18. Le seigneur du mental, celui qui perçoit, est toujours conscient de la substance mentale constamment active, la cause productrice d'effets.
Nous avons dans ce sutra un énoncé qui nous montre la voie conduisant à un travail de méditation efficace et sûr. Celui qui médite est l'âme, l'égo, et son travail est une activité positive, non un état et une condition négatifs. Une grande partie du travail accompli sous le nom de méditation, est dangereux et inutile, car c'est alors l'homme sur le plan physique qui recherche la maîtrise, son effet se concentrant sur l'obtention de la tranquillité du cerveau. Il cherche à apaiser les cellules cérébrales, à les rendre négatives, calmes et réceptives.
Or, la véritable méditation concerne l'âme et le mental ; la réceptivité du cerveau est la réaction automatique à une condition supérieure. En Raja Yoga, le contact avec l'homme réel, l'égo, et le pouvoir de "tranquilliser les modifications du principe pensant", doivent précéder toutes activités et réactions cérébrales. Le Seigneur du mental est toujours éveillé, toujours conscient de la tendance qu'a le mental à réagir aux courants de force produits par la pensée ou le désir ; en conséquence, il est attentif à toute émanation de force provenant de lui-même et contrôle chaque pensée et chaque impulsion, afin que ne prennent naissance en lui que des courants d'énergie et des impulsions qui soient dans la ligne du dessein qu'il a constamment en vue, et qui concordent avec le plan du groupe.
Il ne faut jamais oublier que tous les égos travaillent en formation de groupe et sous le contrôle direct des Penseurs qui incarnent la divine pensée logoïque. Le travail que tout aspirant cherche à accomplir consiste donc à aligner la conscience cérébrale sur la pensée qui vient à lui par le truchement de la conscience de sa propre âme ; ceci se parachève sur le plan physique par la manifestation graduelle du plan divin.
Le plan des âges sera réalisé lorsque chaque fils de Dieu aura mis la substance mentale active qui lui est propre en une condition telle qu'elle devienne capable de réagir à la pensée divine. Nul homme ne doit se désespérer du fait de son incompétence présumée ou de son apparente petitesse, car chacun de nous a la charge d'une certaine partie du plan que nous devons mener à bien ; si notre coopération faisait défaut, il se produirait du retard et de la confusion. Quand un élément minime d'un mécanisme important refuse de fonctionner normalement, il en résulte parfois de gros ennuis. Une longue mise au point est souvent nécessaire avant que la machine réparée puisse poursuivre son travail comme il se doit. Or, dans le domaine de la collaboration humaine, une situation analogue est susceptible de se présenter.
La substance mentale constamment active peut réagir à la vibration inférieure émanant de l'homme inférieur triple et à l'impulsion supérieure provenant de l'âme en tant qu'intermédiaire entre l'esprit et la matière. L'âme est toujours consciente de cette condition ; l'homme sur le plan physique y reste aveugle ou s'éveille à peine à cette double possibilité. Le travail de celui qui aspire à l'union consiste à faire osciller graduellement et sans discontinuer la substance mentale en l'amenant sous l'impulsion supérieure et l'éloignant de la vibration inférieure jusqu'à ce que la réaction à la vibration supérieure devienne une condition stable et que l'activité vibratoire de l'homme inférieur s'atténue et s'éteigne.