E. Le Problème Sexuel
J'ai déclaré que le septième rayon, qui arrive, agit à travers le centre sacré planétaire, et ensuite à travers le centre sacré de chaque être humain. En conséquence, nous pouvons nous attendre à des développements anticipés dans cette fonction humaine que nous appelons la fonction sexuelle. Nous verrons des changements conséquents dans l'attitude de l'homme envers ce problème qui est des plus difficiles. En traitant ce sujet du sexe et en soulignant ce qu'il est possible d'en dire actuellement, j'essayerai d'être aussi simple que possible, et d'exprimer mes pensées de façon à ce que quelque chose de constructif puisse en découler, et enfin de façon à ce qu'une note claire puisse résonner dans la présente confusion de sons discordants, d'opinions opposées et d'idées différentes.
Il est évident que c'est un sujet difficile à approcher. Mais pourquoi l'est-il ? En dernière analyse, nous nous rendrons compte que la difficulté est basée sur des préjugés dans le mental de l'homme, et sur cette intime conviction que son point de vue particulier est nécessairement le seul exact, parce qu'il vit et agit selon lui et s'en contente. Il est basé sur le fait que le sexe est l'une des impulsions primordiales et fondamentales, l'un des instincts substantiels, et qu'il est par conséquent le facteur dominant dans le côté animal de la nature de l'homme ; il est basé sur l'excessive intimité du sujet, une intimité qui fut transformée en un secret indécent pendant les périodes ou la race succomba à un puritanisme excessif et prostitua une fonction naturelle en un mystère lascif. L'intimité inhérente au sujet du sexe l'obligea à être considéré comme un épisode dont il ne faut pas parler, comme un thème de conversation à proscrire entre gens décents, au lieu d'être regardé comme un processus naturel et instinctif, aussi instinctif et aussi nécessaire que le boire et le manger. C'est cependant une fonction qui n'a pas été pliée au rythme dans la vie journalière et qui est considérée comme devant être suivie et satisfaite lorsque le besoin apparaît et que le droit le demande. C'est là qu'est la distinction et que la solution s'offre au problème.
Encore une fois, la difficulté du problème est due au fait des attitudes si diverses du mental humain à ce sujet. Ces attitudes s'étendent entre celle d'une promiscuité sans règle à celle d'une monogamie qui s'est révélée comme une imposition et une restriction cruelle pour les femmes, et une licence effrénée pour les hommes. Greffées sur ces difficultés, issues de ces attitudes erronées, les légalités et les illégalités, la licence et les restrictions ont engendré des points d'infections (si on peut les appeler ainsi) dans notre civilisation. A cause d'eux existent cette moralité relâchée basée sur le tourment, ces endroits "à lumière rouge" qui ne sont qu'un malheureux compromis entre les tendances vicieuses et les désirs insatisfaits, les tribunaux de divorces qui dévastent la vie de famille et finissent par miner la vie nationale (dont chaque unité familiale devrait être un élément sain) et enfin l'augmentation constante des maladies, comme résultat de la promiscuité répandue et des nombreuses relations illicites. Il y a aussi un important facteur psychologique, c'est l'esprit militant manifesté par les multiples groupes de gens qui cherchent à imposer leurs idées personnelles, et leur solution particulière du problème, à leur entourage.
Derrière tous ces résultats d'une mauvaise attitude prolongée vis-à-vis de la fonction sexuelle, se trouvent deux maux majeurs, ou plutôt deux effets principaux des actions mentales et physiques de l'homme. Ils sont graves dans leur signification. Il y a, tout d'abord, le développement dans la conscience de l'homme, de ces complexes, de ces psychoses, de ces inhibitions et démembrements psychologiques qui ont si sérieusement altéré la santé et la sérénité de milliers d'individus. Il y a, secondement, la menace pesant sur la véritable vie de l'humanité elle-même, en ce qui concerne l'unité familiale et la vie familiale. D'un côté nous avons la promiscuité et la trop grande indulgence en ce qui concerne les relations sexuelles, et qui ont pour résultat (et cela a toujours été ainsi) la surpopulation et le surpeuplement d'êtres humains. D'autre part nous avons une stérilité imposée, qui peut finalement aussi présenter des dangers, mais qui est cependant, sous bien des aspects, le moindre des deux maux. Cette stérilité s'accroît rapidement, et conduit finalement à des conditions physiques indésirables. Cependant, à notre époque, c'est le moindre des deux maux. Notons ici deux points. Comme conséquence du premier mal et du surpeuplement qui en résulte, nous avons provoqué une situation économique tellement grave et catastrophique que la paix et la stabilité du monde en sont menacées. Du second mal pourrait résulter la disparition progressive de l'humanité elle-même, si la stérilité obligatoire devenait une pratique universelle. Cela permettrait la prédominance du monde animal, une immense augmentation de la vie animale, ce qui serait une période de régression et non de progrès.
