II. Le nouvel ordre mondial


J'admets en postulat que mes lecteurs reconnaissent qu'il existe quelque direction intelligente ou spirituelle de l'humanité. Peu importe le nom qu'ils donnent à ce Dessein qui guide l'humanité. Certains l'appelleront la Volonté de Dieu ; d'autres, la tendance inévitable du processus de l'évolution ; d'autres peuvent croire à des forces spirituelles de la planète ; d'autres peuvent considérer qu'il s'agit de la Hiérarchie spirituelle de la planète, la Grande Loge Blanche ; des millions de personnes disent que l'humanité est guidée par le Christ et ses disciples. Quoi qu'il en soit, on reconnaît universellement l'existence d'un Pouvoir directeur, exerçant une pression au cours des âges, qui semble tout conduire vers un bien ultime.
Il a fallu une direction déterminée pour conduire l'homme du stade de l'homme primitif au niveau d'évolution où un Platon, un Shakespeare, un Léonard de Vinci, un Beethoven purent apparaître. Un certain pouvoir a suscité chez l'homme la faculté de formuler des idées, de produire des systèmes de théologie, de science et de gouvernement. Quelque motif intérieur puissant a donné à l'homme son aptitude à créer de la beauté, à découvrir les secrets de la nature. Une certaine compréhension de la responsabilité divine est à l'arrièreplan de la philanthropie, des systèmes d'éducation et des mouvements de secours social du monde entier. Le progrès de l'esprit humain a consisté en un développement irrésistible, en une appréciation croissante de la réalité, de la beauté et de la sagesse. L'instinct s'est développé pour devenir l'intellect ; l'intellect commence à se transformer en intuition. La signification de Dieu, la perception consciente du pouvoir divin de l'homme, la faculté croissante de comprendre et de partager le mode de pensée des autres, indiquent progrès et développement.
Cette image de la beauté de l'esprit humain doit être placée à côté de l'image précédente de l'égoïsme et de la cruauté des hommes. Les deux images sont vraies, mais seule celle de la beauté est éternelle ; l'autre n'est que transitoire. L'homme est un composé d'expressions élevées et basses ; derrière toutes les guerres et les difficultés qui accompagnent le progrès humain au cours des âges, on trouve ce facteur majeur – la lutte persistante et ancienne de l'aspiration spirituelle de l'homme et de ses désirs matériels. Cet état de choses est aujourd'hui centré sur le conflit qui fait rage entre les puissances totalitaires et les nations qui luttent pour les droits de l'esprit humain et pour la liberté de l'humanité.
Mon emploi du mot spirituel n'a rien à voir avec l'emploi de ce mot par les religions orthodoxes, si ce n'est que l'expression religieuse fait partie de la spiritualité générale de l'humanité. Est spirituel tout ce qui tend à la compréhension, à la bonté, à ce qui engendre la beauté et peut conduire l'homme à une expression plus complète de ses potentialités divines. Est mauvais tout ce qui entraîne l'homme plus profondément dans le matérialisme, qui néglige les valeurs supérieures de la vie, qui soutient l'égoïsme, qui dresse des barrières à l'établissement de justes relations humaines et nourrit l'esprit de séparativité, de peur, de vengeance.
Sur la base de ces distinctions, il apparaît sûrement que Dieu est du côté des nations alliées, car on ne peut pas supposer que le Christ soit du côté d'Hitler et du règne de l'agression cruelle. La Hiérarchie spirituelle de la planète jette tout le poids de sa force contre les puissances de l'Axe, dans la mesure, néanmoins, où les hommes de mentalité spirituelle peuvent collaborer, car nulle coercition ne peut être exercée sur le libre arbitre de l'homme. Nul n'a peur des nations alliées ; la situation actuelle n'a pas été précipitée par les Alliés ; leurs méthodes ne sont pas celles de la propagande mensongère ; ils ne terrorisent pas les faibles et les sans défense. Tout ceci est prouvé par les faits ; c'est cette reconnaissance qui est à la base de l'aide constante des Etats-Unis.
Le mode de vie et les objectifs spirituels des démocraties sont reconnus par tous ; ce sont ces derniers qui sont menacés par les concepts totalitaires sur la vie. Par le moyen des démocraties l'humanité parle.