LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

Section III Deux questions d'importance

Section III

Deux questions d'importance

Dans les pages précédentes, j'ai tenté de donner un aperçu de la vraie nature de ce qu'on appelle la mort. La mort est le retrait conscient ou inconscient de l'entité vivante intérieure hors de sa coquille extérieure et de l'homologue de cette coquille, le corps éthérique. Finalement, c'est l'abandon du ou des corps subtils selon le degré d'évolution de l'individu. J'ai également cherché à démontrer que ce processus familier est normal. L'horreur qui accompagne la mort par accident ou sur le champ de bataille consiste dans le choc qu'elle répercute brutalement dans le corps éthérique. Cela rend nécessaire de remanier rapidement les forces constituantes de ce corps et de réintégrer ses parties composantes d'une manière soudaine et inattendue en réponse à des actes déterminés que l'homme est bien obligé d'imposer à son corps kama-manasique. Ces actes n'impliquent pas que l'homme intérieur doive être replacé dans son véhicule éthérique, mais exigent que les constituants dispersés de ce véhicule soient réunis sous l'empire de la Loi d'Attraction, afin que sa dissolution définitive et complète puisse prendre place.

Avant d'aborder le thème de l'Art de l'Elimination, je voudrais répondre à deux questions qui me paraissent d'importance et qui sont fréquemment posées par les étudiants sérieux et intelligents.

La première question provient en réalité de ce qu'ils sont déçus par la présente série d'instructions et s'interrogent comme suit : Pourquoi le Maître Tibétain ne choisit-il pas des maladies bien définies ou fondamentales pour étudier leur pathologie, ordonnancer leur cure, suggérer leur traitement, rechercher leur cause directe, et indiquer le détail des processus de rétablissement ? Parce que je ne puis, ô mes frères, ajouter techniquement que peu de chose à ce qui a déjà été vérifié par la science médicale au sujet des symptômes, localisations, et tendances générales coïncidant avec les états maladifs. L'observation, l'expérimentation, les épreuves et les erreurs, les succès et les échecs ont procuré à nos contemporains des connaissances vastes et très précises sur les aspects extérieurs et les effets des maladies.

La persévérance et l'activité constante des observateurs entraînés ont également et nettement abouti soit à des cures, soit à des processus d'amélioration, soit à des mesures préventives telles que la vaccination contre la petite vérole. Après de nombreuses années, l'efficacité de ces procédés a été constatée. Les recherches, les expériences et les facilités constamment accrues fournies par la science enrichissent l'humanité dans son pouvoir d'aider, de guérir parfois, d'améliorer souvent, et de pallier les réactions de la douleur.

La science médicale et l'habileté chirurgicale ont progressé par bonds ; leurs connaissances acquises ou entrevues ont des aspects scientifiques et thérapeutiques d'une nature si vaste et si complexe qu'elles ont donné naissance à des spécialistes. Ceux-ci concentrent leurs efforts dans un domaine déterminé et ne traitent donc que certains états de mauvaise santé et de maladie. Ils acquièrent ainsi une grande habileté, de vastes connaissances, et obtiennent de fréquents succès. Tout ceci est bon, malgré ce que peuvent dire les excentriques, les partisans des remèdes de "bonnes femmes", les rebouteux, ou même les guérisseurs qui négligent la profession médicale et lui préfèrent un culte ou quelqu'une des nouvelles méthodes pour aborder le problème de la santé.

La raison d'être des méthodes nouvelles vient de ce que la science médicale a fait tant de progrès qu'elle atteint les limites de son domaine purement physique, et qu'elle est maintenant sur le point de pénétrer le royaume de l'intangible et de se rapprocher ainsi du monde des causes. C'est pourquoi je ne me suis pas attardé aux détails des maladies, ni à l'étude des maladies spécifiques, de leurs symptômes, et de leur traitement. Les manuels existants donnent tous les renseignements utiles, et l'on peut également observer dans nos grands hôpitaux les stades nombreux et variés de ces maladies. 

Toutefois, j'ai décrit les causes latentes des maladies (telles que tuberculose, syphilis, et cancer) inhérentes à l'homme individuel, à l'humanité dans son ensemble, et à notre planète. J'ai défini la base psychologique des maladies et décrit un domaine pratiquement nouveau dans lequel on peut les étudier, surtout à leurs stades initiaux.

Lorsqu'on aura compris les causes psychologiques des maladies et que la réalité du fait de ces causes sera admise par les médecins orthodoxes, les chirurgiens, les psychologues, et les prêtres, tous travailleront ensemble dans cette zone de compréhension en voie de développement. Ce qu'ils désignent aujourd'hui sous le nom vague de "médecine préventive" sera apprécié à sa juste valeur.

