CHAPITRE VI
SEPT CENTRES DE FORCE
Nous avons vu au chapitre précédent que, d'après l'enseignement de l'Orient, le corps vital ou éthérique est composé d'éther et agit comme conducteur du prana, principe de vie, qui vitalise la matière et produit la forme. Le corps vital incarne aussi ce principe sensible de la nature appelé âme ; ou plutôt, le corps vital est l'expression et le véhicule de l'âme.
La caractéristique principale de l'âme est la conscience. En tant que vie, l'âme est "située dans le cœur et, en tant que conscience spirituelle rationnelle, elle est située "sur le trône entre les sourcils". René Guénon l'exprime comme suit :
"Ainsi, du point de vue physique, ce qui réside dans le centre vital est l'éther ; du point de vue psychique, c'est "l'âme vivante" ; nous restons là dans le domaine des possibilités individuelles. Mais aussi et par-dessus tout, du point de vue métaphysique, c'est le "Soi" principal et inconditionné. C'est donc vraiment "l'Esprit Universel" (Atma) qui en réalité est Brahma lui-même, le "Souverain Suprême". La désignation de ce centre comme Brahma – pura est donc pleinement justifiée.
Mais considéré ainsi au-dedans de l'homme (et on pourrait le considérer aussi de cette façon par rapport à tout état d'être), Brahma est appelé Purusha, car Il demeure dans l'individualité (...) comme dans une ville (puri-shaya), car pura, dans son sens véritable et littéral signifie ville." (Guénon René, L'Homme et son devenir.)
La force de vie a sept points de contact principaux avec le corps physique, ils sont appelés centres.
Ces sept centres de force transmettent la force de vie et sont les agents de l'âme. Ils maintiennent l'existence corporelle et produisent son activité.
Dans son ouvrage, le Rêveur dit : (The Dreamer, Studies in the Bhagavad Gîta.)
"Que sont donc les centres de l'homme ? Ils sont les reflets du Soi unique dans les noyaux respectifs de l'upadhi. Si nous examinons la manière dont s'opère l'imprégnation de la matière par l'Energie divine, appelée parfois vagues de vie, nous verrons que, du fait de la projection du Soi dans les limites de l'objectivité appelée matière, certaines qualités sont imparties à la matière et se développent en ce que nous appelons tattva. Chaque tattva possède un tanmatra comme vie animée par l'âme, ou, si l'on veut, une modification de la conscience divine. La conscience divine se trouve donc dans chaque tattva en tant que vie centrale, tandis que l'idée de résistance constitue le mur extérieur."
Nous avons vu qu'en vertu de son pouvoir de manifestation, le Soi se réfléchit dans les divers upadhi ; il y développe des centres artificiels qui forment, peut-on dire, à un certain et même moment, le noyau de l'upadhi ainsi que les représentants du Soi dans les différents plans."
Un centre de force porte le nom indien de "chakra". Voici le siège des sept centres de force et leur nom indien :
1. Centre de la tête Chakra sahasrara
2. Centre entre les sourcils Chakra ajna
3. Centre de la gorge Chakra vishuddha
4. Centre du cœur Chakra anahata
5. Centre du plexus solaire Chakra manipura
6. Centre sacré ou sexuel Chakra svadhistana
7. Centre à la base de l'épine dorsale Chakra muladhara
On remarquera que quatre centres se trouvent au-dessus du diaphragme et trois au-dessous.
Bien des choses ont été écrites au sujet de ces centres de force et on pourrait en ajouter encore, mais ce qui suit peut servir de résumé et d'introduction.
Les centres de force transportent l'énergie pranique dans toutes les parties du corps ; ils ont d'étroites relations avec les trois subdivisions du système nerveux : cérébro-spinal, sympathique et périphérique.
