3. LES ANGES SOLAIRES

 

LES AGNISHVATTAS

 

Remarques préliminaires

Nous abordons l'examen des Agnishavattas, ou dévas du Feu sur le plan mental, nous lançant ainsi dans la question la plus prodigieuse de toute l'évolution planétaire ; cette question a pour l'homme la signification la plus occulte, car ces Anges solaires 213 concernent sa nature essentielle, ainsi que le pouvoir créateur grâce auquel il travaille. Dans tous les domaines et pour l'élucidation de l'évolution spirituelle de l'homme, la présente section est de la plus haute importance et du plus grand intérêt ; c'est celle qui, dans ce traité, devrait être la plus largement étudiée. L'homme s'intéresse toujours profondément à lui-même, mais avant de pouvoir se développer convenablement, il doit comprendre scientifiquement les lois de sa propre nature et la constitution de son propre "mode d'expression". Il doit aussi avoir quelques lumières sur les relations réciproques des trois feux, afin que lui-même puisse un jour "s'embraser d'une lumière éclatante".

213 Les anges solaires sont donc des entités d'ordre spirituel élevé, possédant une conscience raffinée qui correspond à la substance matérielle qui les revêt.


214 Les Pitris Lunaires sont tous des Esprits de la Nature. Doctrine Secrète,II, anges solaires comme formant collectivement le Seigneur Brahma de l'île de lotus. Ces anges sont désignés par différents noms tels : esprit planétaire, Asuras etc, mais pour se faire une idée exacte de leur nature, vous pouvez considérer qu'ils ont la même relation envers les Brahmins mondiaux, régénérés et libérés, ou Nirmanakayas, que ceux-ci envers l'humanité ordinaire : Ces anges étaient de tels Brahmins dans des Mahamanvantaras précédents ; ils passèrent d'énormes périodes à souffrir et travailler pour élever le niveau de la sagesse dans le monde, et de là émergèrent sous forme d'Anges du sein infini d'Aditi, selon l'impulsion karmique, après une période de Mahapralaya. Quelques Pensées sur la Gita, p. 137 (édition anglaise).

214 Les Pitris Lunaires sont tous des Esprits de la Nature. Doctrine Secrète,II,107.
1.
Ils possèdent ou contiennent le feu du troisième aspect. Doctrine Secrète, II,81.
2.
Leur travail précède celui des Anges Solaires. Doctrine Secrète, I,268.
3.
Ils existent en sept classes comme les Anges Solaires. Doctrine Secrète, II,96.
a.
Trois non corporelles, qui sont les trois règnes élémentals de la nature, fournissant à l'homme son corps éthérique, astral et mental.
b.
Quatre corporelles qui sont les formes des quatre règnes de la nature. Doctrine Secrète, II, 93.
c.
Voir Doctrine Secrète, II, 233.

 

La question de ces Dhyanis du Feu, et de leur relation avec l'homme, est un profond mystère ; toute la question a été tellement voilée de légendes complexes que les étudiants pourraient désespérer de parvenir à la clarté de pensée nécessaire et souhaitée. Il ne sera pas encore possible de dissiper les nuages voilant le mystère central, mais peut-être que par la synthèse et des tableaux appropriés, par le développement prudent des renseignements déjà communiqués, la pensée de l'étudiant sérieux pourra se clarifier quelque peu.

Il y a deux déclarations dans la Doctrine Secrète qui sont souvent négligées par le lecteur peu attentif et qui, si on y réfléchissait sérieusement, apporteraient beaucoup d'informations. Notons ces deux déclarations :

1.
Il faut deux principes de liaison. Cela nécessite un Feu spirituel, vivant du principe médian, tiré des cinquième et troisième états du Plérôme. Ce feu est la possession des Triangles.
2.
Ces Etres sont les Nirvanis d'un précédent Mahamanvantara.
Nous avons quelque peu étudié les dévas de tendance évolutive groupés sommairement sous l'appellation de Pitris lunaires 214.

Ces Pitris lunaires sont divisés en quatre groupes, dont le rôle est de construire le corps physique de l'homme dans sa dualité, son corps astral et son corps mental inférieur ; la force des Pitris apporte l'énergie à ces véhicules par l'intermédiaire des atomes permanents. Mais, pour ce qui est de la nature subjective de l'homme, il faut les diviser en trois groupes – éthérique, astral et mental inférieur. Le rôle des Agnishvattas (les principes soi-conscients, les Constructeurs du corps égoïque sur les niveaux du mental supérieur) est d'unir les trois principes supérieurs – atma, buddhi, manas – et les trois inférieurs ; ils deviennent ainsi vraiment le principe médian de l'homme. Ils ont leur source dans le principe médian logoïque 215. Le nombre ésotérique de sept est ainsi atteint. Le corps physique, dans sa manifestation la plus dense, n'est pas considéré, nous le savons, comme un principe.

