III. LES VERITES ESSENTIELLES
Certaines notes dominantes, qui incarnent l'avenir de la religion, devraient maintenant guider les réflexions du clergé éclairé de toutes les confessions.
Elles conviennent à l'Orient comme à l'Occident. Ce sont : Une Religion mondiale, une Révélation, une Récognition. Le chrétien étroit ne les admettra point, et n'importe quel croyant aux idées étroites pas davantage.
Nous avons vu que le péché de base des Eglises est la séparativité, qui place chaque Eglise à part et l'amène à se considérer, avec sa manière de présenter la vérité, comme unique et seule correcte, en l'incitant à manifester un matérialisme considérable, comme toutes les Eglises dont les intérêts sont matériels. C'est une séparativité qui place l'Eglise à part de la masse humaine, comme une organisation supérieure, chargée de diriger les hommes et absorbant leurs ressources financières. C'est une séparativité qui classe les gens en chrétiens et païens, rangent certains parmi les bons, et d'autres parmi les méchants, les uns parmi les purement séculiers dans leur attitude envers la vie, alors que d'autres appartiennent au clergé.
Le jour se lève, où toutes les religions seront regardées comme émanant d'une seule grande source spirituelle ; toutes seront considérées comme offrant ensemble la racine unique, d'où l'universelle religion mondiale germera inévitablement. Il n'y aura plus alors ni chrétiens, ni païens, ni Juifs, ni Gentils, mais seulement un grand corps de croyants, recrutés parmi toutes les religions courantes. Ils accepteront les mêmes vérités, non point comme concepts théologiques, mais comme essentielles à la vie spirituelle. Ils se serreront ensemble sur la même plate-forme de fraternité et de relations humaines. Ils reconnaîtront la Filiation divine et chercheront en chœur à collaborer au Plan divin, tel qu'il est révélé par les chefs spirituels de la race et comme il leur indiquera de procéder sur la Voie d'Approche vers Dieu. Pareille religion mondiale n'est pas un vain rêve, mais se dessine nettement aujourd'hui.
Un second guide qui émerge et mène à la vie spirituelle, c'est l'espoir de la révélation. Jamais auparavant, le besoin des hommes n'a été si pressant et jamais l'assurance de la révélation n'a été plus certaine. Jamais l'esprit humain n'a invoqué davantage l'aide divine et donc, jamais jusqu'ici ne s'est préparée aussi grande révélation. Ce que sera pareille révélation, nous ne pouvons le savoir. La révélation de la nature de Dieu a été un processus au développement lent, parallèle à la croissance évolutive de la conscience humaine. Ce n'est pas à nous de la définir, ni de la limiter avec notre raisonnement concret, mais bien de nous y préparer, de développer notre perception intuitive et de vivre dans l'expectative d'une lumière révélatrice.
Une religion mondiale, une révélation attendue, et ensuite le développement de l'habitude de reconnaître la lumière spirituelle : telle est la tâche des Eglises, d'enseigner aux hommes à développer ce pouvoir latent, de reconnaître la beauté de la divinité dans toutes les formes, de reconnaître ce qui va venir et qu'un ancien voyant hindou a appelé "le nuage des choses connaissables", qui plane sur l'humanité, prêt a se précipiter sous forme de merveilles, que Dieu réserve à ceux qui savent la signification du mot amour.
C'est dans ces trois directions que l'activité des Eglises devrait à l'avenir s'orienter. L'accomplissement de pareille tâche restaurerait vraiment les Eglises et oblitérerait tous leurs échecs passés.
Dans ces trois attitudes : se trouvent certaines vérités fondamentales que les Eglises doivent montrer aux hommes partout, des vérités qui sont les mêmes dans toutes les religions du monde. Examinons un moment ces vérités essentielles, fondamentales et universelles.
1. unité de toutes les croyances,
2. expectative de la Révélation,
3. récognition spirituelle,
1.
