CHAPITRE II
LES GLANDES ET LE COMPORTEMENT HUMAIN
L'étude des glandes est dans son enfance. Lorsqu'on lit ce qui a été écrit à leur sujet on voit qu'en fait on connaît peu de chose, que l'essence même de leur sécrétion – appelée hormones – n'a pas encore été découverte et que toute cette étude demeure mystérieuse. Il est vrai que les sécrétions de certaines glandes ont été découvertes et qu'on entend couramment parler de la glande thyroïde et de l'utilisation de son extrait dans certains cas, mais en ce qui concerne la plupart des glandes, leurs sécrétions sont encore inconnues ou bien n'ont été qu'en partie isolées.
Dans ces conditions, un homme intelligent, même s'il n'est ni médecin ni psychologue, s'il s'arme de patience et d'un gros dictionnaire, peut très bien s'aventurer dans le sujet des glandes, de leurs sécrétions et de leurs effets et, après une étude diligente du matériel disponible, il peut survoler ce sujet et rédiger un rapport. Cela peut, en effet, être très utile au public en général, en mettant à sa portée un résumé facile d'un problème important. Ce rapport pourrait aider aussi les spécialistes, non seulement en les renseignant sur l'effet produit sur les autres par des écrits techniques, mais aussi et plus spécialement en montrant comment un esprit ouvert, qui n'est pas encombré de données scientifiques, peut souvent avoir une meilleure perspective du sujet dans son entier. Cela serait particulièrement vrai si celui qui se livre à ce survol a pendant longtemps étudié les très anciennes croyances et les convictions de l'Orient sur la psychologie en général.
Dans mon examen du système des glandes endocrines, je n'ai pas l'intention de le décrire dans ses rapports et ses effets physiologiques ordinaires, telle que sa relation avec la croissance du corps, avec les cheveux, le cœur, le sang et les organes de procréation. Tout cela se trouve dans n'importe quel ouvrage médical, même dans ceux publiés au siècle dernier. Mon intention est d'exposer ce que les chercheurs modernes aux idées avancées, médecins et psychologues, déduisent d'une étude des glandes et ce qu'ils pensent être les effets de celles-ci sur le comportement humain. Je veux aussi vérifier les assertions si souvent émises, selon lesquelles ces mystérieuses sécrétions internes sont responsables des actes, des émotions et de la mentalité de l'homme lui-même. Les spécialistes disent : comprenez les glandes et vous comprenez l'homme.
En considérant ainsi les glandes, je citerai souvent certains ouvrages, non seulement parce que ces citations donnent plus d'autorité à ce qu'on écrit, mais aussi parce qu'on peut ainsi rendre plus clair le point de vue donné.
Ces ouvrages, et en général les spécialistes de la question, utilisent des termes qui confondent le lecteur ordinaire. La sécrétion de la glande thyroïde, par exemple, a été étiquetée "acide tri-iodo-trihydro-exygindolepropionique"
! Dans toute la mesure du possible, j'éviterai l'emploi d'expressions aussi comiques.
Avant de considérer les glandes, il est sans doute indiqué de dire ce que nous entendons par le terme "psychologie". L'Occident ne tient plus compte du sens dérivé, déjà indiqué, de logos ou loi, de psyché ou âme.
Leary nous en donne une définition claire :
"La science du comportement humain, dans le sens le plus large du terme "comportement", est le sens qui inclut tout ce que fait l'être humain, tout ce qu'il a. Dans ce sens, c'est le comportement de la personnalité intégrée tout entière qui est considéré.
La psychologie traite de l'organisme pris comme un tout, comme un individu intégré et orienté, en contact avec d'autres individus dans un environnement extérieur complexe, en partie physique et en partie social, en résumé, comme une personnalité.
Psychologiquement, le comportement des êtres humains (...) ramène à des faits et des conclusions physiologiques, puis à ceux du domaine de la biologie, ensuite à ceux de la biochimie, puis à ceux de la chimie en général et enfin, inévitablement, à la physique en tant que science de la matière en mouvement." (LearyDaniel B., Modernpiychology, normal and abnormal, pp. 10, 14,)
La psychologie est, par conséquent, la science de l'activité de l'homme en tant qu'organisme vivant, dans le milieu où il se trouve ; c'est la science des rapports entre l'homme et ce milieu. C'est la science du comportement humain, mais non dans le sens éthique de bonne ou mauvaise conduite. Mais que trouve-t-on derrière ce comportement ?
