SECTION IV

INSTRUCTIONS PERSONNELLES AUX DISCIPLES DONNEES PAR LE TIBETAIN à W.D.S.

 

1. Le rayon de l'âme, le second Rayon d'Amour-Sagesse.
2. Le rayon de la personnalité, le premier Rayon de Volonté ou de pouvoir.
3. Le rayon du mental, le second Rayon d'Amour-Sagesse.
4. Le rayon du corps astral, le premier Rayon de Volonté ou de Pouvoir.
5. Le rayon du corps physique, le troisième Rayon d'Intelligence Active.

Août 1940.


Mon frère,
Un travail ardu attend, l'hiver prochain, tous les disciples qui se sont voués à notre service, qui est, comme on vous l'a toujours dit, principalement le service de l'humanité. Ce service nous préoccupe intensément à l'heure
actuelle, et c'est seulement en formation de groupe qu'il peut être accompli. En dépit de ceci, pour une certaine raison, mon frère, vous demeurez particulièrement seul. En le comprenant, je me demande de quelle manière je peux vous apporter une connaissance de cette situation dans votre vie, afin que vous puissiez devenir partie intégrante de la vie du groupe. Quand je dis groupe, je ne désigne ni votre cercle immédiat de compagnons de travail, ni le groupe de mes disciples qui reçoivent ces instructions. Je désigne le groupe
tout entier de serviteurs-disciples qui travaillent dans le monde, et sont l'espoir du monde en ce moment.
Il n'y a pas de doute possible quant à votre désir de servir, à votre détermination de servir, à l'honnêteté de votre consécration. Deux facteurs, défiant presque toute définition, contribuent au fait qu'ésotériquement vous
demeurez seul, repoussant spirituellement tout contact avec le côté intérieur de la vie quotidienne et, en conséquence, également avec le côté extérieur. Il ne s'agit pas de votre volonté de coopérer, car elle est prouvée ; ou de votre effort pour comprendre, car il est évident ; il ne s'agit pas intrinsèquement de quelque
chose que vous faites ; qui vous entoure comme d'un mur, car là n'est pas véritablement la difficulté. C'est le fait que vous – en tant que personnalité – vous vous êtes trop longtemps placé au centre même de la scène, et que votre personnalité de premier rayon vous empêche de vous identifier avec le monde de relativité dans lequel vous vous trouvez. Votre personnalité est toujours en travers du chemin. Elle n'est jamais oubliée et conditionne tout ce que vous faites ou dites. Ce fait n'est pas évident à votre esprit car, en permanence, vous même
êtes le facteur le plus réel de la situation et cependant – ainsi que vous même l'enseignez aux gens – cette attitude de la personnalité est très mensongère et essentiellement illusoire. Le fait de mettre l'accent sur la
personnalité donne aux personnes que vous rencontrez un sentiment de manque de sincérité, qui suscite chez elles une réaction vous laissant à votre solitude.
Ceci, à son tour, suscite une réaction de défense de soi de la part de votre personnalité, ainsi qu'un effort pour imposer la coopération, la volonté de prendre la voie de la majorité, d'agir avec opportunisme et d'essayer de prouver à vous-même et aux autres que vous êtes ce que vous savez être, et que leur réaction vis-à-vis de vous n'est pas correcte. Maintenant que je vous l'ai signalé, les choses sont-elles vraiment plus claires dans votre conscience ? J'en doute, car les mots – exigeant une juste interprétation – peuvent égarer autant qu'aider. Je pourrais néanmoins présenter la question ainsi. Votre âme de second rayon et votre mental de second rayon sont tellement ramenés à un état inférieur, qu'ils deviennent l'expression de l'amour personnel, et, apparemment, mais pas en fait, la manifestation aimante, d'une attitude mentale. Vous vous bercez ainsi d'illusions, et vous faites une impression fausse sur les autres, car il n'y a là nulle vraie expression de la vérité. Il n'y a pas non plus de force de l'âme dans votre vie, mais seulement une détermination de la personnalité que
vous prenez pour de la force. Ceci se révèle de diverses manières, selon le type de personne qui est avec vous à un moment donné, mais ne se manifeste pas par la force stable de l'âme, centrée dans la vie spirituelle, illuminée par la lumière de l'âme, vouée au travail de groupe et non à l'aspiration ou à l'ambition de la personnalité.