En traitant ce sujet du sexe, je suis obligé de généraliser, les exceptions aux règles et classifications proposées seront donc nombreuses.
Je traite le sujet dans son ensemble, et mon thème est le danger de l'attitude actuelle, la nécessité d'une meilleure compréhension de la question et l'importance d'un remaniement des idées de l'homme sur cette matière vitale. L'attitude du sauvage qui ne pense pas, vis-à-vis de la vie sexuelle, et l'attitude de l'initié mentalement polarisé et spirituellement orienté vis-à-vis de cette même question peuvent sembler si profondément différentes qu'à première vue on ne peut y trouver aucun point de ressemblance ; cependant, fondamentalement ces deux attitudes sont plus proches l'une de l'autre et plus proches de la réalité que celle de l'homme moyen d'aujourd'hui. L'un obéit au rythme de sa nature animale, et pas plus que l'animal à l'état sauvage n'en voit le mauvais côté ; de plus il ignore la vile promiscuité de l'homme civilisé. L'autre, mène une vie contrôlée, gouvernée par le pouvoir du mental, et animée par le désir de bien de l'humanité. Entre ces deux approches extrêmes, nous avons les multiples points de vue, les nombreuses idées différentes, les coutumes, tous les types de relations (légitimes et illégitimes), les réactions animales et psychologiques, les différentes formes de mariages, et les nombreuses perversions d'un processus naturel qui distinguent l'homme moderne dans toutes les parties du monde. Et tout cela varie encore dans les différentes civilisations et sous l'influence des différentes conditions climatiques.
Il est donc évident qu'il ne fait pas partie de mon service, vis-à-vis des lecteurs de ce livre, d'entrer dans une analyse détaillée des coutumes du mariage au cours des âges, passés et présents. Ce n'est pas mon travail de m'étendre en détail sur les fautes, les conséquences fâcheuses, les nombreux types de perversion et les cruautés sadiques nées du mauvais usage fait par l'homme d'une fonction naturelle et de son épouse, ni d'élucider ici sa folle incompréhension de la loi d'attraction et de répulsion.
Il ne serait d'aucune utilité d'exposer dans cette brève discussion d'un immense sujet, aucune des théories que les hommes ont formulées dans leur recherche d'une solution. Car leur nom est légion. Toutes contiennent une certaine part de vérité. Plusieurs ne sont que l'expression de la profondeur de l'ignorance de l'homme ; leur étude peut être faite par l'étudiant qui a le temps de lire, qui est assez intelligent pour juger clairement et sans préjugé, et aussi qui est assez riche pour se procurer la littérature nécessaire.
Je ne peux et ne veux d'ailleurs pas toucher à l'aspect médical et physiologique du vice, qu'il s'agisse du vice de promiscuité ou de celui d'un mariage malheureux. Ce que je peux faire de plus utile actuellement est de vous indiquer les lois qui devraient gouverner la vie de l'homme, particulièrement en ce qui concerne le sexe, et en vous révélant autant que je le peux et l'ose, pourquoi et comment, les conditions actuelles, particulières et uniques, ont été amenées. Je peux aussi faire quelques suggestions, qui, sérieusement considérées, peuvent aider à débarrasser le mental de ces notions fausses et illusoires qui empêchent l'homme de voir clair et juste, et ainsi l'aider à découvrir le fil doré de lumière, qui le conduira en temps voulu à la solution de son problème.
Il y a une chose que je veux dire quelque triste qu'elle puisse vous paraître. Il n'y a pas de solution immédiate au problème du sexe, devant lequel nous nous trouvons à cette époque. Pendant des âges les hommes ont mésusé d'une fonction donnée par Dieu, ils ont prostitué leur droit de naissance, et ainsi, par leur relâchement, et leur licence, par leur manque de contrôle, ils ont inauguré une ère de maladie, tant mentale que physique, une ère d'habitudes préjudicieuses et de relations illusoires qui nécessiteront des siècles pour être extirpées. Ils ont aussi amené trop rapidement en incarnation des myriades d'êtres humains qui n'étaient pas prêts pour cette incarnation, qui avaient besoin de plus longs intervalles entre les naissances pour assimiler leur expérience. Ces âmes peu évoluées viennent en incarnation rapidement, mais des âmes plus avancées ont besoin de périodes plus longues pour recueillir les fruits de l'expérience.