Hocking dit, "Le soi est en réalité un système de comportement. Mais c'est un système de comportement poursuivant un but qui provient d'un espoir persistant. Le noyau même du soi est son espoir." (Hocking William E., Self Its body and freedom, p 46.)
L'espoir que la vie peut devenir quelque chose de plus grand qu'elle ne le fut auparavant est en vérité un espoir persistant. Mais nous savons que, s'il doit être réalisé, il faut que nous-mêmes participions à cette réalisation.
De là vient ce comportement qui poursuit un but dont parle Hocking.
Il y a trois principaux facteurs dans ce domaine du comportement humain et de la personnalité. D'abord, l'environnement. Il est beaucoup plus qu'un simple fait présent, ou ensemble de faits, ou qu'une simple scène sur laquelle se joue le drame. Il a été défini comme étant "tout ce qui n'est pas l'organisme, que ce soit culturel, social, physique ou de quelque autre nature, présent en fait ou enregistré". (Leary Daniel B., Modern psychology, normal and abnormal, p 45. ) Il y a ensuite l'appareil humain et particulièrement l'appareil de réponse que nous allons examiner avec plus de détails. Il y a enfin, la conduite, ou le résultat des relations entre le milieu et l'appareil de réponse. Avec un milieu donné et un certain appareil de réponse, certaines lignes de conduite sont inévitables. L'interaction de ces trois facteurs aboutit au comportement humain.
Nous nous intéressons ici plus particulièrement au deuxième de ces facteurs, l'appareil de réponse.
Certains aspects du mécanisme de cet appareil méritent plus d'attention que d'autres, notamment le système nerveux et celui des glandes endocrines, deux systèmes qui, dans le corps humain, fonctionnent en étroite coordination.
C'est par l'intermédiaire du système nerveux, qui est peut-être la partie la plus complexe et la plus merveilleuse de la structure humaine, que nous prenons contact avec notre milieu, le monde extérieur et que nous sommes adaptés pour fonctionner en lui. Par ce système, nous devenons conscients de ce qui est tangible ; grâce au réseau des nerfs, à la colonne vertébrale et au cerveau, nous devenons conscients des informations qui nous sont constamment communiquées. Le long des millions de lignes télégraphiques que sont nos nerfs, ces messages sont transportés vers la centrale de force qu'est notre cerveau et transformés alors d'une manière mystérieuse en informations. Nous réagissons à ces informations ; une activité inverse est ainsi instituée et nous passons à l'action.
Parallèlement à cette démonstration d'énergie nerveuse qui arrive et qui repart, il y a les activités du système des glandes endocrines et du système musculaire ; ces activités sont si étroitement interdépendantes que si les glandes endocrines ne fonctionnent pas normalement, il n'y a pas de réponse adéquate aux informations transmises, ni de transformation d'un type d'énergie en un autre.
L'appareil de réponse et le mécanisme correspondant ont été résumés comme suit :
"L'organisme est un dispositif de transformation qui modifie l'énergie provenant du milieu et qui est reçue par les organes récepteurs, en une énergie musculaire et glandulaire. En même temps, en tant que dispositif de transformation, il se transforme aussi lui-même selon ceux-là et d'autres stimuli d'origine interne ; ces deux ensembles de stimuli et ces deux productions d'énergie coopèrent à l'acte complet, au comportement de l'organisme." (Leary Daniel B., Modern psychology, normal and abnormal, p 33.)
Le système nerveux et les muscles peuvent être considérés comme étant l'appareil physique de réponse et le moyen par lequel s'exprime la réponse physique au milieu, mais il faut considérer le système nerveux et les glandes endocrines comme l'appareil intelligent et émotionnel de réponse et le moyen par lequel cette réponse est faite.
On prétend que l'activité réciproque entre l'appareil et le milieu provoque la conduite et le comportement, que le sentiment et l'activité de la pensée ont leur siège dans le système endocrinien et que la nature même de l'homme est ainsi expliquée !
"Il est probable", continue Leary, "qu'en fin de compte, lorsque la spéculation actuelle aura été remplacée par une connaissance plus adéquate et mieux fondée, nous découvrirons que le siège du tempérament se trouve dans les glandes endocrines ou qu'il y a une étroite relation avec elles." (Ibid., page 189.)