Le fait que Dieu est immanent et transcendant – Les religions orientales ont toujours insisté sur le Dieu immanent, profondément enfoui dans le cœur humain "plus près que les mains ou les pieds", le Soi, l'Un, l'Atma, plus petit que le plus petit, et pourtant qui englobe tout. Les croyances occidentales ont présenté le Dieu transcendant, extérieur à Son univers, Spectateur. Le Dieu transcendant a d'abord déterminé la conception humaine de la divinité, car l'action de ce Dieu transcendant se manifestait dans la nature ; plus tard, dans la dispensation judaïque, Dieu apparaît comme le Jéhovah de la tribu, comme l'âme (plutôt désagréable) de la nation. Ensuite, Dieu est considéré comme un homme plus parfait et l'homme-Dieu se manifeste sur la terre dans la personne du Christ. Actuellement l'accent se porte de plus en plus sur le Dieu immanent en chaque être humain et en chaque forme créée. Aujourd'hui, il incomberait aux Eglises d'effectuer la synthèse de ces deux idées, présentées par Shri Krishna, dans ce passage de la Bhagavad-Gita : "Ayant imprégné cet univers entier d'un fragment de Moi-même, Je demeure." Dieu, plus grand que l'ensemble de la création, mais Dieu présent aussi dans la partie. Le Dieu transcendant garantit le plan de notre monde et Il est le Dessein, qui conditionne toutes les existences, depuis le plus minuscule atome, à travers tous les règnes de la nature, jusqu'à l'homme.
2.
Le fait de l'immortalité et de la Persistance Eternelle - L'esprit est immortel dans l'homme, il dure éternellement, progressant de point en point, de stade en stade, sur le Sentier de l'Evolution, se développant régulièrement et avec suite jusqu'aux attributs et aux aspects divins.
Cette vérité implique naturellement la récognition de deux grandes lois naturelles : La Loi des Renaissances et la Loi de Cause et Effet.
Les Eglises occidentales ont refusé officiellement de reconnaître la Loi des Renaissances et se sont égarées ainsi dans une impasse théologique, et ce cul-de-sac ne présente aucune issue. Les Eglises orientales ont trop insisté sur ces lois, d'où, chez leurs peuples, une attitude négative et passive devant la vie et ses processus, appuyée sur des occasions sans cesse renouvelées. Le christianisme a mis l'accent sur l'immortalité, mais a fait dépendre le bonheur éternel de l'acceptation des dogmes théologiques. Etre un vrai chrétien pratiquant et vivre éternellement dans un ciel un peu sot, ou refuser d'être un chrétien consentant, se montrer négatif dans sa pratique chrétienne et aller dans un enfer impossible, conçu selon la théologie de l'Ancien Testament, où Dieu est montré plein de haine et de jalousie, ces deux conceptions sont répudiées aujourd'hui par tous les gens sains d'esprit, sincères et réfléchis. Personne, doué d'un raisonnement juste ou d'une vraie foi en un Dieu d'amour, n'accepte le ciel des ecclésiastiques, ni n'éprouve aucune envie d'y aller. Moins encore accepte-t-il la notion d'un "étang de feu et de soufre", ou des éternels tourments, auxquels un Dieu d'amour est supposé condamner tous ceux qui ne souscrivent pas aux interprétations théologiques du moyen âge, ou des fondamentalistes modernes, ou des ecclésiastiques qui ne réfléchissent point, mais cherchent, par la doctrine, la crainte et la menace, d'obliger les gens à se conformer à l'ancien enseignement obsolète. La vérité essentielle se trouve ailleurs. "L'homme récolte ce qu'il sème", telle est la vérité sur laquelle il convient d'insister à nouveau. Ces mots de saint Paul expriment pour nous l'antique enseignement, toujours vrai, de la Loi de Cause et Effet, appelée en Orient Loi de Karma. Ailleurs, il ajoute l'injonction de "travailler à son propre salut" et – comme cela contredit la doctrine théologique et surtout, que c'est impossible à faire en une seule existence – il confirme donc implicitement la Loi de la Renaissance et fait de l'école de la vie une expérience constamment récurrente, jusqu'à ce que l'homme ait accompli le commandement du Christ (et cela s'applique à chacun) : "Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait." Par la récognition des résultats de l'action, bonne ou mauvaise, et en revivant constamment sur la terre, l'homme atteint finalement "à la mesure de la stature et de la plénitude du Christ".
