II. Ecoles et disciplines ésotériques
Notre second sujet se rapporte au travail des écoles ou "disciplines" ésotériques, comme on les appelle parfois, et à l'instruction et à la sauvegarde des aspirants qui y travaillent.
J'aimerais tout d'abord rendre un point plus clair. La grande entrave au travail de la majorité des écoles ésotériques est aujourd'hui leur sens de séparativité et leur intolérance envers d'autres écoles et méthodes. Les dirigeants de ces écoles doivent bien comprendre le fait suivant. Toutes les écoles qui reconnaissent l'influence de la Loge trans-himalayenne et dont les membres sont liés consciemment ou inconsciemment avec des Maîtres de la Sagesse tels que le Maître Morya ou le Maître K.H. forment une seule école et font partie d'une seule "discipline". Il n'y a donc aucun véritable conflit d'intérêts. Du côté intérieur, si elles fonctionnent avec quelque efficacité, les diverses écoles sont considérées comme une unité. Il n'y a aucune différence de base dans l'enseignement, même si la terminologie utilisée peut varier ; la technique du travail est fondamentalement identique. Si l'on veut que le travail des Grands Etres avance comme il est souhaité en ces temps de tension et de besoin mondial, il est impératif que ces divers groupes commencent à reconnaître leur unité de but, de direction et de technique, et que leurs dirigeants réalisent que c'est la peur d'autres dirigeants et le désir que leur groupe soit le plus important numériquement, qui favorisent l'usage fréquent de certaines réflexions, comme : "c'est une discipline différente" ou "leur travail n'est pas le même que le nôtre". C'est une attitude qui empêche la vraie croissance de la vie et de la compréhension spirituelles chez les nombreux étudiants, groupés dans les multiples organisations extérieures.
Actuellement, la "grande hérésie de la séparativité" les corrompt. Les dirigeants et les membres parlent en termes de "notre" et "votre", de telle "discipline" ou telle autre, de telle méthode qui est bonne (généralement la leur) et de telle autre qui est peut-être correcte, mais probablement douteuse, sinon franchement mauvaise. Chacun considère son groupe comme étant spécifiquement voué à lui et à son mode d'instruction, et menace les membres de conséquences désastreuses s'ils coopèrent avec les membres d'autres groupes. Ils devraient au contraire reconnaître que tous les étudiants qui travaillent dans les écoles analogues et selon la même impulsion spirituelle sont les membres d'une seule école, unis par une unité subjective fondamentale.
Il faut qu'un jour ces divers corps ésotériques, à présent séparatifs, proclament leur identité, et que les dirigeants, étudiants et secrétaires se rencontrent et apprennent à se connaître et à se comprendre. Cette reconnaissance et cette compréhension les amèneront, un jour, à essayer de joindre leurs efforts mutuels, à échanger des idées et, en vérité et en fait, à constituer une grande école ésotérique dans le monde, avec des cours et des degrés, différents et ayant pour but d'instruire les aspirants, de les préparer à l'état de disciple, et de surveiller le travail des disciples se préparant à l'initiation. Alors cessera la tentative actuelle d'entraver le travail par des comparaisons de méthode et de technique, par la critique et la diffamation, par les mises en garde et le culte de la peur et par l'exclusivité. Ce sont ces attitudes et ces méthodes qui, à l'heure actuelle, entravent l'entrée de la pure lumière de la vérité.
Les aspirants, dans ces écoles, présentent un problème différent de celui des médiums ordinaires. Ils se sont soumis à un entraînement intellectuel et à un processus accéléré qui est censé amener la fleur de l'âme à une floraison prématurée, pour servir la race humaine plus rapidement et plus efficacement, et pour coopérer au plan de la Hiérarchie. Ce faisant, ces étudiants se rendent vulnérables à des dangers et des difficultés qu'ils auraient évités s'ils avaient choisi un chemin plus long, mais tout aussi sûr. Ce fait doit être compris de tous ceux qui travaillent dans ces écoles ; le problème doit être soigneusement expliqué au nouvel aspirant, pour qu'il soit sur ses gardes et observe scrupuleusement règles et instructions. Il ne doit pas avoir peur ni refuser de se soumettre à ce processus accéléré, mais il doit l'aborder avec les yeux ouverts ; il faut lui enseigner comment profiter des protections offertes et de l'expérience des étudiants plus anciens.
Dans toutes les écoles ésotériques, l'accent est mis nécessairement et à juste titre sur la méditation. Du point de vue technique, la méditation est le processus par lequel le centre de la tête est éveillé, maîtrisé et utilisé. Lorsqu'il en est ainsi, l'âme et la personnalité sont coordonnées et fusionnées ; une unification a lieu qui produit chez l'aspirant un influx considérable d'énergie spirituelle, qui galvanise tout son être, le rend actif, et attire à la surface tout le bien latent et aussi le mal. C'est là que se trouve une grande partie du problème et du danger. D'où l'accent mis dans les vraies écoles sur la nécessité de la pureté et de la vérité. Il a été trop insisté sur la nécessité de la pureté physique et pas assez sur la nécessité d'éviter tout fanatisme et toute intolérance. Ces deux défauts entravent l'étudiant bien plus qu'un mauvais régime ; ils nourrissent les feux de la séparativité plus que n'importe quel autre facteur.
La méditation implique de vivre chaque jour une vie à but unique.
