2. Le problème des nègres

2. Le problème des nègres

1946

Ce problème est absolument différent de celui des Juifs. Dans le premier cas, il s'agit d'un peuple excessivement ancien, qui joue un rôle depuis des milliers d'années sur la scène de l'histoire du monde, qui a développé sa culture et s'est identifié à une civilisation qui lui a permis de se placer au niveau même de ceux que nous appelons les peuples "civilisés". Dans le cas du Nègre, nous considérons un peuple qui a (au cours des deux cents dernières années) commencé à s'élever dans l'échelle de l'effort humain et a réalisé, durant cette période, d'étonnants progrès, malgré des circonstances adverses et une opposition considérable. Il y a deux cents ans, tous les Nègres vivaient en Afrique et ils s'y trouvent encore par millions. Il y a deux cents ans, ils étaient ce que les Européens et les Américains considéraient comme de "vrais sauvages" divisés en innombrables tribus, vivant à l'état de nature, primitifs, guerriers, sans aucune éducation moderne, gouvernés par des chefs et régis par les dieux de la tribu, soumis à ses tabous et fort différents entre eux. Le Pygmée et le guerrier du Betchouanaland sembleraient n'avoir d'autre point commun que la couleur. Ils se battaient continuellement entre eux et faisaient des razzias sur leurs territoires respectifs.

Pendant des siècles, ils ont été exploités et réduits en esclavage, d'abord par les Arabes, puis, plus tard, par ceux qui les achetaient aux marchands d'esclaves pour les emmener en servitude en Amérique ou aux Antilles. Ils ont aussi été exploités par les Européens, qui ont saisi de vastes territoires en Afrique et se sont enrichis avec les produits de ces pays et le labeur de leurs habitants, les Français au Soudan, les Belges au Congo, les Hollandais et les Britanniques en Afrique du Sud et sur sa côte occidentale, les Allemands en Afrique orientale allemande, les Italiens dans l'est. C'est une dramatique histoire de cruautés, de vol, d'exploitation de la part des Blancs, quoiqu'ils aient aussi apporté beaucoup de bien aux Noirs. Je n'écris pas dans le sens historique, mais j'ai essayé, en quelques mots, de donner une rapide vue rétrospective. L'histoire de ces rapports n'est pas encore terminée et à moins qu'elle ne soit conclue dans l'intégrité et la justice, sans doute continuera-t-elle à être triste et terrible. Il y a néanmoins une amélioration considérable dans l'histoire intérieure de ces territoires, contrôlés par la race blanche, mais peuplés par la noire, et il existe bien des raisons d'être optimiste et d'espérer une liberté encore plus large.

Le problème nègre se divise en deux parties : le problème de l'avenir du Nègre africain et celui de l'avenir du Nègre de l'hémisphère occidental.

L'Afrique est aujourd'hui le "continent noir", non au sens qu'on lui donnait jusqu'en 1900, mais parce que ses buts et son destin, son avenir et sa raison d'être sont encore cachés au sein du temps. L'Afrique est une potentialité et la destinée de ses innombrables millions d'habitants est encore à l'état embryonnaire. Les rapports entre ses vrais habitants et les races étrangères qui cherchent à les dominer demeurent dans le domaine des manœuvres politiques et de l'avidité commerciale. Il faut, toutefois, reconnaître que malgré les nombreux maux inévitablement apportés à la suite de l'exploitant blanc, le choc donné par les races blanches au "continent noir" a apporté un grand développement et une évolution favorable : l'éducation, les secours médicaux, un terme aux incessantes guerres entre tribus, l'hygiène, et un système religieux plus éclairé, remplaçant les cultes barbares et de sauvages pratiques religieuses.
Bien des maux accompagnent l'explorateur, le missionnaire et le marchand, mais des bienfaits les suivent aussi, surtout le missionnaire. Le Nègre est naturellement mystique et enclin à la religion et les principes majeurs de la foi chrétienne le touchent nettement. Les aspects affectifs de la doctrine chrétienne, avec son insistance sur l'amour et la bonté, la vie future, sont compris du Nègre dont l'affectivité domine. Derrière les nombreux cultes individualistes du pays noir, émerge un mysticisme fondamental et pur, allant de l'adoration de la nature, d'un animisme primitif, à une connaissance occulte profonde, avec une compréhension ésotérique, qui fera peut-être un jour de l'Afrique le siège de la forme la plus pure de l'enseignement et de la vie ésotériques. Mais cela ne sera pas avant des siècles.