Alors, plus de ciel, ni d'enfer. Il a atteint à la vie éternelle et au droit de ne plus revenir sur terre aux expériences de la vie. Il est maintenant un membre qualifié et conscient de cette Hiérarchie spirituelle, à laquelle le croyant chrétien a donné le nom de "Christ et Son Eglise", mais qui est connue de toutes les religions du monde, sous des vocables différents. Cette, immortalité, cette persistance éternelle, cette possibilité d'une ultime perfection sont garanties par la divinité de l'homme, par sa relation inhérente avec le Dieu transcendant, car il est arrivé à la connaissance du Dieu immanent (le Christ en lui, "l'espérance de la gloire") et aussi par le fait que le Christ, comme homme, a atteint la pleine expression de cette divinité. Cette doctrine de la divinité innée de l'homme, et non d'une divinité imposée par la mort du Christ en croix, ni d'une divinité acceptée comme un don, parce que le croyant a embrassé certaine doctrine théologique, est l'espoir des Eglises ; si elles l'admettent, elles régénèrent ainsi leur doctrine.
Le fait de cette divinité innée explique l'élan existant au cœur de chaque homme vers une amélioration, vers l'expérience, vers le progrès, vers une réalisation croissante et une avance régulière vers les hauteurs distantes, dont il a la vision. Il n'est point d'autre explication à la capacité humaine d'émerger hors de l'obscurité, hors du mal et de la mort vers la vie et le bien. Cette émergence a été l'histoire constante de l'homme. Quelque chose arrive toujours à l'âme humaine, pour la projeter plus près de la Source de tout le bien et rien sur terre ne saurait arrêter son progrès vers Dieu. La note dominante de la nouvelle religion mondiale, que je chercherai à démontrer, est le texte : "Rapprochez-vous de Dieu, et Il se rapprochera de vous." Cette approche des deux côtés, et dans cette Relation suprême fera sûrement partie de la révélation à venir, car ses implications sont fondamentales et résument tout ce qui est de la plus haute importance pour l'esprit humain.
3.
Le Christ et la Hiérarchie – La troisième grande vérité spirituelle essentielle est le fait du Christ, du Christ vivant, présent parmi les Siens, fidèle à Sa promesse : "Et maintenant, je suis avec vous à jamais, jusqu'à la fin du monde." Il fait sentir de plus en plus Sa présence, au fur et à mesure que les hommes s'approchent plus près de Lui et du groupe de Ses disciples et travailleurs dans le monde.
L'Eglise a mis l'accent (et le met aujourd'hui) sur le Christ mort. Les hommes ont oublié qu'Il vit, quoiqu'ils reconnaissent vaguement cet espoir et cette croyance au moment de Pâques, surtout parce que Sa résurrection garantit notre propre résurrection et parce que "s'Il vit, nous vivrons aussi". Le fait de Son existence et de Sa présence aujourd'hui, ici et maintenant, sur cette terre, n'est pas mis en relief, sauf par de vagues généralités et des espérances. Les hommes ont oublié que "le sang est la vie" et que le Christ est venu exprimer pour nous la plénitude de la vie, et, de ce fait, nous aussi nous pouvons avoir cette "vie plus abondante" dont Il a parlé. Une théorie faussée, égoïste, étroite et terrifiante du salut a été développée par les théologiens au cours des siècles de l'Ere chrétienne, au lieu de la présentation d'un Christ vivant avec nous sur terre, entouré de Ses disciples, les Maîtres de la Sagesse, aisément accessible à tous ceux qui adoptent la bonne ligne d'approche et sauvant les hommes par la force de Son exemple et l'expression de la vie qui est en Lui, vie qui se trouve aussi, sans s'exprimer et souvent à l'insu de la majorité, en tout homme.
