LE TIBETAIN

LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN

SECTION III - CINQUIEME PARTIE

SECTION III

CINQUIEME PARTIE

 


Mes frères, dans ces instructions, je souhaiterais vous faire quelques suggestions concernant la manière qu'a l'humanité d'aborder l'état de disciple, et la manière qu'ont les disciples de tous pays, de toutes les écoles de pensée et de toutes les convictions religieuses, d'aborder l'initiation à l'heure actuelle. Je vous ai dit souvent que les techniques d'entraînement des disciples sont en train de changer, afin de se conformer au rapide progrès dans l'orientation de masse ; je vous ai dit aussi qu'une nouvelle lumière est imminente sur l'ensemble du thème de l'initiation. Je souhaite si possible être un peu plus explicite. Vous du moins, après les années d'instructions que je vous ai données, devriez être aptes à comprendre un peu mieux ces questions.
L'humanité – comme on l'a souvent dit – est maintenant le disciple mondial. Pourquoi cela ? Principalement pour deux raisons :
1. Les hommes sont rapidement en train de s'éveiller mentalement. Le monde entier pense, principalement dans la ligne politique, et dans les lignes des idéologies actuelles. Même les personnes peu éveillées ressentent maintenant les bouleversements dus aux processus mentaux. Ce déplacement de la conscience humaine processus mentaux. Ce déplacements de la conscience humaine, implique une focalisation rapide de l'intention humaine sur les niveaux du mental.
La polarisation mentale est essentielle pour le disciple. Ce n'est encore qu'une tendance générale, mais la tension de la guerre a eu pour résultat beaucoup de progrès.
2. Il se développe rapidement chez les hommes une bonne volonté compréhensive. Le monde est plein de mouvements pour le secours et l'amélioration de la détresse humaine, ceci de la part de communautés grandes et petites, ainsi que sur un plan national et international. En témoignent la Croix Rouge et beaucoup d'autres groupements analogues et bien intentionnés, en tous lieux. Cela indique non seulement une polarisation mentale, mais une réceptivité à la nature d'amour de Dieu, et aussi une fusion et une sensibilité qui sont
nouvelles dans l'histoire de l'homme, et des plus encourageantes ; c'est enfin le témoignage de la réussite du processus de l'évolution.
Le temps est donc révolu où la Hiérarchie avait affaire presque entièrement à des dévots émotionnels ; ce changement s'est produit beaucoup plus rapidement que prévu. La tâche des Maîtres, avant le dix-huitième siècle, était de prendre des aspirants émotionnels et de les instruire dans la technique de la polarisation mentale, avant de leur permettre d'entrer dans leurs ashrams.
C'était ce que l'on pouvait attendre de mieux et, en dernière analyse, c'était tout ce qu'il fallait, car des aspirants à l'état de disciple accepté, qui auraient eu une polarisation mentale, auraient été de peu d'utilité pour élever l'humanité et la rapprocher de la lumière ; les ashrams existent tout d'abord à cette fin. Mais l'humanité d'aujourd'hui, focalisée mentalement, ne peut pas être touchée uniquement par les travailleurs émotionnels. L'approche mentale est nécessaire, et un type plus élevé de disciple est nécessaire.
L'enseignement à donner aux aspirants (ceci doit être entrepris dans nos centres d'éducation) concernera le double usage du mental, la nature de l'énergie, l'indication d'un plan de l'évolution n'incluant pas seulement les formes physiques, et, plus tard, un dessein clair et précis pour l'humanité, ainsi que des méthodes de développement des pouvoirs subjectifs et subtils de l'être humain. Cela impliquera une étude de la constitution de l'homme, et la relation entre sa nature triple, inférieure et supérieure, et les trois aspects de la divinité.
Vous noterez comment, vis-à-vis de vous tous, j'insiste de plus en plus sur la dualité essentielle de l'homme, et non sur sa triplicité temporaire. J'aimerais vous voir essayer de vérifier et de comprendre mes raisons.
Lorsque ce programme sera fermement établi, il révolutionnera les systèmes modernes d'éducation sur une échelle planétaire ; alors l'homme, aspirant en voie de réorientation, deviendra l'homme, disciple accepté.
Je me demande si vous avez jamais envisagé l'effet très étendu de toute la pensée réfléchie, des aspirations, des prières et du travail de méditation effectué – avec ou sans entraînement – par des millions de personnes au cours des âges, sur toute la planète. Sa qualité est en train de se modifier ; sa force augmente ; sa vitalité produit des changements dans l'organisme humain. La vague de vie spirituelle est aujourd'hui si forte et si active que les cent cinquante prochaines années donneront la preuve de la nature effective du royaume des âmes ou de Dieu. Vous pouvez sûrement vous rendre compte que cela produira aussi des changements fondamentaux dans les objectifs immédiats visés par le progrès humain, dans les plans des Maîtres, dans l'enseignement donné et dans l'entraînement proposé.
