SECTION IV
INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES DONNEES PAR LE TIBETAIN à D.P.R.
1. Le rayon de l'âme, le premier Rayon de Volonté ou Pouvoir.
2. Le rayon de la personnalité, le cinquième Rayon de Science Concrète.
3. Le rayon du corps mental, le quatrième Rayon d'Harmonie par le Conflit.
4. Le rayon du corps astral, le deuxième Rayon d'Amour-Sagesse.
5. Le rayon du corps physique, le troisième Rayon d'intelligence Active.
Janvier 1940.
La vie a été si difficile pour vous, mon frère, que j'hésite (car je comprends beaucoup de ce que vous endurez) à vous imposer un fardeau supplémentaire de discipline personnelle, ou davantage de vie introspective. Vous êtes resté debout au milieu de votre monde et vous l'avez vu sombrer, s'effondrer autour de vous ; vous avez été un puissant appui pour ceux qui sont liés à vous très étroitement ; vous ne les avez pas abandonnés ; vous avez conservé vos valeurs pures alors que vous voyiez les valeurs matérielles disparaître en fumée. Que vous ayez encore quelques mirages personnels et que vous soyez encore trompé par vos réactions de haute qualité aux circonstances et aux gens, est évidemment vrai, mais je me demande si vous gagneriez quoi que ce soit à
en faire actuellement le centre de votre attention.
Donc, demeurez ferme, et ne soyez pas indûment angoissé. Evitez, du moins, un mirage, celui qui consiste à croire que c'est votre devoir d'endosser toutes les responsabilités et de prendre toutes les décisions finales. Laissez aux gens, mon frère, l'occasion que vous-même êtes si heureux d'accueillir, l'occasion d'apprendre les leçons nécessaires. Ne cherchez pas trop à élever et à protéger, car le complexe protecteur de la mère est en soi un mirage.
Mon amour et ma force sont à votre service.
Août 1940.
Mon frère,
L'une des caractéristiques marquantes du disciple engagé est qu'il apprend à rester ferme et inébranlable, quoiqu'il puisse lui arriver, ou survenir autour de lui. Il arrive beaucoup de choses aux disciples, actuellement, car ils supportent le choc du cataclysme mondial. Vous trouvez peut-être cette affirmation étonnante, mais je vous demande de vous rappeler qu'ils affrontent les conditions présentes simultanément sur les trois plans, et que, dans le même temps, ils s'efforcent de vivre comme des âmes. L'exactitude de mon affirmation apparaît donc si vous voulez bien réfléchir quelques minutes à ses implications. Il y a partout une souffrance effroyable. Physiquement et émotionnellement, à travers le monde, les gens subissent un maximum de douleur. Cependant, le disciple accepté souffre aussi mentalement, ce à quoi il faut ajouter sa capacité à s'identifier au tout ; son imagination entraînée présente aussi des difficultés spéciales, car elle peut évoquer des possibilités que les autres n'envisagent peut-être pas ; il est à présumer que sa vision ou compréhension du plan est plus vaste. Le disciple s'efforce aussi d'appliquer sa connaissance du plan à la situation environnante immédiate, il essaie avec acharnement de comprendre tout en interprétant les choses aux autres personnes, quoi qu'il puisse subir dans sa vie personnelle.
Dans beaucoup de cas, tel que le vôtre, les conditions environnantes et les associés choisis tendent à compliquer la question ; vous affrontez donc, aujourd'hui, la crise majeure de votre vie et j'ajoute que vous l'affrontez de
façon satisfaisante.