Alors, que pouvez-vous faire ? Je vous rappelle que l'une des tâches du Maître est de révéler à son disciple le "point particulier d'aveuglement" de sa vie, qu'il est du dessein de l'âme d'illuminer et de placer dans la lumière de la conscience, dissipant ainsi obscurité et aveuglement. Cela se fait par la stimulation et la suggestion. Vous avez été soumis à la stimulation depuis des années ; elle a produit son double effet, stimulant la personnalité vers une
réceptivité mesurée, mais insuffisante, à l'âme, et stimulant une expression plus complète des tendances de la personnalité. Lorsque ces tendances ont été suscitées, enregistrées, reconnues pour ce qu'elles sont, et donc correctement prises en main, elles peuvent alors être éliminées. Néanmoins, cette tâche devient plus difficile à mesure que l'on progresse sur le Sentier, car des caractéristiques et des faiblesses plus subtiles apparaissent qui ne sont pas aussi faciles à déceler que les formes plus grossières de réactions personnelles. Je vous suggère donc d'étudier les faiblesses de votre position par rapport à vos compagnons de travail et à vos frères de groupe, et de découvrir la cause de votre esseulement en enregistrant quotidiennement votre effet sur les gens.
Cela signifie les étudier, eux, et non pas vous. Provoquez-vous chez vos amis et associés une réaction bonne et heureuse ou le contraire ? Sont-ils disposés à vous rechercher et à passer beaucoup de temps en votre compagnie ? Vous disent-ils leurs difficultés dans une bonne discussion et recherchent-ils votre sympathie ? Comment allez-vous procéder à cette découverte, et être capable de répondre à ces questions ? A vous de le trouver. Je ne peux qu'indiquer, car les vérités acceptées sur l'affirmation des autres ne rendent pas vraiment
service, sinon comme poteaux indicateurs le long de la route ; elles sont rarement convaincantes. C'est ce que vous saurez par vous-même, ce que vous vérifierez vous-même et ce que vous découvrirez dans la douleur, l'échec, la souffrance et l'orgueil blessé, qui vous apportera la libération et la fin de votre solitude encore très inconsciente.
Transmuez la force de votre personnalité et de votre nature émotionnelle – qui construit aujourd'hui un mur isolant autour de vous – en compréhension aimante qui vient de ce que son possesseur est identifié avec les autres. Il ne prend pas l'attitude : "Je m'identifie avec les autres", s'observant ainsi pour voir s'il l'est, alors qu'au même moment il est focalisé sur lui-même et sur ses réactions. Son but est de parvenir à l'identification, car il veut mettre fin à l'isolement qui est mauvais, et chercher à être plus heureux dans son travail, donc dans sa conscience. Au contraire, il se dit : "Que ressent mon frère ? Que pense-t-il ? Il agit ainsi car il s'intéresse plus au bonheur de son frère qu'à ses propres sentiments ou pensées ; il s'oublie ainsi lui-même en s'informant de la situation afin d'aider, de stimuler et d'aimer avec sagesse. Ce sont, mon frère, les banalités de l'expérience spirituelle, les vérités banales qu'il vous faut employer expérimentalement, pour les transformer en faits vérifiés de votre expérience de tous les jours. Je ne peux vous en dire plus en ce moment critique. Vous pouvez faire beaucoup dans le travail, si vous voulez vous regarder en face et vous oublier ; si vous voulez être fort en rendant la personnalité faible ; si vous apprenez à aimer en ne vous souciant pas de susciter ou non l'amour. Tels sont les paradoxes occultes qu'il vous faut résoudre et qui – lorsqu'ils seront résolus – accroîtront beaucoup votre
efficacité dans le service. Si vous souhaitez parler à A.A.B. qui est un disciple plus ancien que vous, vous pourriez y trouver suggestion et utilité. Mais A.A.B. me supplie de ne pas le suggérer et ajoute qu'une indication venant de moi vaut une multitude de mots venant d'elle ou de n'importe qui. Elle ne vous parlera pas de cette question et n'offrira même aucune occasion de discuter ; pourtant si vous lui parlez et cherchez la lumière d'après ce que j'ai dit, elle fera ce qu'elle pourra. L'un de vos frères de groupe a posé une question plutôt longue, à laquelle j'aimerais répondre ici, car elle a des implications psychologiques qui pourraient vous être utiles. Sa question est la suivante : "Quelle est précisément la relation entre pensée et émotion ? Pourrait-on définir correctement la pensée comme une émotion sublimée ? Est-ce que nos pensées découlent, même de façon lointaine, de nos émotions passées et présentes ? Si elles reflètent des réactions émotionnelles passées, les pensées ne pourraient-elles être décrites comme des "émotions fossiles".
Dans le contexte du présent, nos pensées ne sont-elles pas seulement nos réactions émotionnelles les plus délicates ? Le mental ne naît-il pas du raffinement du corps émotionnel ?