Elles sont cependant exposées au pouvoir de l'attraction magnétique de ceux qui vivent sur le plan physique, ce sont ces âmes qui peuvent être prématurément amenées en incarnation. Le processus est soumis à la loi, mais les âmes peu évoluées s'incarnent d'après la loi de Groupe.
Par souci de clarté et pour permettre une référence rapide, je diviserai ce que j'ai à dire en quatre parties.
1. Définition du sexe, de la vertu et du vice.
2. La question du sexe dans l'âge nouveau.
3. Quelques suggestions pour le moment présent.
4. Le sexe et la vie de disciple.
Je ne fais pas de l'histoire et je ne m'occupe pas de détails au sujet de l'évolution raciale. Tout cela est évidemment en relation avec le problème du sexe, mais trop vaste dans ses implications pour mes desseins actuels.
Ainsi que je l'ai dit, je ne traite ni des aspects physiologiques du sexe, ni des maladies résultant des abus de sa fonction, ni de la question de stérilité, sauf en ce qui concerne l'homme moderne. Je ne peux non plus prendre parti dans les querelles des différentes écoles de pensée, puisque je ne me place à aucun angle spécifique, que ce soit la religion, la moralité, ou l'adhésion à l'une d'elles. La question dans son ensemble est plus vaste et plus grande qu'aucun point de vue religieux, ou que n'importe quelles affirmations morales des esprits moyens. Ce qui est considéré comme moral dans un pays ou dans un cas particulier, peut être tout le contraire ailleurs. Ce qui est jugé légal dans une partie du monde est estimé illégal dans une autre. Ce qui constitue un problème difficile sous telle condition climatique présente des possibilités totalement différentes sous une autre condition climatique.
La polygamie, la promiscuité et la monogamie ont cycliquement dominé dans différentes parties du monde au cours des âges, et fonctionnent simultanément sur la terre aujourd'hui. Chacune de ces formes a été, ou est, tour à tour, juste, légale et appropriée, puis mauvaise, illégale et inacceptable. Chacune de ces formes d'interprétation de la relation sexuelle a été le sujet d'attaques ou de défenses, d'horreur vertueuse ou d'arguments spécieux, chacune a été une coutume courante et une méthode juste, selon le lieu, la tradition, l'entraînement et l'attitude des hommes qui la pratiquaient. Dans une partie du monde, une femme peut avoir plusieurs maris ; dans une autre, un époux est légalement autorisé à avoir quatre femmes s'il le désire, ce qui à toujours eu lieu dans les harems et dans les "kraals" (villages africains). En Occident, l'homme n'a légalement qu'une seule femme, mais par ses promiscuités et ses aventures dites "romantiques", il en a en réalité autant qu'un chef de clan africain ; et actuellement, les femmes agissent à peine mieux.
J'ai énuméré les conditions ci-dessus, sans esprit de critique, mais simplement comme un fait existant, et afin de donner au lecteur ordinaire un aperçu exact d'une condition mondiale qui est probablement très différente de ce qu'il suppose. Je n'écris pas pour des spécialistes, mais pour tout étudiant intelligent qui doit avoir une image des conditions existantes, à l'échelle mondiale.
Il est divinement vrai que la tendance des pensées de l'homme et de ses désirs est pour une monogamie établie, mais cela n'a encore jamais été universellement réalisé. Si l'on considère courageusement et vraiment le fait, on est obligé de reconnaître qu'au cours des âges, les hommes n'ont jamais été monogames. Les femmes, dans le passé, l'ont été plus que les hommes, mais ce n'est plus le cas maintenant, depuis que la science enseigne des méthodes modernes de protection contre les risques et les douleurs de l'enfantement. Jusqu'à présent le fait de mettre des enfants au monde a été considéré comme la sanction des relations sexuelles légales ou illégales. Réfléchissez à l'horreur exprimée dans ces mots. Les femmes pratiquant l'ancienne coutume de promiscuité, il y en a évidemment toujours eu, mais je parle ici de femmes à leur foyer.
Me croirez-vous si je vous dis que la situation mondiale en ce qui concerne la question sexuelle est actuellement tellement critique et tellement grave qu'il n'y a pas un penseur qui puisse en trouver la solution, ou, quelque soit la clarté de son esprit et son érudition, imaginer comment sortir de l'impasse actuelle. Les traditions dans les coutumes et les pratiques, avec leurs conséquences inévitables et leur stabilité établie, ne servent qu'à égarer les esprits les plus clairs. Les résultats physiques des rapports sexuels, que ce soit dans ou en dehors du mariage, ont engendré non seulement le type de vie courante actuel, mais la plupart des maladies, des formes d'aliénation mentale, des tendances mauvaises, des impulsions perverties, et donnent des résultats tels, qu'ils remplissent aujourd'hui nos hôpitaux, nos maisons de santé, sanatoria, prisons et asiles.
