3. Les roues mineures ne doivent plus jamais tourner dans le temps et l'espace.
Seule la grande Roue doit continuer d'avancer et de tourner.
Il est un point que je désirerais expliquer ici, car il ouvre la porte à de nouveaux concepts, même s'il n'est pas encore possible de définir ces concepts d'une manière telle que la masse les comprenne ; même les disciples qui lisent ces lignes ne pourront pas comprendre vraiment. Seuls ceux qui ont pris la troisième initiation interpréteront correctement. Constamment, dans toute la littérature ésotérique on parle des facteurs temps et espace comme s'il y avait une distinction fondamentale entre les mondes où dominent ces facteurs et où les aspirants et les initiés de tous degrés se déplacent librement. Constamment, il est rappelé à l'aspirant que le temps est de nature et de manifestation cycliques, et que "l'espace est une entité". Il est nécessaire que ces termes soient un peu compris, si l'on veut que ce qui est dirigé par la volonté (lorsqu'elle est évoquée) puisse pénétrer dans la conscience "connaissante" du penseur.
L'espace et la substance sont des termes synonymes ; la substance est l'agrégat des vies atomiques dont toutes les formes sont construites – Le Traité sur le Feu Cosmique a longuement exposé cette question. Ceci est un truisme à la fois scientifique et occulte. La substance, cependant est un concept de l'âme et n'est vraiment connue que de l'âme. Donc, après la quatrième initiation, quand le travail de l'âme est accompli et que le corps de l'âme disparaît, seule la qualité propre qu'elle a communiquée à la substance – qu'elle soit individuelle, de groupe ou planétaire – demeure comme sa contribution à l'ensemble de la manifestation. Tout ce qu'il reste est un point de lumière. Ce point est conscient, immuable et il perçoit les deux extrêmes de l'expression divine : le sens de l'individualité et le sens de l'universalité. Ceux-ci sont fusionnés et mêlés dans l'Un : L'Hermaphrodite divin est le symbole concret de l'Un, l'union des paires d'opposés, négatif et positif, masculin et féminin. Dans l'état d'existence que nous appelons monadique, il n'est fait aucune différence entre les deux, car (si je peux mettre de telles idées à la portée de l'intelligence de l'aspirant) on s'aperçoit qu'il n'y a pas d'identité en dehors de l'universalité, et pas de sens de l'universalité en dehors de la réalisation individuelle ; cette réalisation de l'identification, à la fois avec la partie et le tout, a son point de tension dans la volonté d'être, qualifiée par la volonté-de-bien et développée (du point de vue conscience) par la volonté-de-savoir. Ce sont, en vérité, trois aspects de la volonté divine qui existe dans sa perfection chez le Logos solaire, et trouve un moyen d'expression chez le Logos planétaire. Cette volonté agit donc de sept façons, par les qualités vivantes, propres aux sept Logoï planétaires qui s'expriment par le truchement des sept planètes sacrées. Ils s'efforcent d'amener toutes les formes de vie qui sont dans l'orbite de leur influence, au même degré de reconnaissance et d'existence enregistrées. Vous verrez donc que, sur chacune des sept planètes sacrées, l'un des aspects de la Volonté divine sera dominant.
Ceci est la signification de l'Espace – domaine dans lequel les états de l'Existence sont amenés au stade de reconnaissance. Quand ce stade a été atteint et que le Connaissant, l'Ame, est pleinement conscient, il intervient alors un nouveau facteur qui affecte aussi l'espace – bien que de manière différente – mais est relié à la Vie monadique. Ce facteur est le Temps. Le Temps est relié à l'aspect volonté et dépend de la vie dynamique se dirigeant elle-même, qui produit la persistance et manifeste la persistance dans ce foyer dynamique d'intention par une apparition périodique et cyclique.
Du point de vue de la Volonté ou du Père, ces apparitions dans le temps et dans l'espace constituent une si faible partie de l'expérience de l'Entité vivante, dont la vie se déroule sur des plans autres que le plan physique, émotionnel ou mental, qu'elles sont considérées comme n'étant pas la vie. Pour le comprendre, je vous rappelle à nouveau que nous devons comprendre l'ensemble à la lumière de la partie, le macrocosme à la lumière du microcosme. Ce n'est pas tâche facile et c'est nécessairement des plus limité.