H. Rubin dit que "tout ce que nous sommes et tout ce que nous ne pouvons jamais espérer être, dépend très largement du fait que nous soyons nés ou non avec des glandes endocrines normales." (Rubin H H, Your mysterious glands, p 10.).
Et Leary dit "Les émotions sont plus étroitement concernées que les instincts par les intercepteurs, les muscles lisses et les glandes endocrines." (Leary B., ouvrage cité, p. 61.). I. G. Cobb nous dit :
"(…) la différence entre l'intelligence et l'idiotie est représentée par seulement trois grains et demi de sécrétion thyroïdienne. C'est proprement effrayant de penser que l'absence d'un élément chimique peut empêcher le développement du mental et du corps d'un individu." (Cobb I. G, The glands of destiny. )
Dans son Introduction, Cobb nous dit également :
"Il est indiscutable que c'est l'action des glandes qui détermine la structure du corps ; et l'attitude mentale – les complexes de comportement – de l'individu semble dépendre du bien-être physique ; sans aucun doute, le bien-être physique dépend de l'action et des réactions harmonieuses des diverses sécrétions glandulaires (...).
Bien que nous ne soyons qu'au début de cette étude, nous avons pourtant suffisamment avancé pour réaliser que, de même que certains éléments se forment dans le corps par l'action particulière des glandes endocrines, de même, le mental reçoit sa part de la même source."
Dans une récente allocution, le professeur J. S. Huxley disait : "Il paraît clair que le tempérament – plus important que l'intellect pur pour parvenir au succès – dépend surtout de l'équilibre des diverses glandes à sécrétion interne, la thyroïde, la pituitaire et les autres. Il se pourrait bien que, plus tard, la physiologie appliquée découvre la manière de modifier le tempérament.
En ce qui concerne le tempérament, Hocking fait observer :
"Il n'y a pas la moindre raison de douter du fait que les glandes à sécrétion interne telles que les glandes surrénales, la thyroïde ou les glandes interstitielles exercent un profond effet sur le tempérament. La stimulation de certaines de ces glandes, ou l'injection de leur sécrétion, ou l'absorption de celle ci peuvent produire des changements considérés jadis comme miraculeux. Un crétin auquel on administre de la thyroxine peut arriver à être presque normal ; si on arrête le traitement, il revient à son état antérieur. Si on augmente la dose, malheureusement ni lui ni personne d'autre ne passe de l'état normal au génie ; on ne produit qu'une autre forme d'anomalie. Jusqu'à présent, aucune découverte chimique ne justifie l'espoir d'améliorer l'être humain normal. Il existe bien certaines drogues qui permettent à un individu de se sentir comme un génie, mais si les résultats ne sont pas évalués sous la même influence, ils sont étrangement décevants. Nous ne pouvons donc pas fonder sur ces découvertes
de trop grands espoirs pour l'avenir de l'humanité. Mais il est certain que, dans un sens original, l'âme a sa propre chimie et un manque d'iode transformera un homme intelligent en un idiot."
L'étude des glandes endocrines et de leurs effets non seulement sur la structure physique, mais aussi sur le comportement, est donc d'une importance vitale. Que sont donc les glandes ? Et que sont les glandes endocrines souvent mentionnées ? I. G. Cobb nous dit :
"On peut diviser les glandes en deux groupes principaux, celles qui concernent le système de drainage, les glandes Lymphatiques, et celles qui sécrètent des produits utilisés dans le travail du corps. Les glandes Lymphatiques ne nous intéressent pas ici. Le rôle des glandes composant le second groupe est d'apporter des fluides qui, agissant de concert, contrôlent et règlent les processus physiques ; elles se subdivisent à leur tour en deux groupes.
Le premier comprend les glandes ayant des canaux qui leur permettent de décharger leur contenu. Le second n'a pas de canaux ; les sécrétions sont absorbées directement par le courant sanguin. Elles sont appelées glandes endocrines et leurs produits, sécrétions internes. On appelle endocrinologie l'étude des glandes à sécrétion interne."
Le terme "endocrine" provient du mot grec "krinein" qui signifie séparer.
H. H. Rubin écrit :
"Les glandes à sécrétion interne ou organes de sécrétion sont souvent appelées les glandes endocrines. Leurs sécrétions sont absorbées directement par le sang et par les courants de Lymphe nutritive ; il semble donc que le corps fournit ses propres drogues.