En considérant le problème du Nègre africain, il faut voir loin et prévoir l'arrivée graduelle au pouvoir de millions de gens qui n'ont encore fait que les premiers pas vers la civilisation moderne et la culture, mais qui progressent avec une rapidité terrifiante. Les aspects regrettables de la civilisation sont là, mais les bienfaits apportés les dépassent largement et le Nègre malgré un antagonisme naturel et compréhensible, devrait reconnaître la dette contractée auprès des nations blanches agressives et avides. Leur contact a stimulé sa perception intellectuelle. Le mode de vie des Blancs a élevé les Africains de leur condition primitive à un état plus moderne. La science, les moyens de transport et l'instruction – qui leur ont été apportés par les races blanche – les rattachent de près au plan de développement de l'histoire moderne. Le monde nouveau avec son meilleur mode de vie est aussi promis au Nègre et non seulement au Blanc.

Au-delà de cette reconnaissance nécessaire de sa dette et de l'effort pour profiter des conditions offertes, en écartant ce qui est mauvais ou peu souhaitable, le problème nègre, soit en Afrique, soit dans le monde occidental, se pose surtout (sinon entièrement) à la race blanche et c'est à elle de le résoudre. En Afrique, les Nègres sont bien plus nombreux que la population blanche, cette dernière constitue une si petite minorité qu'elle se trouve dans une situation très précaire, vivant au sein d'une population noire tellement plus nombreuse. Dans l'ouest et en Amérique, la situation est renversée et les Nègres n'y constituent qu'une minorité, largement dépassée par la population blanche.
En Afrique, le Nègre est viril et militant, en Amérique et aux Antilles, il a été quelque peu émasculé et découragé psychologiquement par des années de servitude et de travail forcé. L'esclavage existe aussi en Afrique, mais il y est différent et n'y a point produit les mêmes résultats qu'en occident.

Le problème qui se pose actuellement aux races blanches en Afrique est de former les millions de Nègres qu'ils régissent de telle manière qu'ils soient réellement aptes à se gouverner eux-mêmes, le moment venu. Il faut les préparer à façonner eux-mêmes leur propre destin. Il faut leur communiquer le sens des responsabilités. Il faut leur faire comprendre que l'Afrique peut appartenir à son propre peuple et demeurer un partenaire collaborant à l'entreprise mondiale. Ceci ne peut s'effectuer que si l'antagonisme entre Blancs et Noirs est aboli. La bonne volonté doit se manifester entre eux. De justes relations humaines doivent être fermement établies entre le Nègre et son empire naissant d'un côté et le reste du monde de l'autre côté. Les nouveaux idéals et les nouvelles tendances mondiales doivent être encouragés chez le Noir réceptif, en sachant que la "si sombre Afrique" peut devenir un centre rayonnant de lumière, prêt à se gouverner soi-même (ce qui n'est pas encore le cas à présent) dans l'expression d'une liberté véritable. De plus en plus, les races noires abandonneront leurs réactions affectives aux circonstances et aux événements pour faire face à ce qui se passe avec une perception mentale et intuitive, qui les placera au même rang et peut-être plus avant que ceux qui conditionnent aujourd'hui le milieu et les conditions d'existence du Nègre.

