A. Comportements actuels envers la mort
Nous avons entrepris d'examiner les processus selon lesquels on meurt et d'étudier un peu plus complètement le facteur de la mort. L'entité ou âme qui se réincarne a tant de fois passé par là que la mort est pour elle une expérience des plus familières, et il serait souhaitable que le cerveau physique puisse en garder la mémoire et la comprendre. Voici quelques commentaires sur le comportement de l'homme en face de cette expérience de "restitution", un terme particulièrement ésotérique très généralement employé par les initiés quand ils parlent de la mort.
L'attitude dominante associée avec la mort est un comportement de peur.
Cette peur est basée sur l'incertitude mentale (actuelle) devant le fait de l'immortalité. L'immortalité ou existence permanente de ce que nous voulons généralement dire en parlant du "Je", appartient jusqu'ici au royaume des désirs mentaux ou des croyances, bien que les groupes adonnés à la recherche psychique aient prouvé que sous certaines formes la survivance persistait.
La croyance à l'immortalité peut se fonder sur des prémisses chrétiennes, ou d'après des affirmations religieuses basées sur une présentation rationnelle du sujet, ou sur une approche plus scientifique mettant en avant l'argument que si l'âme a mis tant de temps à évoluer et à en arriver au point culminant du processus évolutionnaire, le principe d'économie exige qu'elle ne puisse être perdue. Il est intéressant de remarquer que, sur notre planète, rien ne laisse supposer qu'il existe un produit de l'évolution supérieur au règne humain. Les penseurs matérialistes eux-mêmes reconnaissent le caractère unique de l'homme dans ses divers stades de conscience ainsi que sa capacité d'offrir un champ d'investigation approprié à tous les degrés de conscience. Ceux-ci s'échelonnent du sauvage illettré, en passant par tous les stades intermédiaires d'efficacité mentale, jusqu'aux penseurs les plus évolués et aux génies capables d'art créateur, de découvertes scientifiques, et de perception spirituelle.
En termes très simples, le thème de la mort soulève la question suivante : Où est le "Je", l'occupant qui habitait le corps abandonné quand ce corps se désagrège ? Cet occupant existe-t-il en dernière analyse ?
L'histoire de l'humanité retrace l'interminable recherche d'une assurance à ce sujet, et cette recherche culmine aujourd'hui dans les nombreuses sociétés qui s'efforcent de prouver l'immortalité. Elles essayent de pénétrer dans ces forteresses de l'esprit qui offrent apparemment un sanctuaire à ce "Je" qui fut l'acteur sur le plan physique et qui a déconcerté jusqu'ici les chercheurs les plus sérieux. La peur anime cette recherche frénétique. Il est regrettable qu'à l'exception de quelques savants illuminés et chercheurs intelligents du même ordre, la majorité des gens qui pratiquent les techniques généralement douteuses des séances en chambre soient du type émotionnel. Ils sont faciles à leurrer et bien trop portés à admettre comme preuves des faits que des chercheurs plus compétents répudieraient immédiatement.
Il y a lieu ici de prendre clairement position au regard du grand mouvement spiritualiste qui a tant fait dans le passé pour démontrer que la survie est un fait, mais qui a également, dans certaines de ses phases, tant égaré et trompé l'humanité. Sous cette dénomination générale sont compris les divers groupes de recherche psychique, mais sont exclus tous les travaux expérimentaux sincères. Aucun de ces groupes n'a encore prouvé sa thèse. Le mystère et la sottise des séances médiumniques ordinaires et le travail des médiums ont malgré tout démontré la présence d'un facteur inexplicable que les laboratoires des chercheurs scientifiques ont à peine mis en valeur. Pour chaque cas nettement acceptable où une personne désincarnée est apparue, il y en a mille qui peuvent s'expliquer par d'autres considérations : crédulité, rapport télépathique avec la personne endeuillée mais non avec un trépassé quelconque, vision de formes-pensées par des clairvoyants, auditions de voix par des clairaudients, et aussi par tricherie.