Il y a beaucoup de sortes de crises dans la vie des aspirants, mais pour les disciples consacrés il y a toujours deux crises majeures dans leur vie : La première est la crise d'occasion offerte et sa sage reconnaissance. A un certain
moment, chaque disciple se trouve en face d'un choix déterminant, qui conduit finalement à la nature particulière du service de toute sa vie. Cela survient habituellement entre vingt-cinq et quarante ans, ordinairement aux environs de trente-cinq ans. Je ne parle pas ici du choix que tout homme sain de corps et
d'esprit doit faire lorsqu'il détermine le travail de sa vie, son lieu de résidence et ses associés dans la vie. Je parle d'un choix libre lorsque les choix moindres ont été faits. Vous avez fait ce genre de choix dans vos premières années. Ce choix d'opportunités se rapporte toujours au service de la vie. Ceci est vrai en dépit du karma et des circonstances environnantes. Ce n'est pas un choix de la personnalité, basé sur la commodité ou des motifs matériels, sur la nécessité ou tout autre chose. C'est un choix basé sur la relation de l'âme avec la personnalité et qui s'offre aux seuls disciples.
La deuxième crise est la crise d'expression. Elle survient habituellement au cours des dernières années de la vie du disciple. Elle concerne la tendance stabilisée de sa vie, et met à l'épreuve tout ce qu'il croit, tout ce qu'il a soutenu, et tout ce pour quoi il s'est battu dans l'expérience de la vie. C'est une épreuve dure et amère, allant jusqu'aux racines de sa vie ; pour ceux qui préparent l'initiation, elle est particulièrement aiguë. Les conditions de cette épreuve peuvent, en apparence, n'être pas pires que les épreuves et les difficultés qui assaillent les autres personnes, mais, comme je l'ai signalé plus haut, il faut les affronter sur tous les plans en même temps. L'énergie de l'âme y est toujours impliquée, ce qui intensifie la réaction de chaque corps de l'homme inférieur, ainsi que celle de la personnalité dans son ensemble, l'homme intégré. Le stade de réceptivité atteint par chaque disciple vis-à-vis de son entourage, de ses associés et de son service, aggrave considérablement ces difficultés. Je vous explique ceci assez en détail, car je désire vivement que vous compreniez la nature de votre problème, de sorte que vous puissiez le prendre en main avec plus d'équilibre, de compréhension et de succès. La crise d'opportunité est derrière vous ; vous l'avez affrontée de manière satisfaisante. Aujourd'hui, vous êtes placé en face de votre crise d'expression et vous en sortirez victorieusement ; le véritable succès dépend de ce qui est accompli sur les plans intérieurs et des vraies valeurs que l'on trouve à n'importe quelle situation ; parmi ces valeurs, celles qui sont basées sur le plan physique sont de loin les moins importantes.
Si vous voulez bien, tous, étudier les instructions que je donne individuellement aux membres du groupe et au groupe lui-même, vous vous apercevrez que je vous donne des instructions précises sur la Voie de l'Initiation. Votre réponse et votre recherche, néanmoins, se situent davantage dans le champ de la reconnaissance ésotérique que dans le champ de la réception de faits nouveaux. Tant de choses ont été communiquées concernant l'initiation, au cours des dernières années ; pour une large part, cela a été fait exotériquement, et reçu exotériquement ; la vraie signification de l'enseignement a été voilée. Ma tâche n'est pas tellement de vous communiquer des faits, vérités, points de vue et intérêts nouveaux, que d'éveiller à la réalité ce que votre mental a déjà reçu à titre de théorie et d'hypothèse.
Vous vous trouvez aujourd'hui, mon frère, à un point majeur de crise, et vous êtes seul. Votre entourage immédiat ne peut pas vous rendre vraiment service, car il n'est pas encore sur le Sentier du Disciple. Ces personnes sont dans les stades de début du sentier de probation et, de plus, n'en ont pas conscience. Vous n'avez donc que trois sources de force :
1. Avant tout, le contact avec votre âme par la méditation, la réflexion et la joie.
2. Votre contact avec moi, votre Maître, car par moi un peu de la force du monde des âmes et de la hiérarchie peut vous atteindre.
