2. Ne retirez pas maintenant votre demande.
Vous ne le pourriez pas si vous le désiriez ; mais ajoutez-y trois grandes requêtes et allez de l'avant.
C'est un ordre vivant qui le conditionne, qu'il le veuille ou non. L'impossibilité de se retirer de la position adoptée est l'un des deux premiers résultats véritables découlant du fait que l'on a entendu prononcer le Mot, après avoir surmonté deux épreuves. C'est donc inévitable lorsqu'on vit la vie de l'Esprit, qui est à la fois son horreur et sa joie. C'est bien là ce que je veux dire. Le symbole ou première expression de ce facteur (car dans les trois mondes, tout n'est que symbole d'une réalité intérieure) est l'impérieux désir d'amélioration qui est la caractéristique dominante de l'homme animal. Il va d'insatisfaction en insatisfaction, poussé par quelque chose d'intérieur qui lui révèle une vision séduisante de ce qui est plus désirable que son état ou son expérience du moment. Au début il interprète les choses en termes de bien-être matériel ; puis cette insatisfaction divine le conduit à une phase de lutte, de nature émotionnelle ; il a un ardent désir de satisfaction émotionnelle et, plus tard, de poursuite intellectuelle. Pendant tout ce temps la lutte, en vue d'atteindre ce qui se trouve toujours en avant, il crée les instruments du progrès, les perfectionne petit à petit, jusqu'à ce que la personnalité triple soit prête à la vision de l'âme. De ce point de tension, le désir et la lutte s'intensifient jusqu'à ce qu'il comprenne la Règle I concernant les candidats, et entre sur le Sentier.
Une fois qu'il est devenu disciple accepté, et qu'il a véritablement entrepris le travail de préparation à l'initiation, il ne peut plus retourner en arrière. S'il le voulait, il ne le pourrait pas ; l'ashram le protège.
Dans cette règle concernant disciples acceptés et initiés, nous nous trouvons face à une courbe plus élevée de la spirale, mais avec cette différence (difficile à saisir pour vous à moins que vous en soyez au point où le Mot retentit pour vous) que l'initié demeure seul, en état d' "isolement dans l'unité", percevant cette mystérieuse communion avec tout ce qui est. L'ardent désir, qui caractérisait sa progression en vue de parvenir à la fusion personnalité-âme, est transmuée en fixité d'intention, en faculté d'avancer dans la claire lumière froide de la raison lumineuse, libre de tout mirage et de toute illusion, possédant le pouvoir d'énoncer trois requêtes. Il le peut, maintenant, consciemment, en utilisant la volonté dynamique au lieu de faire "une demande sous forme triple" comme auparavant. Cette distinction est importante et signifie croissance.
L'initié a entendu le Mot qui a retenti pour lui lorsqu'il s'est irrévocablement consacré au dessein hiérarchique. Il a entendu la Voix de Shamballa, exactement comme il avait antérieurement entendu la Voix du Silence et la voix de son Maître.
L'obéissance occulte cède la place à la volonté illuminée. On peut maintenant lui faire confiance et le laisser avancer seul et travailler seul car, inaltérablement, il ne fait qu'un avec son groupe, avec la Hiérarchie et, finalement, avec Shamballa.
La clé de toute cette règle réside dans l'injonction faite à l'initié d'ajouter trois requêtes à sa demande ; c'est seulement après qu'elles ont été énoncées, correctement formulées et motivées par la volonté dynamique, que vient l'injonction suivante, celle d'avancer. Quelles sont ces trois requêtes, et de quel droit l'initié les fait-il ? Jusque là, la note de sa conscience en expansion a été la vision, l'effort, la réalisation, puis à nouveau la vision. Son activité a donc consisté à prendre conscience du champ – de plus en plus étendu – de la révélation divine. En termes d'occultisme pratique, il reconnaît une sphère toujours plus vaste où il peut servir selon son dessein et faire avancer le Plan, à partir du moment où il a réussi à s'identifier avec cette révélation. Avant que cette révélation ne fasse partie intégrante de sa vie, il n'est pas possible que l'initié comprenne ces simples mots.
