LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

b. La construction, vitalisation et animation de la forme-pensée

b. La construction, vitalisation et animation de la forme-pensée

 

L'Ego, ayant obtenu un état de réceptivité, ou de reconnaissance du cerveau physique de l'homme et ayant suscité de sa part la réponse nécessaire, le processus de construction peut commencer.

Ce processus de réponse du plan physique est basé – comme toute autre chose dans la nature – sur la relation des opposés polaires. Les centres physiques sont réceptifs à l'influence positive des centres de force. Le cerveau physique est sensible à l'influence positive de la nature inférieure dans les premières phases de l'évolution ou aux réactions de la substance des enveloppes, l'impression des Seigneurs lunaires. Dans les stades plus tardifs, il répond à l'influence positive de l'Ego ou impression du Seigneur solaire.

Ainsi qu'on le voit, ce processus de construction est divisé en trois parties qui se chevauchent et prennent l'apparence de la simultanéité. Lorsque le processus (comme c'est le cas de la majorité de la famille humaine) est inconscient, qu'il produit par action réflexe, et largement basé sur la satisfaction du désir, tout se fait très rapidement et conduit à des résultats rapides, ces résultats étant efficaces dans leur réalisation selon l'aptitude de l'homme à vitaliser et à maintenir cohérente la forme de son idée. La plupart des formes-pensées créées par l'homme ordinaire n'ont qu'une efficacité relative dans le cadre de grandes limitations, et elles n'ont qu'un rayon d'action restreint. Quand l'homme apprend à créer consciemment, ce qu'il fait par l'organisation de la pensée, la concentration et la méditation, il agit plus lentement, car il a deux choses primordiales à accomplir avant d'aborder le processus de création : a. Entrer en contact ou communiquer avec l'Ego, ou ange solaire. b. Étudier le processus de création et le rendre conforme pas à pas à la loi naturelle d'évolution. Ce que nous disons ci-dessus n'est nécessairement qu'une autre manière de définir la méditation et son objectif.

Plus tard, quand l'homme est expert en méditation, le travail de création de la pensée s'effectue avec une rapidité toujours croissante, jusqu'à ce que soit surpassée (sur une courbe plus élevée de la spirale) l'activité de la période inconsciente de début.

En partant donc de la reconnaissance de l'intention égoïque par le cerveau physique, l'homme commence à construire la forme de son idée. Il commence d'abord par organiser le matériau nécessaire sur le plan mental. C'est sur ce plan que l'impulsion adopte sa première forme. Sur le plan de désir ou plan astral, le processus de vitalisation se poursuit largement, car la durée de vie de toute forme-pensée (même celle que constitue notre système solaire) dépend de la persistance du désir et de la force de ce désir.

 Sur les niveaux éthériques du plan physique, se produit le processus de concrétion physique ; à mesure que le véhicule physique prend les proportions nécessaires, la forme-pensée se sépare de celui qui lui a donné une forme. Toute idée suffisamment forte se matérialisera inévitablement dans la matière physique dense, mais le principal travail de son créateur cesse quand il a œuvré sur les plans mental, astral et éthérique. La réponse physique dense est automatique et inévitable. Certaines grandes idées de nature importante, qui ont germé dans la conscience des guides de la race, n'atteignent la pleine manifestation que par l'intermédiaire de nombreux agents et l'impulsion dynamique de nombreux intellects. Certains travaillent consciemment, dans ce cas, à la production de la forme nécessaire ; beaucoup d'autres entrent en activité parce qu'ils sont entraînés, et prêtent leur aide par la négativité même de leur nature ; ils sont "obligés" de s'intéresser en dépit d'eux-mêmes et sont "emportés par le mouvement" non par appréhension mentale ou "désir vital", mais parce que c'est ce qui se fait. On peut voir là un exemple de l'aptitude des Grands Êtres à utiliser des conditions d'apparente inertie ou négativité (dues au peu de développement) et à obtenir ainsi de bons résultats.

