Fusion de la conscience du Maître avec celle du disciple

Fusion de la conscience du Maître avec celle du disciple

Précédemment, j'ai dit que la vie privée du disciple (lorsqu'il a été accepté par le Maître) se divise en trois stades :

a. Le stade où le mental inférieur concret et le mental supérieur sont reliés de telle manière que le mental inférieur est non seulement illuminé par l'âme, mais aussi réceptif à l'impression de la Triade spirituelle.

b. Sa relation avec le Maître est le stade suivant et quelquefois parallèle ; il implique le rapprochement de la conscience du Maître  [18@543] avec la sienne. Cela doit être développé lentement et saisi consciemment, avec des conséquences très intéressantes.

c. Plus tard vient le stade où la conscience du disciple peut être progressivement amenée en rapport avec la Hiérarchie dans son ensemble.

On pourrait dire que, pour clarifier quelque peu cette affirmation assez vague, le disciple est absorbé dans la Hiérarchie et – qu'en même temps – il  assimile de manière nouvelle et mystérieuse certaines impressions hiérarchiques unies.

Maintenant, le disciple a effectué son approche de l'ashram ; il a prouvé son aptitude à servir et, par là, à utiliser toute énergie ashramique avec laquelle il pourrait entrer en contact et inclure de manière occulte. Il prend lentement conscience de trois impressions vibratoires qui sont légèrement différentes bien que colorées par le rayon qu'elles expriment. Tout d'abord, il est conscient de la vibration de son âme ; puis il enregistre celle de l'ashram qui, dans les premiers stades est focalisée, à son intention, par la médiation d'un disciple plus avancé que lui ; finalement il prend conscience de la vibration du Maître. Lentement, il apprend  à les distinguer et sait qu'elles constituent les trois canaux par lesquels l'énergie l'atteint. Elles entrent en contact avec sa conscience, sur le plan mental ; plus tard, il découvre que le contact avec elles est facilité lorsqu'il peut les enregistrer consciemment sur leur plan approprié et par le centre approprié. Il faut naturellement du temps pour parvenir à cette facilité et (jusqu'à ce qu'il passe par la troisième initiation où des changements majeurs s'effectuent) le disciple compte "retenir l'impression sur le plan mental".

Le développement de la sensibilité au contact, et l'enregistrement de "ce qui est autre que le Soi et cependant le Soi lui-même", font partie de la grande science de l'Impression. Ce développement – dans les premiers stades de l'évolution humaine – se fait par le moyen des cinq sens ; il existe aussi dans le règne animal. Je ne vais pas traiter de ce développement bien connu et bien étudié, sauf pour dire que ces cinq (en réalité sept) sens constituent des voies d'approche spirituelle des divers aspects de la manifestation divine, dans les trois mondes ou les cinq mondes de l'évolution humaine. On pourrait signaler ici que (d'une manière mystérieuse) les sept centres du corps éthérique sont des correspondances des sept sens, car ils sont réceptifs aux vibrations venant de l'âme du monde ou de l'âme humaine, de l'ashram et du Maître. Ils enregistrent de même, finalement, les énergies des sept rayons ; ceux-ci pénètrent à flots chez le disciple et le traversent, en tant que partie du grand système circulatoire de l'énergie divine septuple qui est la base de la manifestation.

J'ai traité de ces sens et des énergies circulatoires assez longuement dans le  Traité sur le Feu Cosmique.

J'ai traité suffisamment du thème de la fusion de l'âme et de la personnalité, dans d'autres ouvrages et dans l'enseignement sur l'antahkarana. Je vais me limiter à la fusion de la conscience du Maître (parce qu'elle s'adapte au règne humain) avec celle du disciple. Il n'y a aucune fusion possible ou compréhensible entre la conscience supérieure du Maître, ou conscience de Shamballa, avec celle de n'importe quel disciple n'ayant pas pris la quatrième initiation. La fusion totale dont je parle n'est pas possible dans les premiers degrés du développement du disciple, là encore, l'enseignement présenté jusqu'ici par les groupes d'occultistes concernant la relation du Maître et de son disciple a été erroné et résultait de voeux illusoires.

Il n'est permis au disciple de prendre contact avec le mental du Maître que lorsque la vie spirituelle lui est devenue habituelle et quand il peut, à volonté, inonder sa personnalité d'énergie de l'âme. Ceux qui ont des contacts intermittents et rares avec l'âme dans leur travail de méditation (c'est le cas de beaucoup de personnes) n'ont pas cet avantage. C'est le disciple qui a établi un contact utilisable avec son âme, dont il peut disposer à tous moments lorsqu'il le souhaite, qui peut commencer à enregistrer des impressions lui parvenant directement du Maître.