Dans la religion mondiale à venir, l'accent sera placé sur ces vérités.
La vie, et non la mort, sera proclamée. La méthode pour atteindre à l'état spirituel par un mode de vie spirituel sera enseignée et le fait de l'existence de ceux qui y sont déjà parvenus et qui œuvrent avec le Christ, pour aider et sauver l'humanité, indiquera le but. Le fait de la présence de la Hiérarchie spirituelle sur notre planète, la faculté humaine d'établir le contact avec ses Membres et de travailler en collaboration avec Eux, et l'existence de ceux qui connaissent la Volonté de Dieu et peuvent agir intelligemment selon cette volonté, telles sont les vérités sur lesquelles se basera le futur enseignement spirituel.
La relation avec Dieu par le Christ a toujours été enseignée par tous les vrais chefs spirituels, quel qu'ait été le nom qu'ils Lui donnaient, et Ses noms sont nombreux. A l'avenir, nous nous rapprocherons plus intelligemment de la substance vivante de la Réalité et aurons une compréhension plus claire de ce rapport senti vaguement jusqu'à présent. Nous saurons, nous verrons et nous comprendrons. Nous ne nous contenterons pas de croire, d'avoir des espérances et d'attendre quelque jour que le mystère nous soit révélé. Nous parlerons ouvertement de cette Hiérarchie, de Ses Membres et de Son œuvre. La nature hiérarchique de toutes les vies et le fait de la grande "chaîne de hiérarchies", qui s'étend du règne minéral, à travers l'humanité jusqu'à la Hiérarchie planétaire et au Royaume de Dieu et, apparemment, jusqu'à des groupes spirituels éloignés, seront mis en avant.
Le fait de l'existence de cette Hiérarchie et de Son Chef suprême, le Christ, est reconnu consciemment par des centaines de milliers de gens aujourd'hui, quoique les chrétiens orthodoxes le nient encore. Tant de gens sont certains de cette vérité et tant de gens dignes et intègres coopèrent consciemment avec les Membres de la Hiérarchie, que les antagonismes ecclésiastiques et les commentaires abaissants des matérialistes n'ont point d'importance. Les hommes échappent à l'autorité dogmatique et vont vers l'expérience spirituelle personnelle et directe. Ils se soumettent à l'autorité directe que procurent le contact avec le Christ et avec Ses disciples, les Maîtres.
Le Christ en chaque homme offre la garantie de notre accomplissement spirituel final. Le Christ est l'exemple vivant de cet accomplissement, car Il a pénètre pour nous derrière le voile, nous laissant un exemple, si nous suivons Ses pas. Le Christ, Qui vit à jamais et Qui est demeuré avec nous depuis deux mille ans, veille sur Son peuple, inspirant dans leur tâche Ses disciples, les Maîtres de la Sagesse, ces "hommes justes, rendus parfaits" (comme les appelle la Bible). Le Christ nous a démontré la possibilité de développer la conscience spirituelle vivante (dotée du nom assez vague de conscience christique) qui amène finalement à l'ultime perfection tous les hommes soumis à la Loi de la Renaissance et à celle de Cause et d'Effet. Telles sont les vérités que l'Eglise acceptera enfin, qu'elle enseignera et exprimera par les vies et les paroles de ses représentants.
Ce changement dans la présentation de la doctrine mènera à une humanité fort différente de celle qui existe aujourd'hui. Il produira une humanité qui reconnaîtra le divin en chaque homme, à des stades divers d'expression, une humanité, non seulement dans l'attente du retour du Christ, mais assurée de Sa venue et de Sa réapparition certaine, non point d'un ciel lointain, mais de l'endroit sur terre, où Il a toujours été, connu et atteint par d'innombrables milliers, mais tenu éloigné par les théologies et la tactique d'épouvante de l'Eglise.