3. Vos frères de groupe dans ce nouveau groupe semence.
Je souhaite vous signaler que dans ces trois contacts, apparaissent les trois aspects de l'expression divine – sous l'angle de la stimulation et du pouvoir de vitaliser – et qu'ainsi les trois types de pouvoirs sont rendus disponibles. Pour commencer par le contact le plus bas, vos frères de groupe, vous avez l'activité intelligente et la stimulation qui s'ensuit sur le plan physique de votre contact avec eux ; grâce au contact avec votre âme, l'aspect amour de la divinité peut se manifester en vous ; et grâce au contact hiérarchique, la volonté de Dieu peut pénétrer en vous. Ainsi les trois aspects de la nature divine peuvent se déverser en vous et trouver une réponse dans les
trois aspects de votre expression inférieure manifestée ; vous pouvez ainsi être mis au service du divin. Réfléchissez à ceci et efforcez-vous d'établir fermement ces contacts sur une base saine et non émotionnelle.
Vous êtes conditionné par un groupe particulièrement intéressant de forces ou énergies vitales, intéressant par sa combinaison particulière. La grâce qui a sauvé la manière de vous exprimer est votre corps astral de second rayon, car la combinaison d'une âme de premier rayon, d'une personnalité de cinquième rayon et d'un corps physique de troisième rayon, aurait pu donner une personne dure et matérialiste. Ces rayons sont ceux qui ont produit ce que l'on appelle le type du mental prussien.
Soit dit en passant, cette combinaison de rayons a produit vos relations karmiques dans cette vie. Heureusement pour vous, votre incarnation passée immédiate en tant que personnalité était entièrement dominée par le second rayon, ce qui vous a valu une nature astrale de second rayon et des caractéristiques mentales de quatrième rayon. D'où l'équilibre dans deux directions, d'où aussi la tendance générale du conditionnement de votre vie.
Ce furent vos lignes de force de premier rayon qui vous placèrent dans la localité particulière où vous résidez et qui vous amenèrent la compagne de votre vie. Ce fut votre acquis de second rayon et ses effets dans votre vie
actuelle, qui a hâté votre affiliation à moi-même et vous a fait rencontrer votre groupe particulier de frères du nouveau groupe-semence. Ce renseignement peut vous être utile même s'il ne sert qu'à renforcer votre foi et à vous indiquer le caractère raisonnable de la situation que les conditions de votre vie vous ont obligé à affronter.
La nécessité majeure est donc pour vous de renforcer et de maintenir les trois contacts qui forment les éléments de base de votre vie spirituelle : votre âme, votre relation avec moi et vos rapports avec vos frères de groupe. En agissant ainsi, le sens de l'universalité et d'une conscience en expansion grandira, s'approfondira et vous permettra d'atteindre à ce sens des proportions qui révèle que le petit soi est partie intégrante du grand Soi ou
Tout. Dans cette affirmation je ne fais pas seulement allusion à votre relation entre l'âme et la personnalité, mais à votre relation – en tant qu'entité vivante – avec le plus grand tout dont l'humanité et la Hiérarchie sont parties intégrantes.
Je suggère donc une ligne de pensée ou de méditation qui approfondira et renforcera ces attitudes. A cette fin, je vais vous suggérer cinq points de recueillement, chaque jour :
1. En vous éveillant le matin avant de vous lever
2. A midi.
3. Au coucher du soleil, quelle qu'en soit l'heure.
4. En vous couchant le soir.
5. Au moment de la méditation de groupe, quel que soit le moment où vous décidez de la faire.
Ainsi, une continuité vivante de relation perçue s'établira dans votre conscience.
1. En vous réveillant, énoncez le OM silencieusement et dites :
"Je suis un avec la lumière qui brille par mon âme, mes frères et mon Maître."
2. A midi, énoncez à nouveau le OM silencieusement et dites, en réfléchissant lentement et profondément :
"Rien ne me sépare de mon âme, de mes frères, ou de mon Maître. Ma vie est la leur, et leur vie est
mienne."
