SECTION III - QUATRIEME PARTIE - Sur les Indications

SECTION III

QUATRIEME PARTIE

Sur les Indications

 


Les indications données précédemment par le Maître concernaient en grande partie la construction ou modification du caractère, et l'éveil du chéla.
Elles ne constituent plus des indications pour le disciple moderne ; il en sait assez par lui-même pour travailler sur son propre caractère, et il a pénétré jusqu'à la frange du monde intérieur, par ses propres efforts et tout seul. Telle est aujourd'hui la règle pour la majorité des aspirants. Les indications, telles que je vais vous les donner, sont faciles à comprendre superficiellement et ont un sens apparemment évident ; mais elles concernent le service, les affaires humaines et planétaires, et sont sujettes à plusieurs interprétations – selon le point de développement et le type de rayon.
Dans mes dernières instructions, je vous ai donné trois indications et il pourrait être utile que nous les considérions. Je vous indiquerai la ligne, le long de laquelle la lumière pourrait venir vers vous, comme groupe, à votre point spécial de développement.
La première indication traitait des changements effectués par le travail fait dans les Ashrams qui sont englobés dans l'unique grand Ashram de la Hiérarchie. J'ai dit que les résultats en seraient l'établissement d'une relation plus étroite avec Sanat Kumara et sa Chambre du Conseil. Cela sera le résultat du travail accompli par les disciples en incarnation, ou hors d'incarnation. Je me demande combien d'entre vous ont réfléchi à la signification de la déclaration selon laquelle des changements étaient apportés par l'activité des disciples ; je ne veux pas dire par les initiés de haut rang, mais par ceux que vous désignez par le mot disciple. Il aurait été naturel que vous supposiez que les Maîtres institueraient les changements nécessaires, ou le Christ, ou même Sanat Kumara. Mais il n'en est rien. Pourquoi cela ? Quelle idée se trouve derrière mon affirmation catégorique ? Les disciples du monde sont les intermédiaires entre la Hiérarchie et l'humanité. Ils sont le résultat de l'effort humain immédiat ; ils règlent l'allure du développement humain ; ils sont donc en rapport étroit avec la conscience de la race des hommes. C'est la qualité des nouveaux disciples, la rapidité avec laquelle les hommes prennent place dans
les rangs des disciples, et la demande que font les disciples au travail dans le monde, au bénéfice de l'humanité (qu'ils connaissent), qui engendrent les changements nécessaires. Les Maîtres sont experts dans l'art de la reconnaissance, qui est la consommation de la pratique de l'observation. Ils sont toujours prêts à faire les modifications nécessaires de technique ou de programme, quand la nature humaine dépasse les présentations anciennes des vérités toujours nécessaires. Les besoins leur sont indiqués par leurs disciples, et Ils instaurent les changements nécessaires. Lorsque ces changements surviennent en temps de crise, qu'ils sont de grande portée dans leur effet et déterminent les conditions sur un avenir de plusieurs milliers d'années, alors la Hiérarchie tout entière se réunit en conclave. Sur la base de la lumière dans cette indication, vous pouvez tirer beaucoup de conclusions.
La deuxième indication que j'ai donnée signalait que l'humanité avait tellement évolué que les buts et théories, les objectifs et déterminations exprimés aujourd'hui par les hommes, en pensée et par écrit, révélaient que l'aspect volonté de la divinité commençait à se faire sentir dans sa manifestation embryonnaire. Avez-vous bien suivi cette indication ? Avez vous compris que les soulèvements des masses et leur détermination de surmonter tous les handicaps en vue d'un meilleur état mondial en témoignent ?
Comprenez-vous le fait que les révolutions des deux cents dernières années sont des signes de l'effort de l'aspect esprit ? Cet esprit est vie et volonté ; aujourd'hui le monde donne des signes de vie nouvelle. Réfléchissez à ceci dans le cadre de ses implications modernes et immédiates, et voyez dans quel sens va le monde sous l'inspiration de la Volonté spirituelle.
La troisième indication avait pour but de suggérer que c'était le devoir et la responsabilité du disciple, travaillant sous l'inspiration de l'ashram, de "modifier, de qualifier et d'adapter" le plan prévu par Shamballa (dont les ashrams sont responsables), en tenant compte de la prochaine civilisation et de la prochaine culture. Il y a "un art du compromis spirituel" qui doit être appris et qui est difficile à maîtriser, car il supprime le fanatisme, exige une compréhension intelligente et entraînée des vérités et mesures appliquées, et interdit d'esquiver les responsabilités. Il implique aussi une compréhension de l'équation temps, des points différents en évolution, ainsi que de l'expérience dans le processus de rejet de ce qui est dépassé et inutile – même si cela peut sembler satisfaisant.