Sa venue sera moins un retour triomphant dans une Eglise victorieuse (victorieuse parce que les Eglises ont fait de si beau travail) que la constatation de Son existence de fait par ceux qui sont jusqu'à présent demeurés aveugles à Sa présence parmi eux, et au fait de Son rôle et de Son activité, qui se sont poursuivis sans cesse sur terre. Il ne revient pas pour régner, car Il n'a jamais cessé de régner, de travailler et d'aimer. Mais les hommes en viendront à constater les signes de Son activité et de Sa présence et sauront que c'est Lui qui renverse les Eglises par la force de Son influence sur les cœurs et les existences des hommes. Ceux-ci comprendront alors que le mot "spirituel" n'a que peu de rapports avec la religion, jusqu'à présent son sens principal, mais qu'il caractérise une activité divine dans toutes les phases de l'existence humaine et de la pensée humaine. Ils saisiront cette vérité stupéfiante qu'une économie saine, un humanisme défini, une éducation efficace (adéquate à préparer les hommes à la citoyenneté du monde) et une science consacrée à l'amélioration des hommes, sont tous profondément spirituels et que dans l'ensemble de leur utilité, ils constituent un corps de vérité religieuse. Ils découvriront que la religion organisée est seulement une phase de cette expérience de la divinité à l'échelle mondiale.
Le Christ viendra donc sûrement, de trois manières. Il viendra quand les hommes reconnaîtront qu'Il est vraiment là, comme Il l'a été depuis Son départ apparent de la terre. Il viendra aussi dans ce sens qu'Il adombrera, inspirera et guidera directement, en conférant personnellement avec Ses disciples avancés, dans leur labeur dans le domaine terrestre, et leurs efforts pour établir de justes relations humaines, et quand ils seront connus comme les Agents chargés d'appliquer la Volonté de Dieu. Il viendra aussi dans les cœurs des hommes, partout, en se manifestant comme le Christ en eux, luttant pour la lumière et influençant l'existence des hommes pour qu'ils reconnaissent consciemment leur divinité. Des masses d'hommes passeront alors par l'expérience de Bethléem, le Christ naîtra en eux et ils deviendront des "hommes nouveaux".
Ce sera à répandre ces vérités existantes que l'église future travaillera, en causant une régénération considérable dans le corps de l'humanité, une résurrection et la restauration de la vie de Dieu sur la terre à travers une humanité consciente du Christ.
Lorsque ceci aura pris de vastes proportions et que ces vérités seront reconnues à l'échelle mondiale, nous aurons alors la restauration des Mystères et la réalisation qui en découlera que le Royaume de Dieu est sur terre et que l'homme est, en fait et en réalité, créé à l'image de Dieu et doit inévitablement, avec le temps et par la discipline de la vie, manifester sa divinité essentielle, à l'exemple du Christ.
4.
La fraternité humaine – On a beaucoup écrit, prêché et parlé sur la fraternité. Tant a été dit et si peu de fraternité a été mise en pratique, que le terme est un peu taré. Pourtant il exprime exactement l'origine fondamentale et le but de l'humanité, et c'est la note dominante du quatrième règne de la nature, le règne humain.
La fraternité est un fait naturel ; tous les hommes sont frères. Par-delà les divergences de couleur, de croyances, de cultures et de civilisations, il n'est qu'une humanité, sans distinction, ni différence dans sa nature essentielle, son origine, ses objectifs spirituels et mentaux, ses capacités, ses qualités et son mode de développement et d'évolution. Par ces attributs divins (car c'est ce qu'ils sont), tous les hommes sont égaux. C'est seulement par rapport au temps, et dans la mesure où le progrès s'est accompli, dans la révélation de la divinité innée dans sa plénitude, que les différences temporaires sont apparues.
