1. Que le groupe veille à ce que meurent les dix-huit feux et à ce que les vies mineures retournent au réservoir de vie.
Un examen très superficiel indiquera à l'étudiant que cette Règle contient quatre phrases qui se rapportent à l'un ou l'autre des quatre aspects que nous venons d'envisager. Souvenez-vous-en pendant que nous étudions les significations, les interprétations, et portons nos pensées dans le monde de l'âme.
Une lecture très rapide de cette Règle conduit à supposer que l'une des indications les plus importantes concerne l'effet de la vie et de la radiation du groupe sur l'individu dans le groupe. "
Que le groupe veille à ce que meurent les dix-huit feux et à ce que les vies mineures retournent au réservoir de vie.
" Ces mots se rapportent à la personnalité du groupe, composée de toutes les personnalités de ses membres. Il faut se rappeler qu'un groupe est lui-même une entité ayant forme, substance, âme et dessein ou objectif, et qu'aucun groupe n'est meilleur ou plus grand, ou plus développé que l'ensemble de vies de groupe qui le composent. Bien que le groupe soit formé d'individus se trouvant à divers points d'évolution, aucun d'eux n'est en dessous du niveau de disciple, sur l'échelle évolutive. L'ashram d'un Maître comporte des disciples et des initiés de tous les degrés, mais aucun disciple en probation. Nul n'est admis en dessous du rang de disciple – accepté et consacré.
C'est l'une des premières règles données au disciple accepté lorsqu'il est admis dans un ashram, et c'est sous cet angle que nous devons la considérer maintenant.
Les trois Règles que nous avons examinées précédemment sont de nature générale et se rapportent à certains vastes thèmes, ou hypothèses proposées, qui doivent gouverner la conscience des disciples dans l'avenir. Avec cette Règle-ci nous entrons dans le domaine du spécifique, et certaines activités d' "intention" nous sont présentées, qui doivent gouverner la vie du disciple maintenant qu'il est partie intégrante de l'ashram. Il est placé face au problème de faire que sa vie soit de nature à servir le dessein de groupe, à rehausser la force du groupe, à éliminer tout ce qui pourrait entraver l'utilité du groupe, et à rapprocher l'objectif en vue duquel le groupe a été formé – l'exécution des plans du Maître. Ce fut la réaction innée, instructive et individuelle du disciple à cet objectif de rayon, et son effort pour subordonner sa personnalité à la consécration de l'âme confusément ressentie, qui conduisit le Maître, en premier lieu, à la reconnaître et à l'incorporer à son ashram. A ce moment-là, le disciple reçut un impact accru de force égoïque et d'impulsion d'intention égoïque (j'utilise ces termes au sens occulte), et la radiation de groupe commença son travail bénéfique sur lui. Le pouvoir d' "attirance" magnétique, qui l'avait fait avancer jusque là, est maintenant remplacé par un pouvoir rayonnant de stimulation ; cela opère de grands changements en lui, et engendre à la fois des effets d'élimination et de substitution. L'effet de la vie de l'ashram, en ce qui concerne le groupe qui le compose, et en dehors du pouvoir propre du Maître, peut être décrit de la façon suivante.
1. La vie de la personnalité est régulièrement affaiblie, et son emprise sur l'âme est nettement plus lâche. L'âme commence à dominer réellement.
2. La nécessité de l'incarnation s'amoindrit sensiblement et, en fin de compte, la vie dans les trois mondes de la manifestation humaine devient inutile.
Toutes les leçons ont été apprises et l'objectif de l'âme a été atteint.
3. La volonté de la Monade commence à être pressentie ; l'aspect volonté se mêle à l'aspect amour et rend l'aspect intelligence fructueux et efficace dans l'exécution du dessein divin focalisé, pour le disciple, dans l'ashram.
4. Les buts du temps et de l'espace, des événements et de l'extension, de la matière et de la conscience ont été atteints ; ils sont finalement remplacés par une chose pour laquelle nous n'avons pas encore de nom et que nous ne concevons pas. C'est ce qui commence à s'exprimer après la troisième initiation, quand l'aspect Père "se fait jour". Je ne sais comment formuler cela autrement.