Remarquez que j'ai parlé d' "apparitions acceptables" d'un esprit revenant. Il existe assez de preuves pour justifier la croyance en la survie et pour prouver sa nature objective. Nous pouvons nous baser sur les inexplicables phénomènes de contact avec les gens supposés morts, tels qu'ils ont été relatés, étudiés, et prouvés, et sur le caractère des témoins qui déclarent les avoir observés, pour affirmer que quelque chose survit à la "restitution" du corps matériel au réservoir éternel de substance. Nous nous appuyons sur ces prémisses pour aller de l'avant.
Nos contemporains s'accoutument de plus en plus au phénomène de la mort. La guerre mondiale a projeté des millions d'hommes et de femmes (aussi bien civils que militaires appartenant aux diverses formations des forces armées de toutes les nations) dans le monde inconnu qui reçoit tous ceux qui abandonnent la forme physique.
Les conditions modernes sont telles que, malgré l'ancienne peur de la mort si profondément enracinée, l'évidence que bien des choses sont pires que la mort se fait jour dans la conscience de l'humanité. Les hommes ont enfin compris que famine, mutilations, incapacités physiques permanentes, incapacités mentales par suite de guerre et de tensions dues à la guerre, observation de souffrances et d'agonies impossibles à soulager, sont en vérité pires que la mort. D'ailleurs, la gloire de l'esprit humain est telle que bien des personnes savent que le passage par la mort est préférable à l'abandon des valeurs pour lesquelles les hommes ont combattu et péri au long des âges et qu'ils estiment essentielles à la libre vie de l'esprit.
Cette attitude, qui est la caractéristique des personnes sensitives et sachant penser avec justesse, fait actuellement son apparition sur une grande échelle.
Cela signifie que, côte à côte avec l'antique peur, on ressent un invincible espoir de conditions meilleures, et il ne s'agit pas nécessairement d'une pensée émotionnelle, mais d'un symptôme de connaissance subjective latente parvenant lentement à se faire jour. Comme conséquence de la détresse et de la pensée humaines, un changement suit son cours. On le sent aujourd'hui, et il en résultera un fait démontré.
En opposition avec cette confiance intérieure et cette compréhension subjective, persistent les vieilles habitudes de pensée, le développement du matérialisme actuel, la peur d'être trompé, et l'antagonisme simultané des savants, des hommes religieux, et des gens d'église. Les premiers refusent à juste titre de croire aux choses qui ne sont pas encore prouvées et qui ne paraissent pas susceptibles de l'être, tandis que les organisations et collectivités religieuses n'admettent aucune présentation de la vérité à moins de l'avoir formulée dans leur propre langage. Elles insistent sur la croyance irraisonnée et ridiculisent tout enthousiasme dans la recherche. C'est la masse qui sera la première à affirmer le fait de l'immortalité. Les Eglises finiront par l'accepter et la science par le démontrer, mais pas avant que les séquelles de la guerre n'aient pris fin et que ce dérèglement planétaire ne se soit calmé.
Inutile de dire que le problème de la mort est basé sur l'amour de la vie, qui est l'instinct le plus profond de la nature humaine. La science reconnaît que selon la loi divine rien ne se perd. On accepte universellement comme vraie la persistance éternelle sous une forme ou une autre. Emergeant de ce fatras de théories, trois solutions majeures bien connues de tous les penseurs ont été proposées :
1. la solution strictement matérialiste ;
2. la théorie de l'immortalité conditionnelle ;
3. la théorie de la réincarnation.
Elles valent d'être examinées successivement.
1.