Je préfère définir cette phase d'application médicale en la considérant comme l'organisation des méthodes par lesquelles  on évitera les maladies. En développant les techniques offrant dès le jeune âge une éducation psychologique correcte, on mettra bien en valeur l'homme spirituel intérieur, on supprimera et l'on évitera les conditions et les habitudes qui de nos jours conduisent inévitablement à la mauvaise santé, aux maladies nettement symptomatiques, et finalement à la mort.

Je ne fais allusion ici à aucune science affirmative ou spéculative telles que la  Science Chrétienne ou les écoles mentales qui rattachent toute maladie au pouvoir de la pensée. Je suis préoccupé par la nécessité de pourvoir immédiatement à un bon entraînement psychologique basé sur la connaissance de la constitution de l'homme, sur l'astrologie ésotérique, et sur la science des sept rayons (les forces qui conditionnent l'homme et en font ce qu'il est). Je m'intéresse à l'application de certaines connaissances considérées jusqu'ici comme spéciales et ésotériques, mais qui attirent lentement l'attention du public et qui ont fait de grands progrès au cours du dernier quart de siècle. Je ne m'intéresse ni à l'abolition des traitements médicaux, ni à la validation des nouveaux modes de traitement qui en sont tous au stade expérimental et ont tous quelque peu contribué au progrès de la science médicale prise dans son ensemble. L'union de ces méthodes devrait inciter à aborder médicalement le patient d'une manière plus fluide et plus riche de possibilités.

L'humanité mettra longtemps à peindre le tableau que j'ai esquissé de l'arrière-plan psychologique de toutes les maladies. Entre temps, la contribution de la médecine est indispensable. Malgré leurs défauts, leurs diagnostics incertains, et leurs nombreuses erreurs, l'humanité ne saurait se passer de ses médecins, de ses chirurgiens, et de ses hôpitaux. Elle en a un urgent besoin maintenant et pendant des siècles, mais cette affirmation ne devrait causer aucun découragement. Il faudra du temps pour amener l'humanité à un état de parfaite santé, mais dans l'espace de quelques décades une bonne éducation psychologique suivie dès l'enfance donnera dans ce sens d'heureux résultats.

Les mauvaises conditions se sont développées depuis longtemps. Il faudrait que les médecins modernes aient l'esprit beaucoup plus ouvert, et soient plus prêts à avaliser (après sérieuse vérification professionnelle) ce qui est nouveau, ce qui possède la nature d'une innovation, et ce qui est inhabituel. Les barrières élevées par la médecine spécialisée doivent s'abaisser. Il faut que les écoles nouvelles soient recherchées, aidées par l'instruction, et examinées de près, en vue de les inclure finalement dans les rangs de l'orthodoxie.

D'autre part, les écoles nouvelles, où l'on pratique entre autres l'électrothérapie et l'ostéopathie celles des diététiciens qui prétendent guérir toutes les maladies par une bonne alimentation, celles des naturopathes plutôt excentriques, et de nombreux autres cultes et groupements sont arrogants dans leur conviction qu'ils connaissent toute l'histoire, que leur approche est la seule bonne, ou qu'ils disposent d'une panacée universelle unique et applicable avec certitude. Ces groupes, et en particulier les chiropracteurs, ont nettement nui à leur propre cause et paralysé leurs efforts en attaquant sans cesse la médecine orthodoxe et en clamant bruyamment qu'ils étaient sûrs de leurs méthodes dans un domaine qui n'est encore qu'expérimental.

A son tour, le corps médical s'est limité lui-même faute de reconnaître ce qui est bon et juste dans les écoles nouvelles. Les clameurs de ces néophytes en vue d'être reconnus et leur défaut de méthode scientifique l'ont indisposé. La médecine orthodoxe désire protéger le grand public, et elle est obligée de le faire pour éviter les désastres que provoqueraient les fanatiques de méthodes non encore expérimentées, mais elle va trop loin sous ce rapport. L'école de pensée dont je me suis porté garant dans le présent traité sera également mise au défi, et cela pendant très longtemps. Toutefois, les effets mentaux et psychologiques de la guerre mondiale hâteront beaucoup la reconnaissance des bases psychologiques des maladies et des troubles encore mal définis. Une occasion majeure de progrès se présente donc en faveur de la médecine moderne.