Ces sécrétions contiennent les hormones ou messagers chimiques de l'organisme qui provoquent certaines des réactions les plus merveilleuses que connaisse la physiologie. En fait, il a été dit que les hormones sont à la physiologie ce que le radium est à la chimie." (Rubin H. H., Your mysterious glands, pp. 8 et 9.)
Ce système des glandes endocrines constitue une unité fonctionnelle qui travaille grâce à une coopération et une interdépendance maximum. L. Berman nous dit que "le corps et le mental forment une corporation parfaite dirigée par les glandes à sécrétion interne (...). Derrière le corps et derrière le mental se trouve ce conseil de direction." (Berman Louis, The glands regulating personality, p. 96, 97. ) En réalité, toutes les glandes travaillent à l'unisson. On sait qu'elles harmonisent leur activité, s'équilibrent les unes les autres, et on prétend que c'est en unissant leurs effets qu'elles font de l'homme ce qu'il est.
En réalité, elles forment un système étroitement entrelacé, ayant des fonctions et des organismes différant clairement de ceux des autres systèmes du mécanisme humain. Le système sanguin et le système nerveux poursuivent leurs propres activités, mais sont étroitement liés au système endocrinien. Le sang transporte d'une manière mystérieuse les hormones particulières des différentes glandes, et le système nerveux paraît être plus spécialement relié au développement psychique, lequel repose sur le fonctionnement normal ou non des glandes endocrines.
Cet examen du système des glandes endocrines nous amène naturellement à poser la question : "Que sont donc les glandes endocrines ?"
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Nom |
Emplacement |
Sécrétion |
1. |
Pinéale |
Tête |
inconnue |
2. |
Pituitaire |
Tête |
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antérieure |
inconnue |
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postérieure |
Pituitrine |
3. |
Thyroïde |
Gorge |
Thyroxine |
4. |
Thymus |
Thorax |
inconnue |
5. |
Pancréas |
Région du Plexus solaire |
Insuline |
6. |
Surrénales |
Derrière les reins |
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Cortex |
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Moelle |
Adrénaline |
7. |
Gonades |
Abdomen des testicules et des ovaires |
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Ainsi nous avons dans la tête et le torse un réseau de glandes importantes qui, dit-on, déterminent physiologiquement la structure, la croissance et les transformations chimiques du corps et qui, psychologiquement, déterminent les réactions émotionnelles et les processus de pensée de l'être humain. Partant, elles produiraient ses qualités, bonnes ou mauvaises, son comportement, sa façon de mener ses affaires et même son caractère.
Nous allons maintenant étudier les sept glandes mentionnées, mais nous nous en tiendrons à l'étude de leurs effets mentaux et psychiques.
1.
La glande pinéale, située dans la tête et dont la sécrétion est inconnue.
Elle est en forme de cône, de la grosseur d'un petit pois ; elle se trouve au centre du cerveau, dans une petite cavité, derrière et au-dessus de la glande pituitaire qui se trouve un peu à l'arrière de la racine du nez. La glande pinéale est reliée au troisième ventricule du cerveau. Elle contient un pigment semblable à celui de la rétine de l'œil et aussi une certaine quantité de ce qui a été appelé "particules de sable du cerveau". F. Tilney dit :
"De nombreuses tentatives ont été faites pour déterminer la fonction de la glande pinéale, si tant est qu'elle en ait une. Est-elle indispensable
à la vie, ou bien joue-t-elle un rôle important à une certaine phase de l'activité du métabolisme ? Nous pouvons sans doute admettre que cet organe a une fonction chez l'homme et chez la plupart des mammifères. Il n'est pas improbable que ce rôle soit particulièrement déterminé par une sécrétion interne certainement non indispensable à la vie.
L'influence exacte qu'exerce la sécrétion pinéale demeure encore obscure." (Tilney Frederick, The pineal gland, pp. 537-542.)
Il a été aussi suggéré que cette glande détermine notre réaction à la lumière, qu'elle exerce un effet précis sur la nature sexuelle, qu'elle a un rapport avec la croissance du cerveau et qu'une plus grande activité de sa part provoque une certaine précocité intellectuelle, ainsi que l'indique clairement le cas cité ci-dessous.
Les recherches concernant les glandes endocrines ont continué depuis que ce chapitre fut rédigé. Les informations données ici ne sont donc pas les dernières en date, mais les postulats fondamentaux de l'auteur gardent toute leur valeur. F.B.
