2. Que le cri invocatoire soit diffusé à partir du centre profond de la claire et froide lumière du groupe.
Nous ne traitons pas ici de la lumière dans la tête ou de la lumière de l'âme, telle que la perçoit la personnalité harmonisée et alignée. Cela aussi est laissé en arrière, et l'initié perçoit la lumière de l'ashram et la lumière de la Hiérarchie qui embrasse tout. Ce sont deux aspects de la lumière de l'âme, que la lumière individuelle dans la tête a révélés. Cette lumière de l'âme dont l'initié a euconscience dès le premier moment de contact de l'âme, puis rapidement à des intervalles de plus en plus courts, est créée par la fusion de la lumière de l'âme avec la lumière de la substance même, et c'est la conséquence inévitable et automatique de la purification des trois véhicules et de la méditation créatrice. Dans les Ecritures du monde, il nous est dit "dans cette lumière nous verrons la Lumière" ; et c'est de cette autre Lumière que je parle maintenant lumière qui ne peut être perçue que lorsque la porte s'est refermée derrière l'initié. Cette lumière est elle-même composée de la lumière de buddhi et de la lumière d'atma, celles-ci étant (pour interpréter les termes sanscrits ésotériquement) la lumière de la raison pure, qui est la sublimation de l'intellect, et la lumière de la volonté spirituelle, qui est la révélation du dessein en voie d'épanouissement. La première est focalisée dans l'ashram et la seconde dans la Hiérarchie : toutes deux sont l'expression de l'activité de la Triade spirituelle.
Permettez-moi de me faire comprendre clairement, si possible. Vous avez donc trois grandes lumières, toutes focalisées sur le plan mental car, au-delà de ce plan, le symbolisme de la lumière n'est pas utilisé, la divinité est connue en tant que vie, lorsqu'il s'agit de la Monade et de son expression, la Triade spirituelle. Toutes les lumières sont finalement focalisées sur le plan mental :
1. La lumière unifiée de l'âme et de la personnalité.
2. La lumière du groupe égoïque qui, lorsqu'il forme un groupe reconnu dans la conscience de l'initié illuminé, est appelé un ashram, incarnant la lumière de buddhi ou raison pure.
3. La lumière de la Hiérarchie en tant que centre de rayonnement dans le corps planétaire, incarnant la lumière produite par la compréhension du plan et la coopération à ce plan, et qui est issue de l'identification – sur les niveaux mentaux – avec la volonté spirituelle.
Tous ces aspects de la lumière peuvent être décrits de la façon suivante :
1. La lumière qui est projetée vers le haut. C'est la lumière mineure, du point de vue de la Monade.
2. La lumière que reflète la Triade spirituelle sur le plan mental.
3. La lumière focalisée qui est produite par la fusion des deux lumières, la supérieure et l'inférieure.
C'est la correspondance supérieure du flamboiement de la lumière dans la tête, quand la lumière de la personnalité et la lumière de l'âme entrent en contact.
Au-delà du plan mental, l'impulsion, ou l'accent initiatique est mis sur l'aspect vie, sur l'énergie dynamique et sur la cause de la manifestation ; cet encouragement au progrès n'est pas basé sur la révélation toujours incidentelle ou reliée à la signification de la lumière. La lumière et la révélation sont la cause et l'effet. La révélation future que tous les hommes attendent, et qui viendra quand l'ajustement des conditions mondiales aura atteint un point déjà déterminé, concerne la communication à la conscience humaine de la signification et du dessein de la vie, cela se fera en une série d'événements spirituels se déroulant progressivement. Je ne peux pas et ne dois pas exposer ces vérités plus clairement, même si les mots nécessaires existaient pour exprimer ce qui n'est pas même encore confusément pressenti par les disciples des premier et deuxième degrés d'initiation. Ce qui résultera de cette série d'événements spirituels et leur réaction inévitable sur le corps tout entier de l'humanité, n'a aucune relation avec la conscience, la révélation ou la lumière. A un moment encore très lointain, il surviendra pour l'humanité une période de réalisation, qui constituera à la fois un point de crise et un point de tension.