"Dans le sens de l'évolution, le corps émotionnel n'est-il pas lui-même une sublimation du corps éthérique, ce dernier n'étant à son tour qu'une sublimation de l'élément chimique inorganique ? A mesure que nous
progressons sur le Sentier du Retour, ne rassemblons-nous pas successivement nos corps en nous-mêmes, en élevant chacun à la Lumière de celui qui est au-dessus, n'est-ce pas cela la signification de la culture de l'éducation, du raffinement, de la purification ? N'est-ce pas là le travail personnel que nous devrions faire constamment, et n'est-ce pas ce qui est symbolisé dans la Doctrine catholique romaine par l'Assomption faite par
le Christ du corps de la Vierge Marie, sa Mère, dans les Cieux ?"
Ma réponse est :
Dans le passage ci-dessus, mon frère, vous aviez posé neuf questions, toutes portant sur le même sujet. Certaines d'entre elles n'auraient pas eu besoin de réponse, si vous avez eu le temps d'étudier le Traité sur le Feu Cosmique, car dans ce livre une grande partie de votre question trouve une réponse.
La difficulté de distinguer pensée et émotion est due entièrement à deux choses :
1. Le point d'évolution de l'Observateur, qui détermine pour une large part le champ de son observation, et le foyer de son attention dirigée.
2. L'état actuel de la race humaine. La plus grande partie de l'humanité, actuellement, ne pense pas, mais sent activement.
La caractéristique du mental, qui est principalement le discernement, fait défaut à la masse de l'humanité. La nature de l'émotion est néanmoins de mieux en mieux comprise, à mesure que le mental se développe. C'est le résultat d'une certaine mesure de discernement qui permet à l'Observateur de se rendre compte qu'il subit une émotion, ou passe par une crise émotionnelle. Cette émotion, à son tour, est le résultat de la perception sensorielle. Il peut y avoir beaucoup de réaction sensible sans émotion. Il ne peut pas y avoir d'émotion,
résultant de la sensibilité sans que soient présents une certaine mesure de développement mental et de pensée. En conséquence, nous appelons émotion la relation entre la pensée et la sensibilité.
On peut répondre à votre question en disant, de façon générale, que la sensibilité peut être (elle l'est fréquemment) présente là où n'existe pas de pensée du tout. Mais quand la pensée intervient, le résultat entre la pensée et la sensibilité est la production de l'émotion.
Nous passons, maintenant, à votre seconde question, où vous essayez de décrire la pensée comme une "émotion sublimée". Là, vous mettez la charrue devant les boeufs. La pensée est le moyen par lequel l'émotion peut être sublimée. C'est la sensibilité sans pensée qui a produit le monde de l'illusion, du mirage, des faux-semblants. C'est la pensée, avec sa faculté d'analyse et de discernement, qui nous fait prendre conscience de la maya dans laquelle nous nous déplaçons constamment. La pensée jette une lumière claire dans les brumes et brouillards du plan astral. L'énergie astrale – énergie de la réaction sensible – a, depuis des millions d'années, été mise en action par toutes les formes de vie, dans tous les règnes de la nature. Cela a produit l'illusion mondiale. C'est seulement dans la famille humaine, néanmoins, qu'elle est reconnue pour ce qu'elle est. Le pouvoir de la pensée et la lumière blanche du mental commencent à jouer sur la matière de ce plan, produisant l'émotion,
mais l'émotion est un état astral reconnu par le mental, et plus tard considéré comme l'un des effets du pouvoir régulièrement grandissant du mental de l'humanité.
C'est la pensée sous-jacente à l'expression, kama-manas (désir-mental) que l'on trouve si souvent dans les livres théosophiques, car toute sensationémotion suscite inévitablement le désir. Si l'émotion suscitée par la reconnaissance mentale de la sensation (enregistrée dans le corps astral) est agréable, le désir naît alors de continuer ou de répéter l'expérience. Si elle n'est pas agréable, mais douloureuse, la réaction est alors le désir de cesser l'expérience et donc de s'en libérer. C'est le désir humain fondamental conduisant (d'abord et au tout début) au désir de libération de la matrice, afin d'entrer dans la vie sur le plan physique, puis, avec le temps et le progrès, à ce grand désir de libération et de pénétration dans la vie même. Cette pensée nous conduit dans le monde de la psychologie ésotérique la plus technique.