L'énergie vitale ou pranique provenant des centres de force est distribuée le long de lignes de direction subtiles. Ces lignes sont appelées "nadis" ; elles ont d'étroits rapports avec les nerfs et en même temps avec les artères. Elles sont apparemment à la base du système nerveux. Dans l'Homme et son Devenir, nous lisons :
"En ce qui concerne les nadis ou artères de la forme subtile, ils ne doivent pas être confondus avec les artères du corps qui assurent la circulation du sang ; physiologiquement, ils correspondent plutôt aux ramifications du système nerveux, car ils sont décrits très clairement comme étant lumineux. Mais le feu étant, en quelque sorte, polarisé en chaleur et en lumière, l'état subtil est lié à l'état corporel de deux manières différentes et complémentaires : par le sang en ce qui concerne l'aspect de la chaleur et, par le système nerveux, en ce qui concerne l'aspect lumière. Il faut cependant clairement comprendre qu'entre les nadis et les nerfs, il n'y a que simple correspondance et non pas identification ; les nadis en effet ne sont pas corporels et en réalité nous avons affaire à deux domaines différents de l'individualité intégrale. De même, lorsqu'on affirme l'existence d'un rapport entre les nadis et la respiration, car le maintien de la vie l'exige et qu'elle correspond vraiment à la principale activité vitale, il ne faut aucunement en conclure qu'on peut les concevoir comme une sorte de canaux au travers desquels l'air circule ; ce serait confondre le "souffle vital" (prana), qui appartient nettement à la manifestation subtile, avec un élément corporel.
On a déclaré que le nombre total des nadis s'élève à soixante douze mille ; selon d'autres textes, il y en aurait sept cent vingt millions ; toutefois la différence ici est plus apparente que réelle puisque, comme cela se produit toujours en pareils cas, ces nombres doivent être pris symboliquement, non littéralement." (René Guénon)
Rama Prasad, qui emploie le terme indien de "lotus" pour désigner les Chakras ou les centres de force offre à ce sujet l'intéressant commentaire suivant :
"Les plexus nerveux des anatomistes modernes coïncident avec ces centres. Il ressort de ce qu'on a dit plus haut que ces centres sont constitués par des vaisseaux sanguins. La seule différence entre les nerfs et les vaisseaux sanguins est celle qui existe entre les véhicules du prana positif et du prana négatif.
Les nerfs sont le système positif du corps et les vaisseaux, le système négatif. Partout où il y a des nerfs, on trouve des vaisseaux sanguins qui leur correspondent.
Les uns et les autres sont des nadis, sans faire de distinction. Un de ces systèmes a pour centre le lotus du Cœur et l'autre, le lotus aux mille pétales du cerveau.
Dans un tableau exact du système nerveux, le système des vaisseaux sanguins est en réalité seulement l'ombre de celui-là. De même que le cœur, le cerveau a ses divisions supérieure et inférieure, le cerveau et le cervelet, et aussi sa division en côtés droit et gauche." (Prasad Ratna, Nature's finer forces.)
Les centres de force sont situés le long de la colonne vertébrale et dans la tête. Arthur Avalon dit :
"La description des Chakras comprend, d'abord, un exposé de l'anatomie et de la physiologie occidentale des systèmes nerveux central et sympathique ; deuxièmement, un exposé du système nerveux tantrique et des Chakras ; et troisièmement, dans la mesure du possible, la corrélation des deux systèmes, anatomiquement et physiologiquement, car le reste est en général particulier à l'occultisme tantrique.
La théorie tantrique relative aux Chakras et à Sahasrara concerne, du point de vue physiologique (...) le système spinal central y compris le cerveau contenu dans le crâne, et la moelle épinière contenue dans la colonne vertébrale (Merudanda). Il faut remarquer que, de même qu'il existe cinq centres décrits ici, la colonne vertébrale est elle-même divisée en cinq régions qui, en partant du bas, sont la région du coccyx formée de quatre vertèbres imparfaites souvent unies pour former un seul os appelé le coccyx ; la région sacrée formée de cinq vertèbres unies entre elles pour former un seul os, le sacrum ; la région lombaire ou région des reins, formée de cinq vertèbres ; la région dorsale ou du dos formée de douze vertèbres, et la région cervicale ou du cou, formée de sept vertèbres. Comme le montrent les segments, la moelle épinière a différentes caractéristiques correspondant à chacune des régions. Dans l'ensemble, ces caractéristiques correspondent aux régions placées sous la maîtrise des centres ou chakras Muladhara, Svadhistana, Manipura, Anahata et Vishudda. Ces régions sont la base de la colonne vertébrale, le centre sacré, le centre du plexus solaire, le centre du coeur et le centre de la gorge. Le système central est relié à la périphérie par les trente et un nerfs spinaux et les douze nerfs crâniens qui sont à la fois sensoriels et moteurs, selon qu'ils provoquent la sensation et poussent à l'action. Les six derniers nerfs crâniens proviennent du bulbe spinal (medulla) et les six autres, sauf les nerfs olfactifs et optiques, proviennent des régions du cerveau se trouvant juste devant le bulbe. Les écrivains appartenant aux écoles de Yoga et de Tantra utilisent de préférence le terme "nadi" pour désigner les nerfs. Ils entendent donc les nerfs crâniens lorsqu'ils parlent de Shira, n'appelant jamais ainsi les artères comme le font les publications médicales. Il faut cependant noter que les nadis du Yoga ne sont pas les nerfs matériels ordinaires, mais des lignes de direction plus subtiles que suivent les forces vitales. Une fois sortis du foramen intervertébral, les nerfs spinaux entrent en communication avec les ganglions du système nerveux sympathique, de chaque côté de la colonne vertébrale.