Cela m'amène aux objectifs qui sont actuellement ceux des disciples instruits pour l'initiation. Remplaçant les objectifs du passé – contact avec l'âme et entrée dans un ashram – on pourrait énumérer les objectifs suivants qui doivent être compris ésotériquement et non littéralement :
1. Un sens de relations planétaires. Au lieu de mettre l'accent sur la relation de l'individu avec son âme, avec son Maître et avec l'ashram, le disciple voit sa conscience consciemment élargie (si je puis employer une expression apparemment aussi redondante) afin d'engendrer une réalisation vers le haut dans les règnes jusqu'ici non vus et non connus, vers le bas dans les règnes que nous appelons subhumains, vers l'extérieur dans l'environnement humain et le règne humain, et vers l'intérieur (mot dépourvu de sens, mon frère) vers la divinité même. Cela signifie vers la synthèse, vers l'intégralité, vers le sens du tout, vers la totalité. Pour ces quatre directions (dont le nord, le sud, l'est et l'ouest sont des symboles) il existe des techniques spécifiques ; mais aujourd'hui, je ne peux indiquer que la direction.
2. Un sens de "surveillance intelligente". Ceci doit être compris ésotériquement. Qu'est-ce que cela veut dire ? L'une des qualités les plus profondément spirituelles que le candidat initié doit développer en lui-même est la reconnaissance constante d'une maîtrise focalisée de la vie journalière des circonstances, de l'avenir et du destin. Ceci est encore un sens embryonnaire ou une voie de la perception entièrement nouvelle, relativement proche de l'aspect volonté de la divinité, et en constituant une facette. Il rend l'homme conscient de sa destinée, développe chez lui la faculté de prédire, et lui donne la vue pénétrante de l'initié concernant le dessein et son plan qui se déroule.
C'est une faculté que vous feriez bien de considérer ; essayez de l'imaginer comme un pas vers le développement.
3. Le sens de l'orientation vers l'humanité. Je suppose que vous reconnaîtrez la vérité de ce que je dis, en exprimant l'opinion que votre amour individuel ou personnel de l'humanité, et la concentration de votre attention sur ce qui lui est nécessaire sont, pour une très large part, théoriques. Ils sont au stade expérimental. Vos intentions sont belles et bonnes, mais vous n'avez pas encore l'habitude de l'orientation correcte, et beaucoup de ce que vous faites est le résultat d'un sacrifice imposé qui vous coûte et ne vous est pas naturel ; c'est encore le résultat d'un effort plein d'espoir ; c'est encore un vrai problème pour vous que de savoir comment vous orienter vers la Hiérarchie et vers votre âme, en même temps que vers l'humanité et vos semblables. Mais le temps viendra où vous serez personnellement si décentralisé qu'automatiquement votre sens des "autres" sera beaucoup plus fort en vous que le sens de la personnalité ou soi inférieur. Laissez votre imagination se déchaîner pendant un instant, et représentez-vous ce que sera la condition du monde lorsque la majorité des êtres humains s'occuperont du bien des autres et non de leurs propres buts égoïstes. Donner libre cours à la pensée imaginative est bon et constructif ; cela aidera à amener la manifestation du nouveau monde et du nouveau type d'humanité que l'avenir apportera inévitablement. Je ne m'étendrai pas sur ce sujet ; la pratique de la bonne volonté posera les fondements de ce nouveau genre de sensibilité.
4. Le sens de l'impression enregistrée. Je ne vais pas traiter maintenant de cette nouvelle recherche de contact avec l'inconnu, ou avec ce qui exige une expansion de conscience dans la sensibilité. Il concerne le thème de l'entraînement à la télépathie. J'en traiterai lorsque nous étudierons la science de l'Impression 15 qui sera finalement l'objectif majeur des systèmes d'éducation fonctionnant à la fin du nouvel âge qui se rapproche si rapidement. C'est seulement maintenant qu'il a été permis à ces forces d'entrer dans notre vie planétaire qui offrira un nouvel environnement subjectif, présent depuis toujours, mais non reconnu. La raison pour laquelle cette nouvelle sensibilité est l'objectif de l'entraînement culturel hiérarchique est que la Hiérarchie s'est rendu compte que l'homme possède maintenant l'intelligence adéquate pour qu'il lui soit enseigné la juste interprétation.
5. L'évocation de la volonté. C'est en particulier pour les disciples, un développement nouveau et très nécessaire. Comme je vous l'ai souvent dit, l'aspirant moyen confond la volonté avec la détermination, l'intention fixe, la volonté personnelle et l'attention à objectif unique.
