b. Fournir un Corps à une Idée
Cette formule contient de manière latente le principe de base de l'incarnation, de l'activité et de l'existence même. Elle suppose que notre idée s'étende jusqu'à inclure le plan mental cosmique en ce qui concerne le Logos ; quant à la faculté créatrice de l'homme, elle nous conduit au plan mental du système solaire. Une pensée fondamentale doit être exprimée ici et elle mérite réflexion : Cette impulsion créatrice, cette tendance de l'abstrait vers la concrétion, la faculté inhérente de "prendre forme" trouve jusqu'ici son expression la plus complète dans la matière physique. La raison en est que – pour l'homme – toutes les substances avec lesquelles il crée, toutes les formes qu'il construit, et tous les processus de concrétion qu'il poursuit, sont créés, construits et poursuivis au sein du corps physique du Logos. C'est là qu'est la raison de l'accent mis dans la nature sur l'aspect sexuel et sur la reproduction physique ; on peut l'observer dans tous les règnes de la nature à l'exception du premier et du cinquième. Ce point est des plus significatifs ; il faudrait étudier ces exceptions dans leurs implications les plus larges, car elles contiennent le mystère fondamental du sexe sur le sentier involutif et sur le sentier évolutif.
Ces derniers comportent les deux extrêmes. On aura noté qu'à mesure que sera saisie l'idée que le système solaire est le véhicule physique du Logos et Son corps de manifestation, de nombreux problèmes seront résolus, l'étudiant comprendra progressivement deux points particuliers s'il les médite.
Premièrement.
Lorsque le temps en sera venu et que le Logos se sera libéré des entraves de la matière physique, on en viendra à considérer le système solaire comme une idée ou concept, enveloppé d'un voile ou véhicule de matière plus subtile que la matière physique ; le corps logoïque sera envisagé comme le produit de la volonté et du désir, aucune matière physique de quelque degré que ce soit n'entrant dans sa composition ; ce sera simplement un corps de désir. Cela entraînera un état de choses inconcevable pour nous et qui ne peut être compris partiellement que par l'homme capable de fonctionner sur le plan bouddhique systémique, le quatrième éther cosmique. Souvenez-vous que notre plan astral n'est que le sixième sous-plan du plan physique cosmique et qu'il ne nous offre pas de véritable base de raisonnement, permettant de concevoir le plan astral cosmique. C'est seulement lorsque le plan astral sera un récepteur calme de l'impulsion bouddhique ou un réflecteur liquide de ce plan (ce qui n'arrivera pas avant la fin du mahamanvantara) que, nous serons en mesure de formuler des idées concernant le plan astral cosmique.
Deuxièmement.
Tout le côté sexuel de la manifestation, tel que nous le comprenons dans les différents règnes de la nature, est l'expression de l'énergie du Logos qui pénètre et stimule le centre de Son corps correspondant aux organes de génération. Toutes les fonctions créatrices des règnes, végétal, animal et humain, envisagées dans leur ensemble, sont encore purement physiques et basées sur le désir inférieur. Le désir du Logos pour l'incarnation physique est encore la note dominante. Plus tard ce désir s'estompera chez Lui et sera transmué en désir de création sur les seuls plans mentaux. C'est ce qui provoquera l'activité de l'aspect du Destructeur, conduisant finalement à l'obscuration et à la "mort" physique du système solaire.
L'arrivée au pouvoir de cet aspect sera indiqué par deux grands événements :
a.
L'aptitude de l'homme à créer consciemment sur les niveaux mentaux et, par voie de conséquence, la transmutation de ses impulsions sexuelles inférieures en impulsions supérieures.
b.
La vitalisation mentale d'une partie nouvelle et importante du règne animal.
Quand ces deux événements se feront jour dans une ronde quelconque, ce sera le signe d'une nette polarisation mentale du Logos ; nous ne pouvons nous en rendre compte qu'en étudiant Son corps de manifestation dans ses parties composantes.
