DE JUSTES RELATIONS HUMAINES

 

Au cours des vingt années précédant la dernière guerre mondiale, j'ai donné l'enseignement spirituel et ésotérique nouveau. Puis vinrent les sept ans de guerre, aboutissement de la vieille civilisation. J'ai fait remarquer que cette guerre était le résultat de stupidités, de politiques à courtes vues, des erreurs et de l'égoïsme de l'humanité même, et en outre de siècles de mauvaises relations humaines, entre individus, communes, nationales et internationales. La cessation des combats fournit l'occasion d'inaugurer un mode de vie nouveau et meilleur et d'établir la sécurité et la paix, après lesquelles tous les hommes soupirent. Trois groupes ont immédiatement surgi dans le monde :

1.
Les groupes puissants, réactionnaires et conservateurs, désireux de préserver autant du passe que possible, doués d'un grand pouvoir, mais sans vision.
2.
Les idéologistes fanatiques de chaque pays, communistes, démocrates et fascistes.
3.
Les masses inertes du peuple de tout pays, ignorantes en grande partie, ne désirant que la paix après la tempête et la sécurité au lieu du désastre économique. Elles sont victimes de ceux qui les régissent, à cause des anciennes coutumes établies et on leur cache la vérité sur la situation mondiale.
Tous ces groupes exercent à présent leur influence. Les groupes réactionnaires, parce que l'argent leur donne le pouvoir, ou qu'ils ont de hauts postes dans le gouvernement. Les idéologistes, parce qu'ils répondent aux exigences de genres d'esprits différents, qui voient la nécessité du changement et croient qu'une idéologie imposée pourrait l'effectuer. Les masses rudimentaires, par la force croissante de la misère qu'elles subissent et leur éveil graduel au véritable état des choses. Tous ces facteurs produisent les désordres actuels et conditionnent les délibérations des Nations unies. Sans qu'il y ait de guerre "chaude", il n'y a point de paix, point de sécurité et nul espoir immédiat de l'une, ni de l'autre.

Il est essentiel, pour le bonheur futur et le progrès de l'humanité, que les mauvaises mœurs anciennes ne reviennent point, ni en politique, ni dans la religion, ni dans l'économie. En traitant ces problèmes, j'ai donc essayé d'indiquer les conditions fâcheuses qui ont amené l'humanité à sa présente condition de désastre cataclysmique. Ces conditions résultent, je l'ai dit, des fois religieuses, dont les idées n'ont pas avancé depuis des siècles ; de systèmes économiques qui insistent sur l'accumulation des richesses et biens matériels, en abandonnant tout le pouvoir et les produits de la terre entre les mains de relativement peu d'hommes, tandis que le reste de l'humanité lutte pour subsister à grand-peine ; enfin de régimes politiques livrés à des gens corrompus, totalitaires, spéculateurs et qui préfèrent les places et le pouvoir à leurs semblables.

Il est essentiel que ces choses-là soient présentées en termes du bien spirituel de l'humanité, et selon une interprétation plus juste du terme "spirituel". Le temps est passé depuis longtemps (ou devrait l'être) où une ligne de démarcation pouvait s'établir entre le monde religieux et celui de la politique ou de l'économie. La raison de la politique corrompue et des combinaisons ambitieuses et accapareuses de tant de chefs dans le monde se trouve dans le fait que les hommes et les femmes de mentalité spirituelle n'ont pas brigué, comme l'exigeaient leur devoir spirituel et leur responsabilité, la conduite du peuple. Ils ont abandonné le pouvoir à des mains indignes et permis aux égoïstes et aux indésirables d'être chefs.

Le mot "spirituel" n'appartient pas aux Eglises et aux religions. "La religion pure et sans tache" est pure charité et imitation sans égoïsme du Christ.
Comme je l'ai montré au chapitre VI, les Eglises elles-mêmes constituent de vastes systèmes capitalistes ; surtout l'Eglise catholique, et manifestent fort peu l'esprit qui animait le Christ. Les Eglises ont eu leur chance, mais elles ont peu fait pour changer les cœurs des hommes, ou pour le bien du peuple. Selon la loi cyclique, les idéologies politiques et les plans nationaux ou internationaux retiennent maintenant l'attention des peuples et, partout, des efforts sont tentés pour amener de meilleures relations humaines. Aux yeux des gens spirituels et des philanthropes éclairés, c'est un signe de progrès et l'indication sublime de la divinité innée en l'homme. Est vraiment spirituel, ce qui relie correctement l'homme à l'homme et l'homme à Dieu et démontre en un monde meilleur l'expression des Quatre Libertés pour la planète entière. Dans ce but doit s'activer l'homme vraiment spirituel.

Je ne m'intéresse pas à aider ou à instruire ceux qui séparent les affaires du monde et de l'humanité de l'enseignement spirituel et d'une vie désintéressée. Je ne sais que faire de visionnaires mystiques ou d'ésotéristes aimant à errer dans les régions supérieures de la pensée abstraite, et qui amassent des renseignements occultes ou mystiques, en refusant de comprendre que le changement de l'ordre ancien, l'éveil de l'humanité à de nouvelles possibilités et la purification de l'arène politique et économique constituent aujourd'hui les facteurs de la plus haute valeur spirituelle. Est spirituel ce qui a pour motif l'établissement du Royaume de Dieu sur la terre. Cela ne peut se produire avant que bien des changements aient été effectués dans la vie et les affaires humaines.