Nous pouvons exprimer les possibilités comme suit : Les Nègres d'Afrique
arriveront-ils à disposer de leur continent après avoir chassé par la violence les races blanches qui les régissent, puis après un long cycle de guerres entre les divers groupes de Nègres peuplant ce continent ? Ou la question sera-t-elle réglée, au cours des années, par une politique à longues vues et la compréhension de la part des peuples blancs, en préparant les plans de la coopération future ? Ceci s'accompagnera-t-il d'une action sage et lente de la part des Nègres, évitant le sang versé et la haine, déjouant les manœuvres retorses des agents politiques égoïstes (cherchant à les exploiter) ? Feront-ils montre d'une remarquable capacité de mener leurs propres affaires, en produisant des chefs qui, naturellement et automatiquement, sans conflit, ni violence, prendront les rênes du gouvernement en mains, pour éliminer graduellement la suprématie blanche ? Les nations blanches qui exploitent à présent l'Afrique commercialement, conserveront-elles leurs propriétés foncières, renonceront-elles à leurs soi-disant droits (basés sur le fait que possession vaut titre) et substitueront-elles les méthodes de l'Ere nouvelle, de justes relations humaines et une coopération intelligente, le partage des ressources, si riches et variées dans ce merveilleux continent, et apporteront-elles le concours de leur habileté technique, les bienfaits de leur commerce et de leur connaissance scientifique, en échange de tout ce que l'Afrique peut offrir d'utile et de productif au monde ? Un égoïsme éclairé (si je puis employer cette expression paradoxale) devrait sûrement engager les nations d'Europe et les Britanniques à suivre un programme à long terme, qui mènerait à la libération de l'Afrique remise aux mains de son propre peuple, une fois celui-ci suffisamment éduqué et développé. En même temps, une saine patience devrait pousser les Africains à attendre et à agir dans ce sens, en se concentrant jusque-là sur l'éducation, le développement agricole et économique. Le destin de cette immense terre s'éclairera et l'Afrique prendra sa place en qualité de centre important de culture éclairée, brillant dans un pays civilisé. 

A moins que les deux races, la noire et la blanche, n'envisagent le problème de leurs rapports dans un esprit raisonnable, avec prévoyance et patience, sans haine ni crainte, l'Afrique sera un jour le siège d'un des conflits les plus sanglants qu'ait jamais vu le monde et la culture de notre planète s'en trouvera retardée de nombreuses années. L'énergie jusqu'à présent inemployée et non organisée des innombrables millions d'Africains est quelque chose que la race blanche devrait étudier avec soin. Elle peut faire face à cette menace en puissance (si on veut l'appeler menace) par la crainte et la force armée, ne faisant ainsi que retarder le jour néfaste ; ou bien elle peut placer les peuples nègres aussi rapidement que possible sur un pied d'égalité, leur donner les mêmes chances, les même droits constitutionnels et naturels et les aider à passer du stade infantile ou adolescent où ils se trouvent, à une pleine et utile maturité, où ils seront capables d'administrer leurs propres problèmes et territoires. L'Afrique prendra alors sa place (à travers plusieurs groupes nationaux possibles) dans la grande famille des nations et une race pénétrera dans l'arène mondiale, avec un surprenant apport de richesses spirituelles, de valeurs culturelles et de pouvoirs créateurs. Les dons naturels du Nègre sont très riches. Il est créateur, artiste et susceptible du plus haut développement mental, s'il est instruit et formé, aussi capable que le Blanc. La preuve en a été faite fréquemment par les artistes et savants sortis de la race noire, du fait de leurs aspirations et ambitions. Le temps est venu, où le Blanc doit cesser de considérer le Nègre comme un ouvrier agricole, ou industriel, une bête de somme, capable seulement de travaux domestiques et grossiers, pour lui accorder le respect et les chances qui lui sont dus.

Le Nègre d'Afrique ne forme pas une minorité, mais il n'est pas encore prêt à assumer son gouvernement et son administration, à cause du bref laps de temps qui s'est écoulé depuis qu'il a émergé de ses forêts vierges et de la vie primitive, comme des conditions psychologiques causées par les méthodes des Blancs, l'esclavage et le travail forcé. Il s'en dégage rapidement et avec quelques années d'éducation, d'étude et de voyages, le problème de l'Afrique deviendra plus aigu qu'il ne l'est actuellement. Il ne sera pas dangereux si la race blanche manifeste de la sagesse, de la compréhension, des idées généreuses et la volonté d'accorder la liberté complète aux races noires. La paix future du monde dépend aujourd'hui d'une politique éclairée et à longues vues, dictée par le fait que Dieu a créé tous les hommes libres.