La solution strictement matérialiste pose en principe que l'expression et l'expérience de la vie consciente durent aussi longtemps que la forme physique tangible existe et persiste, mais enseigne aussi qu'après la mort et la désagrégation du corps qui s'ensuit, il n'y a plus d'individu conscient, fonctionnant, et s'identifiant lui-même. Le sens du "Je", la conscience d'être une personnalité distincte de toutes les autres s'évanouiraient en même temps que la forme disparaît. On croit que la personnalité n'est que la somme totale des consciences des cellules corporelles. Cette théorie rabaisse l'homme au même niveau que n'importe quelle autre forme dans les trois autres règnes de la nature. Elle est basée sur le fait que l'être humain ordinaire n'est pas sensible à la vie quand il est dépourvu d'un véhicule physique. Elle rejette toutes les preuves du contraire et affirme que puisque nous ne pouvons pas la voir avec les yeux et la constater par le toucher, la persistance du "Je" ou de l'entité immortelle après la mort est inexistante. Cette théorie est moins répandue qu'autrefois et surtout qu'à l'époque matérialiste Victorienne.
2.
La théorie de l'immortalité conditionnelle. Cette théorie est encore soutenue par certaines écoles de pensée fondamentalistes et étroitement théologiques, et parmi quelques membres de l'élite intellectuelle, à tendances égoïstes. Elle pose en principe que seuls peuvent recevoir le don d'immortalité personnelle les êtres qui atteignent un stade particulier de conscience spirituelle ou qui acceptent un ensemble particulier de dogmes théologiques. Les grands intellectuels également argumentent volontiers en affirmant qu'un cerveau développé et cultivé constitue un don suprême dont bénéficie l'humanité, et que les êtres ainsi doués sont destinés à la survivance éternelle. Une école renvoie ceux qu'elle considère comme spirituellement récalcitrants ou rétifs pour se laisser imposer ses certitudes théologiques particulières.
Elle les rejette vers une annihilation complète, comme dans la solution matérialiste, ou vers un processus de punition éternelle, ce qui milite en même temps pour une forme d'immortalité. En raison de la bonté innée du coeur humain, peu de gens sont assez rancuniers ou inintelligents pour considérer cette présentation comme acceptable.
Bien entendu, il faut classer parmi ceux-là les irréfléchis qui échappent à leur responsabilité mentale en croyant aveuglément aux déclarations théologiques. L'interprétation chrétienne, telle qu'elle est donnée par les écoles orthodoxes et fondamentalistes, se révèle insoutenable quand on la soumet à la clarté du raisonnement. Parmi les arguments s'opposant à son exactitude, il y a le fait que la Chrétienté envisage un long avenir mais ne s'appuie sur aucun passé. De plus, il s'agit d'un futur dépendant entièrement des activités exercées au cours de la présente incarnation sans tenir aucun compte des distinctions et différences caractéristiques de l'humanité.
La doctrine chrétienne ne se soutient que par la théorie d'un Dieu anthropomorphique dont la volonté – telle qu'elle s'exerce en pratique – fournit un présent qui n'a aucun passé mais seulement un avenir. On reconnaît très généralement que c'est une injustice, mais la volonté insondable de Dieu ne doit pas être mise en doute. Il y a encore des millions de gens qui croient cela, mais pas aussi fermement qu'il y a cent ans.
3.
La théorie de la réincarnation, si familière à tous mes lecteurs, connaît une popularité croissante en Occident. En Orient, elle a toujours été acceptée, bien qu'on l'ait ornée de nombreuses additions et interprétations assez niaises. Elle a été déformée tout autant que les enseignements du Christ, du Bouddha, et de Sri Krishna l'ont été par leurs théologiens à pensées étroites et à mentalité bornée. Mais on accepte et l'on reconnaît aujourd'hui plus volontiers qu'auparavant les faits fondamentaux de la réincarnation, origine spirituelle de l'homme, descente dans la matière, ascension par la répétition continuelle d'incarnations en forme jusqu'à ce que ces formes deviennent des expressions parfaites de la conscience spirituelle qui les habite, et série d'initiations pour clôturer le cycle des incarnations.
