LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

b. De l'Individualisation

b. De l'Individualisation

 

Le Travail des Anges Solaires

 

Examinons brièvement la construction générale du corps de l'Ego ; énumérons ses parties composantes en nous souvenant que la forme est toujours préparée avant d'être occupée. A partir de l'étude de ce corps, nous pourrons nous faire une idée de l'Individualisation Macrocosmique et y jeter quelque lumière.

Le corps causal, quelquefois appelé "karana sarira" (ce qui est un terme inexact) est situé sur le troisième sous-plan du plan mental, le plan abstrait le plus bas, et celui sur lequel le Rayon du troisième Logos fournit la nécessaire "lumière de construction". (Ceci, parce que chaque sous-plan est particulièrement influencé par son Nombre, son Nom ou son Seigneur).
Lorsque vient l'heure où les véhicules de buddhi doivent être coordonnés, certains grands Êtres, les Seigneurs de la Flamme ou Manasadévas, conduits par une force extérieure, arrivent au contact de la substance de ce sous-plan et la vitalisent de Leur Propre énergie. Ils constituent une impulsion nouvelle et positive qui coordonne la substance de ce plan et produit un équilibre temporaire des forces. D'où la signification de l'aspect "page blanche" ou transparent du tout jeune corps causal. C'est le rôle de l'égo nouvellement né de rompre d'abord cet équilibre, puis de le retrouver à la fin du processus, produisant une forme radieuse, pleine de couleurs primordiales.

Lors de la venue des Manasadévas, engendrant la soi-conscience et permettant l'incarnation des Egos divins, quatre choses se produisent sur ce plan. Si l'étudiant y ajoute les indications déjà communiquées dans divers livres occultes concernant l'effet de l'individualisation sur l'homme-animal et son apparition en tant qu'identité soi-consciente sur le plan physique, on parviendra à une hypothèse de travail grâce à laquelle l'homme pourra entreprendre son développement de manière scientifique. Voici ces quatre choses dans l'ordre de leur apparition, dans le temps et l'espace :

Premièrement.

Il apparaît sur le troisième sous-plan du plan mental certaines impulsions vibratoires – au nombre de neuf – correspondant à la vibration quintuple de ces Manasadévas, conjointe à la vibration quadruple établie à partir des plans inférieurs et inhérente à la matière de ce sous-plan, le cinquième en partant du bas. Ceci produit le "lotus égoïque nonuple" dont, à ce stade, les neufs pétales sont étroitement fermés les uns sur les autres. Ils sont vibrants et leur lumière scintille, mais n'est pas très vive. Ces "boutons de lotus" se présentent en groupes, selon l'influence de ceux des Dhyanis quintuples qui agissent sur eux et les forment de Leur propre substance les colorant faiblement du "feu de manas". 

Deuxièmement.

Un triangle apparaît sur le plan mental, résultant de l'activité manasique, et le feu de ce triangle commence à circuler lentement entre l'atome permanent manasique et un point situé au centre du lotus égoïque, rejoignant ensuite l'unité mentale qui est apparue sur le quatrième sous-plan, sous l'effet de l'instinct inné se rapprochant du mental. Ce triangle de feu, formé de pure force manasique électrique, devient de plus en plus brillant jusqu'à ce qu'il suscite une vibration de réponse, à la fois du triangle inférieur et du supérieur. Ce triangle est le noyau de l'antaskarana. Le rôle de l'homme très évolué est de réduire ce triangle à une unité, et au moyen d'une haute aspiration (qui n'est autre que le désir transmué affectant la matière mentale), d'en faire le "sentier", reproduisant ainsi sous une forme synthétique plus élevée le "sentier" précédemment emprunté par l'Esprit qui descendait prendre possession de son véhicule, le corps causal, et de là pénétrait jusqu'au soi personnel inférieur.

Troisièmement.

A un certain stade d'activité vibratoire, le travail des Seigneurs de la Flamme ayant engendré un corps ou forme et une vibration appelant une réponse, il se produit presque simultanément :

Un afflux de buddhi qui suit la ligne du triangle manasique jusqu'à un point situé au centre même du lotus. Là, par le pouvoir de sa propre vibration buddhi change l'apparence du lotus. Au cœur même du lotus, apparaissent trois pétales supplémentaires qui se referment sur la flamme centrale, la couvrant étroitement ; ils restent fermés jusqu'à ce que vienne le temps de la révélation du "Joyau dans le Lotus". Le lotus égoïque est maintenant composé de douze pétales, dont neuf apparaissent à ce stade sous forme de bouton et trois sont complètement cachés et mystérieux.