3. Au coucher du soleil, énoncez de nouveau le OM et dites :
"Rien ne peut obscurcir l'amour qui circule entre mon âme et moi, le petit soi. Rien ne peut s'interposer entre mes frères et moi. Rien ne peut arrêter le courant de force entre moi et mon âme, entre mes frères et mon âme, entre le Maître de ma vie et moi, son disciple consacré."
4. En vous couchant, avant de vous endormir, énoncez encore le OM et dites :
"De l'obscurité conduisez-nous à la lumière. Je foule le sentier de la vie et de la lumière car je suis une
âme. Avec moi, cheminent mes frères et mon Maître. De sorte qu'à l'intérieur, à l'extérieur, et de
tous côtés, il y a de la lumière, de l'amour et de la force."
5. Quand vous faites la méditation de groupe, commencez à tirer profit de cette conscience grandissante et, avant de faire le travail, reliezvous, avec autant de réalisation consciente que possible, à votre âme, à vos frères et à moi-même, et prenez conscience de l'indestructibilité de ce lien.
Ce travail, exécuté comme un véritable exercice, produira chez vous une disponibilité de force et d'équilibre approfondis. Cela ne prendra que quelques secondes à chaque point au moment indiqué, mais ces secondes serviront de points de crise et de force affluente.
Août 1942.
1. Je viens à Toi, Seigneur de ma Vie et, ayant atteint ce point, je travaille tout près de Tes pieds.
2. Entre moi et le monde extérieur apparaît une brume bleue. Ce bleu protège, de sorte que je n'ai pas peur. Je n'ai pas le droit de le traverser.
3. A partir de cette heure et dorénavant sur la Voie, je m'efforce d'Etre.
Je ne cherche plus à savoir, car cette vie m'a appris comment savoir et ayant acquis ce savoir, je peux maintenant servir en Etant.
4. Devant moi court le Sentier de Lumière. Je vois le Chemin. Derrière moi s'étend le sentier de montagne, avec ses pierres et ses cailloux.
Autour de moi sont les épines. Mes pieds sont fatigués. Mais devant moi, tout droit, s'étend la Voie illuminée et je marche sur cette Voie.
5. La douleur vient de l'attachement à la forme. Il prend deux aspects :
l'attachement aux formes de la terre, des hommes et des lieux et l'attachement à la vérité. Tous deux apportent la douleur, et la douleur doit cesser. Demandez à votre âme "comment ?"
6. Le triple fardeau, l'étoile qui brille, le sentier de lumière, la plus grande Etoile, tous sont traversés par les palpitations du coeur d'amour jaillissant de l'ashram de D.K., et t'enveloppant ainsi que tous les autres.
Septembre 1943.
Mon frère bien-aimé,
A.A.B. vient de rappeler à mon attention les six affirmations que je vous ai données, il y a un an, afin que vous y réfléchissiez. Sachant tout ce que vous avez subi dans l'intervalle, et ce que vous supportez maintenant, elle s'est rendu compte qu'elles s'étaient révélées extrêmement appropriées. La douleur a englouti les vôtres et vous-même ; l'inquiétude, dans de nombreuses directions très éprouvantes, a été votre lot. Si vous n'aviez pas été "près des pieds du Seigneur de votre Vie", vous auriez sombré dans ce que l'on pourrait considérer comme la vallée du désespoir.
Vous n'avez pas été vraiment désespéré car la "brume bleue" vous a protégé ; vos frères de groupe ont formé comme un bouclier autour de vous et la force de mon ashram a été à votre disposition. Les gens comprennent
rarement la nature et la puissance de cette force – force émanant d'un profond amour impersonnel et de la conscience du fait que, à la lumière des vérités éternelles, toute douleur n'est que temporaire, tout ennemi ou lutte n'est qu'éphémère, et que nous sommes souvent passés par là sur la malheureuse petite planète de souffrance que nous appelons la terre. Nous en venons à savoir que nous ne passerons pas aussi souvent par ce chemin à l'avenir.