Cette réalisation résumera, par un conditionnement efficace de la conscience, tout ce que la sensibilité a communiqué au genre humain au cours des âges. C'est la consommation de l'activité de la conscience christique et c'est l'état dont on parle lorsqu'on dit du Christ : "Il verra l'oeuvre de son âme et sera satisfait." Lors de la crise de cette révélation, à son point de tension le plus élevé, l'humanité, d'une seule voix, dira : "Voyez ! Toutes choses sont devenues nouvelles." C'est l'apothéose de la vision et le prélude à un épanouissement, dans la masse de la conscience humaine (à partir de ce moment lentement atteint), de certains pouvoirs et facultés dont la race n'a, actuellement, aucune conscience. La future révélation ne sera que le premier pas vers le point éloigné auquel elle est reliée, dont la signification n'apparaîtra pas à la génération présente, ni même à la suivante. Il sera connu de plus en plus bien que progressivement, à mesure que la nouvelle religion mondiale, avec l'accent mis sur l'invocation des énergies et l'évocation de la "vie plus abondante", se développera et produira son effet inévitable. Les étudiants feraient bien de se souvenir que l'impact des énergies sur les formes engendre des résultats dépendant de la qualité des formes recevant l'impression. Ceci est l'affirmation d'une loi occulte.
L'un des buts sous-jacents à l'holocauste actuel (la deuxième guerre mondiale) a été la nécessité de détruire les formes inadéquates. Cette destruction aurait pu se faire par un acte de Dieu, comme une grande catastrophe naturelle ou une épidémie universelle, et telle avait été l'intention originelle. L'humanité, néanmoins, était balayée par des forces qui portaient en elles le germe de la destruction, et il existait, dans l'humanité, des facteurs répondant à ces forces. On permit donc à la loi de Destruction de s'exercer par l'intermédiaire de l'humanité même, et les hommes détruisent actuellement les formes au moyen desquelles des masses d'hommes fonctionnent. Ceci est à la fois bon et mauvais, du point de vue de l'évolution. C'est néanmoins un fait indéniable, et le problème qui se pose donc aux Gardiens de la Volonté, agissant grâce aux Gardiens du Plan, est de faire sortir le bien du mal que les hommes ont fait, et de diriger ainsi les événements vers des horizons plus vastes.
C'est l'un des objectifs de la Hiérarchie actuellement (écrit en avril 1943), alors qu'Elle se prépare à participer aux pleines lunes de mai et juin. Peut-on organiser les forces et distribuer les énergies de telle manière que le maximum de bien puisse être suscité dans l'humanité par l'invocation que fait entendre Shamballa ? Cette évocation d'un nouveau cycle de contact spirituel et de libération peut-elle être engendrée par l'invocation des hommes et des femmes de bonne volonté ? La volonté-de-bien des forces spirituelles et la bonne volonté de l'humanité peuventelles être réunies pour produire les conditions dans lesquelles le nouvel ordre mondial pourra entrer en jeu ? Ce sont des questions importantes que la Hiérarchie s'efforce de résoudre.
Il faut se souvenir que la science de l'Invocation et de l'Evocation constitue un effort réciproque. L'humanité ne pourrait pas être invocatoire si la Hiérarchie spirituelle (dans ce terme j'inclus à la fois Shamballa et la Hiérarchie planétaire) n'évoquait pas l'esprit de l'homme. Le cri invocatoire de l'humanité est évoqué par l'invocation ou Son des hiérarchies spirituelles. Actuellement, l'homme a cependant la responsabilité d'invoquer les Seigneurs de Libération et l'Esprit de la Paix. Ce sont les Etres qui ont le pouvoir d'élever l'humanité, une fois qu'elle a adopté l'attitude correcte. Ils correspondent au groupe qui, dans le troisième degré de la maçonnerie, élève le Maître. Leur réponse au cri de l'humanité dépend surtout, mais pas totalement, de la qualité de ce cri.
Je me demande si je rendrais ce problème de l'invocation plus clair à vos yeux, si je suggérais que la phrase "émane du centre profond de la claire et froide lumière du groupe" ait un sens, à la fois pour l'initié, pour tous les groupes de disciples et pour tous les ashrams. L'emploi des termes "lumière claire et froide" est profondément symbolique. La clarté de cette lumière indique la fonction de l'âme, et sa grande lumière permet à l'initié de voir la lumière. La froideur de cette lumière se rapporte à la lumière de la substance, qui ne peut pas être échauffée ou embrasée par le désir ou le feu de la passion, et qui maintenant ne répond qu'à la lumière de l'âme. Elle est donc froide vis-à-vis de tout ce qui limite et entrave, et cet état de conscience de la personnalité doit être ressenti au centre même de la nature de l'homme. C'est là que la claire lumière de l'âme et la froide lumière de la personnalité s'unissent au point de conscience le plus profond de la nature du disciple, au point extrême où il peut se retirer, point auquel il a été scientifiquement préparé par tous les exercices de concentration et les processus de méditation.