Nos jeunes gens, principalement ceux de type idéaliste, les garçons et filles qui pensent clairement, se trouvent devant un état de chose qui défie leurs meilleurs efforts. Ils ne savent plus ce qu'il faut penser, ce qu'il faut croire. S'ils regardent la famille dont ils font partie, ou d'autres ménages sanctifiés par un mariage légal, ils ne voient, sur une large échelle, que mécontentement, prostitution légalisée, mauvaise santé, recherche de relations illicites au dehors, des enfants non souhaités et négligés, les frictions résultant d'un mauvais compagnonnage le divorce, et aucune réponse à leurs nombreuses et intelligentes questions. Ils regardent alors ailleurs, dans la vie de ceux qui ont évité la responsabilité du mariage, et ne trouvent que du mécontentement, fréquemment une vie sexuelle secrète et cachée, une mauvaise santé résultant de la frustration des instincts naturels, des conditions psychologiques de la pire espèce, parfois des enfants illégitimes, des perversions sexuelles, et une tendance grandissante vers ce qu'on nomme homosexualité. Ceux qui cherchent sont accablés par l'impossibilité de recevoir une réponse à leurs questions et sont complètement désorientés.
Ils s'adressent à ceux qui ont l'intelligence du monde, pour trouver une solution et de l'aide, et ils ne trouvent pas de réponse claire, pas de philosophie saine, pas d'instruction fondamentale. On peut leur offrir un sain bon sens, des injonctions pour éviter les excès qui altéreraient leur santé, ou ce qui les chargerait d'un fardeau économique gênant. On peut les instruire dans la morale du passé, les mettre en garde contre les conséquences qui suivent inévitablement les manquements aux lois de la nature et le fait de prostituer le corps physique au désir déréglé.
On peut leur faire l'éloge d'une vie droite et même insister sur le fait qu'ils sont des fils de Dieu. Tout cela est bon, juste et utile. Mais aucune véritable solution ne leur est offerte, aucune lumière n'est jetée sur leur problème, et leur confusion n'est pas dissipée. Ils se tourneront peut-être alors vers des gens à l'esprit religieux, s'adresseront à un prêtre orthodoxe.
On leur dira peut-être d'être bon ; on leur citera l'exemple des saints ; ils se trouveront peut-être noyés dans un flot d'injonctions puritaines, et d'explications non satisfaisantes souvent basées sur des préjugés personnels et sur des préférences. Mais il est rare qu'une note claire soit émise et qu'il soit possible de faire plus que d'énoncer la grande loi de Moïse : "Tu ne feras pas..." Pour la grande majorité des jeunes de cette génération, pour ceux qui cherchent à se renseigner, le fait que Dieu dit ceci et cela, que la Bible ordonne telle ou telle chose, ne satisfait pas leur désir de connaître le "pourquoi". L'espérance d'un ciel ultime, où la discipline personnelle, le contrôle de soi et l'abstinence sexuelle recevront leur juste récompense, leur semble trop lointaine pour résister aux tentations du monde environnant et aux besoins insistants qui s'élèvent en eux.
Qu'il y ait beaucoup de gens capables de résister aux "tentations de la chair" est cependant vrai. Il y a partout des hommes et des femmes qui traversent la vie, en restant purs et non contaminés ; c'est un fait exact et merveilleux. Il y a des âmes avancées dont la vie s'est séparée de la nature animale et dont le mental contrôle les actes journaliers, et c'est la gloire de l'humanité. Mais la plupart d'entre eux vivant dans un autre monde de pensée et d'intérêt, ne sont pas tentés comme le sont les fils des hommes plus enclins a écouter leur nature animale. Il y a encore, évidemment, ceux qui s'abstiennent de mal faire parce qu'ils craignent les conséquences, que ce soit aujourd'hui, dans leur corps physique, ou plus tard, dans le monde des rétributions. Mais lequel d'entre tous ces gens, que ce soit le meilleur et le plus saint, peut parler avec une réelle sagesse et avec la compréhension de ce problème universel ? Lequel peut voir la route que l'humanité doit prendre en ce moment pour en sortir ? Quel est celui qui comprend pourquoi toute cette détresse, ce péché et ce mal a foisonné autour des relations sexuelles ? Quel est celui qui comprend réellement la véritable signification de la vie du sexe, sa place dans le grand schéma des choses et la raison de cette relation entre les sexes ? Enfin quel est celui qui peut, avec la véritable vision, dire ce que sera la prochaine étape de l'évolution, vers quoi nous allons et en quoi consistera le prochain développement ?