Cette glande a aussi été appelée le troisième œil et aussi l'œil du Cyclope. A part ces faits ou ces suppositions, les chercheurs avouent franchement qu'ils ne connaissent rien et que peu d'informations ont été apportées par les expériences tentées.
On a fait absorber de l'extrait de glande pinéale à des enfants et à des anormaux ; les sujets âgés de plus de quinze ans n'ont manifesté aucune réaction, et celle-ci a été contradictoire dans tous les autres cas ; en conséquence, il n'a pas été possible d'en tirer une déduction.
Jusqu'à ces dernières décennies, peu d'attention avait été accordée à la glande pinéale. Puis se produisit le cas, signalé par le Dr Berman, d'un enfant soigné dans une clinique allemande pour des troubles oculaires et des maux de tête. Il avait cinq ans, était avancé pour son âge et avait apparemment atteint le stade de l'adolescence. Il était d'une intelligence anormalement brillante, capable de discuter de sujets métaphysiques et spirituels. Il avait une conscience de groupe développée et n'était heureux que lorsqu'il pouvait partager ce qu'il avait avec les autres. Son état empira rapidement après son arrivée à la clinique et il mourut au bout d'un mois. L'autopsie fit découvrir une tumeur de la glande pinéale. (Berman Louis, The glands regulating personality, p 89.)
Comme on le verra plus loin, ce cas présente un intérêt spécial en raison des conclusions des philosophes orientaux.
La plupart des ouvrages signalent que la glande pinéale est indiquée par les philosophes anciens comme étant le siège de l'âme et on se réfère souvent à Descartes qui a dit que "chez l'homme, l'âme et le corps ne se rencontrent qu'à un seul endroit, la glande pinéale, dans la tête".
N'y aurait-il pas un lien réel, une indication de vérité cachée dans l'ancienne croyance selon laquelle la glande pinéale est le siège de l'âme et, dans le fait – qui semble établi – que cette glande est caractéristique de l'enfance et que, plus tard, elle s'atrophie ? Les enfants croient facilement en Dieu et reconnaissent Son existence.
Le Christ dit que "le Royaume des Cieux est en vous" et "à moins que vous ne deveniez comme des petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux."
Cela fait également penser à "l'Ode évoquant le sentiment de l'Immortalité, d'après les souvenirs de la petite enfance", de Wordsworth :
"Notre naissance n'est qu'un sommeil et qu'un oubli ;
L'âme qui monte en nous, l'étoile de notre vie
A effectué autre part son coucher
Et vient de très loin ;
Pas dans un oubli total,
Et pas non plus dans une nudité complète,
Mais traînant derrière nous des nuages de gloire, nous venons
De Dieu qui est notre demeure :
Les cieux se trouvent autour de nous dans notre enfance !
Les ombres de la prison commencent à se refermer
Sur l'Enfant qui grandit,
Mais il aperçoit la lumière et l'endroit d'où elle vient
Et il la voit dans sa joie.
L'adolescent qui en s'éloignant chaque jour de l'Est
Doit voyager, reste cependant le prêtre de la Nature
Et sur sa route il est accompagné
De la vision splendide.
A la longue, l'Homme l'aperçoit qui meurt
Et s'évanouit dans la lumière des jours ordinaires."
La philosophie orientale confirme l'existence du lien possible entre la glande pinéale et l'âme.
2.
Le corps pituitaire, situé dans la tête, dont la sécrétion de sa partie antérieure est inconnue et celle de sa partie postérieure est la pituitrine.
On a témoigné de l'intérêt à la glande pituitaire depuis des siècles ; mais jusque vers la fin du siècle dernier, on savait si peu de chose à son sujet qu'on la considérait comme un organe à sécrétion externe. En fait, il s'agit de deux glandes en une ; elle a la grosseur d'un pois et se trouve à la base du cerveau à peu de distance de la racine du nez.
Elle a été appelée "le cher trésor de la nature", du fait qu'elle repose dans une niche, comme "un crâne à l'intérieur d'un crâne".