Avez-vous saisi la signification de cette phrase, mon frère ?
De même que certains jours de l'année semblent marqués par leur obscurité et surchargés de noirceur et d'angoisse, de même certaines vies, dans un cycle de vies, marquent également par les expériences variées qu'elles apportent, par l'amer amoncellement de douleur et de détresse, par l'accumulation de karma malheureux et souvent angoissant qu'il faut prendre en main. Mais, mon frère, toutes les vies ne sont pas de ce genre, et le fait que votre vie actuelle a été si dure depuis des années est la garantie que vous vous êtes débarrassé de beaucoup de karma, que vous êtes infiniment plus libre et moins handicapé. Vous allez récolter les fruits de toute cette souffrance quand vous entrerez dans la prochaine incarnation.
Donc, ayez bon espoir ; tournez-vous vers l'avenir ; vous y verrez service et joie parce que vous avez essayé de vivre sans égoïsme, de porter courageusement votre fardeau, et parce que votre vie, vos actions, votre carrière tout entière ont aidé tant de personnes.
Je voudrais vous rappeler que la douleur, lorsqu'elle est vécue mentalement pour d'autres, est la pire espèce de douleur. Vous le savez. Mais je voudrais vous rappeler que cette faculté de vous identifier avec une douleur qui n'est pas particulièrement la vôtre, est quelque chose que tous les disciples doivent apprendre, car c'est un des premiers pas vers la prise en charge de la douleur mondiale et de l'anxiété de la famille humaine ; l'on participe alors à la "communion de la souffrance du Christ" et on soulève les fardeaux du monde.
Nous travaillons et vivons sur une planète de douleur. Tant que l'homme n'est pas un initié de haut degré, il ne peut même pas commencer à en pressentir les raisons ; il doit forcément se réfugier dans les platitudes rebattues selon lesquelles l'humanité souffrante a évolué pour justifier les choses telles qu'elles sont. Aucune de ces raisons ne s'approche des vraies raisons, ni ne permet de pénétrer vraiment au coeur du problème. Les hommes doivent attendre pour comprendre jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus être blessés ou limités par la douleur des autres. Cela survient quand nous avons appris à venir à bout de notre propre douleur. C'est à ce moment-là seulement que l'on peut commencer à soulever le fardeau de l'humanité dans son ensemble, et à avoir sa part de responsabilité dans l'allégement de ce fardeau.
Nous en arrivons à nouveau à ces mots magnifiques : Unité Isolée. Quand on n'a plus d'attachement à la forme, et quand on est libre de s'identifier avec l'aspect vie, on peut alors connaître la vraie signification de l'unité ; on est alors libéré de la douleur et libre d'en dégager les autres..
Vous êtes en train de l'apprendre ; c'est pour vous la dernière grande leçon de cette vie. Il faut quelque temps pour l'apprendre, car c'est l'une des quelques leçons fondamentales, impliquant des principes qui sont inhérents à la vie planétaire et qui exigent l'intervention de l'âme pour parvenir à leur vraie compréhension. Vous avez fait beaucoup de progrès en ce sens pendant cette vie, et vous n'avez pas de raisons de vous déprécier ou d'avoir des regrets. Je vous dis cela pour vous rassurer et je vous demande de vous en remettre à mes paroles.
Occupez-vous activement de mon travail, mon frère, car il ne reste rien d'autre au vrai disciple que le travail de l'ashram, qui est le travail de la Hiérarchie, le travail pour l'humanité. Telle est la succession des facteurs en
direction de l'extérieur. Pour vous maintenant, il ne s'agit plus tellement de travail extérieur, actif, tel que vous en avez tant accompli au cours des dernières années, mais d'adopter une attitude de stabilité, devenant ainsi un
canal et un chaînon. Rappelez-vous bien les paroles que je vous ai dites l'année dernière : "Je peux maintenant servir en Etant."