Telles sont les trois principales solutions données aux problèmes de l'immortalité et de la permanence de l'âme humaine. Elles visent à répondre à l'éternel questionnaire du coeur des hommes : D'où ? Pourquoi ? Vers quoi ? Où ? Seule la troisième solution, celle de la réincarnation, offre une réponse rationnelle à toutes ces questions. On a tardé à accepter cette vérité parce qu'elle a été constamment présentée d'une manière absurde après que H.P. Blavatsky, dans le dernier quart du XIXème siècle, l'eut formulée pour le monde moderne. Cette théorie a été mésestimée parce que, les Orientaux l'ayant toujours admise, les Occidentaux la considèrent comme païenne, et, pour citer l'un des hymnes fondamentalistes, parce que "les païens, dans leur aveuglement, s'inclinent devant le bois et la pierre." Combien il est curieux de constater que les Orientaux trouvent que les pratiquants des religions occidentales en font autant et qu'on peut les voir à genoux devant des autels chrétiens portant des statues du Christ, de la Vierge Marie, et des Apôtres.
Par les sociétés théosophiques et autres corps constitués soi-disant occultes, les ésotéristes du monde ont grandement nui à la présentation de la vérité au sujet de la réincarnation. Ils ont donné des détails inutiles, futiles, inexacts, et purement spéculatifs, en les présentant comme des vérités sur les processus de la mort et l'état des hommes après la mort. Ces détails dépendaient largement de la qualité de la clairvoyance dont étaient doués les principaux représentants du psychisme astral dans la Société de Théosophie.
Pourtant, ces détails ne sont pas donnés dans les Ecritures Saintes du monde, et H.P.B. n'en a fourni aucun dans La Doctrine Secrète.
Voici un exemple de ces tentatives imprécises et absurdes pour projeter de la lumière sur la théorie des renaissances. Des limites de temps ont été assignées dans l'au-delà aux âmes humaines entre leurs incarnations sur le plan physique, tant et tant d'années selon l'âge de l'âme désincarnée et sa place sur l'échelle de l'évolution. On a dit que si l'âme est très évoluée, son absence du plan physique se prolonge, alors que c'est le contraire qui est vrai. Les âmes évoluées et celles dont la capacité intellectuelle se développe rapidement reviennent très vite, à cause de la sensibilité de leurs réactions à l'attrait des obligations, intérêts, et responsabilités déjà établis sur le plan physique. Les gens ont tendance à oublier que le temps est la séquence des événements et des états de conscience tels qu'ils sont enregistrés par le cerveau physique. Quand il n'y a pas de cerveau physique, ce que l'humanité entend par temps n'existe pas. Stade par stade, la suppression des barrières dues à la forme apporte une compréhension croissante de l'Eternel Présent. Certaines personnes ont franchi la porte de la mort et continuent à penser en termes de temps. Cela est dû à l'illusion et à la persistance d'une puissante forme-pensée. Cela dénote une polarisation sur le plan astral, le plan sur lequel ont travaillé les principaux écrivains et psychiatres théosophiques et sur lequel ils ont basé leurs publications. Ils sont parfaitement sincères dans ce qu'ils disent, mais omettent de reconnaître la nature illusoire de toutes les découvertes fondées sur la clairvoyance astrale.
Tous les incarnés hautement développés et ceux dont la mentalité inférieure concrète est d'une envergure puissante ont pour caractéristique de reconnaître le facteur temps d'une manière prononcée et de mettre constamment l'accent sur le calcul du temps. Par contre, les enfants et les races enfantines d'une part, et les individus très évolués dont la pensée abstraite fonctionne activement (par le truchement interprétateur de la pensée concrète) n'ont généralement pas le sens du temps. Les initiés emploient le facteur temps dans leurs relations et leurs rapports avec les incarnés sur le plan physique, mais à l'intérieur d'eux-mêmes ils en sont détachés et ne le reconnaissent nulle part ailleurs dans l'univers.