Comme toutes les glandes, sous une forme ou une autre, elle a un rapport étroit avec le sexe et avec certains phénomènes périodiques tels que le sommeil et les époques menstruelles. Il nous est dit qu'elle fournit un effort continu, qu'elle consomme de l'énergie et qu'elle est essentielle à la vie. On pense qu'elle stimule les cellules cérébrales et exerce "une influence importante et directe sur la personnalité". Il nous est aussi dit que son développement insuffisant cause, ou du moins accompagne, une infériorité morale et intellectuelle frappante, ainsi qu'une absence de contrôle de soi, mais qu'un développement satisfaisant s'accompagne d'une activité mentale prononcée. Elle semble avoir un rapport très étroit avec nos qualités émotionnelles et mentales.
Comme nous l'avons dit, la glande pituitaire est en réalité deux glandes en une. La sécrétion de la glande pituitaire postérieure est appelée la pituitrine.
"La glande pituitaire postérieure régit les instincts sexuels maternels et leur sublimation, les instincts sociaux et créateurs (...). On pourrait dire qu'elle vitalise profondément les émotions et la tendresse (...). Car tous les sentiments fondamentaux (opposés au sentimentalisme intellectualisé et auto protecteur), la tendresse du cœur, la sympathie et la sensibilité font partie de ses fonctions."
On ne connaît pas la sécrétion de la glande pituitaire antérieure.
"On a décrit la glande pituitaire antérieure comme la glande de 'intellectualité (...). Par ce terme nous voulons dire la capacité du mental de dominer le milieu au moyen de concepts et d'idées abstraites."
Le Dr Berman ajoute ceci :
"L'activité mentale s'accompagne d'un fonctionnement accru de la glande pituitaire antérieure si elle est intellectuelle, et de la pituitaire postérieure si elle est émotionnelle."
De l'étude de ces commentaires, on voit que les qualités de la personnalité – les émotions, que ce soit l'instinct maternel ressenti aussi par les animaux, l'amour du prochain ou l'amour de Dieu – sont considérées comme dépendant en grande partie de la condition de la glande pituitaire ; il en est de même de la capacité d'intellectualiser.
Envisageant le problème sous un angle différent, l'étudiant de la sagesse orientale démontre la justesse relative de toutes ces suppositions.
3.
La thyroïde, située dans la gorge et dont la sécrétion est la thyroxine.
La thyroïde est mieux connue que la pinéale ou la pituitaire ; du point de vue de la sagesse orientale, c'était prévisible. Cette glande, située à la partie antérieure et inférieure du cou, près du larynx, est de grande dimension. Ce fut jadis une glande sexuelle ; appelée souvent le "troisième ovaire" elle est toujours impliquée dans les cas intéressant ces organes. Chez les vertébrés inférieurs, elle est nettement liée aux canaux des organes sexuels mais au cours de l'évolution, "ce rapport se perd et la thyroïde se déplace de plus en plus vers la tête pour devenir le lien principal entre le sexe et le cerveau". On nous dit aussi qu'elle préside à la différenciation des tissus et qu'elle a un pouvoir antitoxique, prévenant les empoisonnements et accroissant la résistance au poison.
Cependant, la glande thyroïde, par-dessus tout, contrôle le métabolisme. On l'a appelée le lubrificateur efficace de la transformation de l'énergie et elle est le grand catalyseur de l'énergie dans le corps. Elle dirige la rapidité de la vie et constitue la clé de voûte du système endocrinien. Elle est indispensable à la vie.
Grâce au travail fait avec les anormaux, les attardés et les idiots, les chercheurs sont parvenus à la conclusion que, selon le Dr Berman :
"Sans la thyroïde, il ne peut y avoir complexité de pensée faculté d'apprendre, éducation, habitudes, capacité de réponse aux situations, pas plus qu'il n'y aurait développement physique de faculté et de fonction, ni reproduction d'espèce ; il n'y aurait ni signe d'adolescence à l'âge habituel, ni manifestation de tendances sexuelles par la suite.
La sensibilité, la possibilité de discerner les différents degrés de sensation et l'acuité des perceptions constituent une autre faculté de la glande thyroïde. La thyroïde très développée rend plus énergique comme elle rend plus sensible ; l'homme sent mieux les choses, il ressent la souffrance plus rapidement, car il parvient plus vite au stade où le stimulus endommage son système nerveux."
Comme la pituitaire, la thyroïde a des rapports étroits avec la mémoire.
"(...) la pituitaire paraît concerner la préservation de ce que conserve la mémoire (...)
La mémoire de la thyroïde s'applique plus particulièrement à la perception et aux préceptes, la pituitaire à la conception (lecture, étude, pensée) et aux concepts."
4.