Ceci impose forcément une tension trop forte sur les cellules du cerveau, car des cellules en repos sont mises en activité et la conscience du cerveau s'éveille à la lumière de l'âme. Ce processus de méditation ordonnée, poursuivi pendant plusieurs années et complété par une vie méditative et un service à objectif précis, stimule avec succès tout l'organisme et fait passer l'homme inférieur sous l'influence et la domination de l'homme spirituel. Les centres de force du corps éthérique sont éveillés et le mystérieux courant d'énergie qui dort à la base de la colonne vertébrale devient actif. Quand ce processus se poursuit avec soin et avec les sauvegardes nécessaires, sous surveillance et sur une longue période, il y a peu de risques de danger ; l'éveil se fera normalement selon la loi de l'être. Si, néanmoins, l'accélération des vibrations et l'éveil sont trop poussés ou engendrés par différents exercices avant que l'étudiant ne soit prêt, que ses corps ne soient coordonnés et développés, alors l'aspirant court à la catastrophe. Les exercices de respiration ou l'entraînement du pranayama ne devraient être entrepris que sous direction experte, et seulement après des années d'application spirituelle, de dévotion et de service. La concentration sur les centres du corps de force, en vue de les éveiller, doit toujours être évitée ; elle causera une stimulation excessive, et ouvrira, sur le plan astral, des portes que l'étudiant pourrait avoir de la peine à fermer.
Je ne saurais trop insister auprès des aspirants de toutes les écoles occultes sur le fait que le yoga de cette période de transition est le yoga de l'intention concentrée, du dessein dirigé, de la pratique constante de la Présence de Dieu et de la méditation régulière et ordonnée, poursuivie systématiquement et fermement pendant des années.
Quand cela est accompli avec détachement et une vie de service aimant, l'éveil des centres et la montée du feu dormant de Kundalini se font en toute sécurité, et tout le système parvient au stade nécessaire de "vie". Je ne conseillerais jamais trop à l'étudiant d'éviter une méditation intensive durant des heures, d'éviter les pratiques ayant pour objectif d'éveiller les feux du corps, un centre particulier ou le serpent de feu. La stimulation générale du monde est si grande en ce moment, l'aspirant moyen si sensible et si délicatement organisé, qu'une méditation excessive, un régime fanatique, la réduction des heures de sommeil, ou trop d'intérêt pour l'expérimentation psychique, bouleverseront l'équilibre mental et causeront souvent un dommage irréparable.
Que les étudiants des écoles ésotériques s'installent dans un travail régulier, et de méditation paisible, et dénué d'émotivité. Qu'ils évitent les heures d'études prolongées. Leur corps est encore incapable de supporter la tension voulue et ils ne se font que du mal. Qu'ils aient une vie normale et active en se souvenant, dans la fièvre des tâches et du service quotidiens, de ce qu'ils sont essentiellement ainsi que de leurs objectifs. Qu'ils méditent régulièrement chaque matin, en commençant par une durée de quinze minutes et en ne dépassant jamais quarante minutes. Qu'ils s'oublient dans le service et qu'ils ne se concentrent pas sur leur propre développement psychique. Qu'ils se forment l'intellect par une étude normale et apprennent à penser intelligemment, afin que leur mental puisse contrebalancer leurs émotions et leur permette d'interpréter correctement ce avec quoi ils entrent en contact à mesure que leur prise de conscience s'étend.
Les étudiants doivent se rappeler que la dévotion au Sentier ou au Maître ne suffit pas. Les Grands Etres cherchent des collaborateurs intelligents, beaucoup plus qu'ils ne souhaitent une dévotion à leur personnalité ; l'étudiant qui poursuit sa route avec indépendance à la lumière de sa propre âme leur semble être un instrument plus sûr qu'un dévot fanatique. La lumière de son âme révélera à l'aspirant sérieux l'unité qui sous-tend tous les groupes et lui permet d'éliminer le poison de l'intolérance qui entache et entrave tant de gens.
Elle lui fera reconnaître les éléments spirituels fondamentaux qui guident les pas de l'humanité ; elle l'obligera à ne pas tenir compte de l'intolérance, du fanatisme et de la séparativité qui caractérisent les petits esprits et les débutants sur le Sentier ; elle l'aidera à les aimer si bien qu'ils commenceront à voir plus juste et à élargir leur horizon.
Elle lui permettra d'apprécier exactement la valeur ésotérique du service et lui apprendra avant tout à être inoffensif ; ce qui est la qualité dominante de tous les fils de Dieu. Il s'agit d'être inoffensif en ne prononçant aucun mot qui puisse faire du mal à une autre personne, en n'ayant aucune pensée qui puisse empoisonner ou produire un malentendu, en n'accomplissant aucune action pouvant le moins du monde blesser autrui. Voilà la principale vertu qui permet à l'étudiant de l'ésotérisme de fouler avec sécurité le difficile sentier de l'évolution. Lorsque l'accent est mis sur le service dédié à ses compagnons et que la tendance de la force de vie va vers l'extérieur, vers le monde, il n'y a plus alors de danger ; l'aspirant peut en toute sécurité méditer, aspirer et travailler. Ses motifs sont purs ; il cherche à faire passer le centre de son attention de lui-même au groupe. Ainsi la vie de l'âme peut se déverser en lui et s'exprimer en amour envers tous les êtres. Il sait qu'il fait partie d'un tout ; la vie de ce tout peut circuler en lui consciemment, le conduisant à comprendre la fraternité et son unité avec toutes les vies manifestées.