32. Ceux qui ont atteint la maîtrise de soi peuvent être vus et il peut être pris contact avec eux par la convergence de la lumière dans la tête. Ce pouvoir se développe par la méditation concentrée.
Ceci est une paraphrase ayant un caractère très général, mais rendant le sens exact des termes employés. Dans le vingt-cinquième sutra nous avons considéré la nature de la lumière dans la tête. Ici, on peut sommairement établir que, lorsque l'aspirant est conscient de la lumière dans la tête et peut l'utiliser à volonté en projetant ses rayons sur tout ce qu'il cherche à connaître, un temps vient où il peut non seulement la braquer vers l'extérieur en direction du champ de connaissance où il fonctionne dans les trois mondes, mais peut encore la tourner vers l'intérieur et la diriger vers le haut, dans les domaines où marchent les saints de Dieu, le grandiose "Nuage des Sagesses". En conséquence, il peut, par son entremise, prendre conscience du monde des Maîtres, des Adeptes et des Initiés, établissant ainsi un contact avec eux en pleine conscience de veille et enregistrant ces contacts au moyen de son dispositif cérébral.
D'où la nécessité, pour chacun de nous, de prendre conscience de sa propre lumière, de fourbir sa lampe et d'utiliser à plein rendement la lumière qui est en lui. Par l'usage et les soins, la puissance de la lumière spirituelle grandit, s'intensifie et se développe en une double fonction.
L'aspirant devient une lumière, ou une lampe placée en un lieu obscur, illuminant la voie à l'intention d'autrui. C'est ainsi seulement que la lumière peut être avivée jusqu'à devenir une flamme. Ce processus de l'illumination d'autrui en étant soi-même une lampe doit toujours précéder la magnifique expérience par laquelle le mystique braque sa lampe et sa lumière sur d'autres domaines et trouve la "voie de l'évasion" menant aux mondes où œuvrent et marchent les Maîtres.
Ce point doit être accentué, car il y a, parmi les étudiants, une trop forte tendance à se mettre en quête des Maîtres, ou de quelque Gourou ou Instructeur qui leur "donneraient" la lumière. Seul peut les trouver celui qui, ayant allumé sa propre lumière et fourbi sa propre lampe, s'est muni par là des moyens lui permettant de pénétrer dans Leur monde. Le côté plus technique de ce sujet a été fort bien exposé en ces termes par W.Q. Judge :
"On trouve ici deux postulats auxquels rien ne correspond dans la pensée moderne. L'un d'eux est qu'il y a une lumière dans la tête, et l'autre qu'il existe des êtres divins pouvant ainsi être vus par ceux qui se concentrent sur "la lumière dans la tête". Il est dit qu'un certain nerf, ou courant psychique, appelé Brahmarandhra-nadi, passant à travers le cerveau, en sort près du sommet de la tête. Le principe lumineux de la nature s'y amasse en plus grande quantité que partout ailleurs dans le corps et on le nomme jyotis : la lumière dans la tête.
Or, comme tout résultat s'obtient par l'emploi de moyens appropriés, la faculté de voir des êtres divins peut s'acquérir par la concentration sur la partie du corps qui leur est le plus étroitement reliée. Ce point – l'extrémité de Brahmarandhra-nadi – est aussi l'endroit où la connexion s'établit entre l'homme et les forces solaires."
C'est cette lumière qui fait "briller la face" ; c'est d'elle que provient le halo qui, dans les peintures, entoure la tête de tous les saints et Maîtres et que voient, autour de la tête de tous les disciples et aspirants avancés, ceux qui sont doués de clairvoyance.
Dvidedi donne, lui aussi, le même enseignement dans les termes suivants :
"Il est expliqué que la lumière dans la tête est le flux collectif de la lumière de sattva qui se voit au Brahmarandhra, qu'on suppose être situé, soit quelque part près de l'artère coronale ou de la glande pinéale, soit sur la "medulla oblongata". Tout comme la luminosité d'une lampe brûlant entre les quatre murs d'une maison apparaît à travers le trou de la serrure, ainsi la lumière de sattva se montre au sommet de la tête.
Cette lumière est familière à tous ceux qui sont au courant, même vaguement, des pratiques de Yoga, et elle peut même être vue au moyen d'une concentration sur l'espace situé entre les sourcils. Par Samyama (la méditation) sur cette lumière, la catégorie d'êtres nommés siddhas – plus couramment connus dans les cercles théosophiques sous le nom de Mahatmas ou grands adeptes – et qui sont capables de parcourir l'espace en étant invisibles, apparaissent instantanément à la vue, malgré les obstacles de l'espace et du temps."