Nous allons traiter ici de l'homme qui apprend à construire consciemment ; nous n'envisagerons pas le processus adopté par l'adepte, ni les tentatives chaotiques de l'homme peu évolué. Ayant saisi l'idée et ayant déterminé avec soin le motif qui sous-tend cette idée, vérifiant ainsi son dessein utilitaire et sa valeur pour le groupe qui est au service de l'humanité, l'homme doit faire certaines choses que, pour plus de clarté, nous pourrions résumer en quelques affirmations :

Tout d'abord, il doit se fixer assez longtemps sur cette idée pour qu'elle soit fidèlement enregistrée par le cerveau physique. Il arrive fréquemment que l'Ego "fasse passer" jusqu'au cerveau tel concept, ou telle partie du plan ; cependant il devra répéter continuellement ce processus sur une assez longue période avant que la réponse physique soit telle que l'Ange solaire puisse être certain u'elle est intelligemment enregistrée et assimilée. Il n'est peut-être pas nécessaire de dire que ce processus est grandement facilité si l' "ombre", ou l'homme, médite régulièrement, cultive l'habitude du recueillement du Soi supérieur chaque jour et à chaque heure et si avant de s'endormir le soir, il s'efforce de "maintenir la pensée", de ramener, au moment du réveil, le maximum possible de toute impression égoïque. Quand la réaction entre les deux facteurs, l'Ego et le cerveau physique réceptif est établie, l'influence est réciproque, et les deux facteurs sont synchronisés ou accordés l'un à l'autre ; on entre dans le second stade. L'idée est conçue.

Une période de gestation se poursuit alors, elle-même divisée en divers stades. L'homme rumine son idée ; il y réfléchit, ce qui met en mouvement l'activité de la matière mentale et attire vers sa pensée en germe le matériau nécessaire à son vêtement. Il se représente le contour de la forme-pensée, l'habille de couleur et d'un coup de pinceau ajoute les détails. On verra donc la grande valeur d'une imagination vraie et son emploi ordonné et scientifique. L'imagination est d'origine kama-manasique, n'étant ni pur désir, ni pur mental ; c'est un produit purement humain, remplacé par l'intuition chez l'homme parfait et chez les Intelligences supérieures de la Nature.

Quand sa volonté, ou impulsion initiale est suffisamment forte et quand l'imagination, ou pouvoir de visualisation est assez vif, on entre dans la seconde partie de la période de gestation et la vitalisation par le désir commence. L'effet combiné de l'impulsion mentale et du désir produit ce qu'on pourrait appeler une pulsation dans la forme en voie d'organisation et elle devient vivante. Elle n'est encore que nébuleuse et sa ténuité est grande, mais elle donne des signes d'organisation et son contour apparaît. Les étudiants doivent se souvenir que le processus tout entier est exécuté maintenant au cours du stade que nous examinons, à partir de l'intérieur du cerveau. Il y a donc une correspondance précise avec les neuf Séphiroth :

Les trois premiers correspondent à l'impulsion égoïque dont nous avons parlé plus haut.

Le groupe secondaire de Séphiroth trouve son analogie dans le travail exécuté au cours du stade dont nous traitons actuellement, ou impulsion mental-désir, émanant consciemment du cerveau de l'homme.

Le travail des trois derniers est accompli quand la forme-pensée habillée de matière mentale et astrale passe à l'objectivité du plan physique.

On en arrive à un stade plus tardif de la gestation quand la forme-pensée revêtue de matière mentale et vitalisée par le désir s'enveloppe d'une couche de substance du plan astral et en conséquence peut fonctionner aussi bien sur le plan astral que sur le plan mental. Là, la croissance est rapide. Il faut garder présent à la pensée le fait que la construction en matière mentale s'effectue simultanément et que ce développement est maintenant double. Ici le constructeur conscient doit prendre soin de maintenir l'équilibre et de ne pas laisser l'imagination prendre indûment de trop grandes proportions. L'élément manasique et l'élément kamique doivent être exactement proportionnés, ou bien on se trouvera en face d'une manifestation trop commune, une idée mal conçue et nourrie, qui ne pourra pas jouer son juste rôle dans le plan évolutionnaire, n'étant qu'une distorsion grotesque.

L'idée atteint maintenant un stade critique et devrait être prête à s'approprier de la matière physique et à prendre une forme éthérique. Quand elle arrive sur les niveaux éthériques, elle reçoit cette impulsion finale qui doit la conduire à ce que l'on pourrait appeler sa "mise en action", réception de l'impulsion qui conduira à sa dissociation de son créateur et à son envoi afin qu'elle adopte :

1. Une forme dense.

2. Une existence séparée. Il faut se souvenir que la forme-pensée a maintenant quitté le plan mental, prit une enveloppe astrale et que, de même, elle assemble pour s'en revêtir un corps de matière éthérique. Quand elle a atteint ce stade, sa vitalisation se poursuit rapidement ; et l'heure de son existence séparée approche.