Chez l'homme, le cordon médullaire part de la limite supérieure de l'atlas, sous le cervelet, passe dans la moelle et finalement dans le quatrième ventricule du cerveau, descendant ensuite dans la deuxième vertèbre lombaire où elle se termine en un point appelé le filum terminal." (A. Avalon)
Comme la citation ci-dessus se réfère au système tantrique, il convient de noter qu'il s'agit là d'un système hindou de maîtrise de l'énergie ne pouvant être utilisé sans danger que par ceux qui font preuve de la moralité la plus haute, d'une grande pureté de vie et de pensée. On ne saurait condamner trop sévèrement les prétendues pratiques tantriques d'un caractère avilissant rencontrées dans certaines écoles d'Orient et d'Occident.
Ces centres de force ne sont pas seulement situés le long de la colonne vertébrale et dans la tête comme nous venons de le dire ; ils sont reliés entre eux par l'intermédiaire de la colonne vertébrale, établissant ainsi des rapports trop complexes pour être étudiés ici.
Deux des sept centres sont situés dans la tête et cinq dans l'épine dorsale. Les deux centres de la tête sont liés directement aux facultés mentales et du mouvement. Le centre sahasrara (centre de la tête), appelé généralement lotus aux mille pétales, représente l'énergie spirituelle se manifestant comme volonté, comme mental spirituel ou abstrait et comme intuition. Le centre ajna, ou centre entre les sourcils, intéresse le mental inférieur et la nature psychique de cet organisme intégré que nous appelons la personnalité.
Les cinq centres de la colonne vertébrale se rapportent aux diverses activités de l'organisme alors que l'homme manifeste l'instinct animal, les réactions émotionnelles et le dessein de sa vie. Ces centres sont surtout influencés par la force qui se déverse dans les centres de la tête et qui en proviennent.
Arthur Avalon écrit :
"Les centres influencent non seulement les combinaisons musculaires concernées par les mouvements volontaires, mais aussi les fonctions de l'innervation vasculaire, de la sécrétion, et d'autres fonctions semblables dont les centres les plus proches se trouvent dans la moelle épinière. On dit cependant que les centres cérébraux ne régissent ces fonctions qu'en relation avec la anifestation de la volonté, du sentiment et des émotions ; alors que les centres spinaux et le système sympathique subordonné seraient le mécanisme de l'adaptation inconsciente, conformément aux diverses conditions des stimuli essentiels au maintien de l'existence de l'organisme. La moelle, en outre, est à la fois un moyen de communication entre les centres supérieurs et la périphérie, et un centre indépendant régissant, dans le système, des fonctions de la plus haute importance. Il faut noter que les fibres nerveuses qui transportent les impulsions motrices descendant du cerveau vers la moelle épinière traversent assez soudainement d'un côté à l'autre en passant à travers le bulbe spinal, fait que les Tantra signalent dans leur description de la Mukta Triveni ; de nombreuses voies qui arrivent à celle-ci et qui en partent la relient au cervelet et aux ganglions cérébraux. Au-dessus du cervelet se trouve le cerveau dont l'activité est généralement associée à la volonté consciente, à la formation des idées et à l'origine des mouvements volontaires. Il ne faut cependant pas confondre la fonction physiologique et la notion de Conscience qui est l'objet essentiel de la psychologie introspective. Par conséquent, il n'existe aucun organe de conscience, tout simplement parce que la conscience n'est pas un concept organique et qu'elle n'a aucun rapport avec la conception physiologique d'énergie dont elle représente l'aspect intérieur et introspectif. En soi, la conscience est l'Atma.