Ne faites pas tant d'efforts, mon frère. Acceptez les conditions de vie telles qu'elles sont ; acceptez la situation telle qu'elle est ; vivez détendu pendant le reste de cette incarnation et, exotériquement, reposez-vous de votre peine ; ésotériquement, entrez dans la lumière. Ne travaillez pas avec une telle impression de tension et d'effort. Je ne veux pas parler des tensions et des efforts extérieurs auxquels vous êtes soumis, car ils existent, sont pénibles et difficiles. Je veux parler de votre attitude intérieure de reconnaissance et d'acquiescement, du fait d'Etre et de la réalisation.
Voilà les quatre pensées de votre réflexion personnelle au cours de l'année à venir. L'année qui vient vous apportera de grands changements, mais vous êtes assez fort et assez expérimenté pour les supporter victorieusement. Les prochains mois comporteront pour vous la révélation, et cette révélation intensifiera la lumière sur la Voie illuminée qui s'étend devant vous. Ils vous offriront aussi des possibilités, si vous apprenez la dure leçon de l'abandon ; à la fin de l'année prochaine, vous serez peut-être surpris de la distance que vous
aurez parcourue, de l'illumination que vous aurez acquise et de la sphère accrue de votre utilité subjective.
Rappelez-vous, vous n'êtes pas seul. Je suis à vos côtés et je vous porte consciemment dans mon aura.
Novembre 1944.
Mon frère bien-aimé et fidèle disciple,
J'ai été de tout coeur avec vous pendant l'année passée, alors que vous avez lutté contre la fatigue, contre la solitude, contre de sinistres pressentiments et des inquiétudes de toutes sortes. Vous avez fait preuve d'une
stabilité constante et vous devez savoir maintenant tout le prix que la Hiérarchie attache à la stabilité. Ces années culminantes de votre vie ont été des années de grande difficulté et de grande douleur, non seulement pour vous, mais pour les autres. Au cours de ces années tout vous a été arraché, vous laissant sur ce "sommet de solitude" dont j'ai parlé à votre frère, W.D.S., dans les instructions que je lui ai adressées l'année dernière. Je souhaiterais que vous considériez ce sommet comme un lieu élevé, d'où la nouvelle vision peut être perçue. met peut être transformé en un mont d'initiation.
Vous avez dépassé les soixante-dix ans et vous avez la chance de voir derrière vous une vie de grande utilité et de grand progrès spirituel intérieur.
Vous vous êtes débarrassé de beaucoup de karma et vous êtes bien plus libre que lorsque vous êtes entré en incarnation.
Le point crucial de la leçon que vous êtes en train d'apprendre est d'éviter d'attendre quoi que ce soit de la vie, des gens, des circonstances ; mais attendez quelque chose des occasions spirituelles et de votre relation avec mon ashram.
Les disciples doivent considérer davantage l'ashram comme un lieu d'enveloppement spirituel, si je peux utiliser une expression si singulière. Ils doivent le considérer comme un cercle de protection, se rappelant que si leur
conscience peut s'échapper jusqu'à l'ashram, ils seront en un lieu de complète sécurité où rien ne peut les atteindre ou les blesser. Ni douleur, ni inquiétude ne peut accabler l'homme qui vit dans la conscience de l'éternel ; ce sens de l'éternel, ajouté à la compréhension de l'unité essentielle, marque tous les membres d'un ashram.