Une nouvelle manière d'aborder la médecine résultera de l'amalgame des facteurs suivants :

a. La vraie science médicale élaborée par les hommes au cours des âges sous l'inspiration de leur nature divine.

b. Les nouveaux aspects des traitements formulés par les écoles de pensée, de pratique, et d'expérimentation  [17@483] qui émergent de toutes parts.

c. La reconnaissance des énergies qui conditionnent l'homme par l'intermédiaire des sept centres de son corps éthérique.

d. La reconnaissance des influences astrologiques qui le conditionnent également, mais  via l'homme intérieur.

Cette nouvelle approche des problèmes médicaux aura pour effet de maintenir l'homme en bonne santé, de tenir le mal en échec dès son début, et d'inaugurer enfin le cycle d'affaires humaines où la maladie et la mauvaise santé seront l'exception et non la règle comme c'est le cas aujourd'hui. La mort y sera considérée comme une libération heureuse et prédestinée, et non comme un ennemi terrifiant.

La seconde question concerne directement les processus de la mort. On a demandé : Quelle est l'attitude du Tibétain au sujet de la crémation, et en quelles circonstances l'estime t-il opportune ?

C'est un grand bienfait que la crémation se répande de plus en plus. D'ici peu, l'enterrement dans le sol deviendra illégal et la crémation obligatoire, en tant que mesure d'hygiène et de salubrité. Les endroits psychiquement malsains, qu'on appelle cimetières, finiront par disparaître, de même que l'adoration des ancêtres se meurt en Orient comme en Occident ; dans le premier cas il s'agit du culte des ancêtres et dans le second d'un culte également malencontreux des situations héréditaires.

Le recours au feu dissout toutes les formes. Plus vite le véhicule physique humain est détruit, plus vite est rompue son emprise sur l'âme qui se retire. On trouve dans la littérature de nombreuses absurdités sur l'équation du temps lors de la destruction successive des corps subtils. Précisons toutefois qu'aussitôt que la mort  véritable est scientifiquement constatée par le médecin orthodoxe responsable, et que l'on s'est assuré qu'aucune étincelle de vie ne subsiste dans le corps physique, la crémation devient possible.

La mort complète ou véritable intervient lorsque le fil de conscience et le fil de vie sont complètement retirés des centres coronal et cardiaque. Le processus comporte en même temps et à sa juste place le respect et une attitude de calme dignité dans l'ensemble de la famille. Il faut quelques heures aux parents du mort pour s'adapter à la disparition imminente d'une forme extérieure généralement aimée. Il faut également prendre soin de remplir les formalités exigées par l'Etat ou la Municipalité. Le facteur temps joue principalement pour les survivants et non pour le mort.

Le rite qui s'oppose à jeter précipitamment le corps éthérique dans les flammes dévorantes et la croyance qu'il faut le laisser flotter autour du cadavre pendant un nombre de jours déterminé sont totalement dépourvus de fondement. Point n'est besoin de délai éthérique. Lorsque l'homme intérieur se retire de son corps physique, il se retire en même temps de son corps éthérique.

Il est exact que le corps éthérique soit apte à errer un certain temps sur le "champ d'émanation" après enterrement du corps physique, et qu'il persiste fréquemment à le faire jusqu'à ce que le corps dense se soit complètement désintégré. Les processus de momification pratiqués en Egypte et les processus d'embaumement pratiqués en Occident sont responsables de la perpétuation du corps éthérique, parfois pendant des siècles. Cela se produit en particulier lorsque la personne momifiée ou embaumée manifestait un caractère maléfique durant sa vie. Le corps éthérique errant est alors fréquemment "possédé" par une entité ou une force mauvaise. Telle est la cause des attaques et des désastres qui s'attachent souvent aux pas de ceux qui découvrent d'anciennes tombes et leurs habitants, ou d'antiques momies, et les apportent avec leurs accessoires à la lumière du jour.

Lorsque la crémation est de règle, non seulement le corps physique est immédiatement détruit avec restitution à la source de substance, mais le corps vital est vite dissous également, et ses forces sont emportées par les courants de flammes vers le réservoir des énergies vitales. Le corps vital a toujours été une partie inhérente de ce réservoir, que son état fût pourvu ou dépourvu d'une forme. Après la mort et la crémation, ces forces subsistent, mais sont absorbées dans la masse  analogue. Méditez cet énoncé, car il vous donnera la clef du travail créateur de l'esprit humain.

Si les sentiments de la famille ou les règlements municipaux exigent un délai, la crémation devrait suivre la mort de trente-six heures. S'il n'existe aucun motif de délai, il est correct de l'autoriser dans les douze heures. Il est toutefois sage d'attendre douze heures pour s'assurer que la mort est  véritable.