Ce sont ces différences temporaires et les péchés, trahis par l'ignorance et l'inexpérience, qui ont retenu l'attention des Eglises, à l'exclusion de la vision pénétrante et perçante du divin en chaque homme. C'est le fait de la fraternité que les Eglises doivent commencer à enseigner, non pas sous l'angle d'un Dieu transcendant, d'un Père inconnaissable de l'extérieur, mais du point de vue de la vie divine, éternellement présente dans tout cœur humain et luttant éternellement pour s'exprimer à travers les individus, les nations, les races.
La véritable expression de cette fraternité bien comprise doit inévitablement s'effectuer par l'établissement de justes relations humaines et la culture de la bonne volonté. Le clergé a oublié le passage du chant des anges : "Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre et bonne volonté envers les hommes." Ils n'ont pas compris et par conséquent n'ont pas enseigné, que les justes relations humaines s'établissent seulement par la bonne volonté manifestée dans la vie quotidienne des hommes, permettant ainsi à la paix de régner sur la terre. Ils n'ont pas compris davantage qu'il n'est point de gloire a Dieu, avant que n'existe la paix sur la terre par la bonne volonté envers les hommes Les Eglises ont oublié que tous les hommes sont les fils du Père et sont donc frères ; que tous les hommes sont divins, que certains hommes sont déjà conscients de Dieu et expriment leur divinité, tandis que d'autres ne le sont pas ; elles n'ont pas tenu compte du fait que certains hommes, à cause de leur degré d'évolution, connaissent le Christ, car le Christ agit en eux, tandis que d'autres luttent simplement pour mettre en activité la vie christique ; d'autres encore sont absolument inconscients de l'Etre divin, enfoui profondément dans leurs cœurs. Ce ne sont que différents degrés de conscience, il n'y a point là de différence de nature. C'est ce que les hommes d'Eglise doivent comprendre partout, et quand ils y seront parvenus, nous aurons une seule religion mondiale, un seul objectif fondamental reconnu, un système éprouvé de développement pour l'expression de la vie christique, et plus de confessions, de papes, de hiérarchie ecclésiastique, fauteuse de troubles, et nulle autorité ecclésiastique dominatrice et malsaine. Il y aura seulement une véritable Hiérarchie spirituelle, démontrant son droit d'être considérée comme telle par la beauté de son mode de vie, l'humilité de ses attitudes et la vie de service de ses membres.
5.
Les Voies d'Approche divines – A toutes ces vérités essentielles au développement humain, il en faut encore ajouter une. Cette vérité n'est encore que vaguement pressentie, car elle est plus vaste que toutes celles qui ont jusqu'à présent été présentées à la conscience de l'humanité. Elle est plus vaste, car elle se rapporte à l'ensemble et non au seul individu et à son salut personnel. C'est une extension de l'approche individuelle vers la vérité. Appelons-la la vérité concernant les grandes Voies d'Approche cycliques du divin vers l'humain. Tous les Sauveurs et les Instituteurs du monde en constituent le symbole et la garantie. A certains moments solennels à travers les âges, Dieu s'est rapproché de son peuple et en même temps, l'humanité a fait de grands efforts, même s'ils étaient parfois inconscients, pour se rapprocher de Dieu. D'un certain point de vue, on pourrait considérer cela comme le Dieu transcendant reconnaissant le Dieu immanent et Dieu en l'homme s'efforçant d'atteindre à Dieu dans le Tout et plus grand que le Tout.
De la part de Dieu, agissant par l'intermédiaire du Chef de la Hiérarchie spirituelle et de Ses membres, cet effort était intentionnel, conscient et délibéré ; de la part de l'homme il était, dans le passé, surtout inconscient et l'humanité s'y trouvait forcée par le drame des circonstances, par un besoin désespéré et par l'impulsion de la conscience christique immanente. Ces grandes Voies d'Approche peuvent se retrouver à travers les siècles, à chaque occasion où elles se produisirent, elles amenèrent à une compréhension plus claire du dessein divin, à une révélation nouvelle et fraîche de la qualité divine, à l'institution de quelque aspect de la nouvelle foi du monde et firent entendre une note qui produisit une civilisation et une culture nouvelles, ou l'établissement d'un rapport différent entre Dieu et l'homme, ou entre l'homme et son frère.