La question nègre dans l'hémisphère occidental constitue une fort vilaine histoire où l'homme blanc est sérieusement compromis et c'est une disgrâce permanente. Amené aux Etats-Unis et aux Antilles voici plus de deux siècles, réduit à l'esclavage, le Nègre n'a jamais été traité avec justice, ni obtenu une chance véritable. D'après la constitution des Etats-Unis, tous les hommes sont libres et égaux. Le Nègre, toutefois, n'est ni libre, ni égal, surtout dans les Etats du Sud des Etats-Unis. La situation aux Antilles ressemble plutôt à celle qui existe dans les Etats du Nord des Etats-Unis, ou les conditions sont un peu meilleures, mais ne comportent pourtant pas des possibilités égales, car elles sont fort entachées de discrimination raciale. Le traitement des Nègres dans les Etats du Sud des Etats-Unis est une honte pour le pays, là on se bat pour maintenir l'infériorité du Nègre, pour lui refuser l'égalité d'instruction et dans la vie, pour lui imposer le niveau de vie le plus bas possible et bien inférieur à celui du Blanc, pour lui refuser l'indépendance politique. Dans un pays démocratique, où tout le monde vote, on l'empêche de participer à ce privilège constitutionnel en lui imposant une taxe d'électeur que peu de Nègres sont en état de payer, ou qu'ils se refusent à payer à cause de son injustice fondamentale. Dans les Etats du Nord des Etats-Unis, ces conditions ne sont pas aussi exagérées mais la discrimination s'exerce constamment contre le Nègre, on ne lui donne pas les mêmes chances et il lui faut lutter pour chaque privilège. Quelques sénateurs corrompus et ignorants déjouent constamment les bonnes intentions de la masse du peuple américain, en prolongeant ces conditions iniques et en s'opposant à toute mesure destinée à les changer. Ils se servent des craintes de leurs électeurs et bloquent chaque motion tendant à assainir la situation, et être conforme à la constitution. Des politiciens aveugles tâchent de remiser ces réformes et jettent de la poudre aux yeux de leurs électeurs en luttant en faveur de la liberté de lointaines petites nations européennes. En même temps, ils violent régulièrement leur propre constitution en refusant la liberté aux Nègres de leur propre pays. Nulle excuse ne justifie leur attitude et leur conduite. Le mystère demeure entier pour les autres nations éclairées ; comment un peuple aux idées larges, comme les Etats-Unis, qui vocifèrent pour exiger leur liberté individuelle et insistent pour défendre la constitution, peuvent-ils tolérer ces conditions et maintenir en fonction ces hommes maudits, auteurs de violations constantes des droits constitutionnels de citoyens américains ?

Les prétentions des Etats du Sud, que le Nègre n'est pas assez instruit pour voter, sont démenties par le fait, que dans le Nord des Etats-Unis, il le peut et le fait ; son vote est souvent aussi sage que celui de son frère blanc et, s'il peut souvent être acheté par les agents électoraux, il en va de même avec l'électeur blanc. Le cri, que les femmes blanches doivent être protégées contre les instincts brutaux des Nègres, ne signifie rien, car elles ont tout aussi grand besoin d'être protégées contre les instincts brutaux des Blancs, les statistiques sont là pour le démontrer de manière adéquate. L'assurance que les Nègres ont besoin du paternalisme, et que seul l'homme du sud s'y entend, est fausse, le Nègre l'indique clairement, car il n'en veut pas. Le fait qu'il le répudie, montre un juste sens des valeurs et qu'il sait établir la différence entre le paternalisme, qui maintient le Nègre en état d'infériorité, sans instruction et soumis aux Blancs, et la liberté qu'il désire partager avec tous les hommes du monde.

Le Nègre est de nature accommodante, aimable et désireux d'aimer les gens et d'en être aimé. Si aujourd'hui, tant de Nègres sont arrogants, vindicatifs, haineux et insolents, ce sont les Blancs qui les ont rendus tels. Les Blancs encourent une grande responsabilité et c'est à eux de changer l'état des choses.
Quand ils l'auront fait, ils trouveront le Nègre tout aussi sensible aux bons et justes traitements, aux chances égales et aux bonnes conditions d'existence qu'il est parfois sensible, dans le mauvais sens, aux déplorables conditions de vie politiques et éducatives, dont il souffre maintenant. Ce que j'ai dit ici s'applique au problème nègre dans tout l'hémisphère occidental.

