5. Ressusciter
L'une des plus grandes et des plus trompeuses déformations des enseignements théologiques est l'interprétation du mot "résurrection" dans l'approche chrétienne.
Cette résurrection a été appliquée dans beaucoup de cas à la résurrection du corps ; elle est aussi appliquée au fait de l'immortalité, selon un souhait dont le motif est égoïste ; elle est appliquée aussi à la résurrection physique du Christ après sa mort supposée sur la Croix. La Résurrection enseigne essentiellement l' "élévation" de la matière jusqu'au ciel ; elle n'enseigne pas la persistance éternelle du corps physique de l'homme, comme de nombreux fondamentalistes le supposent aujourd'hui, qui s'attendent à la réapparition du corps physique abandonné ; elle enseigne en vérité "le dynamisme de la Vie" et l'état d' "Existence inaltérable". Cette Existence inaltérable constitue la nature de la Monade, et c'est à cet état de conscience que le Christ était parvenu quand Il agissait en tant que Sauveur du Monde et garantissait ainsi, par la force de sa réalisation en tant qu'âme-personnalité, le même point de réalisation pour nous, car nous sommes aussi et essentiellement des fils du Père, ou des expressions de la Monade, l'Unique. Cela ne signifie pas, cependant, la résurrection de quelque personnalité, dans tel véhicule particulier, de telle incarnation particulière.
Tout le concept de la résurrection est la révélation nouvelle la plus importante à laquelle doit s'attendre l'humanité, et qui posera les bases de la nouvelle religion mondiale.
Dans le passé immédiat, la note-clé de la religion chrétienne était la mort, symbolisée par la mort du Christ, et très déformée par l'apôtre Paul dans son effort pour fondre la nouvelle religion que le Christ nous avait donnée avec l'ancienne religion de sang des Juifs. Dans le prochain cycle, cet enseignement déformé sur la mort prendra sa place légitime et sera reconnu comme le vif besoin de discipline de renoncement, visant à mettre fin, par la mort, à l'emprise de la matière sur l'âme ; le grand objectif de tout enseignement religieux sera la résurrection de l'esprit chez l'homme et, finalement, dans toutes les formes de vie, du point le plus bas de l'évolution jusqu'à l'expérience monadique la plus haute. L'accent dans l'avenir sera mis sur la "vitalité de la nature christique" – dont la preuve sera le Christ ressuscité – et sur l'emploi de la volonté pour invoquer ce "déploiement de vie". La gloire et le rayonnement de l'initiation de la Transfiguration seront finalement relégués à leur place prévue, et ce que l'on entend par "déploiement de vie" sera confusément senti dans sa beauté inimaginable.
Le chemin, ou sentier, ou Voie de la Résurrection est la "Voie Radieuse" à laquelle nous avons donné le nom lourd d'antahkarana ; cette voie conduit directement d'un grand centre planétaire à l'autre – de l'humanité à la Hiérarchie, et de la Hiérarchie à Shamballa. C'est la Voie de la Résurrection. C'est la Voie qui est composée de la lumière de la substance intelligente, de la substance d'attraction de l'amour qui rayonne, et la voie karmique, pénétrée de l'essence de la volonté inflexible. N'oubliez pas que le karma est essentiellement la volonté conditionnée du Logos planétaire, ordonnant toute chose en vue du but ultime de la vie même, par le processus de vie, de compréhension aimante et d'activité intelligente.
Donc, l'ordre de ressusciter, tel que l'entend l'initié, concerne uniquement l'application de la nature de la volonté et l'aspect de Shamballa à l'impulsion donnée à l'attraction et à l'activité hiérarchiques. Elle ne concerne pas la vie individuelle de l'aspirant ou du disciple en progrès, quel que soit son niveau, sauf de manière secondaire, et du fait que les impulsions macrocosmiques divines majeures ont forcement des effets microcosmiques mineurs. Tous ces mots prodigieux que nous venons d'étudier se rapportent à la collaboration de l'initié avec la Volonté de Shamballa et donc, mes frères, ne sont pour vous que d'obscures indications.