Il ne se rend pas compte que la volonté est, chez l'homme, l'aspect divin qui met en rapport avec le dessein divin, puis la place sous la domination de ce dessein, intelligemment compris dans le temps et l'espace, et mis en oeuvre par l'âme comme l'expression d'une application aimante. La méthode susceptible, par excellence, de développer la volonté est de cultiver la reconnaissance du Plan divin au cours des âges. Cela produit le sens de la synthèse, sens qui rattache l'homme au plan par la reconnaissance de :
a. Son inévitabilité qui exige donc la coopération.
b. Sa réussite qui suscite donc la sage activité.
c. Son objectif immédiat auquel conduit le passé tout entier.
d. Son caractère juste dont témoigne l'intuition.
Il n'est pas facile pour le disciple à l'entraînement d'associer le sens de synthèse et l'emploi de la volonté, ni de comprendre que cultiver la perception de premier rayon est une méthode puissante, par laquelle peuvent être développés les aspects les plus élevés de la volonté spirituelle (encore embryonnaire chez lui). Ailleurs, je traite plus en détail de la volonté, de sa nature et de ce qu'elle est.
6. Le sens de ce qui est imminent. Ceci concerne le "nuage de pluie des choses connaissables". J'attire votre attention sur le mot "connaissable". Ce n'est pas la reconnaissance de ce qui est imminent chez l'homme, dans la nature, ou latent dans la manifestation. La spéculation dans ce sens pourrait être, et souvent est sans importance véritable. C'est ce qui est spirituellement imminent qui concerne le vrai disciple. L'une des premières leçons à apprendre dans le domaine ésotérique est le sens du moment opportun, avec lequel ce qui est imminent est relié. Le disciple doit s'éveiller à ce qui est sur le point de se précipiter dans la pensée, la vie et les circonstances humaines ; il doit prendre les mesures occultes qui lui permettront de reconnaître non seulement ce qui plane au-dessus de l'humanité, au bord de la révélation ou de l'utilité karmique (notez cette expression), mais qui lui permettront aussi de se comporter de manière si juste et si sage qu'il pourra, petit à petit, collaborer au processus facilitant cette tâche de révélation. Davantage de lumière éclairera cette question lorsque nous étudierons la science de l'Impression. Ce que je cherche néanmoins à démontrer ici est que la sensibilité à un nuage adombrant présupposait l'existence subjective d'un pouvoir (ou d'une faculté divine), non encore utilisé consciemment par les disciples, mais qui peut maintenant être développé intelligemment, et produire une vision plus rapide et une perception révélatrice plus pénétrante. Ce pouvoir a toujours été présent ; c'est un aspect de la force de l'évolution qui a conduit l'homme d'un point de révélation à un autre, d'un pouvoir à un autre, d'un sens à un autre, d'un point de compréhension à un autre. Il a tout d'abord produit les sens physiques ; il a conduit l'homme à l'expression émotionnelle puis au développement mental ; c'est le secret sous-jacent à la compréhension spirituelle, mais il n'a encore jamais été employé consciemment. Il est au mental ce que le mental en tant que bon sens, a été aux cinq sens.
Réfléchissez à fond à ceci.
Ce nuage plane, lourd de présages et de connaissance, au-dessus d'un monde qui est aujourd'hui en cours de réorganisation. Les Maîtres cherchent à hâter, chez leurs disciples, la reconnaissance de ce qui est imminent, afin qu'ils puissent être des agents intelligents par qui les précipitations nécessaires pourront être effectuées. Il existe une technique précise pour produire cette forme particulière de coopération, mais il ne sera pas possible de s'en servir ou de l'appliquer avant vingt-cinq ans.
Je vous ai indiqué ici très brièvement, les nouveaux développements qui sont possibles si le disciple est correctement focalisé et orienté. Il y a en eux des possibilités latentes. Si vous voulez bien faire une pause et réfléchir, vous vous rendrez compte que, dans le passé, la tâche du Maître, qui s'efforçait de préparer le disciple à l'initiation, était largement consacrée à l'éveiller à la nécessité de l'obéissance occulte, de la juste orientation, de la persévérance et du dévouement à un objectif. Mais le vrai disciple moderne a laissé tout cela bien loin derrière lui. Aujourd'hui, le Maître lui indique le nuage adombrant des choses connaissables. Il lui affirme qu'il possède lui-même des pouvoirs insoupçonnés qui, lorsqu'ils seront amenés à la surface de sa conscience, lui donneront la preuve de son essentiel état d'adepte, et lui permettront de participer à la grande tâche hiérarchique d'illumination, de précipitation et d'élévation. Aujourd'hui, le Maître, quand il a fait ce qui est indiqué ci-dessus, laisse le disciple travailler pour parvenir à la connaissance et à la coopération utile ; il ne le pousse pas à une action prématurée, ni ne le surveille constamment ; il l'entoure de l'aura de sa présence, de la protection et de la stimulation de son ashram ; il lui donne parfois des indications et, lorsque le disciple agit et travaille selon ces suggestions, l'indication devient une directive claire et une zone lumineuse d'illumination.