EVEIL DES CENTRES

 

Pour parler plus techniquement et donc justifier l'emploi du mot Instructions dans ce traité pour aspirants et disciples, il faut se rappeler que la tâche principale de l'aspirant est de travailler avec les énergies en soi-même et dans le monde des phénomènes physiques. Cela implique l'étude des centres et leur éveil. En premier, naturellement, il doit y avoir la compréhension ; l'éveil viendra plus tard et comprend deux stades.

1.
D'abord celui où, par la pratique d'une vie disciplinée et par la purification de la vie de la pensée, les sept centres sont automatiquement amenés à la condition voulue de rythme, de vitalité et d'activité vibratoire. Ce stade ne comprend aucun danger, car il n'est pas permis de diriger la pensée sur l'un ou l'autre des centres, c'est-à dire de concentrer sa pensée sur un certain centre, ni de les éveiller ou les charger d'énergie. L'aspirant doit uniquement se préoccuper du problème qui consiste à purifier les corps où se trouvent ces centres, c'est-à-dire le corps astral, le corps éthérique et le corps physique, se souvenant toujours que le système des glandes endocrines, les sept principales en particulier, sont l'extériorisation des sept centres majeurs. A ce stade, l'aspirant travaille autour des centres, c'est-à-dire sur la substance vivante qui les entoure complètement.
C'est tout ce que la majorité des aspirants peut faire sans danger actuellement dans le monde ; elle devra le faire encore longtemps.

2.
Vient ensuite le stade où, grâce au travail efficace accompli dans le premier stade, les centres se trouvent – selon l'expression ésotérique – "libérés dans la prison". Sous la surveillance d'un instructeur qualifié, ils sont soumis à des méthodes d'éveil direct et chargés. Les méthodes varient selon le rayon de la personnalité et le rayon égoïque de l'aspirant. D'où la difficulté du sujet et l'impossibilité de donner des règles générales.
Notons en passant, bien que ce ne soit pas en rapport avec l'entraînement personnel, que la méthode de faire précéder une longue période de purification à la période de charge d'énergie scientifique, est celle qu'emploie la Hiérarchie qui dirige les affaires du monde. Elle s'occupe de clarifier la matière du monde et de purifier ce monde sur une grande échelle. La tâche en est à ses débuts et n'est devenue possible que par le développement mental de 1' homme au cours des derniers siècles. Cette purification se poursuit dans toutes les branches de l'existence humaine, car l'humanité (ou ses trois cinquièmes) est maintenant engagée sur le sentier de Probation. A travers le processus d'élévation générale du bien-être de la population, les mouvements pour élever le niveau culturel, la diffusion de l'hygiène, le travail procède sur le plan physique ; et aussi par les bouleversements politiques qui révèlent des abus et par le mécontentement au sujet de l'économie qui voudrait changer ce qui est indésirable, afin de donner à l'humanité des conditions de vie qui la conduiront à une vie dominée par la pensée, puis avec le temps, dominée par l'âme.

Par la propagande religieuse et les efforts de nombreuses organisations et de nombreux groupes dans le monde entier qui présentent au mental humain ce qu'on peut appeler symboliquement l'espérance du ciel (le ciel étant pris comme symbole de perfection et de pureté), le travail progresse régulièrement.
Il a si bien réussi que maintenant les impuretés dans lesquelles baignait l'âme du monde et qui privaient l'humanité de sa véritable expression sont connues ; par conséquent un effort constant est fait vers l'amélioration. Tout a été mis en lumière, même le mal, ce qui apparaît épouvantable à ceux qui ne voient les choses qu'en surface. Ils ne s'aperçoivent pas que, profondément, coule le fleuve de la pureté et de la vérité.

Une preuve évidente du succès du mouvement mondial vers la vie pure et la destruction de ce qui empêche cette pureté est que le travail du deuxième stade commence à se dessiner. La Hiérarchie, pour la première fois dans l'histoire, peut agir directement sur les centres du corps de l'humanité. Ainsi, s'est-il formé le nouveau groupe des serviteurs du monde qui, dans sa totalité, constitue le centre du cœur et le centre entre les sourcils du corps éthérique de la famille humaine. Le premier permet à la vie spirituelle de s'écouler et de donner énergie et vie aux centres, l'autre favorise la vision et la connaissance du monde intérieur.

Je voudrais encore toucher à deux autres points et élucider toute la situation. Il existe une grande confusion au sujet des centres ; des renseignements erronés ont égaré beaucoup de gens et causé de fausses interprétations.

