La Dualité de la Vie du Disciple
J'ai divisé ce thème en deux parties car la dualité dont le Maître fait preuve et celle que révèle le disciple ne sont pas identiques ; il ne s'agit pas de la même chose à des points distincts de progression. La question, lorsqu'on l'aborde pour la première fois, paraît relativement simple, mais, en l'examinant de plus près, elle présente de grandes et inattendues différences.
En ce qui concerne la dualité de la vie du disciple, les facteurs impliqués sont la personnalité triple (avec prise de conscience ou conscience d'observation centrée dans le cerveau), l'âme qui tout d'abord semble être le but ultime de réalisation, mais qui plus tard est considérée simplement comme un système ou ensemble d'attributs spirituels fusionnés, et l'aspect inférieur de la Triade spirituelle, le mental abstrait. Le disciple pense que s'il peut atteindre la conscience immédiate et fusionnée de ces trois facteurs, il est parvenu au but ; il comprend aussi que cela implique la construction de l'antahkarana. Tous ces facteurs, pour qui vient d'être admis sur le Sentier du disciple et qui vient de trouver sa place dans un ashram semblent être une entreprise suffisamment difficile qui absorbe tous les pouvoirs qu'il possède.
Cela est vrai jusqu'à la troisième initiation ; ces objectifs, leur fusion consciente, ajoutée à la reconnaissance des plans de conscience divine où tous l'admettent, indiquent au disciple sa tâche et l'occupent pleinement. Aux reconnaissances qui interviennent, il lui faut ajouter la capacité croissante de travailler sur tous les plans de conscience impliqués, en se souvenant toujours qu'un plan et un état de conscience sont termes synonymes, et qu'il fait des progrès en prenant conscience, en construisant l'antahkarana, en s'exerçant à titre de travailleur hiérarchique dans l'ashram, en se familiarisant avec des environnements spirituels nouveaux et révélateurs, en élargissant son horizon, en se stabilisant sur le Sentier, et en vivant sur le plan physique la vie d'un homme intelligent dans le monde des hommes. Il ne manifeste pas de particularités bizarres, mais se montre homme de bonne volonté, d'intelligence bienveillante, de bonté inaltérable, et d'intention spirituelle inchangeable et rigoureuse. Est-ce un objectif suffisant pour le disciple ?
Cela semble-t-il impossible à réaliser ? Pouvez-vous entreprendre de satisfaire à de telles conditions et réussir ?
Bien sûr vous le pouvez, car le facteur temps intervient et le disciple est libre de se soumettre à ces contraintes, particulièrement dans les premiers stades de son discipulat. C'est ce qu'il fait habituellement au début, ne sachant pas comment faire autrement, mais la rapidité ou caractère sattvique, ou rythmique, de la vie spirituelle change finalement cette attitude. Le disciple travaille alors sans véritable conscience du temps, sauf dans la mesure où celui-ci affecte d'autres personnes et ses compagnons sur le plan physique.
Au début, le disciple enregistre lentement ce qui est ressenti ou vu sur les plans subtils ou plan de l'âme ; il faut du temps pour que la connaissance ou les contacts acquis pénètrent des niveaux élevés jusqu'au cerveau physique. Ce fait (lorsqu'il le découvre) tend à bouleverser sa conscience du temps, et le premier pas est donc franchi sur le sentier de "l'absence de temps", en termes symboliques. Il acquiert aussi la capacité de travailler avec plus de rapidité et de coordination mentale que l'homme intelligent ordinaire ; de cette manière il apprend les limitations du temps en tant que condition du cerveau ; il apprend aussi à les neutraliser et à travailler de telle manière qu'il en fait plus dans un temps limité que cela n'est possible pour l'homme moyen, si ardemment qu'il poursuive l'effort. Le fait de surmonter le temps et de faire preuve de rapidité spirituelle indique que la dualité de la vie de disciple remplace la vie intégrée de la personnalité bien que cela, à son tour, conduise à une synthèse encore plus grande et à une intégration plus élevée.
La dualité de la vie de tous les disciples produit aussi une rapidité d'interprétation mentale qui est essentielle au sain enregistrement de la vie phénoménale des différents plans et états de conscience supérieurs. N'oubliez pas que tous nos plans sont des sous-plans du plan cosmique physique, et donc de nature phénoménale. Lorsque le contact est pris, l'enregistrement effectué, et que la connaissance est transmise au cerveau physique, via le mental, cela doit toujours s'accompagner d'une interprétation vraie et d'une reconnaissance correcte "des choses telles qu'elles sont". C'est là que celui qui n'est pas disciple et celui qui est psychique inférieur s'égarent, car leur interprétation est presque toujours fondamentalement fausse ; il faut du temps (lorsqu'on entre dans ce cycle de limitation) pour interpréter avec intelligence et enregistrer véritablement les contacts perçus par la conscience. Quand le facteur temps ne domine plus, les interprétations enregistrées par le cerveau sont infailliblement correctes. Je viens de vous donner une information majeure.
Vous voyez donc que, au début du processus d'initiation, le facteur temps est noté par l'initié ainsi que par les Maîtres qui présentent ce dernier. Un exemple de pénétration lente de l'information, du plan de l'initiation jusqu'au cerveau physique, peut être observé dans le fait que très peu d'aspirants et de disciples enregistrent le fait qu'ils ont déjà pris la première initiation, la naissance du Christ dans le coeur. Il est évident qu'ils l'ont prise, vu qu'ils foulent délibérément le Sentier, qu'ils aiment le Christ quel que soit le nom qu'ils lui donnent, et s'efforcent de servir et d'aider leurs semblables ; ils sont cependant encore surpris quand on leur dit que la première initiation se situe pour eux dans le passé. Ceci est dû entièrement au facteur temps, entraînant une inaptitude à se remémorer les événements passés avec exactitude, à la fausse humilité (inculquée par l'Eglise chrétienne, dans son effort pour maintenir les gens subjugués par l'idée de péché) ainsi qu'à la conscience d'anticipation des aspirants moyens, entièrement tournée vers l'avenir. Quand une vraie perspective et un point de vue équilibré seront atteints, et que la conscience de l'Eternel présent commencera à pénétrer leur entendement, alors le passé, le présent et l'avenir seront perdus de vue dans la conscience de "l'inclusivité du moment qui EST". Les limitations du temps prendront alors fin, et la loi de Karma sera neutralisée ; elle est à présent si étroitement liée au passé et à l'avenir. La dualité de la vie du disciple prendra alors fin, cédant la place à la dualité cosmique du Maître.
Le Maître est libéré des limitations du temps, mais pas de celles de l'espace, car l'espace est une Entité éternelle.
Vous voyez donc la grande nécessité d'une insistance constante, à ce stade de l'entraînement de l'aspirant moyen, sur le besoin d'alignement, ou création d'un canal de relation directe allant du cerveau au point de contact désiré. A cet alignement acquis par l'entraînement, doit finalement s'ajouter la construction de l'antahkarana et son utilisation subséquente dans un système grandissant d'alignements. L'antahkarana doit être terminé et un contact direct doit être établi avec la Triade spirituelle au moment où a été prise la troisième initiation. Suit alors la quatrième initiation, avec la destruction du corps égoïque (causal ou de l'âme) résultant de la fusion complète de l'âme et de la personnalité. La dualité de la vie du disciple cesse.