LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

a. Le discernement

a. Le discernement

 

C'est nécessairement énoncer une banalité. Tous les étudiants reconnaissent la qualité de discernement de manas, sa faculté sélective ; tous reconnaissent la faculté qu'a l'homme de distinguer intelligemment entre le Soi et le Non-Soi. Ce que nous sommes aptes à oublier c'est que cette faculté persiste sur tous les plans et se manifeste de manière triple :

Premièrement : La distinction entre la conscience du Je et ce qui est connu du monde extérieur. C'est l'aptitude à distinguer entre soi-même et toutes les autres formes existantes. Elle est universellement développée et a atteint un degré d'évolution assez élevé.

Deuxièmement. La distinction entre l'Ego et la Personnalité. Ceci ramène ce concept, pour l'homme, à la sphère de sa propre conscience, et lui permet de différencier son soi subjectif ou âme, de ses corps qui la tiennent enchâssée. Ceci est loin d'être aussi universellement développé.
La plupart des hommes ne distinguent pas encore exactement le PENSEUR qui survit dans le temps et dans l'espace, du véhicule éphémère et temporaire, au moyen duquel ils pensent. La véritable reconnaissance de cette dualité essentielle et sa compréhension scientifique se rencontrent chez les mystiques, les penseurs avancés de la race, les aspirants conscients, et ceux qui s'approchent du Portail de l'Initiation.

Troisièmement. La distinction entre âme et Esprit, ou le fait, pour un homme, de comprendre qu'il peut non seulement dire "Je suis" et même "Je suis Cela", mais qu'il peut aller encore plus loin dans la compréhension et dire "Je suis Celui qui suis".

Dans toutes ces expansions et appréciations, la faculté de discernement de manas est utilisée.

Nous pouvons donc, par nous-mêmes envisager le développement futur et voir où cela conduit l'humanité. L'homme se connaît maintenant comme une unité de conscience séparée ; il distingue entre lui-même et les autres Soi matérialisés ; il comprend qu'il est distinct de toutes les autres sphères vivantes de matière, depuis un Logos matérialisé, jusqu'à la cellule de son corps physique et aux cellules de tous les corps du plan physique. Cet instinct séparatif, cette distinction égocentrique, a été la pépinière de l'homme-enfant, l'a séparé des autres jusqu'à ce que, ayant atteint toute sa force, il puisse prendre part au travail de son groupe. Seule la mise en commun volontaire des intérêts et des buts a de la valeur, et cela n'apparaît chez l'homme que lorsqu'il s'approche de la dernière partie du sentier de l'évolution. Cela fait suite à la phase antérieure d'intense affirmation de soi et d'intense développement du soi.
C'est à ce stade que nous en sommes actuellement ; il marque de son sceau toute la manifestation ; il est la base du maintien de l'identité. Il distingue :


Le Logos et toutes les formes contenues dans Son corps.

Les Logoï planétaires et toutes les formes contenues dans leurs corps.

L'homme et toutes les formes contenues dans son corps.

Il y a lieu de mettre l'accent sur un concept encore mal compris, à savoir que l'affirmation : "Je suis" ne concerne pas seulement l'homme, mais est aussi la parole mantrique qui sauvegarde l'intégrité de tous les groupes. Lorsque l'homme peut dire "Je suis cela" il commence à sentir qu'il est un avec son groupe. Lorsque des groupes font la même affirmation, ils commencent à se rendre compte de leur identité avec tous les autres groupes. Lorsqu'un Logos planétaire fait résonner les mots "Je suis Cela", l'heure de sa synthèse et de son absorption approche. Lorsqu'un Logos solaire prononcera ces mots, une année de Brahma sera près de se terminer, et l'heure de son union consciente avec Son plus grand groupe approchera. De manière générale, en ce qui concerne l'homme, on pourrait dire :

"Je suis" se rapporte à la conscience de la personnalité sur les trois plans inférieurs, et à tout ce qui est considéré comme inférieur au corps causal.
Cela se rapporte à la compréhension qu'a l'homme de sa place sur le globe, au sein de la chaîne.

"Je suis cela" se rapporte à la conscience égoïque et aux plans de la Triade.
L'homme se rend compte de sa place dans la chaîne et de sa relation avec le groupe dont il fait partie.

"Je suis Celui qui suis" se rapporte à la conscience monadique et à sa relation avec les plans de l'abstraction. Il se rend alors compte de sa position dans le schéma.

Lorsque l'initié peut dire "Je suis Celui qui suis", c'est qu'il s'est uni à son essence divine et qu'il est libéré de la forme. La première de ces affirmations occultes marque l'émancipation des trois règnes inférieurs et l'activité consciente dans les trois mondes. Ceci survint lors de l'individualisation, et par le moyen de manas. La seconde assertion occulte marque l'émancipation progressive de l'homme des trois règnes inférieurs, et sa libération complète, à la cinquième initiation, de la domination de la forme inférieure. Lors de la troisième assertion, l'initié ne distingue pas seulement le Soi de toutes les autres formes de manifestation ; il ne distingue pas seulement entre la matière des formes, sa propre identité et l'âme, mais aussi entre l'Esprit, l'Ame et la Matière ; ceci étant acquis, il est entièrement libéré de la manifestation pour ce cycle majeur. Cette faculté inhérente de discernement, que manas manifeste sur des courbes toujours plus élevées de la spirale, conduit l'homme :

Dans la matière et dans la forme.

Le fait passer par toutes les formes de matière sur tous les plans, Et aboutit finalement à son abstraction de toutes les formes, de toute matière, ainsi que de l'accumulation de connaissances transmuées, que le processus évolutionnaire lui a apporté.