215 Doctrine Secrète, II, 83.

Les dévas du niveau mental inférieur en relation avec l'homme agissent par le canal de l'unité mentale et sont sommairement divisés en quatre groupes ; ils constituent, en fait, la première condensation du corps inférieur triple de l'homme. Ils font partie de son corps lunaire. Ils sont directement reliés aux essences spirituelles les plus hautes et représentent le niveau le plus bas de la manifestation de force émanant du plan mental cosmique, faisant sa jonction avec la Hiérarchie humaine par l'intermédiaire des unités mentales. Ce sont les dévas gazeux du corps physique logoïque. Nous n'en parlerons pas plus en détail maintenant, car à mesure que nous étudierons la question du cinquième principe, certains points deviendront plus clairs ; nous pourrons développer leur fonction par rapport à l'homme au cours de notre étude. Plus de détails actuellement ne feraient que compliquer les choses.

Gardons clairement à l'esprit ce que nous nous proposons d'étudier :

1.
Le cinquième état de conscience appelé le plan mental,
2.
La substance de ce plan dans son double aspect rupa et arupa 216,
3.
Les vies qui sont l'âme de cette matière, spécialement dans leur relation avec l'homme,
4.
Les Egos ou unités soi-conscientes formant le point médian de la manifestation,
5.
La construction du corps causal, l'épanouissement du Lotus égoïque et la construction de ces groupes appelés groupes égoïques,
6.
L'individualité de ces Existences appelées :
a.
Agnishvattas.
b.
Manasa dévas.
c.
Dhyanis du Feu.
d.
Anges solaires ou Pitris solaires.
e.
Asuras.
Beaucoup d'autres noms sont mentionnés dans les livres occultes.

216 Pour la définition de rupa et arupa voir page 615 et 616.
Il existe une grande confusion dans l'esprit des étudiants concernant la différence entre les Agnishavattas qui s'incarnèrent chez l'homme, et ceux qui furent simplement chargés d'implanter l'étincelle mentale ou manasique chez l'homme animal. Ceci soulève toute la question de l'individualisation et de l'incarnation de certaines existences spirituelles qui – lorsqu'elles prennent une forme corporelle – sont considérées comme des Avatars, des Bouddhas d'activité ou des manifestations directes du Logos. Le mystère tout entier réside dans la relation des Monades individuelles, formant les divers centres du corps d'un Logos planétaire, avec l'Identité soi-consciente de ce Logos planétaire.
L'étudiant doit se souvenir que le plan mental est le premier aspect du corps physique dense du Logos planétaire, le plan bouddhique étant un plan éthérique cosmique et celui où se trouvent les centres éthériques d'un Homme Céleste.

C'est du plan bouddhique (au sens planétaire ou solaire) que viennent l'impulsion et la vitalité qui galvanisent le corps physique dense et lui permet d'agir avec un but précis et de manière cohérente ; c'est donc sur le plan mental que cette impulsion est d'abord ressentie et que le contact entre les deux s'établit. Il y a là une allusion qui peut être utile si on la médite. L'étudiant devrait étudier la place et la destination du plan mental, ainsi que sa relation avec le Logos planétaire et un Logos solaire. A mesure qu'il approfondit ses recherches quant à la nature de son propre corps éthérique, il doit étendre cette connaissance à des niveaux plus élevés et s'efforcer de comprendre la constitution de la plus grande sphère dont il n'est qu'une partie. En comprenant mieux la nature de ses propres centres et leur action effective sur son corps physique dense, il en arrivera à une compréhension plus complète correspondant dans le corps du Logos.

C'est sur le plan mental (reflet dans les trois mondes des troisième et cinquième états du Plérome) que toute la force de la vitalité éthérique est ressentie. Une indication relative à la signification de ceci réside dans le fait que le corps éthérique de l'homme reçoit et transmet le prana directement au corps physique, et qu'on peut mesurer la vitalité du véhicule physique en se basant largement sur l'état et l'action du cœur. Le cœur fait circuler la vitalité dans les myriades de cellules constituant le corps physique dense ; il existe une analogie dans le fait que ces dévas du feu sont "le Cœur du groupe des Dhyan Chohans" 217 car leur énergie vient du soleil spirituel, de même que l'énergie des dévas praniques du corps éthérique vient du soleil physique. Cette énergie des Agnishvattas se manifeste sur le plan mental, sous-plan gazeux du physique cosmique, de même que l'énergie des centres éthériques du quatrième sous-plan éthérique se manifeste en premier lieu et puissamment sur la matière gazeuse du corps physique. C'est pourquoi les Fils de Sagesse, incarnant le principe bouddhique, la force de vie, ou aspect amour, sont néanmoins connus sur le cinquième plan en tant que principes soi-conscients ; buddhi utilise manas comme véhicule et les écrivains occultistes s'expriment souvent en termes de véhicule. L'Ego, ou Identité soi-consciente, est dans son essence et en vérité Amour-Sagesse ; il se manifeste principalement sous forme de conscience intelligente.