Les aspirants ne doivent pas confondre l'enseignement qui leur est donné par le Maître dans le travail de l'ashram, avec cette plus tardive fusion de conscience. En formation de groupe, les disciples sont parfois réunis pour recevoir l'instruction et ils sont ainsi protégés – au sein de l'aura de groupe – de la puissance considérable de la présence du Maître. Il est difficile pour l'aspirant moyen de comprendre cette nécessité, cependant, même les disciples dans les premiers stades de leur admission dans l'ashram, et de leur entraînement, ont un puissant effet sur ceux avec qui il leur arrive d'entrer en contact. L'effet est produit sans intention et sa cause est la qualité supérieure de la vibration des disciples ou de leur rayonnement sur la personne ou le groupe qu'ils rencontrent. Leur impression produit une stimulation – stimulation que la personne a souvent du mal à maîtriser car elle suscite non seulement de bons effets, mais aussi de mauvais.

L'application de cette énergie rayonnante est un mode précis d'activité et de service spirituels, mais avant que le disciple n'ait progressé dans la connaissance et ne puisse maîtriser sa radiation (ne permettant qu'aux courants d'énergie, appropriés à la nécessité, de s'échapper de lui-même) le voisinage d'un disciple peut produire beaucoup de difficultés, à la fois pour l'individu et pour le groupe.

Il vous sera donc évident que la présence d'un Maître aura un effet puissant quand il s'agit d'un disciple en tant qu'individu. J'emploie ce terme séparatif car il indique la cause de la difficulté ou même du danger possible. Une difficulté de ce genre est toujours possible tant qu'il existe chez le disciple le moindre instinct séparatif ou égocentrique ; il lui faut longtemps pour atteindre à ce désintéressement et à cet esprit inclusif qui lui permettront de se tenir en présence du Maître et de n'offrir aucune barrière au contact direct avec le mental du Maître.

Ce contact, conduisant à la fusion désirée, comporte certains stades clairement précisés :

1. Parfois, pendant les heures de méditation du disciple, à un moment de grande tension ou lors d'une crise (reliée à ses activités de service), il peut se produire une fusion momentanée de son mental avec celui du Maître.

Ceci ne peut se produire que lorsque la focalisation mentale est si stable et d'intention si fermement dirigée que les réactions émotionnelles ou intrusion dans les affaires de la personnalité, sont éliminées.

2. Plus tard, dans son enseignement, il se peut que le Maître s'efforce de faire impression sur le mental du disciple et l'entraîne ainsi à reconnaître ce que nous pourrions considérer comme un appel direct du Centre de l'ashram.

3. A mesure que le disciple prouve sa valeur et son absence de désir pour le soi séparé, l'interrelation entre le mental du Maître de l'ashram et celui du disciple ne rencontre plus d'entraves ; en conséquence, il n'y a pas de risque de stimulation excessive, de satisfaction de soi, ou d'apparition de caractéristiques qui troubleraient le rythme de l'ashram. Il peut y avoir (lorsque le Maître le veut) un flux de pensée entre les deux. Tout d'abord l'impression est portée entièrement par le Maître, et le disciple est simplement un agent qui peut être impressionné par des idées et instruit selon une ligne particulière qui sert l'humanité, il ne peut, néanmoins, produire aucun courant de pensée retournant vers le Maître. Plus tard, à mesure qu'il progresse dans la lumière, tout en servant, il lui est permis de faire parvenir au Maître sa propre réaction à l'impression.

