38. La paix (stabilité de la chitta) peut être atteinte par la méditation sur la connaissance que donnent les rêves.
Les mots significatifs de ce trente-huitième sutra sont contenus dans cette partie de phrase : "la connaissance que donnent les rêves". Sous ce rapport, le commentaire du sutra 10 est intéressant. L'occultiste oriental emploie le mot "rêve" dans un sens beaucoup plus technique que l'occidental et l'aspirant doit bien saisir ce fait. Pour l'oriental, l'état de rêve le plus profond est celui dans lequel l'homme réel est plongé au cours de son incarnation physique ; il correspond à l'état de rêve que nous estimons résulter de la vibration des cellules du cerveau physique. On ne trouve dans cet état que chaos, discontinuité et développements enchevêtrés, ainsi que l'inaptitude à en garder au réveil un souvenir net et précis. Cette condition constitue l'état de rêve où se trouve l'homme lorsqu'il est immergé dans quelque perception sensorielle plaisante ou douloureuse. C'est alors dans son corps astral ou émotif qu'il en fait l'expérience. La connaissance que donne la condition inhérente au plan physique procède en grande partie de l'instinct ; celle qu'affecte l'état de rêve astral est surtout sensuelle. La première provient de la race ou du groupe ; l'autre se rapporte au non-soi et à la relation de l'homme avec le non-soi.
Il est encore un état supérieur de conscience onirique, dans lequel entre en jeu une faculté d'un autre genre qu'on peut appeler l'imagination et qui présente un aspect de connaissance qui lui est propre. L'imagination implique certains états mentaux tels que :
a. Le souvenir de certaines choses telles qu'elles furent connues, sous forme d'états de conscience.
b. L'anticipation de certaines choses telles qu'elles peuvent être connues, ou d'états de conscience.
c. La visualisation de conditions imaginaires, puis l'utilisation de l'image évoquée en tant que forme, permettant au rêveur d'entrer en contact avec un nouveau domaine de réalisation, lorsqu'il arrive à s'identifier avec ce qu'il a imaginé.
Dans ces trois états de rêve, nous avons les conditions dans lesquelles se trouve le penseur sur les trois plans et dans les trois mondes, depuis l'état d'ignorante sauvagerie jusqu'à celui de l'homme moyen éclairé ; état qui mène à une condition très supérieure de la conscience de rêve.
L'emploi correct de l'imagination exige un haut degré de maîtrise et de force mentale qui, lorsqu'il est atteint, aboutit en définitive à ce qu'on nomme l' "état de samadhi". Dans cet état, l'adepte peut mettre en sommeil l'homme inférieur tout entier et passer, quant à lui, dans le domaine où les "rêves de Dieu Lui-même" sont connus ; domaine où la connaissance rend visibles et tangibles les images créées par la Déité. L'adepte peut ainsi participer intelligemment au plan grandiose de l'évolution.
Au-delà de cet état de samadhi se trouve l'état de rêve des Nirmanakayas et des Bouddhas ; et ainsi de suite, tout au long de l'échelle de la vie hiérarchique, jusqu'à ce que soit connu le Rêveur suprême, qui est l'Un, l'unique Narayana, le Seigneur du Monde Lui-même, l'Ancien des Jours, notre Logos planétaire.
L'étudiant ne peut atteindre qu'à une très vague compréhension de la nature de ces états de rêve, alors qu'il se livre à l'étude de l'idée contenue plus haut, à savoir que la vie sur le plan physique n'est, pour l'occultiste, qu'un état de rêve.