Le mental et le corps, dont le cerveau fait partie, sont tous les deux des expressions imparfaites et voilées de la Conscience qui, dans le cas du corps, est si voilée qu'elle donne l'impression d'inconscience. Le cerveau vivant est constitué de matière sensible grossière (Mahabhuta) infusée de prana. Cette matière a été travaillée de façon à constituer un véhicule approprié pour exprimer la conscience sous une forme mentale (Antahkarana). La conscience n'est ni une propriété du corps ni une simple fonction du cerveau. Le fait que la conscience mentale est affectée ou disparaît à la suite de désordres du cerveau prouve que celui-ci est nécessaire pour exprimer une telle conscience, mais ne prouve pas que la conscience soit inhérente au seul cerveau ou qu'elle en soit la propriété. De chaque côté de la colonne vertébrale se trouve une chaîne de ganglions reliés par un cordon nerveux, appelé système sympathique (Ida et
Pingala) qui va de la base du crâne jusqu'au coccyx, et qui communique avec la moelle épinière. Il est à noter qu'il y a dans les régions thoracique et lombaire un ganglion de chaque chaîne correspondant très régulièrement à chaque nerf spinal bien que, dans la région cervicale, il en manque beaucoup ; un amas de structure nerveuse se trouve aussi dans la région du coeur, de l'estomac et des poumons, qui sont les zones régies par Anahata, Manipura et Vishuddha, respectivement, les trois Chakras supérieurs des cinq décrits plus loin. De la chaîne sympathique de chaque côté, partent des fibres nerveuses vers les viscères de l'abdomen et du thorax. De ces organes, partent également des nerfs qui retournent vers les nerfs spinaux et d'autres qui passent dans certains des nerfs crâniens, distribués aux vaisseaux sanguins des membres, du tronc et d'autres parties vers lesquelles vont les nerfs spinaux ou crâniens. Les nerfs sympathiques transportent surtout les impulsions gouvernant le tissu musculaire des viscères et le revêtement musculaire des petites artères des divers tissus. C'est à travers le sympathique qu'est maintenue la vitalité des vaisseaux sanguins par l'action du centre vasomoteur du bulbe spinal.
Toutefois, les impulsions distribuées par le sympathique proviennent du système nerveux central et non du sympathique lui-même. Les impulsions proviennent de la moelle épinière, par les racines antérieures des nerfs spinaux et passent à travers de brèves ramifications dans les chaînes du sympathique. La circulation, la digestion et la respiration sont contrôlées et influencées par le travail du système sympathique.
L'anatomie du système nerveux central est extrêmement compliquée. Ce qui se passe dans cet enchevêtrement de fibres, de cellules et de fibrilles, est, d'autre part, à peu près inconnu. On a donc admis que, dans la physiologie du système nerveux central, nous ne pouvons actuellement guère faire plus que tracer les lignes par lesquelles les impulsions pourraient passer d'une partie du système à l'autre et, des connexions anatomiques, déduire avec plus ou moins de certitude la nature du réseau physiologique que ses diverses parties forment entre elles et avec le reste du corps. Cependant d'une manière générale, il pourrait y avoir des raisons de supposer que certains centres nerveux du système central sont reliés de manière spéciale à des mécanismes sensoriels, sécrétifs ou moteurs, et que des centres – tel que le centre génitospinal – existent dans des parties bien déterminées de la moelle épinière et exercent une action physiologique donnée. Ce qu'on appelle ici Chakra est l'aspect subtil de tels centres en tant qu'expressions de conscience (chaitanya) incarnés en diverses formes de Maya Shakti. Ils sont reliés par des conducteurs intermédiaires aux organes de la génération, de la nutrition, de la digestion, de l'action cardiaque et de la respiration en relation avec les chakras Muladhara,
Svadhistana, Manipura, Anahata et Vishuddha respectivement, tout comme d'autres zones ont été assignées, en relation spéciale sinon exclusive avec divers processus de la perception, de la volition et de l'idéation." (A. Avalon)
L'activité de ces centres varie suivant le degré d'évolution de l'individu. Chez certaines personnes, certains centres sont "éveillés" et, chez d'autres, ils peuvent être à un stade de repos relatif. Chez certains, le centre du plexus solaire peut être actif ou dominant ; chez d'autres ce sera le centre cardiaque et chez d'autres encore le centre de la gorge.