Dans ces trois indications, se trouve un vaste champ d'éducation individuelle et d'expansion de conscience ; c'est en employant correctement ces indications que le disciple apprend à servir, adéquatement, avec précision, et à rendre service à la Hiérarchie de façon satisfaisante. Je vous signalerai toujours le fait que je vous donne une indication, et je vous demande de vous concentrer sur ces indications. Je ne les développerai pas toujours comme je l'ai fait aujourd'hui, car vous devez progresser en résolvant vos propres problèmes.
L'une des difficultés, associées à l'instauration d'une attitude nouvelle et plus avancée vis-à-vis de l'initiation, est d'annuler l'idée que l'initié sait toujours tout ce qu'il y a à savoir. Il faut vous souvenir que la connaissance est associée au monde des faits ; elle concerne l'accumulation de connaissances à travers les âges ; elle est étroitement reliée à la mémoire et à sa contrepartie subjective – consistant à retrouver la connaissance passée. Cela signifie qu'est recouvré consciemment tout ce que l'Ego a emmagasiné au cours de nombreuses incarnations et d'expériences différentes ; cela est en relation avec les "pétales de connaissances" du lotus égoïque et le mental inférieur concret.
La connaissance est ce qui engendre une relation active et efficace entre cette rangée extérieure de pétales, le mental concret et le cerveau. Elle incarne les "facultés d'intelligence" d'une âme en incarnation, pendant telle ou telle vie ; elle concerne, pour une large part, ce qui est éphémère et transitoire. Le facteur durable de la connaissance est simplement sa faculté de relier le passé au présent, et de produire une vie phénoménale efficace, dans le présent.
La sagesse est le sceau de l'initié ; il la possède même si sa connaissance des détails du monde – historiques, géographiques, économiques ou culturels – laisse à désirer. Les disciples appartenant à l'ashram du Maître sont en mesure de lui fournir toute la connaissance dont il peut avoir besoin, car ils sont issus de différentes cultures et civilisations et, à eux tous, ils possèdent la totalité de la connaissance humaine à un moment donné. Cela ne doit pas être oublié. Un Maître de Sagesse sait toujours où s'adresser pour obtenir telle ou telle connaissance. La connaissance et l'intelligence, ou polarisation mentale, ne doivent pas être confondues dans votre esprit. A ce que j'ai dit ci-dessus, je pourrais ajouter que la connaissance traite de ce qui est vérifié et effectif sur le plan physique et dans les trois mondes ; la sagesse concerne les capacités et les possibilités inhérentes d'expression spirituelle. La connaissance peut s'exprimer en concepts et en préceptes ; la sagesse se révèle par des idées qui, très souvent, sont puissamment contestées par les savants de ce monde. Comme vous le savez, le mental concret entrave souvent le libre flot d'idées dont l'impulsion est intuitive. C'est de ce libre flot d'idées nouvelles que l'initié s'occupe fondamentalement, car ce sont ces idées, leur juste application et interprétation, qui déterminent l'avenir de l'humanité et de la vie planétaire.
Donc, la première chose que doit apprendre le disciple se préparant à l'initiation, est la nature des idées et la distinction entre idées et formespensées, ceci exprimé en termes simples, et donc inadéquats, vu la complexité de la question. La tâche primordiale du Maître est d'aider le disciple à développer son intuition et, en même temps, à maintenir la perception mentale dans un état de saine activité. Il y parvient, tout d'abord, en lui permettant d'arriver à une juste relation et à une évaluation correcte des domaines abstraits et concrets de la pensée, aspects supérieur et inférieur du mental qui sont à l'âme ce que le mental inférieur et le cerveau sont à la personnalité.
Comprenez-le bien. Une reconnaissance véritable de cette distinction produit une nouvelle focalisation de la force de vie au sein de l'âme qui, dans les premiers stades de l'état de disciple, agit par le moyen du mental abstrait et du mental concret. Mais les abstractions que le disciple à l'instruction perçoit alors ne sont pas des intuitions ; c'est sur ce point que la confusion surgit souvent.
Ces abstractions ne sont que les perceptions générales et universelles, les concepts inclusifs mondiaux que l'intelligence humaine, dans son développement progressif a enregistrés et reconnus ; elles sont facilement saisies par les penseurs avancés, mais semblent étonnantes au néophyte. Elles lui semblent tellement grandes et importantes (comme objets de sa vision accrue), qu'il les confond avec les idées et leur perception intuitive. Il n'a pas appris à discerner entre les pensées abstraites et les idées intuitives. C'est là qu'est le coeur du problème.
Les idées sont d'une autre nature, en ce qui concerne l'initié ; elles traitent surtout de ce qui se produira un jour, et constituent les nouvelles impulsions formatrices, spirituelles et créatrices, qui remplaceront les anciennes, et construiront la "nouvelle maison" où vivra l'humanité. Cycle après cycle, et civilisation après civilisation, le courant nouveau d'idées affluentes a conditionné les demeures de l'homme, son mode de vie, son expression ; par le moyen de ces idées toujours vivantes et présentes, l'humanité passe à quelque chose de meilleur, de supérieur, de plus approprié à la vie de la divinité se manifestant lentement.