Le thymus, situé dans le thorax supérieur et dont la sécrétion est inconnue.
On ne sait pratiquement rien de cette glande qui est l'une des plus mystérieuses. Comme la glande pinéale, elle est considérée comme une glande de l'enfance, mais toutes deux ont échappé à toutes les recherches jusqu'ici.
Le thymus est situé dans la poitrine et recouvre la partie supérieure du cœur ; il est peut-être lié à la nutrition et à la croissance ; il semble avoir un rapport avec l'absence du sens des responsabilités propre à l'enfance ; lorsqu'il continue à fonctionner chez l'adulte, celui-ci fait preuve 'irresponsabilité et d'amoralité.
5.
Le pancréas, situé dans la région du plexus solaire et dont la sécrétion est l'insuline. La plupart des informations en ce qui concerne le pancréas sont d'ordre strictement physiologique et, par conséquent, n'ont pas leur place ici. Il suffit de dire qu'il est situé dans l'abdomen, près du plexus solaire (cerveau de la nature animale instinctive) et qu'il concerne étroitement la "mobilisation de l'énergie dans des buts physiques et mentaux. Il produit deux sécrétions appelées toutes deux insuline ; l'une est liée au processus de digestion et l'autre intéresse le métabolisme du sucre. Si les cellules n'ont pas une quantité suffisante de sucre aucun travail musculaire ou nerveux, essentiel dans la lutte pour la vie, n'est possible."
6.
Les glandes surrénales, situées derrière les reins ; la sécrétion de leur cortex n'est pas connue et celle de leur moelle est l'adrénaline.
Ces glandes sont doubles et situées de chaque côté de l'abdomen, sur et derrière les reins. Elles agissent sur la croissance générale et sur celle des cellules cérébrales. La substance corticale (à laquelle aucun nom n'a été donné) est l'une des sources de la sécrétion interne qui produit la maturité.
Les glandes surrénales sont essentiellement des glandes de combativité. Elles produisent la réaction puissante et immédiate que manifestent les hommes en face du danger et dans la colère ; leur sécrétion est stimulée dans les moments critiques. La souffrance, la rage et la peur ont un effet très net sur leur sécrétion.
Et aussi :
"Le courage est si étroitement lié à la peur et à la colère que dans toute discussion on les trouve toujours associés. Le courage est considéré généralement comme l'émotion opposée à la peur. Cela indiquerait que le courage est simplement une inhibition du travail des surrénales. En réalité, le mécanisme du courage est plus complexe. Il faut distinguer le courage animal et le courage délibéré. Le premier est littéralement le courage de la bête. Comme on l'a fait remarquer, les animaux possédant la plus grande quantité de cortex surrénal sont batailleurs, agressifs, prêts à charger ; ce sont les rois des forêts et des plaines. L'émotion qu'ils ressentent est probablement la colère accompagnée d'un désir de sang, sans préoccupation des conséquences. Pour eux, l'objet qu'ils attaquent agit comme un chiffon rouge agité devant le taureau ; il stimule puissamment la sécrétion du cortex surrénal et cet apport dans le sang allume pour ainsi dire l'instinct de colère. Dans le courage, le courage délibéré, il y a plus que l'instinct. Il y a un acte de volition, une manifestation de volonté. En admettant que, sans le cortex surrénal, le vrai courage soit impossible, il faut pourtant attribuer à la pituitaire antérieure le principal mérite du courage. En réalité, c'est le mélange de sa sécrétion avec celle du cortex surrénal qui produit le véritable courage. C'est donc la raison pour laquelle ce sont surtout les hommes appartenant au type pituitaire antérieur qui accomplissent les actes de courage."
7.
Les gonades, situées dans l'abdomen inférieur et dont la sécrétion est celle des testicules et des ovaires.
Les gonades ou glandes interstitielles sont les glandes sexuelles à sécrétion externe, mais on sait qu'elles ont également une sécrétion interne. Leur principale sécrétion sert à la reproduction.
Il n'est pas nécessaire de s'étendre sur les effets de ces glandes sur la personnalité. L'impulsion sexuelle et ses divers effets secondaires physiques et psychiques sont bien connus et ils sont l'objet de nombreuses études ; ces études, qui concernent surtout les perversions et les inhibitions, se sont montrées d'une importance vitale pour la compréhension de l'humanité. Certains psychologues attribuent toutes les réactions humaines – physiques, émotionnelles et mentales – au sexe et seulement au sexe ; derrière les opinions extrêmes, nous savons qu'il y a un fond de vérité. D'autres psychologues considèrent que le sexe joue un rôle important, mais qu'il n'explique pas tout. La sagesse orientale offre une interprétation qui mérite considération et que nous exposerons lors de l'étude des centres de force et leur rapport avec les glandes.