Jusqu'ici le centre de la tête n'est actif que chez de rares personnes.
D'une façon générale, ce sont les trois centres se trouvant au-dessous du diaphragme – le centre à la base de la colonne vertébrale, le centre sacré et le centre du plexus solaire – qui sont actifs et dominants chez les sauvages et les gens peu évolués, tandis que les trois centres au-dessus du diaphragme sont encore "en sommeil". Dans l'humanité moyenne, le centre de la gorge commence à se manifester, tandis que les centres de la tête et du cœur sont encore endormis. Chez les êtres humains hautement évolués, les guides de l'humanité, les philosophes intuitifs et les savants, comme chez les grands saints, les centres de la tête et du cœur font tous deux sentir leurs vibrations, la priorité allant soit au centre de la tête soit au centre du cœur suivant le type d'homme, la qualité de la conscience émotionnelle et mentale.
Ces centres de force s'éveillent et dominent donc suivant le degré de développement des êtres et, suivant le degré d'éveil de ces centres, différents types d'activité se manifestent. Les centres situés au-dessous du diaphragme gouvernent la vie physique de la forme matérielle et la vie psychique animale, communes à l'homme et à l'animal. Les centres au-dessus du diaphragme concernent la vie intellectuelle et spirituelle et les activités par lesquelles l'homme démontre que sa condition est différente et supérieure à celle de l'animal, et qu'il s'élève sur l'échelle de l'évolution.
Tel est, rapidement exposé, l'enseignement de l'Orient en ce qui concerne les sept centres de force ou Chakras.
Si nous comparons la doctrine orientale des sept centres à celle de l'Occident concernant les glandes, nous constatons d'abord un fait frappant en ce qui concerne l'emplacement. Les sept centres de force se trouvent dans les mêmes zones où sont les glandes, et chaque centre de force pourrait bien être (et d'après l'enseignement hindou, est) la source de pouvoir et de vie de la glande correspondante. Le tableau suivant montre l'identité des emplacements :
CENTRES GLANDES
Centre de la tête Glande pinéale
Centre entre les sourcils Glande pituitaire
Centre de la gorge Glande thyroïde
Centre du cœur Thymus
Centre du plexus solaire Pancréas
Centre sacré Les gonades
Centre à la base de l'épine dorsale Glandes surrénales
Un deuxième fait encore plus frappant est que les centres de force éveillés correspondent aux glandes dont les fonctions sont connues et dont la plupart des sécrétions, ou hormones, ont été découvertes. Les centres encore en sommeil ou qui s'éveillent chez les hommes plus évolués correspondent aux glandes dont les fonctions sont relativement inconnues et dont les sécrétions n'ont pas encore été isolées. On notera par exemple que, d'après le Dr Berman, les sécrétions de la glande pinéale, une des deux sécrétions de la glande pituitaire et celle du thymus ne sont pas connues, pas plus que la sécrétion de la glande surrénale. Ces glandes correspondent au centre du cœur, au centre de la gorge, au centre de la tête et à celui de la base de la colonne vertébrale qui sont en sommeil ou qui s'éveillent.
Est-ce là une intéressante coïncidence ? Ou bien devons-nous considérer comme un fait que, dans chaque cas, les glandes dont les hormones n'ont pas été découvertes correspondent à des centres en sommeil, dans l'humanité moyenne ?
Je pense qu'on finira par découvrir que les glandes sont le produit de l'énergie des centres. Car en effet les centres qui sont éveillés et qui fonctionnent dans l'humanité moyenne, semblent être apparentés aux glandes dont les sécrétions particulières ont été identifiées et dont l'action sur le courant sanguin est connue, tandis que les centres qui sont encore en sommeil paraissent être apparentés aux glandes dont les sécrétions sont seulement partiellement connues ou même totalement inconnues. C'est en tout cas digne de retenir l'attention.