L'identification est la réalisation ajoutée à l'expérience ésotérique, ajoutée à une absorption dans le Tout – pour tout cela (comme je l'ai déjà signalé) nous n'avons aucune terminologie. Etant maintenant maître de ce qu'il a vu et de ce qu'il s'est approprié, étant conscient de ce qui se trouve en avant et le pressentant, "il se prévaut de ses droits occultes pour énoncer ses demandes clairement".
On peut s'assurer de ce que sont ces demandes, en se souvenant que tout ce que l'initié subit et tout ce qu'il accomplit est la correspondance ésotérique supérieure de la triple manifestation d'énergie de l'esprit, qui a caractérisé la première phase de son épanouissement, c'est la personnalité. Je souhaite attirer votre attention sur le mot "épanouissement", car c'est peut-être le terme le plus explicite et le plus juste, en ce qui concerne le processus de l'évolution. Il n'y en a pas de meilleur dans votre langue. L'initié a toujours existé. Le divin Fils de Dieu a toujours su ce qu'il était.
L'initié n'est pas le résultat du processus de l'évolution. Il est la cause de ce processus et, au moyen de celui-ci, il perfectionne ses véhicules d'expression jusqu'à devenir initié dans les trois mondes de la conscience, et dans les trois mondes de l'identification.
L'épanouissement s'effectue selon le type déterminé par le rayon, et chaque stade de l'épanouissement inférieur triple rend possible plus tard (dans le temps et dans l'espace), l'épanouissement supérieur dans le monde de la Triade spirituelle.
Ce que je fais, dans ces instructions, c'est indiquer la relation entre la personnalité triple et la Triade spirituelle, reliées par l'antahkarana. Chacun de ces trois aspects inférieurs a sa note propre et ce sont ces notes qui font résonner les trois requêtes ; celles-ci suscitent de la part de la Triade spirituelle une réponse qui leur permet d'atteindre la Monade – en attente – dans son haut lieu de Shamballa.
En 1922, dans mon livre Lettres sur la méditation occulte j'ai, dans le premier chapitre, posé les bases de l'enseignement plus avancé que je donne maintenant. J'y traitais de l'alignement de l'égo avec la personnalité ; c'était la première foi que tout le thème de l'alignement était nettement précisé, l'alignement étant le premier pas vers la fusion, et plus tard vers les mystères de l'identification. Permettez-moi de citer ce passage :
"A mesure que le temps s'écoule, et plus tard avec l'aide du Maître, l'harmonie de couleur et de tonalité (termes synonymes) s'effectue jusqu'à ce que, finalement, l'on ait la note fondamentale de la matière, la tierce majeure de la personnalité alignée, la quinte dominante de l'égo, suivie de l'accord parfait de la Monade ou Esprit. C'est la dominante que nous cherchons lors de l'adeptat et, antérieurement la tierce parfaite de la personnalité. Au cours de nos diverses incarnations, nous faisons résonner les variations sur toutes les notes intermédiaires ; quelquefois nos vies sont majeures et quelquefois mineures, mais elles tendent toujours à la flexibilité et à une plus grande beauté. En temps voulu, chaque note s'insère dans son accord, l'accord de l'Esprit. Chaque accord forme une partie de la phrase, phrase ou groupe auquel l'accord appartient ; et la phrase participe à l'achèvement de la septième partie du tout. L'ensemble des sept sections forme alors la sonate complète de notre système solaire, partie du chef-d'oeuvre triple du Logos ou Dieu, le Maître Musicien."