La guerre a causé une crise dans le problème nègre. Partout, les Nègres ont partagé les dangers de la guerre avec leurs frères blancs. Ils sont morts, ou ont été blessés pour défendre leurs pays respectifs et ils l'ont fait avec courage et en grommelant aussi peu, ou autant, que le soldat blanc. Si leur pays ne reconnaît pas cette égalité et ne leur accorde pas des droits constitutionnels égaux, une situation fort grave sera inévitable. On ne peut discriminer contre le Nègre indéfiniment ; on ne peut exiger qu'il défende son pays, pour lui refuser ensuite les droits communs du citoyen. L'opinion publique est du côté du Nègre et la résolution devient de plus en plus ferme chez les citoyens honnêtes de l'hémisphère occidental de lui reconnaître les droits civiques, et les mêmes possibilités dans le commerce ou les affaires, ainsi que celle de s'instruire et de vivre convenablement. C'est au peuple américain de parler net et de demander que les Nègres reçoivent leurs justes droits. Il faudrait aller, s'il le faut, jusqu'à retirer leurs mandats à ces sénateurs du sud qui s'opposent de manière si persistante à leur propre constitution et aux justes relations humaines, préparant la voie aux troubles et à de sérieuses difficultés ultérieures. Tout Blanc américain devrait assumer ses responsabilités à propos de cette minorité et étudier le problème nègre. Il devrait apprendre à connaître personnellement des Noirs, comme frères et amis et devrait veiller à jouer son propre rôle pour renverser le choquant état de choses actuel.

Au sujet des mariages mixtes, si souvent mis en cause, je ne dirai que peu.
Les gens les meilleurs et les plus sages des deux races déplorent actuellement les mariages mixtes. Ils n'entraînent guère de bonheur pour les deux parties. En réfléchissant sur ce sujet, il faut toutefois se souvenir que les mariages mixtes, entre Blancs et Jaunes (Chinois et Japonais) sont également déplorables et, à de très rares exceptions près ne réussissent guère et ne sont pas plus satisfaisants pour les enfants issus de ces unions. Les mariages entre Anglo-Saxons ou Scandinaves et Latins, quoique très fréquents, sont souvent assez malheureux.
Le problème se résoudra nécessairement de lui-même. La guerre mondiale (1914-1945) a elle-même produit un grand mélange de races ; les armées amènent forcément la promiscuité et une nouvelle population en résulte. Le monde actuel produit et continuera à produire les fruits de telles unions, dites illicites, entre les soldats de toutes nations et les peuples des pays où ils passent. Ces enfants d'origine mixte, comme les métis et les Eurasiens, offrent peut-être la solution d'une partie du problème. Veuillez remarquer que je ne prône pas les mariages mixtes comme solution, et que je ne conseille point la promiscuité, je tiens seulement compte d'un fait accompli, que nul ne peut ignorer. La population du monde comprendra des centaines de milliers d'enfants de parenté mixte, au cours de la prochaine génération et du cycle immédiat, c'est donc un groupe avec lequel nous devons compter.

Je voudrais dire un mot aux Nègres des Etats-Unis. Par égard pour vous-mêmes, n'ayez point recours aux armes, à la cruauté, à l'esprit de vengeance, pour obtenir les privilèges auxquels vous avez droit et qui vous appartiendront un jour ! En agissant ainsi, vous ne feriez que retarder l'accomplissement de vos buts. Vous êtes en minorité et n'atteindriez à rien de permanent, sauf un retard indéfini de ce que vous désirez et le massacre de beaucoup d'entre vous. Vous n'avez de cette manière aucune chance de succès définitif, car vous seriez quinze millions contre cent quarante-cinq millions de Blancs. Vous feriez le jeu de vos ennemis, qui allégueraient naturellement vos agissements pour prouver leurs dires. Ce n'est pas la bonne méthode. Montrez-vous compétents, continuez votre agitation d'une manière saine et diplomatique ; obtenez la collaboration et la sympathie des centaines de Blancs qui partagent vos aspirations, montrez-vous bons citoyens, respectez la loi et intéressez-vous aux justes relations humaines. Que les plus intelligents d'entre vous retiennent les plus puérils et les furieux. Soyez patients, car la victoire est assurée. Toute la famille humaine marche vers la liberté. L'ère de l'humanité une est arrivée.