Les psychologues occidentaux ont donc raison de dire qu'un homme est ce que ses glandes font de lui et que nous ne sommes ni meilleurs ni pires que notre système endocrinien particulier. La raison en est peut-être dans la justesse de la théorie orientale concernant les centres de force. C'est l'état des centres qui détermine la condition des glandes, leur super activité ou leur inactivité ainsi que leur fonctionnement bon ou mauvais. Ces glandes ne sont que les symboles, l'aspect matériel visible d'un système beaucoup plus vaste et compliqué. Elles sont déterminées par le caractère de la vie de l'âme qui agit par elle, et aussi par l'âme qui domine tout.
L'état des centres dépend donc du type et de la qualité de la force d'âme qui vibre en eux. Chez un individu non développé, c'est simplement la force de vie, le prana, qui est active et qui perçoit. Cette force de vie nourrit la vie animale et met en activité les centres inférieurs (centre à la base de la colonne vertébrale et centre sacré). Plus tard, alors que l'homme se développe, la conscience, aspect de l'âme, fait sentir graduellement sa présence et rend actif le centre du plexus solaire. Ce centre est le siège de la vie psychique inférieure sensible tant chez l'homme que chez l'animal.
Elle est souvent appelée le cerveau instinctif.
Bhagavan Das nous enseigne que :
"Il vaut la peine de noter que, dans la littérature sanscrite le nombril est souvent considéré comme plus central et presque plus essentiel à l'organisme que le cœur. Il est probable que, physiologiquement, le nombril était, au début de l'évolution, un organe plus vital et que, même à l'heure actuelle il est plus essentiellement lié au désir que le cœur. Il peut donc être considéré comme en rapport avec le désir" (Bhagavan Das, The Science of the sacred word.)
L'auteur cite Annie Besant :
"Le nombril représente le plexus solaire, le plexus le plus important peut-être du système sympathique ; il régit le système digestif et envoie ses ramifications vers le foie, la rate l'estomac, l'œsophage et les organes de la génération. Il est aussi relié aux poumons et au cœur.
Considéré comme le cerveau du système sympathique, il répond avec une facilité dangereuse à la pensée ; si on se concentre sur lui, ce qui se fait souvent de façon imprudente, il peut en résulter une forme de maladie nerveuse très difficile à soigner. Les émotions provoquent en lui des désordres violents, et la sensation de nausée qui suit souvent un choc émotionnel provient de sa trop grande excitation."
C'est au moyen de ces trois centres que la plupart des hommes fonctionnent aujourd'hui. Les forces du corps servent à alimenter et à stimuler la vie sexuelle au moyen des gonades ; elles créent le besoin puissant de lutter et d'évoluer au moyen des glandes surrénales, glandes du combat et de la lutte ; elles gouvernent la vie psychique instinctive au moyen du plexus solaire. Ainsi l'individu devient un être humain sensible et conscient. L'évolution continuant, le soi ou âme devient de plus en plus actif et dominant chez l'homme et dans son existence corporelle, et peu à peu toutes les parties de la structure éthérique s'éveillent. Graduellement, les centres supérieurs deviennent plus actifs et la force qui se déverse à travers le corps se déplace vers les centres en dessus du diaphragme. Le centre de la gorge s'éveille et devient l'organe du travail créateur ; celui du cœur est vivifié et l'homme devient conscient de ses relations d'âme, de ses responsabilités de groupe et du caractère inclusif de la vie de l'âme. Finalement, les centres de la tête s'éveillent et sa conscience connaît des perceptions d'une autre portée. Il devient conscient de lui-même en tant qu'âme, intégré en tant que personnalité ; plus tard encore, il devient conscient du monde de l'esprit, de la vie divine, du monde invisible des esprits et de ce "nuage de témoins" confirmant la réalité de la vie de l'âme.
Un des buts de l'évolution humaine est de parvenir à cette conscience.
