12. La maîtrise de ces modifications de l'organe interne, le mental, doit être réalisée par une tentative inlassable et le non-attachement.

 

Un sutra aussi facile à saisir que celui-là ne demande que quelques brèves explications : intellectuellement, son sens est clair ; il est cependant difficile de le mettre en pratique.

1.
L'organe interne est évidemment le mental. Les penseurs occidentaux feront bien de se souvenir que l'occultiste oriental n'estime pas que les "organes" soient des organes physiques ; il se base en cela sur le fait que le corps physique, en sa forme dense ou concrète, n'est pas considéré comme un principe, mais simplement comme le produit tangible de l'activité des principes réels. Les organes, occultement parlant, sont des centres d'activité tels que le mental, les divers atomes permanents et les centres de force dans les diverses enveloppes. Tous ont leurs "ombres", ou résultats objectifs, et les émanations ainsi produites constituent les organes physiques externes. Le cerveau, par exemple, est l' "ombre" ou organe externe du mental, et l'investigateur découvrira que le contenu de la cavité encéphalique correspond aux aspects du mécanisme humain qu'on trouve sur le plan mental. Il faut mettre l'accent sur cette dernière phrase ; elle apporte une suggestion à ceux qui sont capables d'en tirer profit.

2.
La tentative inlassable signifie littéralement l'exercice constant, la répétition incessante et un effort réitéré en vue de substituer le nouveau rythme à l'ancien et d'effacer, en imprimant la marque de l'âme, les habitudes et modifications profondément enracinées. Le Yogi, ou Maître, est l'aboutissement d'une patiente endurance ; son œuvre est le fruit d'un effort soutenu, basé non sur un enthousiasme spasmodique, mais sur l'appréciation intelligente du travail à accomplir et du but à atteindre.

3.
Le non-attachement est par excellence ce qui en définitive incite toutes les perceptions des sens à accomplir leurs fonctions légitimes.
Par le non-attachement aux formes de connaissance avec lesquelles les sens mettent l'homme en contact, leur emprise sur lui se relâche de plus en plus et le temps vient enfin où l'homme, libéré, devient le maître de ses sens et de tous les contacts sensoriels. Cela n'implique nullement un état dans lequel ils seraient atrophiés ou inutiles, mais une situation qui permet au Yogi de les utiliser, au gré de son choix et pour autant qu'il le juge bon, pour accroître son efficacité dans le service et les entreprises de groupe.