CONCLUSION
L'homme moderne trouve difficile à concevoir une époque où il n'existera dans la pensée humaine ni conscience raciale, ni conscience nationale, ni séparativité religieuse. Il était aussi difficile pour l'homme préhistorique de concevoir le temps de l'idée nationale. Il est bon de nous en souvenir. Le moment où l'humanité sera capable de raisonner en termes universels est encore loin, mais le fait que nous puissions en parler, le désirer et le préparer, constitue sans nul doute une garantie que sa venue n'est pas impossible. L'humanité est déjà bien plus éclairée ; elle a progressé de gloire en gloire. Nous nous dirigeons aujourd'hui vers une civilisation bien supérieure à tout ce que le monde a connu et vers les conditions qui assureront un plus grand bonheur à l'humanité. Elle marquera la fin des différends nationaux, des distinctions de classe (à base héréditaire ou financière) et offriront à chacun une vie plus remplie et plus riche.
De toute évidence, des dizaines d'années s'écouleront avant que pareilles circonstances se réalisent effectivement, mais il s'agit seulement de dizaines d'années et non de siècles, si l'humanité consent à tirer la leçon de la dernière guerre et si, dans chaque pays, les réactionnaires et les conservateurs sont empêchés de ramener la civilisation aux vieilles ornières. On peut commencer tout de suite. La simplicité doit être notre règle car c'est la simplicité qui fera disparaître notre ancien mode de vie matérialiste. La bonne volonté dans la collaboration, telle est certainement la première idée à présenter aux masses et à enseigner dans nos écoles, où elle garantira la nouvelle et meilleure civilisation. Une sympathie compréhensive, appliquée avec intelligence devrait être la caractéristique des groupes cultivés et avisés, qui devraient s'efforcer de mettre en relations le monde de la signification et celui des efforts pratiques, au bénéfice des masses. Un civisme mondial, exprimant à la fois la bonne volonté et la compréhension, devrait être le but des gens éclairés partout et le signe distinctif de l'homme vivant selon la spiritualité. Ces trois conditions remplies, de justes relations s'établissent entre l'éducation, la religion et la politique.
La note dominante de l'éducation nouvelle est essentiellement une interprétation correcte de la vie, passée et présente, et de ses rapports avec l'avenir de l'humanité. La note dominante de la religion nouvelle doit être une voie d'approche juste vers Dieu, transcendant par Sa nature et immanent en l'homme. La note dominante enfin de la nouvelle science politique et gouvernementale sera les justes relations humaines. L'enfant doit être préparé à tout cela par l'éducation.