C. La mort et le corps éthérique

C. La mort et le corps éthérique

Ce livre n'a pas pour but de citer des faits destinés à être vérifiés par les savants ni même d'indiquer le chemin guidant les chercheurs scientifiques dans la voie du progrès. Ce serait possible, mais incidemment et à titre tout à fait secondaire. Il cherche principalement à donner des indications sur le développement et les homologies du triple ensemble qui fait du système solaire ce qu'il est, c'est-à-dire le véhicule par lequel une grande ENTITE cosmique, le Logos Solaire, manifeste une activité intelligente en vue de démontrer parfaitement l'aspect Amour de Sa nature.

A l'ombre de ce projet gît un dessein encore plus ésotérique et lointain, dissimulé par l'aspect Volonté de la Conscience de l'Etre Suprême, dessein qui sera forcément réalisé plus tard lorsque l'objectif actuel aura été atteint. Il y a une alternance de manifestation objective et d'obscuration subjective (Pralaya.), une période d'expiration suivie par l'inspiration de tout ce que l'évolution a fait progresser. Cette alternance incorpore dans le système solaire l'une des vibrations cosmiques fondamentales et la note tonique de l'ENTITE cosmique dont nous composons le corps. Le vocabulaire dont nous disposons est inadéquat pour définir les battements de coeur du Logos, qui sont la source de toute évolution cyclique. C'est à cause d'eux que l'on attache tant d'importance au développement de l'aspect appelé "coeur" ou "amour", et que l'on s'intéresse à l'étude des rythmes et de ce qu'ils éveillent. Cela est vrai non seulement du point de vue cosmique et macrocosmique, mais aussi dans l'étude de l'individualité humaine. Comme substratum à tous les sens physiques se rattachant aux rythmes, vibrations, cycles, et battements du coeur, on trouve leurs homologies subjectives – amour, sentiments, émotions, désirs, harmonie, synthèse, et séquences ordonnées. Et comme substratum à toutes ces homologies se trouve la source de tout, l'identité de l'Etre Suprême qui S'exprime ainsi.

L'étude du pralaya, ou retrait de la vie hors du véhicule éthérique, sera donc la même pour le retrait du double éthérique humain, du double éthérique planétaire, ou du double éthérique du système solaire. L'effet est le même et les conséquences sont similaires.

Quel est le résultat de ce retrait, ou plutôt, quelle est la cause de ce que nous appelons mort ou pralaya ? Puisque nous employons strictement dans ce traité le style d'un manuel, nous continuerons à présenter les arguments en tableaux. Voici les causes de retrait pour le double éthérique d'un homme, d'une planète, ou d'un système solaire.

a. Cessation du désir.

b. Etablissement de la vibration adéquate.

c. Séparation entre le corps physique et les corps subtils, produisant trois effets.

d. Transmutation du violet en bleu.

e. Retrait de la vie.

a. La cessation du désir. Elle devrait être le résultat de tous les processus évolutionnaires. Selon la loi, la vraie mort est provoquée par le fait que l'objectif est atteint, et qu'en  conséquence l'aspiration cesse. A mesure que s'achèvent les cycles où ils acquièrent la  perfection, ceci est vrai pour l'être humain individuel, pour l'Homme Céleste, et pour le Logos Lui-même.

b.

La vibration adéquate est atteinte en ralentissant et en arrêtant progressivement le rythme cyclique, après quoi le travail est accompli.

Quand la vibration ou la note sont parfaitement perçues ou émises, elles se synthétisent en un point avec d'autres vibrations et provoquent la destruction complète des formes. Nous savons que le mouvement est caractérisé par trois qualités :

1. L'Inertie.

2. La Mobilité.

3. Le Rythme.

C'est exactement dans cet ordre qu'on en fait l'expérience, et cela présuppose une période d'activité lente suivie d'une autre extrêmement mouvementée. Au cours de la période intermédiaire où l'on recherche la note juste et la vraie rapidité de vibration, il se produit incidemment des cycles de chaos, d'expérimentation, d'expérience, et de compréhension. Ces deux degrés de mouvement sont caractéristiques de l'atome, de l'Homme, de l'Homme Céleste (ou collectivité d'hommes), et du Logos (ou de la Totalité). A leur suite vient une période de rythme et de stabilisation où le point d'équilibre est atteint.

La force qui produit la compensation entre les paires d'opposés et assure l'équilibre provoque inévitablement une période de pralaya.

c.

La séparation sur les plans intérieurs entre le corps physique et les corps subtils  s'effectue par la destruction du réseau éthérique et produit un triple effet :

- Premier effet. La vie se retire entièrement dans l'atome situé sur le plan de l'abstraction. Il s'agit de la vie qui animait la forme physique (à la fois dense et éthérique) et qui avait son point de départ dans l'atome permanent d'où elle "imprégnait le mouvant et l'immuable" chez Dieu, chez l'Homme Céleste, chez l'être humain, aussi bien que chez l'atome de matière. Le "plan d'abstraction" diffère selon les entités.

a. Pour l'atome physique permanent, c'est le niveau atomique.

b. Pour l'homme, c'est le véhicule causal.

c. Pour l'Homme Céleste, c'est le second plan de la vie monadique, Son habitat.

d. Pour le Logos, c'est le plan de l'Adi ou plan divin.

