1. Double est le mouvement en avant. La Porte est laissée en arrière. C'est un événement du passé.
Le premier point qu'il faut noter est que nous avons là une définition de l'initié. C'est quelqu'un qui, dans la dualité de sa nature (âme et personnalité) va de l'avant. Son point de tension n'est plus la personnalité. Il a fusionné en lui-même ses deux aspects divins qui constituent maintenant une unité intégrée. Cette fusion produit son propre point de tension. En avançant, il est passé par la porte. Il s'ensuit un nouveau point de tension, au cours duquel retentit le Mot, répondant au cri invocatoire du nouvel initié. Un Mot lui est renvoyé : Acceptés en tant que groupe.
Alors, avec le groupe dont il est maintenant une partie reconnue, il avance. Pour l'initié, comme je l'ai signalé auparavant, le passé est laissé en arrière : "Qu'il n'y ait plus de souvenir" ; le présent incarne un point de tension, l'avenir indique une progression à partir de ce point de tension, résultant d'une action efficace. La porte se referme derrière l'initié qui est maintenant un membre accepté de son groupe et, dans les termes de l'Ancien Commentaire, "le bruit qu'elle fait en se refermant informe le monde à l'écoute que l'initié est passé dans un lieu secret, et que pour l'atteindre réellement il faudra aussi passer par cette porte."
Ceci exprime l'idée de l'initiation individuelle engendrée par soi-même, à laquelle tous doivent se soumettre, et cela indique aussi la solitude de l'initié lorsqu'il avance. Il ne comprend pas encore tout ce que son groupe comprend ; lui même n'est pas compris par ceux qui sont de l'autre côté de la porte. Il a pressenti, depuis un certain temps, le groupe auquel il est maintenant affilié et il devient de plus en plus conscient de l'impersonnalité spirituelle de ce groupe, qui lui semble presque être une attitude distante, ne nourrissant en lui d'aucune façon les éléments qui sont de nature personnelle ; il souffre donc. Ceux qu'il a laissés en arrière, et qui faisaient partie de son ancienne vie, ne comprennent absolument pas son impersonnalité fondamentale, même encore peu développée. Leur attitude suscite en lui, lorsqu'il la perçoit, une tendance au ressentiment et à la critique, qu'il sait ne pas être juste, mais qu'à ce stade il semble incapable d'éviter ; ceux qu'il critique s'efforcent de le mettre en pièces ou, tout au moins, de faire qu'il se sente méprisé et mal à l'aise.
Dans les stades de début, il se protège de ceux qu'il a laissés en arrière, en se retirant, et en observant un silence tout à fait inutile et observé presque ostensiblement. Il apprend à pénétrer dans la conscience de son nouveau groupe en s'efforçant de cultiver sa faculté d'impersonnalité spirituelle. Il sait que c'est une chose à laquelle il doit parvenir et – lorsqu'il y parvient – il s'aperçoit que cette impersonnalité ne repose pas sur l'indifférence ou la préoccupation, comme il l'avait pensé, mais sur une compréhension profonde, sur une focalisation dynamique sur le service du monde, sur le sens des proportions et sur un détachement qui rend possible une aide véritable. Ainsi, la porte et le passé sont laissés en arrière. L'initié Paul essaya d'exprimer cette idée lorsqu'il dit : "Oubliant ce qui est en arrière, hâtez-vous vers le prix de votre vocation élevée en Christ." J'appelle votre attention sur le mot "vocation".