Nous en arrivons maintenant à un point difficile à saisir par le disciple. L'initié ou disciple est parvenu à un point de son évolution où la triplicité fait place à la dualité, avant qu'il ne puisse atteindre l'unité complète. Seuls deux facteurs sont importants pour lui quand il "se tient au point médian" ; ce sont l'Esprit et la matière. Leur identification complète dans sa conscience devient son but majeur, mais uniquement en ce qui concerne l'ensemble du processus créateur, et non plus maintenant en ce qui concerne le soi séparé. C'est cette pensée qui motive le service de l'initié, et c'est ce concept d' "ensemble" qui envahit petit à petit la conscience mondiale, qui indique que l'humanité est au bord de l'initiation. C'est donc l'aspect matériel, "la tierce parfaite de la personnalité", qui rend possible l'activité de l'initié lorsqu'il énonce ses trois requêtes. La "quinte dominante de l'égo" se fait entendre à la troisième initiation, marquant la réalisation de l'unification, qui disparaît à la quatrième initiation. A ce moment-là, le véhicule égoïque, le corps causal, disparaît. Seuls deux aspects divins demeurent ; la substance active, portée à sa perfection, rayonnante, organisée ou aspect matière, au travers de laquelle l'initié peut travailler en la maîtrisant complètement ; le principe dynamique de vie, l'aspect esprit, avec lequel la "Réalité divine substantielle" attend toujours l'identification. C'est cette pensée qui sous-tend les trois requêtes de l'initié qui (selon la règle donnée précédemment aux aspirants et aux disciples) doit résonner "dans le désert, au-dessus de toutes les mers, et à travers les feux".
Il ne m'est pas possible de vous donner explicitement une compréhension de la nature de ces requêtes. Je peux seulement vous donner quelques phrases symboliques qui, interprétées à l'aide de l'intuition, vous donneront le fil directeur.
La première demande est rendue possible car "la vie dans le désert est terminée ; elle a été florissante, s'est épanouie, puis la sécheresse est venue, et l'homme s'en est retiré. Ce qui avait nourri et contenu sa vie était devenu une région aride où il ne restait qu'ossements, poussière et une soif profonde que rien de ce qui était en vue ne pouvait satisfaire." Cependant, pour la conscience de l'initié, il reste clair que le désert doit redevenir florissant comme une rose, et que sa tâche consiste à rétablir sa beauté première (en distribuant l'eau de la vie), et non à rétablir la beauté de son faux épanouissement. Il demande donc, sur la note de l'aspect inférieur de la personnalité (symboliquement) que cette floraison se fasse selon le Plan. Cela implique de sa part une vision de ce plan, l'identification avec le dessein sous-jacent et la faculté – au moyen du mental supérieur, qui est l'aspect inférieur de la Triade spirituelle – de travailler dans le monde des idées et de créer les formes de pensée qui aideront à matérialiser le Plan, en conformité avec le Dessein. C'est le travail créateur de la construction de formes-pensées, et c'est pourquoi il nous est dit que la première grande requête "retentit dans le monde des idées de Dieu, en direction du désert qui a été laissé en arrière depuis longtemps.
Lors de cette grande requête, l'initié, qui s'est engagé à servir le monde, revient dans ce désert, y apportant la semence et l'eau que le désert réclame à grands cris."
La seconde requête se rapporte au cri antérieur du disciple, qu'il avait fait retentir "au-dessus des mers". Elle se rapporte au monde du mirage, où se débat l'humanité, au monde émotionnel dans lequel le genre humain est plongé, comme s'il se noyait dans l'océan. Il nous est dit dans la Bible, et cette pensée repose sur des renseignements se trouvant dans les Archives des Maîtres, qu' "il n'y aura plus de mers" ; je vous ai dit qu'il vient un moment où l'initié sait que le plan astral n'existe plus. Il a disparu pour toujours. Mais quand l'initié s'est libéré du royaume de l'illusion, du brouillard, de la brume et du mirage, et qu'il se trouve dans la "claire lumière froide" du plan bouddhique ou intuitionnel (l'aspect médian, ou second de la Triade spirituelle), il parvient à une grande réalisation fondamentale. Il sait qu'il doit retourner (si un terme aussi dérisoire peut suffire) vers les "mers" qu'il a laissées en arrière, pour y dissiper le mirage. Maintenant, il travaille "à partir de l'air qui les surplombe, et dans la pleine lumière du jour". Il ne se débat plus dans les vagues, ni ne s'enfonce dans les eaux profondes. Il plane au-dessus de la mer dans l'océan de la lumière, et déverse cette lumière dans les profondeurs. Il porte ainsi l'eau au désert, et la lumière divine dans le monde du brouillard.