(L'ordre descendant des plans est le suivant : 1 divin (Adi) ; 2 monadique ; 3 spirituel (Atma), 4 intuitionnel ou plan de l'âme (Bouddhi) ; 5 mental ; 6 astral ou émotionnel ; 7 physique. Chacun de ces plans comporte sept sous-plans.

Tous ces plans d'abstraction marquent les points où les unités individuelles disparaissent en pralaya. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit toujours de pralaya quand on regarde  d'en bas. Mais la vision d'en haut aperçoit les mondes subtils dominant continuellement les mondes plus denses quand ils sont hors de manifestation, et pour elle pralaya est simplement la subjectivité.

Pralaya n'est pas alors "ce qui n'est pas", mais ce qui est ésotérique.

- Deuxième effet. Lorsque les doubles éthériques d'un homme, d'un Logos planétaire, et d'un Logos solaire sont désagrégés, ils cessent d'être polarisés au regard de leur habitant, ce qui permet à ce dernier de s'échapper. En d'autres termes, le double a cessé d'être une source d'attraction et un point magnétique effectif. Il devient non-magnétique et cesse d'être régi par la grande Loi d'Attraction. En conséquence, la forme est soumise à désintégration. L'Ego cesse d'être attiré par sa forme sur le plan physique ; il retire sa vie de l'enveloppe où elle se manifestait, en se mettant à l'aspirer. Le cycle tire à sa fin, l'expérience a été faite, l'objectif (qui change de vie en vie et d'incarnation en incarnation) a été atteint, et il ne reste rien de plus à désirer. L'Ego, ou entité pensante, perd l'intérêt qu'il portait à la forme et tourne son attention vers l'intérieur. Il change sa polarisation et finit par abandonner celle du plan physique.

Le grand cycle du Logos planétaire est la synthèse ou l'agrégat des petits cycles cellulaires qui composent Son corps. Dans ce plus grand cycle, il suit une progression analogue. Il cesse d'être attiré vers les bas-fonds ou vers l'extérieur et tourne Son regard au-dedans. Il rassemble intérieurement l'agrégat des moindres vies situées dans Son corps qui est la planète, puis rompt la communication avec les plans inférieurs. L'attraction extérieure prend fin et tout l'ensemble gravite autour du centre au lieu de se répandre à la périphérie de Son corps.

Dans le système solaire, le Logos solaire suit le même processus.

De son lieu élevé d'abstraction, il cesse d'être attiré par son corps de manifestation. Il n'y accorde plus d'intérêt, sur quoi les paires d'opposés (esprit et matière) se dissocient. Avec cette dissociation, le système solaire, ce "Fils de la Nécessité" ou du désir, cesse d'exister et quitte l'existence objective.

- Troisième effet. Il en résulte finalement que les atomes du corps éthérique se dispersent dans leur condition primordiale. La vie subjective, synthèse de volonté et d'amour prenant forme, est retirée. L'association est dissoute. Le magnétisme qui maintenait la cohésion de la forme n'est plus présent, et celle-ci se dissipe complètement. La matière persiste, mais la forme ne persiste plus.

Le travail du second Logos est terminé, et la divine incarnation du Fils a pris fin, mais la faculté ou qualité inhérente de la matière persiste. Bien qu'à la fin de chaque période de manifestation la matière soit redistribuée sous sa forme primordiale, elle conserve son intelligence active à laquelle s'ajoute le bénéfice de l'objectivité et l'accroissement d'activité irradiante et latente acquis par l'expérience.

Illustrons cette donnée par un exemple. Quand la matière du système solaire était indifférenciée, elle était activement intelligente, et c'est tout ce qu'on peut en affirmer. Cette matière intelligente était qualifiée par une expérience antérieure et colorée par une incarnation antérieure. Actuellement, cette matière revêt une forme. Le système solaire n'est pas en pralaya, mais en objectivité, et cette objectivité a pour but d'ajouter une autre qualité au contenu logoïque, celle d'amour-sagesse. Donc, lors du prochain pralaya solaire, à la clôture des "cent ans de Brahma", la matière du système solaire sera colorée d'intelligence active et d'amour actif. Cela signifie littéralement que l'agrégat de matière solaire atomique finira par vibrer sur une autre clef que celle en usage lors de la première aurore de manifestation.