5. On s'aperçoit que le Tout a une importance plus vitale que la partie, et ceci non en tant que rêve, vision, théorie, souhaits irréalisables, hypothèse ou désir. C'est compris comme une nécessité innée et inévitable, et implique la mort, mais une mort correspondant à beauté, joie, esprit en action, et achèvement.
Il est donc évident que l'interprétation de ces Règles suppose une faculté d'aller audelà des attitudes habituelles, de ce que l'on pourrait appeler les platitudes métaphysiques et théosophiques, et de voir la vie comme la voit la Hiérarchie. Cela veut dire que l'on aborde la vie du point de vue de l'Observateur, et non de celui qui participe à l'expérimentation et à l'expérience dans les trois mondes. Cet Observateur est différent de l'Observateur du Sentier de Probation. La plus grande partie de l'expérience et de l'expérimentation a été laissée derrière soi, et il s'est établi une nouvelle orientation, vers un monde de valeurs, supérieur même au monde de l'âme. On pourrait décrire cette attitude comme le mode d'approche de tous ceux qui font partie d'un ashram. Ceux qui forment l'ashram vivent dans les trois mondes de l'expérience s'ils sont des disciples acceptés, mais le point focal de leur attention n'est pas là. S'ils sont des disciples initiés, ils sont de moins en moins conscients des activités et réactions de la personnalité, car certains aspects de la nature inférieure sont alors si bien maîtrisés, si purifiés, qu'ils sont tombés en dessous du seuil de la conscience et qu'ils ont pénétré dans le monde de l'instinct.
Ils n'en ont donc pas plus conscience qu'un homme endormi n'est conscient du fonctionnement rythmique de son véhicule physique endormi. Ceci est une vérité profonde et, pour une grande part, non comprise. Elle est reliée à tout le processus de la mort, et pourrait être considérée comme l'une des définitions de la mort ; elle détient la clé des mots mystérieux : "le réservoir de vie". La mort est en réalité l'absence de conscience de ce qui peut fonctionner sous une forme ou sous une autre, mais sous une forme dont l'entité spirituelle est totalement inconsciente.
Le réservoir de vie est le lieu de la mort, c'est la première leçon qu'apprend le disciple.
Les dix-huit feux se rapportent aux dix-huit états de la matière qui constituent la personnalité. Ce sont : sept états physiques de la matière, sept états émotionnels, permettant au corps astral de fonctionner sur les sept sous-plans du plan astral, et quatre états de la matière pour chacune des quatre conditions du mental concret (7, 7, 4 = 18). Ce sont dix-huit groupes vibratoires d'atomes, et dix-huit agrégats de vie qui forment les corps des seigneurs lunaires (ainsi que les nomme la Doctrine Secrète ) qui, dans leur totalité, forment le corps du Seigneur lunaire, la personnalité. Ce que je viens de dire est vraiment l'a b c de l'occultisme et c'est une vérité qui vous est familière à tous. Ce dont je parle ici, cependant, ne se rapporte pas aux méthodes de purification, de maîtrise ou de discipline. Ces dernières ont été envisagées lors d'une phase antérieure ; elles sont considérées comme des méthodes nécessaires instituées sur le sentier de probation et elles devraient avoir atteint, avant le stade de disciple accepté, un point où – rapides ou lentes dans leur expression – elles fonctionnent néanmoins automatiquement, de manière sûre et inévitable.
La première phrase de cette quatrième Règle se rapporte au détachement, celui de l'âme qui se détache du corps, ou instauration des activités qui engendrent ce qui est appelé dans la Bible la "seconde mort". Ce n'est pas le détachement tel que l'aspirant le pratique. C'est la rupture scientifique de tous les liens et la fin (du fait que l'utilisation en est terminée) de tous les contacts considérés comme s'opposant à la libération. C'est en réalité une méthode scientifique pour mettre fin au karma ; c'est le karma individuel et national qui ramène l'homme dans un véhicule physique et le revêt des caractéristiques et des aspects de la substance. Ceci doit prendre fin pendant qu'il est membre de l'ashram d'un Maître et se prépare au triomphe de la quatrième initiation. Ceci s'effectue par l'accomplissement automatique, constant, délibéré du devoir, sous l'angle du service reconnu.