Jadis, dans le passé reculé de l'histoire (indiqué par le symbolisme et par toutes les Bibles du monde), il y eut une première Approche majeure, lorsque Dieu remarqua l'homme et qu'un événement se produisit, sous l'action de la volonté de Dieu le Créateur, le Dieu transcendant, qui affecta l'homme primitif, et il devint "une âme vivante". En qualité d'aspiration profonde vers un bien indéfini et non encore conçu, l'homme, littéralement privé de raisonnement à ce stade, éprouvait un désir rudimentaire qui évoqua une réponse de la Divinité.
Dieu se rapprocha de l'homme et l'homme s'imprégna de cette vie et de cette énergie qui, avec l'écoulement du temps, lui permettraient de se reconnaître fils de Dieu et, finalement, d'exprimer parfaitement cette filiation. Cette Approche se signala par l'apparition des facultés mentales chez l'homme. En lui fut implantée la faculté embryonnaire de réfléchir, de raisonner et de connaître. L'intelligence universelle de Dieu se reflétait dans la minuscule intelligence humaine.
Plus tard, nous dit-on, quand les facultés mentales de l'humanité primitive le justifièrent, une autre Voie d'Approche entre Dieu et l'homme, ainsi qu'entre la Hiérarchie spirituelle et l'humanité devint possible et la porte du Royaume de Dieu s'ouvrit. L'homme apprit que la voie d'accès au Lieu saint était l'amour. Au principe mental s'ajouta, de nouveau par la force de l'invocation et de l'évocation qui y répondit, un autre attribut ou principe divin, le principe de l'amour.
Plus tard, Christ vint pour manifester la beauté de l'amour dans sa plénitude et auparavant, Bouddha était venu pour démontrer le miracle de la connaissance, lorsqu'elle est illumination ou sagesse.
Ces deux grandes Voies d'Approche donnèrent à l'âme humaine la possibilité d'exprimer ou de manifester deux aspects de la Divinité : l'Intelligence et l'Amour. Aujourd'hui, l'intelligence s'épanouit dans la connaissance et la science ; elle ne s'est toutefois pas développée sur une vaste échelle dans sa beauté latente de sagesse. L'amour ne fait actuellement que commencer à retenir l'attention humaine. Son aspect inférieur, la Bonne Volonté, vient seulement d'être reconnue comme énergie divine et ne constitue encore qu'une théorie et une espérance.
Bouddha est venu, incarnant en Lui la divine qualité de sagesse. Il était la manifestation de la Lumière et l'Instituteur de la voie de l'illumination. Il a démontré en Lui les processus de l'illumination et est devenu l' "Illuminé". Les Ecritures de l'Inde nous disent qu'Il atteignit l'Illumination sous l'Arbre, tout comme le Christ accomplit la libération de l'esprit humain sur l'Arbre. La lumière, la sagesse, la raison, en qualité d'attributs divins et pourtant humains, avaient pour foyer le Bouddha. Il appela les gens à fouler le Sentier de l'Illumination, dont la sagesse, la perception mentale et l'intuition sont des aspects.
Vint alors le Grand Instituteur, le Christ. Il incarnait en Lui un principe divin encore plus grand, supérieur au Mental celui de l'Amour ; pourtant Il comportait en Lui-même tout ce que le Bouddha avait de Lumière. Le Christ était l'expression à la fois de la Lumière et de l'Amour. Le Christ a aussi appelé l'attention des hommes sur trois idées profondément nécessaires :
1.
L'extrême valeur du fils individuel de Dieu et la nécessité de fournir un effort spirituel intense.
2.
L'occasion, offerte à l'humanité, d'avancer d'un grand pas et de se soumettre à la nouvelle naissance.
3.