L'emploi du terme "immortalité" implique l'absence de temps et enseigne que cette indépendance du temps existe pour tout ce qui n'est ni périssable ni conditionné par le temps. Cet énoncé mérite qu'on le considère attentivement.
Ce n'est pas sous la pression du temps que l'homme se réincarne, mais sous les exigences des dettes karmiques, sous l'attirance des choses dont il a pris l'initiative en tant qu'âme, et à cause du besoin qu'il ressent de remplir les obligations contractées. Il s'incarne aussi par suite d'un sens de responsabilité et pour faire face aux exigences que lui imposent ses violations antérieures des lois qui régissent les bonnes relations humaines. Quand il a répondu à toutes ces exigences, nécessités d'âme, expériences, et responsabilités, il entre pour toujours "dans la claire lumière froide de l'amour et de la vie" et en ce qui le concerne personnellement il n'a plus besoin du stade de pouponnière par lequel l'âme acquiert son expérience de la terre. Il est libéré des obligations karmiques dans les trois mondes, mais il subit encore la poussée karmique qui extrait de lui les ultimes services qu'il est en mesure de rendre à ceux qui vivent encore sous la Loi des Dettes Karmiques.
La Loi du Karma, dans la mesure où elle affecte le principe de réincarnation, se présente sous les trois aspects de Dettes Karmiques, de Nécessités Karmiques, et de Transformation Karmique.
1.
La Loi des Dettes Karmiques régit la vie dans les trois mondes de l'évolution humaine et prend définitivement fin à la quatrième initiation.
2.
La Loi des Nécessités Karmiques régit la vie des disciples évolués et des initiés depuis l'époque de la deuxième initiation jusqu'à une certaine initiation plus élevée que la quatrième. Ces initiations leur permettent d'aborder le Chemin de l'Evolution Supérieure.
3.
La Loi de Transformation Karmique est une expression mystérieuse régissant les processus à subir sur le Chemin Supérieur. Ceux-ci rendent l'initié apte à s'évader complètement du plan physique cosmique et à fonctionner sur le plan mental cosmique. Ils concernent la possibilité de rendre des êtres, tels que Sanat Kumara et Ses Associés de la Chambre du Conseil à Shamballa, libres de la contrainte du désir cosmique lequel se manifeste sur notre plan physique cosmique sous l'aspect de volonté spirituelle. Cette pensée devrait produire sur vous un effet impressionnant. Toutefois, il m'est évidemment impossible de m'étendre sur le sujet, faute d'être en possession des connaissances requises.
Passons maintenant à un autre aspect de notre thème. Parlant au sens large, la mort comporte trois épisodes majeurs.
Avant tout, il y a le fait que la mort physique se répète à la clôture de chaque incarnation. Elle nous est familière à tous parce que nous l'avons très souvent subie personnellement, mais il faudrait la comprendre. Si nous la reconnaissions, la peur de la mort se trouverait rapidement éliminée.
Vient ensuite la "seconde mort" dont parle la Bible. Dans le présent cycle planétaire, elle est associée à la mort de tout contrôle astral sur l'être humain.
Au sens large, cette seconde mort est consommée lors de la quatrième initiation où l'aspiration spirituelle elle-même meurt, parce qu'elle est devenue sans objet. La Volonté de l'initié est alors fixée et immuable, et la sensibilité astrale est désormais superflue.
A un niveau bien inférieur, cette expérience a une curieuse contrepartie dans la mort de toute émotion astrale qui prend place chez l'aspirant individuel lors de la deuxième initiation. Il s'agit là d'un épisode complet et consciemment enregistré. Entre la deuxième et la troisième initiation, il faut que le disciple fasse preuve de continuité dans l'absence de réponse à l'astralisme et à l'émotivité.