Le disciple sait ou apprend à savoir qu'il n'est pas ceci ou cela, mais la Vie même. Il n'est pas le corps physique ou sa nature émotionnelle ; il n'est pas, en dernière analyse (expression très occulte) le mental ou ce qu'il sait. Il apprend que cela aussi doit être transcendé et remplacé par l'amour intelligent (vraiment possible seulement après que le mental a été développé), et il commence à se rendre compte qu'il est l'âme. Puis, plus tard, vient l'impressionnant "moment dans le temps" où, suspendu dans l'espace, il découvre qu'il n'est pas l'âme. Alors, qu'est-il ? Un point de volonté divine dynamique, focalisée dans l'âme et parvenant à la conscience de l'Existence par l'utilisation de la forme. Il est la Volonté, celui qui gouverne le temps, et l'organisateur, dans le temps, de l'espace. Il le fait, mais avec la réserve permanente que le temps et l'espace sont des "jouets divins" qui peuvent être utilisés ou non.
Nous pourrions paraphraser les deux dernières phrases de cette quatrième règle de la manière suivante : l'évocation de la volonté implique l'identité avec le dessein plus large. Le faible vouloir des petites vies doit se fondre à la volonté plus vaste du Tout, de l'Un. Le dessein individuel doit être identifié avec le dessein de groupe, qui est tout ce que la petite vie peut saisir, à un point donné du temps et de l'espace, du dessein du Tout ou de l'Un. C'est dans ce sens, et d'un point de vue ésotérique, que le temps est un événement – ce que la philosophie fait maintenant ressortir, alors qu'elle cherche à tâtons l'expression de la conscience d'initié.
A la longue, quand le sentier de l'évolution aura été parcouru jusqu'au bout, il restera le dessein divin et la Vie qui enveloppe tout, en matérialisant le plan dans le temps et dans l'espace. Ceci résulte de la révolution de la plus grande Roue de la vie, qui fait aussi tourner toutes les vies mineures dans le temps et dans l'espace.
Entre-temps, l'homme est d'abord poussé par le désir, puis par l'aspiration à un but entrevu, puis par sa volonté égoïste qui lui révèle la nature de la volonté : l'application persévérante à quelque dessein, considéré comme désirable, et en vue duquel on tend toutes ses énergies. Ayant épuisé tous les buts tangibles, la vie intérieure oblige l'homme à se tourner vers l'intangible ; la qualité de sa Volonté commence à changer. Il découvre une volonté plus grande que la sienne et commence à s'y identifier lentement, passant d'un stade à l'autre, d'un dessein réalisé à un autre plus élevé, chacun de ces pas l'éloignant de sa prétendue volonté personnelle et le rapprochant d'une appréciation de la signification de la volonté ou du dessein divin.
On pourrait dire, afin de clarifier la méthode utilisée, qu'en exécutant le plan, le disciple apprend la nature du dessein, mais que le dessein lui-même ne peut être saisi que par celui chez qui se développe la conscience monadique. La conscience monadique n'est pas la conscience telle que les êtres humains la conçoivent, mais c'est un état de compréhension qui n'est pas la conscience ou la réalisation, telle que la ressent le mystique, ni l'identification ainsi que l'occultiste la nomme, mais quelque chose qui apparaît quand ces trois facteurs sont ressentis et enregistrés, à un moment du temps, dans l'orbite de l'espace.