Lorsque le disciple ou l'initié entre en contact intuitivement avec des idées, via l'antahkarana, il doit les amener consciemment sur les niveaux abstraits de la pensée où (pour m'exprimer symboliquement) elles constituent les projets, avant l'instauration du processus créateur qui leur donnera une existence phénoménale. Je souhaite donc que vous vous souveniez de trois facteurs :
1. L'Intuition qui prend contact avec les idées nouvelles et les révèle.
2. Le monde abstrait où il leur est donné forme et substance, et qui est à la forme-pensée finalement créée, ce que le corps éthérique est au véhicule physique dense.
3. La Pensée concrète produisant la concrétisation de la forme-pensée et mettant ainsi l'idée à la disposition de l'humanité.
Dans ce simple résumé, vous trouvez exprimé le processus que le disciple sera capable d'observer lorsqu'il sera initié. Chaque fois qu'une initiation est prise, l'envergure de l'idée s'accroît régulièrement, ainsi que sa puissance ; de sorte que l'on pourrait dire que, chaque fois qu'il progresse sur le Sentier de l'Initiation, l'initié travaille d'abord avec l'idée, puis avec des idées, puis avec le Plan hiérarchique dans un sens très large, pour atteindre finalement le point où il passe sous l'influence de dessein de Sanat Kumara. Alors la Volonté du Seigneur du Monde lui est révélée.
Le travail de l'initié se fait à l'intérieur du cercle infranchissable du Mental universel ; ceci n'est qu'une expression désignant la portée de la pensée, du plan et du dessein d'un Logos planétaire ou Solaire.
La qualité de l'approche que l'initié apporte au travail est tirée, sous forme d'énergie pure, du centre du coeur du Logos planétaire ; c'est de l'amour pur, avec ses corollaires inévitables de sagesse et de compréhension. Ces dernières lui permettent de pénétrer le plan. Le pouvoir qu'il peut apporter au travail est puisé dans sa compréhension du dessein du Logos planétaire ; ce travail en expansion et incluant tout s'établit par stades successifs gradués, et se poursuit sous l'influence de la prise de conscience grandissante de l'initié et de sa sensibilité croissante à l'impression.
Je m'efforce ici d'arracher à votre esprit l'idée fixe que l'initié travaille parce qu'il sait. Je souhaiterais renverser cette affirmation, et dire qu'il sait parce qu'il travaille. Il est impossible d'arriver à un point où l'Initiateur puisse dire à l'initié : maintenant vous savez, donc vous pouvez travailler ; mais plutôt : maintenant vous servez et travaillez, et cela vous embarque dans un voyage de découverte, difficile et nouveau. Vous découvrirez la réalité progressivement et parviendrez à des zones entières d'expression, car vous servez. Comme conséquence du service, certains pouvoirs et certaines énergies se manifesteront, et votre aptitude à les utiliser indiquera, à vous-même, à vos frères initiés et au monde, que vous êtes un travailleur pleinement conscient du côté intérieur de la vie.
L'initié travaille à partir de sa position sur ce côté intérieur. Au cours des premiers stades du processus initiatique, il travaille dans le monde de l'âme. Après la troisième initiation, il travaille constamment dans le monde des causes, jusqu'à ce qu'il soit assez avancé pour travailler dans le monde de l'Existence. L'aspirant s'efforce de saisir le dessein du monde de l'âme et d'appliquer la connaissance acquise à sa vie quotidienne, avec compréhension.
Le disciple s'efforce de comprendre la signification du monde des causes et de relier cause et effet de manière pratique. L'initié de degré plus élevé utilise la puissance de ces trois mondes, de l'âme, des causes, et de l'Existence, pour mettre en oeuvre le dessein de Sanat Kumara.
Ces distinctions ne sont pas absolues, avec des lignes claires de démarcation ; la vie est fluide et les points atteints dans l'évolution se comptent par myriades et progressent tout le temps ; toutefois cet aperçu d'ensemble servira à éloigner vos pensées des "pièges de l'initiation", de l'apparence des prétendus faits sans importance (vrais ou imaginaires) sur lesquels les groupes occultes et leurs chefs ont tant insisté et qui ont été proposés comme encouragements au candidat disciple. Je souhaiterais voir le groupe que j'instruis oublier les détails sur l'initiation, tels que les présentent si souvent le fauteur de mystères et la personne émotionnelle, et se concentrer sur les réalités beaucoup plus effectives de l'âme, de la cause et de l'Existence. Les présentations anciennes et dépassées étaient le produit du mental concret ; elles sont donc d'effet cristallisant, et déformantes dans leurs résultats ; elles suscitent aussi l'égoïsme spirituel et l'isolement, ainsi que la curiosité astrale.
L'approche nouvelle que je cherche à indiquer fait appel au mental abstrait et à l'âme dont les valeurs sont sûres, et finalement à l'intuition. Ce n'est pas un attrait aussi coloré pour la personnalité, mais cela produira des résultats plus créateurs et conduira le néophyte sur une route plus sûre, avec moins de déceptions et d'échecs.