La seconde mort à laquelle j'ai fait allusion est en rapport avec la mort ou la disparition du corps causal à l'époque de la quatrième initiation. Cela dénote que la construction de l'antahkarana est achevée et qu'une connexion directe et sans obstacle est instituée entre la Monade et la personnalité.
La troisième mort prend place quand l'initié abandonne définitivement et sans perspective de reprise toute relation avec le plan cosmique physique. Cette dernière mort n'est à envisager pour tous les membres de la Hiérarchie que dans un avenir forcément très lointain et n'est actuellement possible et autorisée qu'à un cercle restreint de la Chambre du Conseil à Shamballa. Toutefois, Sanat Kumara ne passera pas par ce processus. Il a subi cette "transformation" il y a des millions d'années, au cours du cataclysme qui a inauguré l'Age Lémurien. Cet événement fut provoqué par Son expérience cosmique et par la nécessité d'attirer l'énergie de certains Etres extra-planétaires.
J'ai donné ces brefs aperçus pour élargir la compréhension générale de ce que les Maîtres appellent "l'extension de la mort dans l'espace". Toutefois, dans les pages qui suivent, nous nous limiterons au thème de la mort du corps physique et des corps plus subtils appartenant aux trois mondes. Nous étudierons aussi les processus qui provoquent la résorption de l'âme humaine dans l'âme spirituelle sur son propre plan, le plan mental supérieur. Nous considérerons enfin la réassimilation de substance et l'appropriation de matière en vue d'une nouvelle incarnation.
Nous examinerons les trois processus majeurs cités précédemment, Restitution, Elimination, Intégration, qui couvrent trois périodes et aboutissent finalement à d'autres processus, conformément à la Loi de Renaissance.
1.
Le Processus de Restitution régit la période où l'âme se retire du plan physique et de ses deux aspects phénoménaux, le corps physique et le corps éthérique. Il se rattache à l'Art de Mourir.
2.
Le Processus d'Elimination régit la période de vie de l'âme humaine après la mort et dans les deux autres mondes de l'évolution humaine. Il se rattache à l'élimination du corps astral-mental par l'âme, afin qu'elle soit "prête à se tenir libre dans sa propre place".
3.
Le Processus d'Intégration joue pendant la période où l'âme libérée redevient consciente d'elle-même en tant qu'Ange de la Présence. Elle se trouve réabsorbée dans le monde des âmes, et entre ainsi dans un état de réflexion. Plus tard, sous l'impact de la Loi des Dettes ou Nécessités Karmiques, l'âme recommence sa préparation à une nouvelle descente en forme.
Le champ d'expérience de la mort telle que la moyenne des gens la connaissent est constitué par les trois mondes de l'évolution humaine – le monde physique, le monde des émotions et des désirs, et le plan mental.
Vu sous l'angle de la mort et en dernière analyse, le monde mental est double, d'où l'expression "la seconde mort", que j'ai appliquée antérieurement à la mort ou à la destruction du corps causal dans lequel l'âme spirituelle a fonctionné jusque-là. Toutefois, on peut prendre cette expression dans un sens plus littéral et l'appliquer à la seconde phase du processus de la mort dans les trois mondes. Alors elle ne concerne que la forme et se rapporte aux véhicules d'expression que l'on rencontre au-dessous des niveaux sans forme du plan physique cosmique.
La connaissance des niveaux pourvus de formes constitue l'A.B.C. de la théorie ésotérique. Il s'agit des niveaux où les fonctions de l'organe de la pensée concrète ou inférieure réagissent sur ce qu'on appelle le plan astral, et sur le double plan physique. Le corps physique est constitué par le corps physique dense et le véhicule éthérique. En étudiant le trépas d'un être humain, il faut donc employer le mot mort en relation avec deux phases dans lesquelles il fonctionne.