Cette vitalisation est effectuée consciemment par l'homme qui – selon l'intention originelle ou impulsion initiale – dirige vers la forme-pensée une énergie d'une certaine sorte. Cette énergie est émise de l'un ou l'autre des trois centres supérieurs, selon la qualité de l'idée incarnée et on la verra se déverser sur l'idée s'objectivant rapidement à partir du centre en cause. Il ne faut pas oublier que nous envisageons la forme-pensée du constructeur conscient. Les formes-pensées de la majorité des êtres humains ne reçoivent pas leur énergie de sources aussi élevées, mais leur impulsion active émane soit du plexus solaire, soit des organes de la génération, qui sont encore inférieurs.

C'est ce courant constant d'énergie émotionnelle ou sexuelle qui est responsable des conditions chaotiques actuelles ; l'équilibre n'est pas maintenu ; l'interaction entre ces deux facteurs et les myriades de formes-pensées produites en conséquence qui sont d'ordre et de vibration inférieurs, engendrent un état de choses tel qu'il faudra tous les efforts des travailleurs mentaux pour parvenir un jour à les neutraliser, compenser et transmuer. Ces formes, qui méritent à peine le suffixe de "pensée", étant largement kamiques avec un mélange de matière mentale du degré le plus bas, sont responsables du lourd manteau ou brouillard, aux vibrations et pulsations lentes, qui enveloppe la famille humaine et produit une grande partie du mal actuel, du crime et de la léthargie mentale. Les gens sont principalement polarisés dans le corps astral, ainsi que nous le savons, et les centres intérieurs sont les plus actifs ; quand une atmosphère ou un environnement de formes-pensées de basse tonalité, vitalisées par toutes les formes les plus basses d'énergie astrale s'ajoute à ceci, il apparaîtra quelle est l'énormité du travail consistant à hisser l'humanité vers une atmosphère plus claire, plus pure et meilleure et combien facile pour les aspects intérieurs de fleurir et de prospérer.

A mesure que la vitalisation se poursuit et que l'énergie se déverse de l'un des centres dans la forme-pensée, le constructeur conscient commence à étendre cette influence afin d'envoyer la forme-pensée accomplir sa mission, quelle qu'elle soit, à la rendre "radiante" au sens occulte, de manière à ce que ses vibrations en émanent et se fassent sentir et finalement à la rendre magnétique, de sorte qu'elle puisse appeler une réponse d'autres formes-pensées ou d'autres mentaux qu'elle pourra rencontrer.

Quand ces trois objectifs ont été atteints, la vie de la forme elle-même est si forte qu'elle peut parcourir son propre petit cycle de vie et accomplir son travail, en étant reliée à son créateur uniquement par un mince fil de substance radiante, qui est la correspondance du sutratma. Toutes les formes ont un tel sutratma. Il relie les corps de l'homme à l'Identité intérieure, à ce courant magnétique qui, émanant de la vraie Identité, le Logos solaire, relie le Créateur du système solaire à Sa grande forme-pensée par un courant d'énergie issu du Soleil Spirituel central et allant jusqu'à un point situé dans le centre du Soleil physique.

Tant que l'attention du créateur de toute forme-pensée, grande ou Petite, est tournée vers elle, ce lien magnétique persiste, la forme-pensée est vitalisée et son travail exécuté. Quand le travail a été accompli et que la forme-pensée a rempli son office, tout créateur, consciemment ou inconsciemment, tourne son attention ailleurs et sa forme-pensée se désintègre.

D'où la signification occulte de tous les processus où, au sens occulte, la vue est impliquée. Aussi longtemps que l'œil du Créateur est fixé sur la chose créée, celle-ci persiste ; que le Créateur retire "la lumière de sa face" et la mort de la forme-pensée s'ensuit, car la vitalité ou énergie suit la ligne de l'œil. Donc, quand un homme en méditation examine son travail et construit sa forme-pensée en vue du service, il regarde, au sens occulte, et en conséquence donne de l'énergie ; il commence à utiliser le troisième œil dans son aspect secondaire. Le troisième œil, ou œil spirituel a plusieurs fonctions. Parmi d'autres, c'est l'organe d'illumination, l'œil dévoilé de l'âme, par lequel lumière et illumination pénètrent dans le mental de sorte que toute la vie inférieure en est irradiée. C'est aussi l'organe par lequel se déverse l'énergie directrice émanant de l'adepte créateur conscient vers ses instruments de service, ses formes-pensées.

