graduellement à l'homme spirituel, qui est omniscient et omniprésent.
Cette attitude méditative résulte d'un quadruple processus :

1.
Méditation sur la nature d'une forme particulière, en se rendant compte, tandis que la forme est soumise à la réflexion qu'elle n'est que le symbole d'une réalité interne, notre monde objectif tangible tout entier étant fait d'un certain genre de formes (humaines, subhumaines ou suprahumaines) qui expriment la vie d'une multitude d'êtres sensibles.
2.
Méditation sur la qualité de quelque forme particulière, permettant ainsi d'arriver à l'appréciation de son énergie subjective. On doit se souvenir que l'énergie d'un objet peut être considérée comme la couleur de cet objet. Les paroles de Patanjali (IV, 17) deviennent alors illuminantes à cet égard et servent de commentaire à ce second point.
Cela s'appelle "participation avec discernement" ; par elle, l'étudiant atteint à la connaissance de l'énergie en lui, laquelle est une avec l'objet de sa méditation.
3.
Méditation sur le dessein d'une forme particulière quelconque. Cela implique la considération de l'idée qui se trouve, sous-jacente, à l'arrière-plan de toute manifestation de forme et de son déploiement d'énergie. Cette prise de conscience conduit l'aspirant plus avant vers une connaissance de la partie du plan ou dessein du Tout, qui constitue l'agent moteur de l'activité de la forme. Ainsi, le contact avec le Tout s'établit par l'entremise de la partie ; il s'ensuit une expansion de la conscience, comportant félicité ou joie. La béatitude suit toujours la certitude consciente de l'unité de la partie avec le Tout. La méditation sur les tattvas – énergies ou principes – ainsi que sur les tanmattras ou éléments composants de l'esprit-matière, entraîne la connaissance du dessein ou plan concernant les manifestations microcosmiques ou macrocosmiques ; or, avec cette connaissance vient la félicité.

On peut trouver en ces trois méditations des correspondances avec les trois aspects, esprit, âme et corps ; elles constituent une étude révélatrice pour l'étudiant sérieux.

4.
Méditation sur l'âme, sur l'Un qui utilise la forme, lui infuse l'énergie menant à l'activité et travaille à l'unisson du plan. Cette âme, étant une avec toutes les âmes et avec l'Ame suprême, contribue à servir le plan unique et possède la conscience de groupe.
Ainsi, par ces quatre degrés de méditation sur un objet, l'aspirant atteint son but, la connaissance de l'âme et des pouvoirs de l'âme. Il s'identifie consciemment avec la réalité unique et cela dans son cerveau physique. Il trouve la vérité qui est lui-même, en même temps que la vérité cachée en chaque forme et chaque règne de la nature. Il arrivera donc, en définitive (quand il aura acquis la connaissance de l'âme elle-même), à la connaissance de l'Ame-Tout et deviendra un avec elle.