Première phase. La mort du corps physico-éthérique. Elle se divise en deux stades.
a. Le stade où les atomes qui constituent le corps physique sont rendus à la source d'où ils sont venus. Cette source est l'ensemble total de la matière de la planète, et constitue le corps physique dense de la Vie planétaire.
b. Le stade où le véhicule éthérique, qui est composé d'un agrégat de forces, rend ces forces au réservoir général d'énergie.
Cette double phase couvre le Processus de Restitution.
Deuxième phase. Le "rejet" (comme on l'appelle quelquefois) des véhicules mento-émotionnels. Ceux-ci ne forment en réalité qu'un seul corps, auquel les premiers théosophes ont à juste titre donné le nom de : "corps kama-manasique", ou véhicule de désir-pensée. J'ai exposé ailleurs que le plan astral et le corps astral n'avaient pas d'existence propre. De même que le corps physique est fait d'une matière qui n'est pas considérée comme un principe, de même le corps astral – dans son rapport avec la nature mentale – se classe dans la même catégorie. Il est difficile de saisir ces implications, parce que désir et émotion sont fort réels chez vous et revêtent une importance dévastatrice. Mais vu sous l'angle du plan mental, le corps astral est littéralement "une fiction due à l'imagination".
Il n'est pas un principe. Employant leur imagination en masse au service de leurs désirs, les hommes ont néanmoins construit un monde illusoire de mirages, le monde du plan astral. Pour un homme en incarnation physique qui ne foule pas le Sentier des Disciples, le plan astral est très réel, avec une vitalité et une vie qui lui sont propres. Après la première mort (celle du corps physique), le plan astral reste encore tout à fait réel. Mais sa puissance s'affaiblit lentement. L'homme mental, développé ou non, en vient à comprendre son propre et véritable état de conscience, sur quoi la seconde mort devient possible et prend place.
Cette phase couvre le Processus d'Elimination.
Quand ces deux phases de l'Art de Mourir sont franchies, l'âme désincarnée se trouve libérée du contrôle de la matière. Par les phases de Restitution et d'Elimination, elle est temporairement purifiée de toute contamination par la substance. Ce résultat n'est nullement obtenu par une activité quelconque de l'âme en forme, l'âme humaine, mais par l'activité de l'âme sur son propre plan, où elle abstrait la fraction d'elle-même que nous appelons l'âme humaine. C'est essentiellement l'âme surplombante qui effectue ce travail, et non l'âme habitant la personnalité. Pendant ce stade, l'âme humaine ne répond qu'à l'attirance ou à la force attractive de l'âme spirituelle, tandis que celle-ci – avec une intention délibérée – extrait l'âme humaine des fourreaux qui l'emprisonnent.
Aux stades initiaux d'évolution, cette libération s'effectue avec l'aide de l'âme spirituelle surplombante. Plus tard, à mesure que les processus d'évolution auront joué et que l'âme exercera un contrôle croissant sur la personnalité, ce sera l'âme intérieure aux fourreaux emprisonnants qui, consciemment et avec intention, provoquera les phases du trépas. Plus tard encore, quand l'homme vivra sur le plan physique en tant qu'âme, c'est luimême qui – en pleine continuité de conscience – opérera l'abstraction, et alors, selon un dessein ordonné, il "effectuera son ascension vers le lieu d'où il est venu". Ceci est le reflet dans les trois mondes de l'ascension divine d'un Fils de Dieu devenu parfait.
Il y aurait lieu d'insérer ici quelques-unes des indications déjà données dans mes autres écrits au sujet de la Mort. C'est selon un plan défini que je réitère ces suggestions. La mort sévit actuellement tout autour de vous. Les exigences de l'esprit humain en vue d'obtenir des lumières sur ce sujet ont atteint un paroxysme qui évoque inévitablement une réponse de la Hiérarchie.
J'espère aussi que les étudiants de ce livre accompliront des actes d'importance majeure afin de contribuer à apporter la lumière que l'humanité réclame aujourd'hui sur les processus de la mort.