C'est là que vous êtes à l'abri des vicissitudes de votre vie. Mes paroles ne sont pas vaines ou symboliques, et je ne fais pas appel non plus aux platitudes habituelles exprimées par l'injonction "vivez dans l'éternel". Je parle
précisément de la place du disciple dans l'ashram de l'un des Maîtres, et en particulier de votre place dans mon ashram. Cette place est une réalité, non un rêve irréalisable ; c'est une sphère de conscience focalisée où le mental, l'amour, l'aspiration et la conscience spirituelle de nombreux individus se rencontrent et se rencontrent dans la vérité. Vous pouvez – comme beaucoup d'autres l'ont fait ou le font – devenir conscient de cette rencontre.
Evitez d'être vague en pensant à l'ashram auquel vous êtes affilié. Souvent je mets en garde les disciples et les encourage a se concentrer sur leur service extérieur et sur leurs contacts extérieurs, pour éviter la concentration sur l'ashram et sur moi, le Maître de l'ashram. Connaissant vos conditions de vie et voyant dans votre avenir, je renverse l'injonction dans votre cas et vous exhorte à faire de l'ashram une réalité dans votre vie, et de compter avec beaucoup plus de netteté et de certitude sur ma présence en ce lieu et sur mon accueil compréhensif. Votre modestie et votre humilité naturelles le permettront, et protégeront mon ashram et moi-même contre toute pression indue de votre part, même si vous y étiez poussé par la force des circonstances.
Je souhaite esquisser une méditation qui satisfera à vos besoins pour longtemps. Je ne la présente pas sous la forme ordinaire car vous tous, dans ce groupe, devriez avoir atteint le degré où vous êtes capables de formuler votre propre méditation et le mode d'approche de votre réflexion. Je ne vous indique que le cadre et certaines pensées-semence.
Je suggère que vous pensiez tout d'abord à l'ashram, à mon ashram, comme à un grand centre d'énergie avec lequel vous avez le privilège d'entrer en contact, à votre place et de votre manière. Voyez l'ashram comme une
sphère de lumière radieuse et magnétique ; puis voyez-moi, tel que vous me connaissez, au centre de cette sphère, à la fois émettant et recevant de la lumière, via le Christ et via l'ashram dont j'ai fait partie – l'ashram du Maître K.H. Voyez-vous vous-même comme une âme en contact avec l'énergie de premier rayon, et donc apportant un peu de cette énergie qui vous atteint via l'ashram du Maître M., à la lumière et au pouvoir de mon ashram. Ayant ainsi servi et ayant été servi, ayant pris vos frères de groupe dans votre conscience et ayant reconnu qu'ils étaient dans la lumière ashramique, vous pouvez continuer en prenant trois idées, ou trois phrases symboliques, comme thème de réflexion pendant les quelques années à venir. Elles suffiront à faire face à ce dont vous avez besoin et à susciter chez vous les attitudes spirituelles nécessaires.
I. La Croix, érigée très haut, va du sommet sur lequel je me tiens jusqu'au lieu de lumière où réside mon Maître. Contre cette Croix est posée une échelle. La Croix d'or et l'échelle de pure lumière ne font qu'une, et grâce à elles je m'élève. Je regarde vers le haut et je vois une main tendue. Je regarde vers le bas et je vois beaucoup de mains qui demandent de l'aide. Avec joie et espoir, je reconnais le dessein de mes deux mains. Je monte à l'échelle, si difficile que cela puisse paraître, avec les deux mains tendues – l'une au-dessus de ma tête pour qu'elle soit étreinte avec force, l'autre vers le bas, pleine de pouvoir pour élever.
II. Une mer de flammes brûlante. Au-delà, un soleil radieux. En arrière, un monde d'obscurité, de ténèbres et de forte pluie, une pluie de larmes. Je me tiens là au centre d'un feu, les yeux fixés sur le soleil. Le tourbillon du feu, les rayons enflammés que le soleil jette alentour se mêlent à mon feu et voyez ! Il disparaît. Le grand feu se mêle au petit feu et le consume. Je me tourne et sors de la lumière et de la chaleur pour entrer dans un monde de ténèbres et de brume ; alors que je me tourne, j'entends une voix criant fort : "Très bien. Traversez les ténèbres ; entrez dans la brume ; séchez la pluie et les larmes et trouvez-vous de l'autre côté, près de mon coeur."