Nous pouvons transposer cela en connexion avec le Logos planétaire et l'homme individuel car l'homologie subsiste. Sur une échelle minuscule, nous trouvons une correspondance dans le fait qu'au cours de chacune de ses vies Un homme prend un corps physique plus évolué et plus sensible, accordé sur une tonique plus élevée, synchronisé à une clef plus haute, raffiné d'une manière plus adéquate, et vibrant à un rythme différent. En étudiant soigneusement ces trois pensées et en les extrapolant logiquement, on y découvre de nombreux enseignements.

d.

La transmutation du violet en bleu. Nous ne saurions nous étendre sur ce sujet, et nous en donnons simplement l'énoncé. Nous laissons le soin de l'élaborer aux étudiants dont le karma le permet et dont l'intuition suffit.

e.

Par suite du retrait de la vie, la forme devrait progressivement disparaître. Ici, l'action réflexe est intéressante à noter, à cause des grands Constructeurs et Dévas qui étaient les agents actifs durant la manifestation, et qui maintenaient la forme en une configuration cohérente. Ils transmuaient, appliquaient, et faisaient circuler les émanations praniques. Ils perdent également leur attirance pour la matière de la forme, et tournent leur attention ailleurs. Sur la voie de l'expiration (humaine, planétaire, ou logoïque) ces dévas constructeurs, agissant sur le même Rayon que l'être qui désire se manifester, ou sur un Rayon complémentaire, sont attirés par la volonté et le désir de cet être et remplissent leur fonction constructive.

Sur la voie de l'inspiration (humaine, planétaire, ou solaire), ils cessent d'être attirés, et la forme commence à se dissiper. Les dévas constructeurs s'en désintéressent. D'autres entités, représentant la force des agents de destruction, entreprennent le travail indispensable à la désagrégation de la forme. Selon une expression ésotérique, ils la répandent "aux quatre vents des cieux" ou "vers les régions des quatre souffles" pour une quadruple séparation et distribution. Il y a ici une suggestion soumise à votre considération attentive.

Contrairement peut-être à ce que le lecteur attendait, je n'ai décrit aucune image de scènes auprès d'un lit de mort ni de l'échappée dramatique du corps éthérique palpitant par le centre coronal, mais j'a mentionné certaines règles et certains mobiles qui régissent ce retrait. Nous avons vu comment toute vie (humaine, planétaire, ou logoïque) devrait avoir pour but d'élaborer et de réaliser un dessein défini.

Ce dessein est le développement d'une forme mieux appropriée à l'usage de l'esprit. Quand il est accompli, l'habitant intérieur en détourne son attention, et la forme se désintègre après avoir rendu le service dont le besoin se faisait sentir.

Toutefois tel n'est pas toujours le cas dans chaque vie humaine, ni même dans chaque cycle planétaire. Le mystère de la Lune est celui de l'insuccès. La compréhension de ce mystère conduit à une vie de dignité et offre un but digne de nos meilleurs efforts. Quand la vérité vue sous cet angle sera universellement reconnue, ce qui arrivera quand l'intelligence de la race aura suffisamment progressé, alors l'évolution se poursuivra avec certitude et les insuccès seront moins nombreux.

(Un Traité sur le Feu Cosmique, pages anglaises 128-133)

Toute rupture de liens produit des réactions violentes. Toutefois, il faudrait comprendre que la rupture des liens avec le plan physique extérieur est la moins brutale et la plus temporaire parmi les événements de cette nature. La mort elle-même fait partie de la grande illusion. Elle n'existe que par les voiles que nous avons nous-mêmes rassemblés autour de nous. On a fait honneur et confiance à chacun de nous dans le domaine de l'illusion, le nouveau champ où l'humanité doit apprendre à travailler consciemment. La mort arrive pour tous, mais les disciples ne devraient être sujets à aucun des mirages ni à aucune des détresses qui l'accompagnent. Ne regardez pas en arrière vers le passé ; c'est la direction où l'on rencontre mirage et détresse. C'est également la direction habituelle et la ligne de moindre résistance pour la majorité, mais tel n'est pas votre chemin. Ne visez ni à la révélation ni au confort illusoire imparti à ceux qui hésitent sur la ligne de partage entre le visible et l'invisible. Cela non plus n'est pas votre chemin. Vous n'êtes pas des disciples désemparés et endeuillés tournant anxieusement leur regard vers le voile séparateur et espérant qu'un signe le traversera pour vous convaincre que tout va bien.

Atteignez les hauteurs de l'âme. Recherchez ce pinacle de paix et cette altitude de joie sur lesquels votre âme se tient immuablement. Quand vous les aurez trouvés, regardez dans le monde des hommes vivants, le triple monde où l'on peut rencontrer tous les hommes incarnés ou désincarnés. Trouvez-y ce que votre âme peut et saura reconnaître. Le mirage de vos propres détresses, l'illusion (maya) du passé parviennent à déformer même votre propre jugement.

Seules les âmes se tiennent hors de portée de l'illusion, et seules elles voient les choses telles qu'elles sont. Donc, élevez-vous jusqu'à l'âme.

(L'Etat de Disciple dans le Nouvel Age, Vol. I, page anglaise 463)