Le Royaume de Dieu inaugurera un monde qui veut être uni, où l'on comprendra que, politiquement, l'humanité, dans son ensemble, a bien plus d'importance qu'une seule nation. Ce sera un nouvel ordre mondial, édifié sur des principes différents de ceux du passé et où les hommes feront agir la vision spirituelle dans leurs gouvernements, dans leurs plans économiques et dans toutes les mesures destinées à assurer la sécurité et les justes relations humaines. Qu'il me soit permis de répéter encore : La spiritualité consiste essentiellement à établir de justes relations humaines, à promouvoir la bonne volonté et enfin à établir la paix véritable sur la terre, comme résultat de ces deux expressions de la divinité.

Le monde aujourd'hui est plein de voix contradictoires. Partout, on proteste contre les conditions mondiales ; tout est mis en lumière ; les injures sont criées du haut des toits, comme le Christ a prophétisé qu'elles le seraient. La raison de tous ces cris, toutes ces disputes et ces critiques bruyantes est que les hommes, en prenant conscience des faits, se sont mis à réfléchir et à élaborer des plans, ils sont conscients de la culpabilité existant en eux. Leur conscience les inquiète ; ils constatent l'inégalité des chances, les graves abus, les distinctions invétérées entre les hommes, les discriminations raciales et nationales. Ils remettent en question leurs buts individuels, aussi bien que les plans nationaux. Les masses humaines, partout commencent à comprendre qu'elles sont pour une large part responsables de ce qui ne va pas, et que leur inertie, faute d'action correcte et de pensée juste, les a conduits au fâcheux état de choses actuel du monde. Ce que j'ai à dire constitue donc un défi et jamais un défi n'est tout à fait bien reçu.

Cet éveil des masses et la détermination des forces réactionnaires et des intérêts financiers de conserver l'ancien et de combattre le nouveau sont en bonne partie responsables de l'actuelle crise mondiale. La lutte entre les forces anciennes, bien retranchées, et le nouvel idéalisme qui émerge constitue le problème d'aujourd'hui. D'autres facteurs, si importants soient-ils individuellement ou nationalement, sont relativement négligeables du point de vue véritablement spirituel.

L'unité, la paix et la sécurité des nations, grandes et petites, ne sauraient être atteintes en obéissant aux injonctions de l'avide capitaliste ou des ambitieux de n'importe quel pays et pourtant, dans bien des circonstances, leurs avis sont acceptés. Elles ne se laisseront point gagner par l'influence de n'importe quelle idéologie, si bonne apparaisse-t-elle à ceux qui sont conditionnés par elle. Pourtant, il en est qui cherchent à imposer leur idéologie au monde, et je ne me réfère pas à la seule Russie. On ne les atteint pas en demeurant assis et en laissant le soin de changer les conditions à Dieu ou au processus de l'évolution. Pourtant, il en est qui ne font rien pour aider, même en connaissant bien les conditions dans lesquelles doivent agir les Nations unies.

L'Unité, la paix et la sécurité viendront grâce à une prise de conscience intelligente des maux qui ont amené la situation actuelle du monde, suivie de démarches avisées, pleines de compréhension et de compassion, qui amèneront l'établissement des justes relations humaines, la substitution de la collaboration au système de rivalités actuelles et l'éducation des masses de chaque pays sur la nature de la vraie bonne volonté et de sa puissance jusqu'ici inemployée. Cela entraînera au profit de méthodes d'éducation correctes, le détournement d'innombrables millions d'argent qui ne seront plus utilisés par les forces guerrières pour être convertis en armées, marines et armements.

Voilà ce qui est spirituel, ce qui est important et pour quoi tous les hommes doivent lutter. La Hiérarchie spirituelle de la planète s'intéresse en premier lieu à trouver les hommes qui œuvreront dans ce sens ; elle s'intéresse en premier lieu à l'humanité, réalisant que les démarches entreprises par l'humanité au cours des prochains cinquante ans conditionneront l'Ere nouvelle et détermineront la destinée de l'homme. Sera-ce un destin d'annihilation, de guerre planétaire, de famine mondiale, de pestilence, de nation s'élevant contre nation et d'effondrement complet de tout ce qui donne du prix à la vie ? Tout cela pourrait bien arriver, si des changements fondamentaux ne sont pas effectués et réalisés dans la bonne volonté et la compréhension aimante. Par ailleurs, nous pouvons avoir une période (difficile, mais utile parce qu'instructive) d'adaptation, de concessions, d'abandons. Nous pouvons avoir une période de juste reconnaissance et de chances partagées, d'un effort commun pour amener les justes relations humaines et une méthode éducative qui formera la jeunesse de toutes les nations à agir en citoyens du monde et non en propagandistes nationalistes. Ce dont nous avons surtout besoin, c'est l'abolition, résultant de la maturité spirituelle, de ces deux principes qui ont suscité tant de maux dans le monde : la Souveraineté et le Nationalisme.