Cependant, il ne quitte jamais le lieu de son identification, et tout ce qu'il fait maintenant s'effectue à partir du niveau atteint à telle ou telle initiation. Toute l'action qu'il exerce "sur le désert et au-dessus des mers" s'opère par le pouvoir de la pensée, qui dirige l'énergie nécessaire et certaines forces prédestinées et choisies, afin que le Plan (permettez-moi de me répéter) puisse avancer selon le dessein divin, grâce au pouvoir de la volonté spirituelle. Quand vous pourrez comprendre que l'initié de haut degré travaille au moyen de l'énergie monadique et non de la force de l'âme, vous saisirez pourquoi il estime nécessaire de toujours travailler dans les coulisses. Il travaille avec l'aspect âme et par le pouvoir de l'énergie monadique, utilisant l'antahkarana comme agent de distribution. Les disciples et les initiés des deux premiers degrés travaillent avec la force de l'âme par l'intermédiaire des centres. La personnalité travaille avec les forces.
La troisième requête comporte une implication différente et retentit, nous diton, "à travers les feux". Dans notre système solaire, on ne peut pas échapper au feu. Il se trouve à tous les niveaux d'expression divine comme notre étude des trois feux nous l'a appris – le feu par friction, le feu solaire et le feu électrique, avec leurs différenciations, les quarante-neuf feux des sept plans. Toujours donc, qu'il s'agisse du cri du disciple ou de la requête de l'initié, le son retentit "à travers le feu, vers le feu et à partir du feu". Il est peu de chose que je puisse dire au sujet de cette technique, sous-jacente à la puissante requête. A partir du plan le plus élevé de la volonté spirituelle qui est techniquement appelé "le plan atmique", la demande retentit et le résultat de cette demande aboutit sur les niveaux mentaux, exactement comme les deux demandes précédentes se manifestaient sur les plans physique et astral. Je signale ici en passant que, bien qu'il n'y ait pas de plan astral du point de vue du Maître, des milliards de personnes le reconnaissent cependant, et peinent dans sa sphère d'illusion où ils sont aidés par le disciple initié travaillant à partir des niveaux supérieurs correspondants. Ceci est vrai de tout travail planétaire, qu'il soit accompli par des initiés ou des Maîtres, travaillant directement dans les trois mondes, ou à partir de niveaux supérieurs, comme le font les Nirmanakayas (les Contemplatifs créateurs de la planète), ou encore à partir de Shamballa, de la chambre du Conseil du Seigneur du Monde. Tous les efforts de la Hiérarchie ou des "Vies conditionnantes de Shamballa", comme elles sont appelées parfois, sont consacrés à faciliter l'exécution du plan de l'évolution qui incarnera finalement le dessein divin. Je continue délibérément d'insister sur la distinction entre le plan et le dessein, car elle indique la phase suivante de l'action de la volonté intelligente dans la conscience de l'humanité.
Je ne suis pas autorisé à donner plus d'implications au sujet de ces trois requêtes. Je vous ai dit beaucoup de choses ; si seulement l'éveil de votre intuition vous permettait de comprendre la signification de certains de mes commentaires.
Les requêtes se rapportent non seulement à l'évolution de l'humanité, mais à toutes les formes de vie incluses dans la conscience du Logos planétaire. Le mental dirigeant de l'initié indique le but à atteindre dans les trois mondes.