Le centre à la base de l'épine dorsale, le centre du cœur et les centres de la tête doivent atteindre une pleine activité et ainsi, par une harmonisation de l'énergie latente dans la matière elle-même et accumulée dans le centre à la base de l'épine dorsale, de l'énergie de l'âme qui a son siège dans le cœur, et de l'énergie de l'esprit qui a son siège dans la tête, amener l'être humain au plus haut point de perfection. Par cette fusion des énergies, l'homme devient une expression active de Dieu ; l'esprit, l'âme et le corps ayant fusionné se trouvent unis de manière telle que le corps est vraiment le véhicule de l'âme, et que l'âme est vraiment l'expression de la volonté et du dessein de l'esprit.
Que dit le Christ lorsqu'il se trouvait sur terre ? "Celui qui m'a vu a vu le Père" (Jean XIV : 9). Il dit aussi "Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais ; et il en fera de plus grandes, parce que je vais au Père (Jean XIV : 12). Il était l'Ame incarnée, révélant le Père, l'Esprit ; Il manifesta, par le mécanisme du corps, les pouvoirs de l'âme qui, selon les Hindous, suivent l'éveil des centres et dont ils donnent la liste suivante :
1.
Anima... le pouvoir de pénétrer tous les corps et de ramener les morts à la vie. Le Christ pouvait traverser une pièce sans être vu et Il pouvait ressusciter les morts. (Voir Luc 24 : 36 ; Marc 16 : 14 ; Jean 20 : 19 ; Jean 11.)
2.
Mahima... le pouvoir de devenir grand jusqu'à comprendre l'univers. Le Christ connaissait toute chose. (Mathieu 12 : 25 ; Jean 2 : 24 ; Jean 6 : 64).
3.
Laghima... le pouvoir de se rendre assez léger pour être capable de voler et de marcher sur les eaux. Le Christ marchait sur les eaux. (Mathieu 14 : 25, 26 ; Marc 6 : 48.)
4.
Garima... le pouvoir de devenir très lourd. Les Evangiles ne relatent pas d'exemple du Christ ayant ce pouvoir.
5.
Prapti... le pouvoir de prévoir l'avenir. Le Christ avait prévu sa crucifixion, (Mathieu 26 : 2 ; Luc 24 : 7) et le pouvoir de guérir les malades (Mathieu 12 : 15, 14 : 15), également le pouvoir de clairvoyance et de clairaudience (Jean 1 : 48 ; Jean 12 : 29).
6.
Prakamega... Le pouvoir de conserver le corps. Le Christ réapparut à ses disciples après la mort avec le même corps qu'ils avaient connu (Jean 20 : 20-27).
7.
Visitvan... le pouvoir de maîtrise de soi, des hommes et des animaux. Il démontra ces pouvoirs et même celui de maîtriser des gens possédés par le démon. Il le manifesta en obligeant des pourceaux à se jeter d'une falaise dans la mer (Mathieu 8 ; Marc 5 et 9).
8.
Ishatvan... le pouvoir de domination universelle. Il est reconnu au Christ par tous. Il est assis à la droite du Père.
Est-ce si contraire à ce que l'Occident appelle le bon sens, que d'envisager la possession de ces pouvoirs et l'accomplissement de la prophétie du Christ suivant laquelle nous ferons de plus grandes choses ?
A la radio, nous émettons des ondes sonores et nous les amplifions ; mais, après tout, nous ne faisons que renforcer la forme subtile des ondes sonores autour de nous. Quoi de plus naturel du fait que l'homme, qui a construit ces amplificateurs, devienne lui-même si sensible qu'il soit apte à recueillir sans aide les ondes sonores, et qu'il devienne ainsi clairaudient.
Et la transmission de pensée – que les plus sceptiques sont obligés d'admettre – n'est-elle pas tout simplement une émission d'un genre particulier ? Il en est de même des autres "miracles". Le monde matériel n'est-il pas dominé par des forces et des pouvoirs subtils, et l'homme ne pourra-t-il pas, avec le temps, apprendre à agir dans un champ plus subtil et, par conséquent, acquérir la maîtrise de ce qui est purement physique et matériel ?
C'est depuis très longtemps le credo de l'Inde ; par le développement de l'âme, de l'esprit et de tous les centres, l'homme arrivera à la maturité et à la gloire.