La méthode par où un homme peut pénétrer dans le Royaume de Dieu, qu'Il exprima en ces termes : "Aimez votre prochain comme vous-même." L'effort individuel, l'occasion offerte au groupe et l'identification à autrui, tel est le message du Christ.
Ainsi avons-nous eu quatre grandes Voies d'Approche du divin vers l'humain, deux Approches majeures, et deux mineures. Ces Approches mineures nous ont expliqué la nature véritable des deux Approches majeures et nous ont montré comment ce qui fut accordé dans le lointain passé de la race constitue un héritage divin et la semence de la perfection ultime.
Une cinquième grande Voie d'Approche devient maintenant possible et se produira lorsque l'humanité aura mis de l'ordre dans sa maison. Une révélation nouvelle plane sur les hommes et c'est à quoi les quatre Voies d'Approches précédentes ont préparé l'humanité. La guerre mondiale l'a purifiée. Un nouveau ciel et une nouvelle terre se préparent. Je prierais les théologiens orthodoxes 'interpréter les mots "un nouveau ciel" ! Ne pourraient-ils signifier une conception entièrement nouvelle du monde des réalités spirituelles et peut-être même de la nature de Dieu ? Considèrent-ils qu'ils savent tout ce qui peut être connu de Dieu ? En ce cas Dieu serait fort limité. Ne se pourrait-il pas que nos idées actuelles sur Dieu, Intelligence universelle, Amour et Volonté s'enrichissent de quelque idée nouvelle et de quelque qualité, dont nous ignorons jusqu'au nom, et dont nous n'avons pas la moindre notion ?
Chacun des concepts de la nature de la divinité, l'intelligence, l'amour et la volonté étaient entièrement nouveaux, lorsqu'ils furent présentés pour la première fois à l'humanité.
Ce que cette cinquième Voie d'Approche apportera à l'humanité, nous l'ignorons et ne pouvons le savoir. Certainement elle apportera des modifications aussi nettes dans la conscience humaine que les Approches précédentes. Depuis quelques années, la Hiérarchie spirituelle de la planète se rapproche de l'humanité et c'est ce qui a suscité les grandes idées de liberté, qui tiennent tant à cœur aux hommes de partout. Le rêve de fraternité, de camaraderie, de collaboration mondiale et de paix, basée sur de justes relations humaines, se dessine de plus en plus clairement dans nos pensées. Nous avons aussi la vision d'une religion nouvelle et vivante, une foi mondiale, universelle, qui s'enracinera dans le passé, mais qui éclairera la beauté nouvelle qui point et la révélation vitale qui s'annonce.
Nous pouvons être certains d'une chose, cette cinquième Approche sera de quelque manière profondément spirituelle et pourtant effective, la preuve de la vérité et de l'immanence de Dieu. Les Eglises ont insisté sur l'extra-territorialité de la Divinité et l'ont exploitée, en posant la présence d'un Dieu qui crée, entretient et agit de façon continue. Ce genre de Créateur transcendant doit se révéler comme une partie seulement de la vérité et cette doctrine doit s'enrichir par la manifestation de Dieu en l'homme, l'espérance de la gloire. C'est certainement là ce que démontrera la cinquième Voie d'Approche. Elle prouvera aussi le rapport étroit entre Dieu transcendant et Dieu immanent, car les deux expressions divines sont vraies. Dieu est transcendant et "en Lui nous nous mouvons, nous vivons et avons notre être", car "ayant rempli l'univers entier d'un fragment de Lui-même, Il demeure". Dieu est immanent dans les formes de toutes choses créées ; la gloire qui sera révélée est l'expression de cette divinité innée, dans tous ses attributs et tous ses aspects, ses qualités et ses facultés, par le moyen de l'humanité.
Les Eglises ont oublié ces paroles du Christ : "Vous ferez des choses plus grandes encore." Ces plus grands miracles attendent que nous les fassions. Si ces mots ont un sens, ils signifient qu'un jour, l'individu surpassera par l'action de sa vie divine inhérente et le progrès de son développement évolutif, tout ce que le Christ a exprimé et accompli.