217 Ce nom leur est donné dans la Doctrine Secrète, Volume II, p. 96

Efforçons-nous d'étudier soigneusement la déclaration qui suit : elle concerne kama-manas et traite des conditions qui engendrent l'individualisation, ou qui appellent à l'Existence soi-consciente les Monades cherchant la complète expression d'elles-mêmes. La voici :

C'est seulement lorsque le centre du cœur d'un Homme Céleste (chacun dans Son cycle et ceci variant selon les cycles) est vitalisé et atteint une certaine capacité vibratoire que selon la Loi, l'individualisation des Monades devient possible.

De même, c'est seulement lorsque le corps physique dense triple d'un Logos planétaire (s'exprimant dans nos trois mondes, les plans mental, astral, physique dense) a atteint une vibration correspondante et récapitulé le développement cyclique du précédent mahamanvantara, que se produit ce contact vibratoire provoquant l'apparition lumineuse des groupes égoïques sur le plan mental. Ceci provoque la manifestation des impulsions du cœur de l'Homme Céleste, et en conséquence entraîne dans l'objectivité les Monades (animées par la vie du Cœur) constituant les différents centres. L'ancien Commentaire dit :

"Quand le Cœur du Corps palpite d'énergie spirituelle, quand le contenu septuple tressaille sous l'impulsion spirituelle, alors les courants se répandent et circulent et la manifestation divine devient une Réalité ; l'Homme divin s'incarne."

L'analogie physique réside dans la stimulation vitale ressentie entre le troisième et le quatrième mois de la période prénatale, moment où la vie fait palpiter le cœur de l'enfant et où la vie individuelle devient possible.

Cette vibration vitale émane de l'âme de la mère (la correspondance du Plérome ou âme universelle) et coïncide avec l'éveil de la troisième spirille de l'atome physique permanent de l'enfant. Il faut se souvenir que si chaque ronde récapitule rapidement les stades précédents, et si le développement du fœtus dans la période prénatale récapitule l'histoire des règnes précédents, le même processus existe dans le système solaire. Lorsqu'un certain point est atteint, et que les trois plans inférieurs vibrent ou sont chargés d'énergie, l'incarnation cosmique devient possible ; le "Cœur" s'éveille, au sens occulte, et le "Fils de Dieu", expression du désir et de l'amour du Logos, apparaît 218, 219.

218 Comparer Doctrine Secrète, I, 203 ; II, 108, 122, 279.

219 Ces trois plans sont la correspondance des trois spirilles inférieures de l'atome permanent physique du Logos solaire et du Logos planétaire.

L'incarnation cosmique de certaines Existences supérieures est consommée et l'une des indications de ce fait est l'apparition des groupes égoïques sur le plan mental, et l'individualisation qui en résulte. La méthode et la durée peuvent varier selon la nature de tel ou tel Logos planétaire, mais pour tous, le "Cœur du Corps" doit palpiter à la vie qui s'éveille avant qu'une réaction de réponse puisse venir des plans inférieurs. Les Pitris lunaires doivent poursuivre leur travail dans notre schéma et dans notre système solaire avant que les anges solaires, frémissant dans l'attente, puissent prendre possession des formes préparées grâce à leurs efforts, et les stimuler afin de leur donner une vie soi-consciente et une existence séparée. Ainsi les quatre grands schémas de notre système solaire qui sont les véhicules des quatre Logoï planétaires (constituant le Quaternaire logoïque) doivent atteindre un certain degré de capacité vibratoire et de conscience avant qu'un événement similaire ne survienne dans toute sa plénitude dans le système solaire et que les quatre inférieurs et les trois supérieurs n'effectuent leur synthèse. Le cœur logoïque palpite et une réponse vient déjà de tous les schémas, car la troisième spirille vibre au sein de chacun d'eux ; pourtant le Fils de Dieu n'est pas encore pleinement et cosmiquement conscient. A mesure que viennent les réponses, les centres s'éveillent. L'un des centres logoïques répond pleinement à la stimulation du cœur, et c'est Vénus qui est dans sa dernière ronde.