Je déclare qu'aucune activité visant à éveiller les centres ne doit jamais être entreprise tant que l'aspirant est conscient d'une certaine impureté dans sa vie et que ses conditions de santé ne sont pas bonnes. Il ne faut pas davantage l'entreprendre si la pression des circonstances extérieures est telle qu'elle ne permet pas de disposer d'une période de tranquillité et de travail suivi. Il est essentiel de disposer d'heures de solitude et de liberté pour se livrer à ce travail.
Je ne saurais trop y insister et je voudrais faire comprendre à l'étudiant sérieux qu'à notre époque peu de gens jouissent d'une telle tranquillité. Toutefois, c'est là une circonstance favorable et non regrettable. Aujourd'hui, un sur mille aspirants est au point où il peut commencer à travailler avec l'énergie sur ses centres ; peut-être suis-je optimiste. C'est mieux que l'aspirant aime, serve, travaille, se discipline et laisse ses centres s'éveiller et se développer plus lentement et donc plus sûrement. Ils se développeront inévitablement et la méthode plus lente et moins dangereuse est, en fin de compte, et dans la plupart des cas, la plus rapide. Le développement prématuré implique une grande perte de temps et entraîne souvent des inconvénients dont il est difficile de se libérer.

La trop grande stimulation des cellules cérébrales est la conséquence logique de la fusion, par un acte de volonté, des feux qui circulent dans le corps humain. Pareille stimulation peut produire la folle et la destruction de la structure cellulaire du cerveau. L'activité exagérée de la vie des cellules cause une friction interne entre les cellules qui détermine la production de tumeurs ou d'abcès dans le cerveau.

L'objectif fondamental du laya yoga, ou travail sur les centres, repose sur le fait que l'énergie des cellules qui composent le corps ou aspect matière (appelée dans la Doctrine Secrète et le Traité sur le Feu Cosmique "feu par friction") doit être alliée au feu de la conscience. Ce dernier est l'énergie présente dans la matière, mais différente du feu de la matière même ; elle alimente tout le système nerveux et produit, par sa présence, la sensibilité et la perception consciente. Elle est la cause de la réaction au contact et donne la capacité d'enregistrer et de garder des impressions. Ce feu se nomme techniquement "feu solaire". Allié au feu de la matière et au "feu électrique" de l'aspect divin supérieur, il produit la pleine manifestation de l'être humain. Le grand œuvre est accompli. Toutefois, l'entreprise est dangereuse si elle est tentée avant que le mécanisme ne soit prêt à fonctionner.

Cette triple fusion ne peut se faire que par des individus dont la personnalité est bien intégrée et organisée, harmonieusement développés, qui ont acquis la capacité de concentrer leur attention dans la tête et, de ce point élevé, de diriger consciemment le processus de la fusion. Tout cela suppose la capacité de retirer la conscience dans le corps éthérique et, en même temps, en pleine conscience, de maintenir un point de contact dans la tête et diriger de là l'automate, le corps physique. Pour réussir, il faut certaines conditions dans le corps éthérique. L'une d'elles est la destruction par le feu, partielle ou complète, de toute obstruction le long de la colonne vertébrale qui pourrait empêcher la montée libre du feu à la base de la colonne, communément appelé le feu de kundalini, lequel est latent, potentiel dans le centre inférieur. Il s'agit du "serpent endormi qui doit se dresser et se dérouler".

Chaque centre le long de l'épine dorsale est séparé de celui qui est au-dessus de lui et de celui qui est au-dessous par un réseau de protection composé d'un mélange curieux de substance éthérique et de substance gazeuse qui doit être brûlé et détruit avant que les feux du corps ne puissent jouer librement. Un réseau complet de nadis et de centres est sous-jacent au système endocrinien et au système nerveux et en est la contrepartie subtile. Un peu de réflexion montrera donc clairement la nécessité d'extrêmes précautions, car il est évident qu'un effet se produit sur l'appareil extérieur ; ce dernier, à son tour, aura un effet précis sur ce que les psychologues appellent le "comportement". Il y a quatre de ces réseaux entrelacés circulaires, situés entre les cinq centres le long de la colonne vertébrale, disposés ainsi : O/O/O/O/O et trois se trouvent dans la tête. Ils divisent la tête en différentes sections formant une série de croix.

