30-31. L'attention étant fixée sur le centre de la gorge, il s'ensuivra la suppression de la faim et de la soif. Par l'attention fixée sur le conduit ou nerf situé au-dessous du centre de la gorge, l'équilibre est atteint.

 

Il sied de se souvenir que tous les sutras traitant des pouvoirs psychiques sont sujets à une interprétation supérieure ou inférieure ; ceci n'est nulle part plus apparent que dans ce sutra-ci. Par la compréhension de la nature du centre de la gorge, et par une méditation concentrée sur celui-ci, le yogi peut suspendre les élancements de la faim et de la soif, et en conséquence, se passer indéfiniment de nourriture lorsque, en dirigeant l'énergie sur le segment du grand nerf de la gorge – placé juste au-dessous du centre de la gorge (qui se trouve dans le creux ou cavité de la gorge) – il peut obtenir l'immobilité et la rigidité absolues de la forme humaine. De même, par la concentration sur le plexus solaire, il peut prendre connaissance, en pleine conscience, de chaque partie de son corps physique. Mais ceci concerne les siddhis ou pouvoirs inférieurs, avec lesquels l'étudiant en Raja Yoga n'a pas à se préoccuper, car il les considère comme les effets secondaires du développement de l'âme. Il sait qu'ils résultent de l'observation correcte des huit moyens de yoga et en sont, par conséquent, les résultats automatiques et inévitables. Il sait aussi le danger qu'encourt l'organisme physique quand l'accent est mis sur leur aspect inférieur et physique.

La véritable signification des sutras ci-dessus, qui sont ici conjoints, découle de la compréhension du processus de transmutation et du transfert effectué dans le plexus solaire.

L'énergie du centre sacré qui alimente les organes génitaux est, en temps voulu, transférée dans le centre de la gorge. Le processus créateur se poursuit alors par la pensée, le son et la Parole. La faim et la soif constituent les deux aspects du désir ; l'un, la faim, étant positif, masculin et préhenseur ; l'autre, la soif, étant négatif, féminin et réceptif. Ces deux termes ne sont que les symboles de deux grandes impulsions sous-jacentes à l'impulsion sexuelle. Quand ces impulsions sont dominées et contrôlées, l'énergie du centre placé derrière les organes en cause, peut être portée vers le haut jusqu'à la gorge, et, en un sens ésotérique la faim comme la soif sont supprimées. Il ne faut pas oublier ici que ces deux mots représentent, sur le plan physique, l'analogie entre les grands couples de contraires que le yogi doit équilibrer, et qu'il équilibre effectivement lorsque le plexus solaire remplit sa plus haute fonction.

Sur le plan astral ou plan du désir, et dans le corps astral de l'aspirant, ce processus doit être mené à bien et parachevé. Il constitue le grand champ de bataille, que symbolise si grandiosement pour nous le corps humain, avec ses trois centres supérieurs, ses foyers inférieurs d'énergie, et le grand centre médian qu'est le plexus solaire, caractérisant le plan astral et son activité. La raison pour laquelle les trois sutras se lisent comme s'ils n'en faisaient qu'un est maintenant claire car un travail complet y est inclus.

Après avoir atteint un certain degré d'équilibre, l'aspirant apprend à perfectionner ce processus stabilisateur et acquiert le pouvoir de se tenir ferme et impassible, en conservant un inébranlable équilibre entre les couples de contraires. Le nerf nommé "kurma-nadi", ou le "conduit de la tortue", constitue une correspondance physique du point atteint par l'aspirant.

Il se dresse, droit et ferme, à l'entrée du sentier ; il en est au point de son évolution ou il peut "s'évader vers le haut" et fonctionner dans la tête.

Dès les premiers âges, la tortue fut le symbole du lent processus créateur et de la longue route de l'évolution parcourue par l'esprit.

D'où la justesse de ce terme, appliqué à ce qui est considéré comme le plus bas des trois centres majeurs et comme étant celui qui représente l'aspect Créateur, ou Brahma, de la divinité, de Dieu le Saint-Esprit, en Sa fonction de stimulant énergétique du corps.