4. Puis vient le stade final où il peut être fait confiance au disciple pour qu'il soit l'agent initiateur de l'impression et de contact, il est autorisé à évoquer l'attention du Maître et à pénétrer dans le Centre de l'ashram. Les étudiants feraient bien de relier ces quatre stades aux six stades du discipulat, dont il a été traité dans la dernière partie de  L'état de Disciple dans le Nouvel Age, Vol. I ; ces quatre stades correspondent aux quatre derniers stades examinés dans ce livre.Ces contacts font évidemment partie du domaine de la télépathie qui est un aspect de la science de l'Impression ; ils sont entièrement dans le domaine de l'échange mental réciproque. J'ai traité de cette science de base dans le livre,  La Télépathie et le Corps éthérique. La relation envisagée ci-dessus existe entre l'instrument de contact employé par le Maître – celui du mental supérieur ou abstrait car les Maîtres ne travaillent pas du tout au moyen du mental inférieur. Les maîtres dépendent donc de l'antahkarana que le disciple est en train de construire. Cet antahkarana fait rapidement partie de l'antahkarana de groupe construit par les disciples (travaillant dans les trois mondes, mais sur les niveaux du mental) qui ont été admis dans l'ashram. Vous pouvez donc voir pourquoi nous avons estimé que l'enseignement sur l'antahkarana était sage et opportun. La relation avec l'ashram et le contact avec le Maître dépendent de l'existence de l'antahkarana. Dans les premiers stades de sa construction créatrice, l'antahkarana peut permettre un certain contact avec l'ashram et avec certains disciples, mais pas avec ceux de très haut degré. Plus tard, à mesure que l'antahkarana se perfectionne, des contacts plus élevés et plus durables deviennent possibles.

Les résultats de ces contacts, développés et enregistrés, apparaissent finalement sous forme d'une impressionnabilité complète du mental du disciple – à n'importe quel moment et sans aucun effort de part ni d'autre. Ce mental est maintenant tellement harmonisé avec l'ashram et avec la qualité du rayon du Maître, qu'il ne fait qu'un avec celui du Maître qui est au centre. L'activité réciproque devient possible.

Il est inutile, j'en suis sûr, de signaler que le thème de toutes les impressions partant du Maître vers le disciple, ou du disciple vers le Maître, est le service du Plan, et les problèmes liés au travail de groupe dans l'ère du Verseau ou à la vie et aux relations au sein de l'ashram. N'oubliez pas que l'ashram a ses propres objectifs, ses intentions et ses techniques internes, qui sont sans relation avec la vie du disciple et son service dans les trois mondes. Le travail du disciple qui se prépare à l'initiation n'est pas fondamentalement lié à son service mondial quotidien, bien qu'il ne puisse y avoir pour lui d'initiation, si sa vie de service n'existait pas ; cette dernière, en réalité, est une expression de l'initiation particulière à laquelle il est préparé. Ce thème est trop vaste pour que nous l'examinions ici, mais c'est une idée à laquelle vous feriez bien de réfléchir.

Je vais vous donner une indication basée sur la vie du Christ. La biographie et les expériences des Grands Initiés sont rarement communiqués, mais il nous a été dit beaucoup de choses sur la vie du Christ dans les Evangiles et en ce qui concerne ses incarnations précédentes. Comme vous le savez, Il prit l'une des plus hautes initiations (la sixième, celle de la Décision). Cette initiation est liée au centre de la gorge et aussi à sa correspondance supérieure, le centre de la gorge du Logos planétaire ; c'est le centre que nous appelons l'humanité. Ainsi "le VERBE retentit".

Il avait une double mission à remplir afin de prouver ses aptitudes (si on peut employer un tel terme au sujet d'un Initié de degré si élevé). Tout d'abord Il devait donner une grande impulsion à l'évolution humaine en proclamant deux choses :

1. Que "le sang est la vie".

2. Que tous les hommes, en tous lieux, sont Fils de Dieu, et donc divins.

Deuxièmement, Il devait mettre fin à la dispensation juive qui aurait dû avoir son apogée et disparaître ensuite lorsque le Soleil est passé du Bélier dans les Poissons.

Il se présenta donc à eux comme leur Messie, ce qui fut la raison pour laquelle Il se manifesta dans la race juive. Non seulement les Juifs le rejetèrent, mais ils réussirent à perpétuer la dispensation juive par le moyen de sa présentation religieuse pendant toute l'ère chrétienne. C'est ce qui est à la racine de leurs difficultés, et c'est la cause de leur insistance constante sur le passé – passé fondé sur leurs expériences dans le Bélier et non sur leur progrès dans les Poissons.

Toute la question de l'échange télépathique entre le disciple et l'ashram, et entre le Maître et le disciple présente un intérêt unique. Cela fait partie de la vie de dualité que doivent avoir tous les disciples. C'est cela qui intensifie la vie d'introspection qui n'est comprise et poursuivie correctement que lorsque l'homme est véritablement une personnalité pénétrée par l'âme. C'est la source ou origine de la vie extravertie que le disciple doit aussi mener, engendrant une activité intense dans les trois mondes – activités qui ne troublent aucunement les calmes méthodes de la vie de contacts ashramiques. Si elle est menée correctement, elle produit la possibilité dont traite notre troisième point.