15. Pour l'homme illuminé toute existence (dans les trois mondes) est considérée comme douloureuse en raisons des activités des gunas.

 

Ces activités sont triples, produisant des conséquences, de l'anxiété et des impressions subliminales. Les trois "gunas" sont les trois qualités de la matière elle-même : sattva, raja et tamas, ou le rythme, l'activité et l'inertie ; elles sont inhérentes en toutes formes. L'étudiant doit se souvenir que chaque forme sur chaque plan est ainsi caractérisée et cela est vrai, de la forme la plus haute comme de la plus basse.
La manifestation de ces qualités ne diffère qu'en fonction de leur degré respectif.

L'homme qui s'achemine vers la perfection découvre de plus en plus à quel point chaque forme à travers laquelle il se manifeste – lui, l'homme spirituel – est une cause de limitations et de difficultés. Le véhicule physique de l'adepte, bien que construit d'une substance où prédomine la nature sattvique équilibrée et rythmique, tend à le confiner au monde de l'activité physique et limite les pouvoirs de l'homme véritable. Dans les grandes lignes, on pourrait dire que :

1.
L'attribut inertie (ou tamas) caractérise le soi personnel inférieur, les enveloppes de l'homme inférieur triple.
2.
L'attribut activité est la principale caractéristique de l'âme et c'est cette activité qui provoque l'intense activité et le constant labeur de l'homme, lorsqu'il est en quête d'expérience, et par la suite, lorsqu'il cherche à servir.
3.
L'attribut rythme ou équilibre est la qualité de l'esprit ou monade.
C'est cette tendance à la perfection qui est la cause de l'évolution de l'homme dans le temps et l'espace et le facteur qui mène à l'accomplissement de toute vie, à travers toutes formes. N'oublions cependant pas ici que ces trois qualités sont celles de la substance au moyen de laquelle le triple esprit se manifeste dans le système solaire.
Nous ne connaissons pas encore la nature de l'esprit lui-même, car nous ne pouvons penser qu'en termes se référant aux formes, quelque transcendantes que puissent être ces formes. Seules, les âmes ayant atteint la plus haute initiation et pouvant franchir notre "cercle infranchissable" solaire, savent quelque chose de la nature essentielle de ce que nous nommons esprit.
Quant à La manifestation des gunas dans les trois mondes, (par rapport à l'homme) on peut noter que :

1.
L'attribut équilibre, ou rythme, est un signe distinctif du véhicule mental. Quand Le corps mental est organisé et que l'homme est dirigé par son mental, sa vie également se stabilise et s'organise ; la direction de ses entreprises se poursuit alors dans l'équilibre.
2.
La qualité activité, ou mobilité, caractérise la nature émotive ou astrale, quand elle prédomine ; la vie est chaotique, violente, émotive et soumise à toutes les sensations et sautes d'humeur. C'est essentiellement la qualité de la vie dominée par le désir.
3.
L'inertie est la qualité régissant le corps physique ; et l'égo a pour seul objectif d'avoir raison de cette inertie et de contraindre son véhicule inférieur à une activité qui amènera les résultats désirés ; d'où l'utilité et la nécessité, au cours des premiers stades de travail, de la guna représentant la mobilité et du libre jeu de la nature émotive, ou nature de désir.

Ces activités de la forme produisent la douleur, car la douleur est un résultat de la différence inhérente aux couples de contraires esprit et matière.
Les deux facteurs sont parfaitement "en paix", jusqu'au moment où, mis en opposition, chacun d'eux résiste à l'autre, produisant frottements et souffrance par leur union dans le temps et l'espace.

Patanjali insiste sur le fait de l'amplitude de cette souffrance, qui embrasse le passé, le présent et le futur.

1.
Conséquences. La douleur résulte de l'activité du passé et de la mise en jeu du karma se manifestant par la rectification des fautes et par le prix à payer pour les erreurs commises. Le processus de règlement des obligations et dettes contractées dans le passé est toujours douloureux.
Certaines circonstances passées entraînent nécessairement des conditions actuelles intéressant l'hérédité, l'entourage et le type corporel ; or, la forme – qu'il s'agisse des véhicules ou des rapports de groupe – est douloureuse pour l'âme qui est, de son fait, emprisonnée.

2.
Anxiété. L'anxiété concerne le présent et ce terme est parfois traduit par appréhension. Si l'étudiant veut bien étudier ce mot, il notera qu'il comprend non seulement la peur du mal causé par la souffrance, mais aussi la crainte de l'échec pressentie par le corps spirituel en activité de service. Il en résulte également douleur et détresse, parallèlement à l'éveil de l'homme réel prenant conscience de son héritage.

3.
Les impressions subliminales se rapportent au futur et concernent les anticipations au sujet de la mort, de la souffrance et du besoin, qui tiennent sous leur domination un si grand nombre des fils des hommes. C'est l'inconnu, avec toutes les possibilités qu'il implique, que nous redoutons, tant pour nous-mêmes que pour autrui, et qui engendre à son tour de la souffrance.