Les peu évolués n'emploient évidemment pas le troisième œil pour stimuler leurs formes-pensées. L'énergie qu'ils utilisent dans la plupart des cas a son origine dans le plexus solaire et travaille dans deux directions, soit en passant par les organes de la génération, soit en passant par les yeux physiques. Chez beaucoup de gens ces trois points – les organes inférieurs, le plexus solaire et les yeux physiques – forment un triangle de force, autour duquel circule le courant d'énergie avant de rejoindre la forme-pensée objectivée. Chez l'aspirant et l'homme intellectuel, ce triangle peut passer du plexus solaire au centre de la gorge et de là aux yeux. Plus tard, quand l'aspirant acquerra de la connaissance et des motifs plus purs, ce triangle d'énergie aura le cœur pour point le plus bas au lieu du plexus solaire et le troisième œil commencera à remplir son office, quoique encore très imparfaitement.

Tant que l' "œil" sera dirigé vers la forme créée, le courant de force lui sera transmis et plus l'homme sera fixé sur une pensée unique, plus l'énergie sera centralisée et efficace. Une grande partie de l'inefficacité des gens est due à ce que leurs intérêts ne sont pas centralisés mais diffus et que leur attention n'est pas retenue par une seule chose. Ils dispersent leur énergie et essaient de satisfaire tous les désirs qui passent et de toucher à tout ce qui se présente. En conséquence, aucune de leurs pensées ne prend une forme correcte ou n'est dûment vitalisée. Ils sont donc entourés d'un nuage dense de formes-pensées à demi-formées et en désintégration et de nuages de matière partiellement stimulée et en voie de dissolution. Du point de vue occulte, cela produit un état de choses comparable à la décomposition d'une forme physique et c'est également déplaisant et malsain. C'est une des grandes causes de la mauvaise santé de la famille humaine à notre époque.

L'échec dans la création de la pensée est due aussi à ce que les lois de la pensée ne sont pas enseignées et à ce que les hommes ne savent pas comment, par la méditation, créer ces enfants de leur activité qui pourraient poursuivre leur travail. On obtient des résultats beaucoup plus rapides sur le plan physique par la création scientifique de pensée que par les moyens directs du plan physique. On commence à comprendre ceci, mais tant que la race n'aura pas atteint une plus grande pureté et plus d'altruisme, l'explication plus détaillée du procédé doit nécessairement être tenue secrète.

Une autre raison de l'inefficacité créatrice est due aux courants tellement bas qui émanent de la majorité des gens, que les formes-pensées n'atteignent jamais le stade de l'action indépendante, à moins d'agir par effet cumulatif en travail de groupe. Avant que la forme-pensée ne soit constituée de la matière des trois sous-plans supérieurs des plans astral et physique, elle est principalement stimulée par l'énergie des foules. Quand la substance supérieure commence à s'insérer dans la forme, alors elle peut agir indépendamment, car l'Ego individuel de l'homme en cause peut commencer à agir par cette matière – chose impossible auparavant. L'Ego ne peut pas travailler librement dans la personnalité avant que la substance du troisième sous-plan ne se trouve dans ses corps ; donc la correspondance tient bon.

Une fois que la forme-pensée a été vitalisée et sa forme éthérique terminée ou "scellée" comme on dit, elle peut atteindre le plan physique dense si on le désire. Ceci ne veut pas dire que les formes-pensées individuelles de chaque homme se revêtent de substance dense sur l'éthérique, mais elles se traduiront en activité sur le plan physique. Par exemple, un homme a une pensée pleine de bonté ; il l'a construite et vitalisée ; elle est objective pour le clairvoyant et existe en matière éthérique près de l'homme. Elle trouvera donc son expression physique dans un acte de bonté ou une caresse physique. Quand l'acte est terminé, la caresse consommée, l'intérêt de l'homme pour cette forme-pensée particulière s'affaiblit et meurt. Il en est de même pour un crime – la forme-pensée a été construite et inévitablement elle trouvera son expression physique en quelque action. Toute activité de ce genre est le résultat :

a. De formes-pensées construites consciemment ou inconsciemment.

b. De formes-pensées créées par soi-même ou de l'effet des formes-pensées des autres.

c. D'une réponse à ses propres impulsions intérieures ou d'une réponse aux impulsions des autres et donc aux formes-pensées de groupe.

On s'apercevra donc à quel point cette question est vitale et combien les hommes et les femmes sont influencés par les formes-pensées qu'ils créent eux-mêmes, ou par les créations mentales d'autres hommes.

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