On peut affirmer qu'une compréhension intelligente de cette phrase conduira à des actions "produisant la mort et la dissolution de la personnalité, par la fin du karma". Il faut se souvenir qu'un Maître n'a pas de personnalité. Tout ce qu'Il possède est sa nature divine. La forme par l'intermédiaire de laquelle Il travaille (s'Il travaille et vit dans un corps physique) est une image créée, le résultat d'une volonté focalisée et de l'imagination créatrice ; ce n'est pas le résultat du désir comme dans le cas d'un être humain. C'est une importante distinction qui mérite que l'on y pense sérieusement. Les vies mineures (gouvernées par la Lune) ont été dispersées. Elles ne répondent plus à l'appel ancien de l'âme qui se réincarne, qui bien des fois a rassemblé autour d'elle les vies dans le passé, touchées et colorées par sa qualité particulière. L'âme et le corps causal n'existent plus au moment de la quatrième initiation. Ce qui reste c'est la Monade et le fil, l'antahkarana, qu'elle a tissé au cours des âges, à partir de sa propre vie et de sa propre conscience, et qu'elle peut "focaliser à volonté" sur le plan physique, où elle peut créer un corps de substance pure et de lumière radieuse, répondant à tout ce qui peut être nécessaire au Maître.
Ce sera un corps parfait, totalement adapté au besoin, au plan et au dessein du Maître. Nulles vies mineures (au sens où nous comprenons ce terme) n'y participent, car elles ne peuvent être rappelées que par le désir. Chez le Maître, il ne reste aucun désir, et ceci est la pensée proposée au disciple lorsqu'il commence à saisir à fond la signification de la quatrième Règle.
Dans cette Règle, il y a deux idées principales, toutes deux liées au premier aspect divin : la pensée de la mort et la nature de la volonté. Au siècle prochain, la mort et la volonté auront inévitablement un sens nouveau pour l'humanité, et beaucoup d'idées anciennes disparaîtront. La mort, dans la pensée de l'homme moyen, est un point de crise catastrophique. C'est la cessation, la fin de tout ce que l'on a aimé, de tout ce qui est familier et peut être désiré ; c'est l'entrée en catastrophe dans l'inconnu, l'incertitude, la fin brutale de tous plans ou projets. Si vraie que soit la foi dans les valeurs spirituelles, si clair que soit le raisonnement du mental quant à l'immortalité, si concluante que soit la preuve de la persistance et de l'éternité, il demeure une question, la reconnaissance de la possibilité d'une fin et d'un anéantissement complet, d'une cessation de toute activité, de toute réaction du coeur, de toute pensée, émotion, aspiration et intention, qui se focalisent dans le noyau central de l'être humain. Le profond désir, la détermination de persister et le sens de la continuité reposent encore, même chez le croyant le plus ferme, sur une probabilité, sur une base instable, sur le témoignage des autres qui, en réalité, ne sont jamais revenus dire la vérité. La pensée qui revient avec insistance sur cette question concerne le "Je" central, ou l'intégrité de la divinité.
Vous remarquerez que, dans cette Règle, l'accent passe du "Je" aux parties constituantes du vêtement du Soi, et c'est un point digne d'être noté. L'information donnée au disciple l'invite à travailler à la destruction de ce vêtement, et au renvoi des vies mineures dans le réservoir général de substance vivante. Il n'est nulle part parlé de l'océan de l'Existence. En réfléchissant soigneusement, on verra ici que le processus ordonné de détachement, que la vie de groupe rend efficace quant à l'individu, est un des arguments les plus forts, en faveur du fait de la continuité et de la persistance individuelle identifiable. Notez bien ces mots. Le point focal de l'activité se déplace du corps actif à l'entité active au sein de ce corps, le maître de ce qui l'entoure, l'administrateur de ses possessions, celui qui est le souffle même, expédiant les vies au réservoir de substance, ou les rappelant à volonté pour reprendre leur relation avec lui.