III. Un jardin plein de fleurs, d'abeilles, de lumière rayonnante et de soleil.
Je vois un mur qui sépare le jardin du monde des hommes. Au-delà de ses grilles, je vois les formes de ceux qui aspirent à entrer. Dans mon coeur viennent les mots, prononcés je ne sais pas quand : "Vous avez la clé en main ; ouvrez les grilles, et laissez entrer la foule. Vous pouvez le faire, car le jardin maintenant est à vous et pourtant il est à eux, bien que vous y soyez entré le premier. Ouvrez la porte ; accueillez avec un sourire et des paroles d'amour la foule malheureuse, importune et triste, et réconfortez-la. Le jardin se trouve entre le monde extérieur et le lieu sacré intérieur que vous appelez mon ashram. Prenez position dans ce jardin. Puis reposez-vous.
Avancez-vous vers la porte quand c'est nécessaire, et revenez toujours à votre lieu de repos. Ouvrez la porte lorsqu'on vous le demande, mais gardez la clé. La vague montante de la foule ne vous touchera pas et n'abîmera pas le jardin dans sa beauté.
Derrière ces trois stances symboliques, si je puis les appeler ainsi, sont voilés trois leçons nécessaires que vous devez apprendre et maîtriser. Je ne vous dis pas quelles sont ces leçons, car vous devez avoir la joie de les
découvrir.
Je n'ai pas besoin de vous dire que je vous envoie, avec constance, des pensées de force et le soutien de ma compréhension. De longues années vous ont enseigné que ma force va vers vous quand vous faites appel à votre force intérieure et l'utilisez consciemment et correctement. Je ne vous donne pas ce que vous-même pouvez fournir, mais je peux compléter votre force, et je le fais, lorsque c'est nécessaire. Reposez-vous donc, mon frère ; ne vous inquiétez pas indûment sur le sort de ceux que vous aimez. Faites confiance à leur âme et
sachez qu'ils doivent, seuls, apprendre les leçons nécessaires. Reposez en paix.
Août 1946.
Mon disciple bien-aimé,
Ces dernières années, ont été pour vous des années d'angoisse et de détresse, à la fois physiquement et mentalement. Vous avez supporté, presque jusqu'à la limite, la douleur physique, l'angoisse et l'inquiétude, l'incertitude épuisante des difficultés d'argent et la détresse de voir souffrir les autres. Vous êtes demeuré ferme, et votre fermeté, votre sérénité, votre attitude inébranlable ont apporté de la joie à mon coeur et de la force à l'ashram. Je souhaite que vous le sachiez.
Par le travail, vous vous êtes débarrassé de beaucoup de karma et par ce travail vous avez servi. J'ai maintenant en vous un disciple sur qui – dans son prochain cycle de vie – je peux compter et à qui je peux donner des
responsabilités ; votre service pourra donc être important. Les disciples oublient que, lorsqu'ils atteignent le point où on peut leur faire toute confiance (car le soi inférieur a été effacé et n'obstrue plus la vision) ils enlèvent un poids des épaules du Maître.
C'est juste qu'on vous le dise, car les souffrances que vous avez endurées sans égoïsme vous ont acquis ce droit de reconnaissance. La Voie illuminée s'étend devant vous encore plus brillante, et vous pouvez entrer dans
cet éclat avec confiance et sécurité.
Voici les quelques mots que je voulais vous dire aujourd'hui ; ils suffiront je le sais. Prenez ce que j'ai dit exactement au pied de la lettre, et sachez que je suis satisfait, moi, votre Maître et votre ami depuis bien de vies.
Note : Dix-sept mois plus tard, ce disciple est entré "dans la clarté" de l'ashram intérieur.