Cela ressemble à la croix du drapeau britannique qui a toujours eu une signification ésotérique pour les occultistes, et qui indique un point d'accomplissement dans l'évolution de l'humanité. Cette croix dans la tête sépare le centre ajna (entre les sourcils) du centre de la tête, car elle se trouve derrière le centre dans le front et forme un écran protecteur entre le centre ajna et le centre de la gorge (laryngé).

Ces réseaux éthériques sont en réalité des disques qui tournent à des vitesses différentes d'un centre à l'autre et selon le point d'évolution du système de centres en question. Après que ces réseaux ont été brûlés par les feux ascendants et descendants, les véritables centres sont visibles. Beaucoup de clairvoyants confondent les centres avec leurs disques de protection, car ceux-ci ont une lumière qui leur est propre.

A mesure que la vie de l'aspirant atteint à une vibration plus haute, grâce à la purification et à la discipline, le feu de l'âme qui est le "feu du mental" cause une vibration accrue des centres ; cette intensification de l'activité établit un contact avec les réseaux protecteurs ou disques d'énergie pranique, qui se trouvent des deux côtés de chaque centre. Ainsi, par l'action réciproque qui s'établit graduellement, les disques peu à peu s'usent et se trouent. Beaucoup d'aspirants sont convaincus d'avoir fait monter en eux le feu de Kundalini et d'avoir fait de rapides progrès, tandis que ce qui est arrivé en eux est qu'ils ont brûlé ou percé par frottement le réseau en un point ou un autre de l'épine dorsale. Une sensation de brûlure ou de douleur dans une partie quelconque de l'épine dorsale, quand elle n'est pas d'origine physiologique, est due, dans la majorité des cas, à un déchirement du réseau par l'activité des centres reliés à lui.

Cela arrive fréquemment aux femmes en rapport avec le centre du plexus solaire et aux hommes par rapport au centre sacré. Ces deux centres à la suite de l'évolution sont très actifs et très organisés, car ils expriment la nature créatrice physique et le corps affectif. Donc une sensation de brûlure ou de douleur dans le dos indique une activité indue dans un centre, ce qui produit des résultats destructifs dans l'appareil de protection. Ce n'est jamais l'indice d'un véritable développement spirituel ou de supériorité.

Cela peut indiquer le développement spirituel mais, dans ce cas, la douleur est vite éliminée.

On a beaucoup parlé de l'élévation du feu de Kundalini et on a fort mal compris la question. Permettez-moi de vous dire que c'est très difficile à faire et qu'on n'y arrive que par un acte de volonté précis et par une intense concentration de l'attention de l'homme siégeant sur le trône de la conscience dans la tête. La tradition maçonnique conserve cet enseignement dans le rituel de l'élévation du grand Maître Maçon. Ce n'est qu'à l'aide d'un effort unifié de cinq manières et après des échecs répétés que le courant vivifiant circule dans le corps entier et apporte la vie au véritable homme.

Le deuxième point à examiner est que toute activité profondément ésotérique doit être entreprise sous la direction d'un instructeur qualifié. Il est dit que "quand l'élève sera prêt, le Maître apparaîtra". L'aspirant attend ou fait des tentatives pour attirer l'attention d'un Maître ayant en lui la conviction d'être prêt. Naturellement, de temps en temps, il cherche à raviver sa spiritualité et se dédie spasmodiquement au travail de discipline et de purification. Un effort constant et prolongé est rare chez les aspirants.

Il est vrai qu'au moment voulu le Maître se manifestera, mais ce juste moment dépend des conditions que l'aspirant s'impose à lui-même. Quand le processus de la purification est devenu une habitude de vie, quand il peut à volonté concentrer sa conscience dans la tête, quand la lumière dans la tête brille et irradie et quand les centres sont actifs, le Maître apparaît. En attendant, l'aspirant aura peut-être une vision du Maître, ou il verra une forme-pensée de Lui et il tirera beaucoup de bien et d'inspiration de la réflexion de la réalité, mais ce n'est pas encore le vrai contact avec le Maître et n'indique pas le stade de disciple accepté. C'est par le moyen de la lumière de l'âme que l'âme peut être connue. Cherchez donc la lumière de votre âme et reconnaissez-la comme votre guide.