En présentant ainsi les choses, vous noterez à quel point il est en réalité enjoint au disciple (avec l'aide de son groupe) de reconnaître qu'il est essentiellement l'aspect Père lui-même, la cause première, la volonté créatrice et le souffle de vie dans la forme. C'est une attitude quelque peu nouvelle qu'il doit prendre, car jusqu'ici il devait concentrer son attention sur l'âme se réincarnant selon l'appel du désir, et se retirant quand c'était nécessaire. La vie de groupe tout entière est ici nécessaire pour rendre possible ce changement de réalisation qui abandonne la forme et la conscience, pour pénétrer dans l'aspect (ou principe) vie et volonté. Quand ce processus est engagé, l'une des premières choses dont l'initiédisciple se rend compte est que la forme et sa conscience de la forme avec ses rapports (que nous appelons connaissance) ont produit une grande forme-pensée qui résume la totalité de sa relation avec la forme, avec l'existence et l'expérience dans les trois mondes, avec la matière, le désir et tout ce que l'incarnation lui a apporté.
La question tout entière, donc, envahit sa conscience de manière excessive. Le fait de se détacher de cette forme-pensée ancienne – dernière forme que prend le Gardien du Seuil – il l'appelle la Mort. C'est seulement à la quatrième initiation qu'il comprend que la mort n'est rien d'autre que la rupture d'un fil qui le relie au cercle infranchissable dans lequel il a choisi de se circonscrire. Il découvre que le "dernier ennemi à détruire" est conduit à sa destruction finale par le premier aspect qui se trouve en lui-même, le père ou Monade, (qui, à l'origine, agit pour créer la forme), la Vie, le Souffle, la Volonté dirigeante et dynamique. C'est la volonté qui, en dernière analyse produit l'orientation, la focalisation, l'accent, le monde de la forme , et par-dessus tout (à cause de sa relation avec le monde des causes), le monde de l'âme.
L'homme moyen vit et a son être dans le monde de l'âme, l'initié et le Maître sont focalisés dans le monde de l'Etre. Ils ne sont alors rien d'autre que la volonté, illuminée par l'amour, qui les relie au monde de l'âme, et ils sont capables de l'activité intelligente qui les relie au monde de la forme, et qui est l'indication de la vie. Mais, maintenant, l'initié ne désire pas l'activité, ou même l'expression de l'amour. Ces qualités sont parties intégrantes de sa nature et de son expression, mais elles sont tombées en dessous du seuil de la conscience (correspondance supérieure des activités automatiques du corps physique, qui exécutent leur travail sans que l'homme en soit conscient). Son effort est dirigé vers quelque chose qui n'a pas encore beaucoup de sens pour vous qui lisez ces lignes ; il s'agit de la réalisation d'un état d'Etre, immuable, inaltérable, vivant et ne pouvant être compris qu'en termes incarnant le concept de "Ce n'est pas ceci ; Ce n'est pas cela". Ce n'est aucune chose ; ce n'est pas la pensée ou le désir. C'est la vie, l'Existence, le tout, l'Un. Ce n'est pas exprimé par les mots "Je suis" ou "Je ne suis pas". C'est exprimé par les mots "Je suis cela et cela c'est moi". Comprenez-vous maintenant ce que je veux dire ?
C'est la volonté-d'être qui s'est trouvée grâce à la volonté-de-bien.
Donc, les dix-huit feux doivent mourir, les vies mineures (incarnant le principe de la forme, du désir et de la pensée, totalité de la créativité basée sur l'amour magnétique) doivent retourner au réservoir de vie, et il ne doit rien rester d'autre que ce qui a été la cause de leur existence, la volonté centrale qui est connue par les effets de sa radiation ou souffle. Cette dispersion, cette mort ou destruction est en réalité un grand effet produit par la Cause centrale, et, en conséquence, l'injonction est :