De tout ce qui précède, et aussi de nombreux livres et articles écrits à ce sujet, nous pouvons donner le bref résumé suivant.
Toute la question en est encore au stade expérimental et il reste beaucoup à faire. Il existe cependant un rapport étroit entre les glandes et une certaine similitude de fonctionnement ; la plupart d'entre elles agissent sur le métabolisme et la croissance ; toutes paraissent étroitement liées à la vie sexuelle. Enfin, elles déterminent apparemment le type et le tempérament de la personnalité.
Toute expérimentale que soit cette science, il semble que l'homme ait été enfin compris et psychanalysé. Ces processus, difficiles à saisir et intangibles que sont les émotions et les concepts mentaux, sont maintenant expliqués par rapport à la matière.
L'homme est classé selon le fonctionnement de ses glandes et du système nerveux, selon le développement et le fonctionnement, bon ou mauvais, de l'appareil de contact et de réponse. Un saint peut devenir un pécheur et un pécheur, un saint, en augmentant ou en diminuant simplement certaines sécrétions internes. L'homme n'est par conséquent ni meilleur ni pire que l'équipement avec lequel il est venu au monde ; et son mécanisme en est la parfaite expression. Il peut l'améliorer ou le détériorer, mais cet appareil constitue le facteur déterminant. Le libre arbitre est éliminé et l'immortalité niée. Ce qu'un homme peut faire de mieux est de faire en sorte qu'il soit heureux et, aussi, d'assumer la responsabilité de construire des corps meilleurs afin que les prochaines générations puissent être psychiquement meilleures.
Que nous soyons d'accord ou non avec ces conclusions, nous pouvons au moins admettre que, le mécanisme étant l'objet de toute cette étude, il devrait finalement être possible de déterminer les lois et les méthodes permettant la construction de corps parfaits qui, à leur tour, deviendraient les instruments permettant à une parfaite nature psychique de fonctionner.
Mais toutes ces conclusions concernant les glandes endocrines sont-elles, en réalité, correctes ? L'homme, dans ses grandes lignes, a-t-il été classifié, catalogué et ne reste-t-il plus rien à faire que de remplir certains blancs dans ce schéma général ? Qui peut le dire ? Je crois que la solution peut se trouver en répondant à deux questions ou à deux groupes de questions : la première a trait à l'individu et la seconde, au tout.
En ce qui concerne l'individu, les glandes et les fonctions glandulaires sont-elles des causes premières ou bien simplement des effets ou des moyens ? N'y a-t-il pas, en réalité, derrière elles, quelque chose de plus grand ? En chacun de nous, n'existe-t-il pas une âme, agissant au moyen du mécanisme physique et psychique ? En résumé, Saint Paul n'avait-il pas raison de dire que l'homme a un corps physique et un corps spirituel, faisant comprendre que la gloire du corps physique est une chose, et que la gloire du corps spirituel en est une autre ?
En ce qui concerne la seconde et plus vaste question, un simple mécanisme est-il tout ce qui constitue l'existence et tout ce à quoi elle aboutit, et notre seule étoile guidant le perfectionnement de ce mécanisme ? Dans l'affirmative, alors "mangeons et buvons, car demain nous mourrons". En réalité, n'y a-t-il pas en nous non seulement un soi plus subtil – appelé esprit, âme ou autre chose – mais un soi qui, lui-même, fait partie d'un tout transcendant – appelé Dieu comme le fait la religion, ou Ame adombrante comme le fait Emerson, ou de n'importe quel autre nom, mais de toute manière un tout transcendant, dont la gloire et le rayonnement dépassent toute compréhension ? Ne pourrons-nous jamais être un avec Cela, et, en attendant, notre besoin d'union ne nous conduit-il pas toujours plus avant ? Ce qui est corruptible ne sera-t-il pas un jour incorruptible ? Ce qui est mortel ne pourra-t-il devenir immortel ? Ne vaincrons nous jamais la mort ?
Pour trouver des réponses à ces questions, tournons-nous maintenant vers la sagesse orientale.