Ce qui est affirmé ci-dessus au sujet de la forme-pensée logoïque vaut également pour un Homme Céleste ou un schéma planétaire. A mesure que Sa polarisation deviendra plus mentale et que Sa nature cosmique de désir sera transmuée, la force agissant sur Ses centres se dirigera en conséquence de manière différente ; Il retirera la force de certains de ses centres et globes inférieurs ; Il cessera de s'intéresser à l'incarnation physique et finalement Il se retirera en Lui-même. La vitalité de Sa forme-pensée diminuera progressivement ; le globe physique dense mourra sortira de l'objectivité, et d'autres globes accueilleront temporairement Sa vie logoïque, mais pas pour longtemps. En temps voulu, le schéma tout entier entrera en obscuration ; le Logos ne fonctionnera plus que dans Son corps astral cosmique.
Il en va de même d'une chaîne et de la Vie qui l'informe, si on envisage cette chaîne comme étant simplement un centre du corps du Logos planétaire, possédant néanmoins son propre facteur central. La Lune nous en donne un exemple des plus intéressants. Le désir de son Occupant n'était plus tourné vers la manifestation physique ; Il retira donc Sa vie. Tout ce qui reste n'est qu'une coque dévitalisée ; les deux autres aspects l'ont abandonnée et seul demeure le troisième aspect, la vie inhérente à la matière même, qui se dissipera progressivement avec le passage des siècles. Chez l'homme on observe un processus analogue dans la désintégration progressive du corps physique après la mort ; les deux autres aspects ont disparu et la forme se décompose.
A mesure que l'homme comprendra ces faits fondamentaux et se rendra compte de sa position en tant que Créateur, la question sexuelle changera complètement d'aspect ; l'accent sera mis sur les lois de la création mentale, sur la formulation des formes-pensées de manière scientifique et l'aspect physique dense de la création tombera en désuétude. Lorsqu'il en sera ainsi, l'homme prendra possession de ses droits divins et le règne humain remplira ses fonctions légitimes. L'aspect sexuel – tel qu'il s'exprime à présent – et tout le processus de reproduction est commun à l'homme et au règne animal ; il est basé sur les instincts animaux de l'homme et sur sa nature physique dense qui n'est pas un principe. Lorsqu'il sera totalement émancipé du règne animal et que les troisième et quatrième règnes seront parfaitement distincts, la nature sexuelle et les organes de reproduction seront envisagés par l'homme moyen d'une manière bien différente. La création sera un jour le résultat de l'impulsion de la pensée et non de l'impulsion du désir ; ce processus sera alors (après l'impulsion initiale issue du plan mental) aussi normal, aussi peu dangereux et aussi inconscient que l'est actuellement la respiration. Quand il en sera ainsi (et c'est dans un avenir lointain) la reproduction physique continuera, mais on parlera de la forme physique en termes de concrétion et d'énergie ; l'accent sera mis sur ce qui doit être incarné. On franchira ce stade quand les fonctions du corps éthérique seront étudiées scientifiquement et comprises et quand les lois de la pensée créatrice seront tombées dans le domaine de la discussion et de la connaissance publique cela coïncidera avec une période où le règne animal se trouvera de nouveau sous l'impression manasique et où l'individualisation sera à nouveau permise.
A cette époque, il sera généralement reconnu qu'Esprit et matière sont deux aspects d'une seule Unité et l'actuelle terminologie d'Esprit et de substance matérielle sera remplacée par le concept plus large d'énergie positive et négative formant les deux aspects de l'Energie Une. Tous les phénomènes seront alors exprimés en termes de force et la question sexuelle – l'union masculin-féminin positif-négatif sur le plan physique – sera purifiée et trouvera sa rédemption.
Une idée incarnée est donc, littéralement, une impulsion positive, émanant des niveaux mentaux et se revêtant d'un voile de substance négative. Ces deux facteurs, à leur tour, seront considérés comme les émanations d'un centre de force encore plus grand qui exprime le dessein à travers eux.
Une forme-pensée construite par l'homme est l'union d'une émanation positive et d'une émanation négative. Ces deux dernières sont l'émanation d'une Unité, le Penseur cohérent.