29. Les huit moyens de yoga sont : les commandements ou yama, les règles ou nijama, la posture ou asana, le contrôle correct de la force vitale ou pranayama, le transfert ou pratyahara, l'attention ou dharana, la méditation ou dhyana et la contemplation ou samadhi.
On notera que ces moyens ou pratiques sont simples en apparence ; mais il faut se garder d'oublier qu'ils n'ont trait à rien de ce qui s'accomplit sur un plan quelconque et en un corps particulier, mais se rapportent à l'activité simultanée des trois corps et à leur mise en pratique de ces méthodes par les trois à la fois. De ce fait, l'homme inférieur triple tout entier met en pratique les moyens dans leur application aux véhicules physique, astral et mental. Cela, on l'oublie souvent ; c'est pourquoi nous devons, en étudiant ces divers moyens de yoga ou union, les considérer sous l'angle de leur application à l'homme physique, puis à l'homme émotif, et enfin à l'homme mental. Le yogi, par exemple, doit comprendre ce que signifie, pour l'homme inférieur triplement aligné et coordonné, la respiration profonde et la posture ; il ne doit pas oublier que l'égo ne peut éclairer et illuminer l'homme inférieur que lorsque celui-ci constitue un instrument cohérent et rythmique. La pratique d'exercices respiratoires, par exemple, a fréquemment amené l'aspirant à se concentrer sur l'appareil respiratoire physique, à l'exclusion de la pratique analogue, consistant à maîtriser le rythme de la vie émotive.
Il peut être utile ici, (avant de commencer à examiner un à un les moyens) de les énumérer avec soin, en donnant si possible leurs synonymes.
Moyen I
Les Commandements. Yama. Maîtrise de soi ou endurance.
Circonspection. Abstention d'actes mauvais ; ces derniers sont au nombre de cinq et concernent les rapports du disciple (ou chela) avec autrui et avec le monde extérieur.
Moyen II
Les règles. Nijama. Observances correctes. Celles-ci sont également au nombre de cinq et sont souvent appelées les "observances religieuses", car elles se rapportent à la vie intérieure du disciple et au cordon – le sutratma ou chaîne – qui le rattache à Dieu, ou à son Père dans les Cieux.
Ces deux moyens, les cinq Commandements et les cinq Règles, constituent l'équivalent hindou des dix Commandements de la Bible et se rapportent à la vie quotidienne de l'aspirant, pour autant qu'elle affecte son entourage et ses propres réactions intérieures.
Moyen III
Posture. Asana. Juste équilibre. Attitude correcte. Position. Ce troisième moyen concerne l'attitude physique du disciple en méditation, son attitude émotive envers son entourage ou son groupe, et son attitude mentale à l'égard des idées, des courants de pensée et des concepts abstraits. La pratique de ces moyens coordonne et perfectionne finalement l'homme inférieur triple, de telle sorte que les trois enveloppes peuvent offrir un parfait canal à l'expression ou manifestation de la vie de l'esprit.
Moyen IV
Le contrôle correct de la force vitale. Pranayama. Suppression du souffle.
Régularisation du souffle. Cela s'applique à la maîtrise, à la régularisation et à la suppression des airs vitaux, souffle et forces ou shaktis du corps. En réalité, ce moyen conduit à l'organisation du corps vital ou corps éthérique ; de sorte que le courant vital – ou forces vitales – émanant de l'égo, ou homme spirituel sur son propre plan, peut être correctement transmis à l'homme physique en manifestation objective.
Moyen V
Le transfert. Pratyahara. Juste retrait. Continence. Retrait hors des sens.
Nous revenons maintenant, par delà les corps physique et éthérique, au corps émotif, siège du désir, de la perception sensorielle et du sentiment. On peut noter ici la bonne ordonnance de la méthode suivie dans la poursuite du yoga ou union. La vie interne et externe du plan physique est prise en considération ; l'attitude correcte à l'égard de la vie en sa triple manifestation est cultivée. Le corps éthérique est organisé et placé sous contrôle ; le corps astral est réorienté ; car, la nature de désir étant domptée, l'homme réel se retire graduellement à l'écart de tous les contacts sensoriels. Les deux moyens suivants se rapportent au corps mental et le dernier à l'homme réel, ou penseur.
Moyen VI
L'attention. Dharana. Concentration. Fixation du mental. Ici, l'instrument du Penseur, de l'Homme réel, est placé sous contrôle. Le sixième sens est coordonné, compris, concentré sur un point et utilisé.
Moyen VII
Méditation. Dhyana. Aptitude du penseur à utiliser le mental dans le sens voulu et à transmettre au cerveau des pensées plus élevées, des idées abstraites et des concepts idéalistes. Ce moyen concerne le mental supérieur et inférieur.
Moyen VIII
Contemplation. Samadhi. Ceci se rapporte à l'égo ou homme réel et concerne le domaine de l'âme. L'homme spirituel contemple, étudie ou médite, en ayant pour objet le monde des causes, les "choses de Dieu", utilisant par là l'instrument dont il a la maîtrise, le mental (maîtrisé par la pratique de la concentration et de la méditation). Il transmet alors au cerveau physique – par la voie du sutratma ou fil qui, à travers les trois enveloppes, descend jusqu'au cerveau – ce que l'âme sait, voit et comprend. Il en résulte l'illumination complète.