Au même moment, les trois atomes permanents sont inclus dans le lotus ; le clairvoyant les voit comme trois points de lumière dans la partie inférieure du bouton, en dessous de la partie centrale. A ce stade, ils forment un triangle qui brûle sans éclat. Le corps causal bien qu'encore embryonnaire est maintenant prêt à une pleine activité au cours des âges ; il est complet dans sa nature triple.
L'aspect matière, concernant la forme matérielle de l'homme dans les trois mondes, son soi personnel actif et intelligent, peut être développé et maîtrisé par l'intermédiaire de l'unité mentale, de l'atome permanent astral et de l'atome permanent physique. L'aspect spirituel demeure caché au cœur du lotus, pour se révéler en temps voulu, quand les manasadévas auront fait leur travail. La volonté, qui persiste éternellement, se trouve là. L'aspect conscience incarnant l'amour sagesse de l'Ego divin, se révélant au moyen du mental, se trouve là pour la plus grande part ; dans les neuf pétales et leur capacité vibratoire résident toutes les possibilités, toute la faculté innée de progresser et toute l'aptitude à fonctionner en tant qu'unité soi-consciente, entité que nous appelons l'Homme 231. Mahadéva trône au coeur du lotus, Surya ou Vishnu Le révèle dans Son essence, comme Sagesse dans l'Amour ou Amour dans la Sagesse, et Brahma, le Logos Créateur rend la révélation possible. Le Père dans les Cieux doit être révélé par le Christ, le Fils, par la méthode d'incarnation rendue possible par le travail du Saint Esprit. Tout ceci est le résultat du sacrifice et de l'intervention de certaines entités cosmiques qui "S'offrent" afin que l'Homme puisse être. Elles donnent de leur propre essence ce qui est nécessaire pour produire le principe d'individualisation et ce que nous appelons la "soi-conscience" permettant ainsi à l'Esprit divin d'entrer dans une vie plus pleine au moyen de la limitation dans la forme, au moyen des leçons recueillies au cours d'un long pèlerinage et par "l'assimilation d'existences aux mille visages".

Le quatrième

Lorsque ces trois événements se sont produits, la lumière ou feu qui parcourt le triangle manasique se retire au centre du lotus et ce "prototype" du futur antaskarana, si l'on peut employer ce terme, disparaît. La triple énergie des pétales, des atomes et du "joyau" est maintenant centralisée, car il faut maintenant engendrer l'impulsion qui produira la descente d'énergie du véhicule causal nouvellement formé vers les trois mondes de l'effort humain.

231 Le Seigneur Solaire. l'Ego Divin. Des deux voles de développement de l'âme, qu'H.P.B. dans sa "Voix du Silence" désigne comme sentier de "Dhyana" et de "Dharma", (les "Paramitas") Ramayana est basé sur ce dernier.
Les "Sept Portails" dont on parle dans ce même livre, correspondent probablement au sept chants de ce poème sacré. Je n'ai lu que le premier chant et je vais vous en faire l'analyse, dans la mesure de ce que je sais. Laissant de côté la préface du poème, le premier chant commence par une description des circonstances particulières qui marquèrent la naissance de Rama dans la famille Dasaratha. Dasaratha est comme vous le savez, un descendant des rois solaires qui commença à régner sur cette terre à partir du temps du Manu de Vyvaswatha. Comme son nom l'implique, c'est un roi qui peut voyager dans dix directions, ou pour adopter le sens occulte microcosmique, c'est le roi du corps humain, qui a dix sens d'action et de perception, le reliant aux dix directions. Vous êtes très au courant de l'idée de nos anciens philosophes qui décrivaient le corps comme une ville à neuf portes. Les neuf portes, comme vous le savez, sont les neuf orifices du corps humain. Si, aux neuf, vous en ajoutez un pour l'orifice connu comme le Brahma-rundra ou porte de Brahma, vous avez les dix portes correspondant aux dix directions. Le mot "Dasaratha" indique la onscience en rapport avec les sens, conscience inférieure à celle que nous appelons le mental. The Theosophist, Vol. XIII, p. 340.


Nous avons traité de la méthode d'individualisation, par la venue des Seigneurs de la Flamme, car c'est la méthode fondamentale de ce système solaire ; quelles que soient les méthodes adoptées dans les divers schémas et chaînes, celle-ci – au stade médian – est la règle universelle. Les conditions karmiques se rapportant à un Logos planétaire peuvent effectuer des modifications et faire intervenir des manasadévas dont l'activité n'est pas la même dans le détail, mais les résultats sont toujours similaires, et les Egos divins dans leur corps causal travaillent toujours avec des instruments analogues...