Quand vous aurez établi le contact avec l'âme, ce sera elle qui vous présentera au Maître. J'ajoute que le Maître n'attend pas avec impatience de faire votre connaissance. Dans le monde des âmes, votre âme et la sienne sont unies et connaissent leur unité essentielle. Mais dans le monde des affaires humaines et au cours du grand œuvre, il faut se souvenir que si un Maître prend un aspirant dans son groupe de disciples, cet aspirant est pendant longtemps une responsabilité et un obstacle. Les aspirants se surestiment souvent, même s'ils repoussent cette idée. Subjectivement ils s'aiment eux-mêmes et s'étonnent fréquemment de ne pas recevoir un signe des Grands Etres ou leurs soins attentifs. Les Grands Etres ne feront rien avant que l'aspirant n'ait tiré profit des enseignements donnés par des instructeurs, des livres et des Ecritures Sacrées. Les aspirants doivent s'occuper de leur devoir immédiat et préparer leurs instruments pour le service du monde. Ils devraient cesser de perdre du temps à chercher un Maître. Ils atteindront à la maîtrise là où ils échouent maintenant, dans une vie de service et de lutte, et peut-être arriveront-ils à s'oublier si complètement que le Maître ne trouvera aucun obstacle pour s'approcher d'eux.

Il est clair que je ne peux donner des instructions spécifiques pour l'éveil des centres et la destruction par le feu du réseau éthérique dont résulterait la libération de l'énergie. Pareilles instructions seraient trop dangereuses et trop importantes pour être livrées au grand public. Il pourrait y avoir des personnes qui seraient poussées par le désir de nouveauté, mais sans avoir l'équilibre et le développement mental nécessaires. Le temps est toutefois venu où le fait de l'existence d'un corps d'énergie sous-jacent au système nerveux est reconnu généralement, où la nature, la structure et la localisation des sept centres sont comprises techniquement, où les lois de leur développement sont connues et divulguées. On ne peut en dire plus avec sécurité. La nature de la science des centres est trop compliquée pour qu'elle puisse être d'une grande utilité.

Les enseignements à donner dans des cas spécifiques et la méthode à appliquer dépendent de trop de facteurs pour qu'il y ait une règle générale et des instructions précises.

Le rayon, le type, le sexe et le point d'évolution doivent être pris en considération, de même que l'équilibre des centres. J'entends par-là qu'il faut savoir s'ils sont sur-développés ou sous-développés, si leur influence est dominante au-dessous ou au-dessus du diaphragme ; souvent il y a concentration de la force dans le plexus, centre des échanges. La qualité et la splendeur de la lumière dans la tête doivent être étudiées, car elles indiquent la mesure du pouvoir que l'âme a acquis sur la personnalité et la relative pureté des véhicules ; les divers réseaux éthériques doivent être soigneusement observés ainsi que la rapidité de la vibration du réseau et du centre. Il faut chercher à établir la synchronisation entre les divers centres. Tels sont les quelques points que l'instructeur doit noter ; il est clair que seul un instructeur doué de vision et d'esprit de synthèse et qui peut voir l'homme comme un tout, tel qu'il est en réalité, est capable de donner les instructions qui aideront à renverser le rythme des centres et à élever le feu de Kundalini de la base de la colonne vertébrale jusqu'au sommet de la tête.

L'aspirant trouvera un tel instructeur quand ses activités seront sous la direction de son âme, quand il aura compris la théorie de la science des centres, maîtrisé sa nature astrale et le centre correspondant, le plexus solaire.
L'importance que les chrétiens ont donné au principe christique a posé les bases sûres pour le travail à accomplir. Cette vérité se vérifie curieusement par l'étude du nombre "huit" par rapport aux centres ; ce nombre, nous est-il dit, est celui du Christ. Il y a huit centres, si l'on compte la rate. Tous sont des multiples de huit à l'exception du centre à la base de la colonne vertébrale qui a quatre pétales, la moitié de huit. Le nombre 8 est le symbole de tous les centres, car les pétales sont en réalité en forme de 8 superposés. Le "pétale" est une image, et un centre est formé sur ce modèle. D'abord le cercle, 0, puis deux cercles qui se touchent, formant donc un 8. A mesure que le nombre des pétales s'accroît, il y a une augmentation de 8 superposés sous divers angles jusqu'à ce qu'on arrive au lotus aux mille pétales dans la tête.

Ces centres ont deux fonctions. Ils représentent l'aspect de la construction de la forme de la divinité ; leur activité amène la forme extérieure à la manifestation. Puis, vers la fin du cycle évolutif, dans le macrocosme comme dans le microcosme, ils amènent à l'expression la vie et la force de l'âme et produisent l'incarnation d'un fils de Dieu pleinement révélé, avec tous les pouvoirs et la connaissance qu'a en soi la divinité.