Si l'étudiant cherche à dissocier notre système solaire de celui qui l'a précédé, et s'il considère le pralaya faisant suite à notre mahamanvantara comme le dernier et l'ultime consommation de toute chose, il se trompe. Dans le système précédent, le plan physique cosmique parvint à une certaine capacité vibratoire, et les dévas des feux intérieurs atteignirent un niveau (relativement) élevé d'évolution ; les "feux de la matière" s'enflammèrent alors, Certaines Existences devinrent soi-conscientes dans ce système antérieur ; ce sont les nirvanis dont parle H.P.B. 220 Ainsi qu'on peut s'y attendre, ils sont caractérisés par l'intelligence active, à laquelle ils sont parvenus et qu'ils ont développée au moyen de l'évolution matérielle pendant le précédent mahamanvantara. Ce sont les Manasa dévas qui dans leur totalité sont le véhicule du mental Divin, les forces des dhyan-chohans, l'ensemble du Ah-hi. Dans notre système solaire, la vibration du plan astral cosmique devient prédominante, et par le moyen de cette vibration se propageant via le quatrième éther cosmique (où, ainsi que cela a déjà été dit, se trouvent les centres éthériques des Logoï planétaires) et notre plan astral systémique, certaines possibilités deviennent réalisables. Les "Fils du désir", logoïques ou humains, peuvent apprendre certaines leçons, passer par certaines expériences et ajouter la faculté d'amour sagesse à l'intelligence précédemment acquise.

220 Voir Doctrine Secrète, II, 83, 84, 243.


Notre Logos solaire et les Hommes Célestes sont polarisés sur le plan astral cosmique, et l'effet de Leur énergie vitale se déversant dans le "Cœur" systémique se manifeste par l'activité du plan astral, et le rôle joué par le sexe et la passion dans le développement de l'homme. A la fin du mahamanvantara, seront prêts à se manifester, dans le prochain et troisième système, des irvanis qui seront dans leur essence "amour intelligent et actif" ; ils devront attendre que les cinq plans inférieurs du système aient atteint un stade de développement vibratoire leur permettant d'entrer en manifestation, comme les nirvanis de notre système ont dû attendre que les trois plans inférieurs parviennent à une réponse vibratoire adéquate. Nous parlons ici en termes d'Hommes Célestes. Dans le schéma de la Terre, l'analogie réside dans la venue des Egos dans la troisième ronde, la troisième race-racine et la troisième chaîne. L'individualisation, telle que nous la comprenons, n'était pas possible avant que "le troisième degré du Plérome" ne soit atteint, de manière universelle lorsqu'il s'agit d'un Homme Céleste et de manière relative lorsqu'il s'agit d'une unité humaine.

En prenant la même question de bas en haut, c'est l'animal du troisième règne qui s'individualise. En la prenant de haut en bas, c'est le cinquième règne, le règne spirituel, qui donne une âme au troisième et produit le quatrième, le règne humain soi-conscient. Ces chiffres devraient être étudiés car ils détiennent le mystère, et bien que la vraie signification occulte ne soit pas révélée avant la troisième initiation majeure et qu'elle ne soit pas pleinement comprise avant la cinquième, la lumière pourrait néanmoins éclairer un point difficile. De même, dans le prochain système solaire, l'individualisation (si on peut toutefois appliquer un terme aussi inadéquat à un état de conscience inconcevable, même pour un initié de la troisième Initiation) ne sera pas possible avant le second ou sixième stade du Plérome. A ce moment-là, la lumière ardente de la conscience jaillira sur le plan Monadique, qui sera le plan d'individualisation. Tous les états de conscience inférieurs à ce niveau élevé seront pour le Logos ce que la conscience des trois mondes est pour Lui actuellement. De même que le corps physique de l'homme n'est pas un principe, les plans inférieurs au quatrième éther, cosmique ne sont pas, à l'heure actuelle, considérés par le Logos comme un principe.

Nos Anges solaires du temps présent, ou dévas du feu, auront alors une position analogue à celle qu'occupent actuellement les Pitris lunaires, car tous feront partie de la conscience divine, et cependant, ésotériquement, ils seront considérés comme "en dessous du seuil de la conscience". L'homme doit apprendre à maîtriser, à guider et à utiliser les substances déviques dont sont faits ses véhicules inférieurs ; ce but implique le développement de la pleine soi-conscience atteinte grâce aux Anges solaires qui construisent et vitalisent le corps égoïque ; c'est à travers eux que la soi-conscience devient un fait. Dans le prochain système solaire, ils n'incarneront plus le type de conscience auquel l'homme aspire ; ce dernier devra s'élever à des réalisations encore plus grandes et c'est "en plaçant le pied (au sens occulte) sur les Anges solaires" que ces réalisations plus hautes deviendront possibles. Dans notre système solaire l'homme doit gravir les degrés en se faisant un marchepied du serpent de la matière. Il s'élève par la domination de la matière et devient un serpent de sagesse. Dans le prochain système solaire, il s'élèvera au moyen du "serpent de sagesse", et, par la domination et la maîtrise des Agnishvattas, il parviendra à quelque chose que même le mental illuminé du Dhyan-chohan le plus élevé ne peut encore concevoir.