Un dernier point profondément significatif est que les Agnishvattas construisent les pétales de Leur Propre substance, substance dont l'énergie est celle du principe du "Je" ou ahamkara. Ensuite ils animent les atomes permanents de Leur force positive, afin d'amener la cinquième spirille en temps opportun à sa pleine activité et à sa pleine utilité. Toutes les possibilités, tous les espoirs, tout l'optimisme, toute réussite future tiennent dans ces deux points.

Ainsi que nous l'avons vu, le travail des Agnishvattas sur le plan mental a pour résultat une descente de force ou d'énergie de la Monade (ou Esprit) qui, combinée avec l'énergie du quaternaire inférieur, produit l'apparition du corps de l'Ego sur le plan mental. Dans l'électricité ordinaire nous avons une pâle illustration de la pensée que je cherche à exprimer. En rapprochant les deux polarités, on crée la lumière. Par un phénomène électrique de type analogue. La lumière de la Monade jaillit, mais il nous faut étendre notre conception aux plans plus subtils et tenir compte de sept types de force ou énergie pour l'une des polarités et de quatre types de force pour l'autre. Une formule scientifique relative au processus d'individualisation exprime ce double rapprochement et ses divers types d'énergie en un symbole et un nombre, mais elle ne peut être révélée ici.

L'énergie des Manasadévas vient d'une force du plan mental cosmique – force qui n'a cessé d'agir depuis l'individualisation du Logos solaire, dans de très lointains kalpas. Les Manasadévas, dans leur ensemble constitué, incarnent la volonté ou dessein du Logos et sont les "prototypes" cosmiques de nos Anges solaires. Les Anges solaires sur le plan mental du système incarnent autant de cette volonté ou dessein que le Logos peut en manifester en une seule, incarnation, et autant que le permet Leur développement dans Leurs groupes. Ils agissent donc par l'intermédiaire des groupes égoïques et tout d'abord, après l'individualisation, sur les unités mentales des identités séparées constituant ces groupes. Ceci est leur fonction secondaire. On pourrait décrire partiellement leur travail de la façon suivante :

Fondamentalement, ils effectuent l'union de l'Ego divin et de la personnalité inférieure. Ceci, nous l'avons traité.

Secondairement, ils agissent par l'intermédiaire des unités mentales, transmettant à cet atome la parcelle (même microscopique) du dessein logoïque que l'homme individuel peut manifester sur le plan physique. Au début leur influence est assimilée inconsciemment et l'homme répond au plan aveuglément et sans comprendre. Plus tard, à mesure que l'évolution se poursuit, leur travail est reconnu par l'homme, qui coopère alors consciemment au plan d'évolution 232. Après la troisième initiation, l'aspect volonté ou dessein prédomine.

232 Celui qui se sacrifie ou Yajamana. Le Yajamana est la personne qui s'est sacrifiée pour le bien du monde et qui a entrepris de modifier ses affaires conformément à la loi. Si le corps humain est pris comme terrain de sacrifice, manas est le Yajamana. Toutes les actions de l'homme dans sa vie, de la naissance à la mort, forment un grand processus yagnique, dirigé par la vraie entité humaine, Manas. Celui qui est prêt à sacrifier son corps, ses paroles et sa pensée au bien du monde, est un vrai yagnika, et tous les lokas supérieurs lui sont réservés. La note centrale de la vie du yagnika est de faire le bien à tous, quelle que soit la caste ou la foi, de même que le soleil brille pour tous. Quelques Pensées sur la Gita, p. 90 (édition anglaise).


Notons ici que c'est la force positive des Manasadévas qui produit l'initiation. Leur fonction est incarnée par le Hiérophante. Ce dernier voit devant Lui le véhicule de buddhi, fait passer le voltage des plans élevés à travers Son corps, et au moyen de la Baguette (chargée de force manasique positive), Il transmet cette énergie manasique supérieure à l'initié, afin qu'il puisse connaître consciemment et discerner le plan dévolu au centre de son groupe, grâce à la stimulation immensément accrue. Cette force descend de l'atome manasique permanent par le canal de l'antaskarana et le Hiérophante la dirige – selon la Loi – vers le centre qui lui paraît devoir être stimulé. Il stabilise cette force, en règle le flot circulant dans tout le Lotus égoïque afin que, lorsque le travail d'épanouissement est accompli, le sixième principe, au Cœur du Lotus, puisse se révéler. Après chaque initiation, le Lotus s'épanouit davantage ; la lumière au centre commence à briller – lumière ou feu qui finalement consume les trois pétales qui l'enchâssent, ce qui permet à toute la splendeur intérieure de se révéler et au feu électrique de l'esprit de se manifester. Tout ceci se passe sur le second sous-plan du plan mental (où le lotus égoïque est maintenant situé) ; une stimulation correspondante se produit dans la substance dense ; elle forme les pétales ou roues des centres aux niveaux astral et éthérique.

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