Maintenant que j'ai dit cela, en savez-vous davantage ? Quel est pour moi l'intérêt d'écrire ces lignes ? J'ai deux raisons. L'une de mes fonctions, l'un de mes devoirs (en tant que Maître de Sagesse) est d'ancrer des idées dans le mental de l'homme et de faire descendre dans le domaine des mots certains concepts qui émergent, afin qu'ils puissent commencer à influencer la couche supérieure des penseurs. Ces derniers ont pour tâche de précipiter ces idées profondément dans la conscience des hommes. La deuxième raison est que j'écris pour la génération dont la pensée s'exprimera activement à la fin du siècle ; elle inaugurera la charpente, la structure de l'âge nouveau. Celui-ci partira de certaines prémisses, qui sont aujourd'hui le rêve des plus inspirés parmi les rêveurs, et sur lesquelles se développera la civilisation de l'ère du Verseau. Cette ère sera autant dominée par l'interdépendance de groupe, l'idéalisme de groupe, la conscience de groupe, que l'ère des Poissons l'a été par l'accent mis sur le développement de la personnalité, la concentration sur la personnalité, et la conscience de la personnalité. L'égoïsme, tel que nous le comprenons, va disparaître progressivement, car la volonté de l'individu fusionnera volontairement avec la volonté de groupe. Vous verrez donc que ceci pourrait très bien entraîner une situation encore plus dangereuse, car le groupe serait une concentration d'énergies focalisées et, à moins que ces énergies ne soient orientées vers l'exécution du Plan (qui coordonne et rend possible le dessein divin) nous nous trouverons en face d'un renforcement progressif des forces du mal ou du matérialisme sur terre. Je ne parle pas à la légère, mais j'essaie de montrer la nécessité d'une ferme consécration, de tous les hommes d'inclination spirituelle, à la tâche consistant à développer la volonté de bien sur terre, et l'importance absolue de stimuler la bonne volonté dans la masse. Si cela est négligé après le considérable coup de balai global qui vient d'être donné, les conditions futures seront pires que les précédentes. L'égoïsme individuel sera remplacé par l'égoïsme de groupe qui, en conséquence, sera pluspuissant dans sa consécration, sa concentration et ses résultats pernicieux. Les petites roues peuvent continuer à tourner dans le temps et l'espace, entravant le progrès de la grande Roue qui – de nouveau dans le temps et l'espace – est la roue de l'humanité. Chez l'Homme Céleste et chez l'être humain se développent, sur cette Roue, les qualités et les attributs divins.
L'aspect volonté de la divinité ne peut s'exprimer que par l'intermédiaire de l'humanité, car il est prévu que le quatrième règne de la nature soit l'agent de la volonté pour les trois règnes subhumains. Il était donc nécessaire que l'esprit d'inclusivité et la tendance à l'identification spirituelle fussent développés dans l'humanité comme préparation au développement d'une réponse au dessein divin. Il est absolument essentiel que la volonté-de-bien se développe chez les disciples du monde, afin que la bonne volonté puisse s'exprimer dans l'humanité moyenne.
La volonté-de-bien des connaissants est la semence magnétique de l'avenir. La volonté-de-bien est l'aspect Père, tandis que la bonne volonté est l'aspect Mère ; à partir de la relation de ces deux aspects, la nouvelle civilisation qui repose sur des lignes spirituelles saines, mais entièrement différentes, peut être fondée. Je recommande cette pensée à votre conscience, car elle signifie qu'il faut nourrir deux aspects du travail spirituel dans l'avenir immédiat, car c'est d'eux que dépend l'espoir lointain de bonheur et de paix mondiale. Il faut atteindre le nouveau groupe des serviteurs du monde et développer chez lui la volonté-de-bien ; il faut, en même temps, atteindre la masse et lui apporter le message de la bonne volonté.
La volonté-de-bien est dynamique, puissante et efficace ; elle est basée sur la compréhension du plan et sur la réaction au dessein, tel que le perçoivent ceux qui sont initiés, et qui sont consciemment en contact avec Shamballa, ou les disciples qui font aussi partie de la Hiérarchie, mais ne sont pas encore capables d'entrer en contact avec le Dessein central ou Vie. N'ayant pas encore pris la troisième initiation, ils ignorent pour une large part la vibration monadique. Ce serait aussi dangereux pour eux d'être capables d'atteindre Shamballa (avant la troisième initiation où toutes les tendances de la personnalité sont effacées) que dangereux d'enseigner, aujourd'hui, à la masse des hommes, des techniques de volonté, qui rendraient efficace leur volonté encore égoïste. La principale difficulté serait que les disciples se détruiraient, tandis que l'homme ordinaire se ferait du mal.
L'exégèse de cette Règle IV est nécessairement brève, car sa signification est si profonde qu'elle exige une étude très sérieuse, phrase par phrase et, même en l'abordant ainsi, elle dépasse très largement ce que peut comprendre la majorité des lecteurs. Néanmoins, il sera profitable aux disciples de réfléchir aux différentes significations (il y en a plusieurs) et aux implications ésotériques.