Alors, grâce à la tension produite, le cri invocatoire peut être lancé avec puissance et efficacité. Cette vérité vaut pour le groupe du disciple et pour tout groupe d'aspirants sincères et altruistes. Il peut survenir un moment, dans la vie du groupe, où la lumière froide des personnalités participantes, mêlée à la claire lumière de leur âme, peut agir de telle manière que le cri invocatoire unifié évoquera une réponse. Ce cri concernera toujours le service altruiste du groupe, service qu'il cherche à rendre à l'humanité, dans le cadre du Plan.
Alors que nous poursuivons notre étude de la Règle III, je suis moi-même frappé du caractère approprié de ses termes par rapport à notre cycle historique particulier et par rapport aux vérités qui prennent forme lentement dans la conscience de l'humanité. De nouvelles vérités (et par là je désigne des vérités qui sont nouvelles pour les penseurs les plus avancés et qui ne sont que confusément ressenties par les ésotéristes les plus avancés) se profilent à l'horizon du mental humain. Le terrain est préparé pour les semailles de cette nouvelle graine et le décor est dressé pour l'apparition de nouveaux acteurs dans le grand drame de la révélation progressive de la Divinité.
Certains grands concepts sont bien saisis par l'homme. Certains grands espoirs prennent forme et vont modeler la vie humaine. Certaines grandes spéculations vont devenir des théories expérimentales et, plus tard, se révéleront être des faits prouvés. Derrière tout ceci, il se produit deux choses : les hommes sont stimulés et amenés au point de tension nécessaire qui (résultant d'une crise) doit précéder un grand mouvement en avant sur le sentier de l'évolution. Deuxièmement, un processus de réorientation se poursuit, qui permettra finalement aux hommes de présenter un front uni sur des points de vue jusque là considérés comme les visions vagues de rêveurs optimistes et intelligents. Il existe une grande agitation et un grand mouvement. Le monde des hommes bouillonne en réponse à l'influx d'énergie spirituelle. Cette énergie a été évoquée par le cri inaudible de l'humanité elle-même. L'humanité – pour la première fois de son histoire – est devenue invocatoire spirituellement.
Examinons brièvement, maintenant, la nature de ce qui est évoqué ; cela nous donnera une vue pénétrante de l'interrelation existant entre les trois grands centres planétaires : le centre humain, le centre hiérarchique et Shamballa. Chacun de ces centres est évocatoire vis-à-vis du centre qui fonctionne à une vitesse moindre (si je puis employer des termes aussi impropres), et il est invocatoire vis-à-vis du centre qui est au-dessus de lui (j'emploie encore là une formule qui est trompeuse à l'extrême). Dans notre univers de réalité, il n'y a ni supérieur ni inférieur, ni plus grand ni plus petit. Il n'existe que l'interpénétration de substances qui, fondamentalement, sont des expressions de la matière, et leur vitalisation, leur organisation en formes d'expression de la réalité inconnue. Nous appelons cette réalité essentielle esprit ou vie.
Comme résultat de l'interaction de ces deux facteurs, l'humanité apparaît finalement dans le temps et l'espace. L'humanité est le résultat de toutes les formes subhumaines d'expression et d'expérience, et de l'activité d'êtres suprahumains.
Ces êtres supra-humains sont le résultat de systèmes évolutifs passés, et sont eux-mêmes la totalité du grand Sacrifice divin, se focalisant dans notre vie planétaire. Ayant traversé toutes les phases précédentes d'existence, et parachevé en eux-mêmes l'aspect conscience par des expériences humaines, ils ont transcendé tout ce que l'homme peut connaître, et tous les états de conscience qui lui sont ou lui seront familiers à l'avenir. Ils expriment maintenant une phase de la divinité dont il ne peut rien savoir. Ils VIVENT, Ils sont l'énergie même, et dans leur totalité, Ils forment le "centre éclatant" qui se trouve loin en avant.