Section I
Dettes karmiques de l'individu
Sans peut-être en comprendre les implications, nous avons déjà étudié un premier point faisant partie de cette section. Il s'agissait des dettes karmiques de l'individu issues des véhicules subjectifs et de l'ensemble de la personnalité.
En examinant les causes psychologiques de maladie prenant naissance dans les véhicules subtils des trois mondes ou provenant de la tension des disciples qui s'efforcent de fouler le Sentier, nous nous occupions en réalité exclusivement du karma ou des effets produits sur le plan physique par les causes intérieures d'événements, d'équipement, et de circonstances. Nous avons vu comment les corps intérieurs conditionnent les manifestations extérieures de l'homme via le corps éthérique, et constaté que la maladie ou la santé dépendent en grande partie de ces corps subtils. Ils constituent la cause karmique immédiate de l'existence sur le plan physique.
Si nous étendons cette idée jusqu'à inclure les incarnations précédentes – et nous y sommes amenés inéluctablement – nous arrivons à la conclusion que l'état de ces corps intérieurs, leurs limitations et leur richesse, leurs défauts et leurs avantages, leurs tendances psychiques et psychologiques sont hérités de vies antérieures et portent donc la responsabilité de la situation actuelle sur terre.
En conséquence, nous n'avons fait que repousser dans un passé encore plus lointain les causes des états actuels, et si nous le désirions, nous pourrions pénétrer un domaine comportant tant de complexité et de détails que nous n'aboutirions à rien d'utile. L'ensemble du problème consistant à rétablir les incarnations passées comporte des possibilités infinies, et dès lors que l'on emploie le mot "infini", tout le sujet sort du contrôle de la pensée finie. On aborde alors un domaine qu'il n'est plus possible d'analyser rationnellement.
Pour l'humanité dans l'enfance et pour les individus non évolues, le karma était une affaire de groupe. L'homme était membre d'un groupe, mais sans penser aucunement aux implications et aux responsabilités que cela comporte.
Plus tard, le processus d'individualisation prit un sens plus précis et un caractère plus prononcé. Le karma devint alors plus personnel et mieux défini, et l'homme fut en état de produire ou d'éliminer plus de causes et d'effets. La personnalité n'était pas complètement développée et intégrée. L'homme était encore imbriqué dans la vie de groupe, et les relations réciproques s'étendirent.
Plus tard encore, la personnalité devint le créateur conscient de ses propres causes et le participant conscient à leurs effets.
Sur le Sentier, l'homme est englobé dans le karma du groupe qu'il a choisi dans son karma individuel, et dans le karma de ceux avec lesquels il a cherché à s'associer à cause de leur communauté de dessein spirituel. Un autre facteur s'ajoute ainsi aux précédentes catégories de responsabilités karmiques.
Plus tard encore, on est confronté avec le karma dans les trois mondes ; on en triomphe et on le dénie. Simultanément, l'individu ajoute au karma qu'il a déjà expérimenté celui qui se rapporte à la mise en branle de causes provenant de ses efforts pour servir le monde. L'homme partage alors la responsabilité karmique de la Hiérarchie elle-même.
Il faut ajouter les stades ci-dessous au Karma de Rétribution bien connu, avec lequel les disciples sont déjà familiers :
1. Karma collectif élémentaire de l'homme primitif.
2. Karma individuel de l'homme conscient de sa propre évolution.
3. Karma relié à la vie de disciple.
4. Karma hiérarchique.
Il faudrait encore y ajouter le karma national et racial, ainsi que le karma d'éducation que tous les disciples attirent sur eux lorsqu'ils cherchent à entrer dans un Ashram pour se préparer aux initiations.
Il existe également un Karma de Récompense, s'opposant à celui de Rétribution. On oublie fréquemment ce type de karma, mais on le connaîtra mieux dans le prochain cycle mondial. L'humanité s'est débarrassée de beaucoup de mauvais karma. Quant au karma basé sur des causes dont l'initiative ne sera prise que plus tard, il n'engendrera pas d'effets aussi désastreux que celui du passé. En dépit de ce que pensent les hommes, tout karma n'est pas mauvais. Il est nécessaire qu'une grande partie en soit punitive et attristante en raison de l'ignorance de l'humanité et de son stade inférieur de développement.
Lorsque la rétribution karmique devient sévère et terrible, comme dans le cas de la guerre mondiale, elle dénote que l'humanité en est arrivée à un point où les conséquences peuvent en être réparties dans une large mesure et avec justice.
Le karma ne comporte que très peu de souffrances lorsqu'il est dû à l'ignorance conduisant à l'irresponsabilité et à un manque total de réflexion. Le sens de véritable culpabilité n'est alors guère attaché aux événements. Il peut exister des conditions infortunées et des circonstances affligeantes, mais l'aptitude à y réagir par une souffrance proportionnée fait défaut. Il faudrait se le rappeler.
Actuellement toutefois, la race Aryenne est si développée mentalement et sur une si vaste échelle que le karma est vraiment horrible et angoissant, et trouve à s'exprimer par l'état du monde. En même temps, l'étendue actuelle de la détresse dénote l'étendue et le succès du développement humain. Ce signe des temps est fort encourageant et prometteur. Cette idée détient la clef des motifs pour lesquels les saints et bons serviteurs de la race portent – au cours du présent cycle mondial – un fardeau si lourd de mauvais karma.
Les limites du présent traité ne permettent pas de développer le sujet du karma en tant que cause des nombreuses sortes de maux atteignant l'humanité, y compris les maladies. Celles-ci ne constituent qu'une des manifestations du karma. Le thème est trop vaste, trop compliqué, et entraînerait trop loin. Il faut se limiter à l'affirmation que toutes nos actions et réactions ont instauré dans nos vies antérieures un rythme karmique tel, que tous les aspects de notre nature inférieure en sont aujourd'hui influencés. Parmi les effets les plus répandus et les plus ordinaires, la maladie en est un par lequel se manifeste la grande Loi de Rétribution. C'est un point que les guérisseurs et les étudiants de la métaphysique devraient considérer avec le plus grand soin.