C'est très difficile pour le débutant de saisir les différenciations fondamentales qu'il a soudées en unités, à cause de sa capacité innée à
s'identifier successivement à ce qui est révélé. La sensibilité et le mental sont, pour l'individu, les deux différenciations fondamentales dans le temps et dans l'espace. Ce qui est enregistré lorsque ces deux facteurs s'influencent réciproquement est l'émotion et, ultérieurement, la pensée. Mais la prise de conscience de la pensée vient plus tard et révèle l'émotion ; néanmoins, ce n'est pas l'émotion. La pensée découvre la sensibilité à laquelle l'âme s'est en permanence identifiée depuis des âges, et – si je peux m'exprimer ainsi – c'est en braquant le projecteur du mental en lent développement sur le monde de la sensibilité, du mirage, et de l'illusion, que se trouve révélée la réaction de l'homme à tout cela ; c'est cela que nous appelons émotion. Dans un sens profondément et vraiment ésotérique, c'est l'intuition qui est de l'émotion sublimée, et non le mental.
Donc, pour répondre à votre troisième question, je dirai que notre pensée ne procède pas de notre sensibilité, mais que, quand le mental commence à entrer en activité, nos perceptions sensibles se trouvent révélées ; nous
appelons émotion le résultat de cette révélation.
De plus, la pensée n'est pas la "sensibilité fossilisée", mais l'émotion qui peut être enregistrée par la faculté du mental, créatrice d'images ; les formespensées ainsi créées (incarnant la réaction du mental au monde de la
sensibilité) peuvent être si puissantes, qu'elles peuvent persister dans la chambre au trésor de la mémoire, et être constamment revitalisées par l'émotion récurrente. C'est l'activité du mental, relative à la sensibilité ou à
l'éventail des perceptions sensibles, qui révèle l'émotion. A l'heure actuelle, où l'être humain ordinaire et l'aspirant moyen ne peuvent pas différencier exactement le mental, l'émotion, la perception sensible et les formes-pensées que retient la mémoire, il est impossible de tracer une ligne claire de démarcation. Mais ceci est simplement dû au point d'évolution de la race humaine. Ces lignes de différenciation peuvent être clairement tracées par le disciple développé et l'initié. Ils découvrent alors que les pensées sont le produit du principe d'intelligence s'appliquant à la vie, et permettant à l'homme de dire : Je ne suis pas mon corps. je ne suis pas mon appareil sensoriel. Je ne suis pas ce qui se développe par le jeu réciproque entre moi-même et ce qui m'entoure. Je suis autre chose que tout cela. Je suis.
En ce qui concerne la sixième question, mon frère, vous avez oublié votre occultisme technique, et l'enseignement ancien concernant l'arc involutif, où les divers corps et formes sont créés par l'Esprit qui descend, et où la conscience est appropriée dans un grand moment de crise, quand naît chaque règne de la nature. Le mental existe et doit être utilisé consciemment. Jusqu'ici, peu de personnes ont conscience de cette qualité de la matière appelée le mental. Mais de même que sur l'arc involutif l'Esprit a créé en descendant, et qu'il s'approprie en remontant, de même chaque appropriation marque un nouveau point sur le Sentier de Retour ; l'Eternel Pèlerin, l'âme, fait la même chose à un moindre degré. Sur le sentier descendant dans la manifestation physique, les corps ou formes sont construits. Sur le Sentier de Retour, l'homme se les approprie et les utilise, la conscience de leur utilisation croissant constamment.
Pour l'être humain évolué, le but est clair ; il s'approprie consciemment ce qui a été construit et l'utilise au service du Plan.
N'oubliez pas que tous les aspects qu'utilise l'âme, et par lesquels elle s'exprime, sont parties constituantes du véhicule d'expression de Celui en qui nous avons la vie, le mouvement et l'être. En conséquence, nous nous
approprions ce que nous avons précédemment marqué sur le Sentier de Descente. Nous apprenons à l'utiliser consciemment. Nous entendons sa note lorsque nous descendons ; nous le voyons lorsque nous remontons. Nous nous identifions à la forme dont le son nous parvient pendant le processus d'involution. Nous la distinguons sur l'arc évolutif, et, quand le stade où nous nous identifions à la forme commence à disparaître, nous la "voyons" alors, et entrons dans le stade de la dualité.
Oui, mon frère, nous élevons en effet nos corps dans les cieux, mais cette élévation se produit dans le domaine de l'effort conscient, car lorsque les distinctions du mental inférieur disparaissent, et que le travail – le nécessaire
travail – de découverte et de différenciation a rempli son office en nous enseignant la leçon d'absence de désir, nous nous apercevons que la forme et la conscience sont unes, que la lumière est une et que l'énergie est une. Nous découvrons aussi que "telle étoile diffère de telle autre étoile, dans sa gloire", car il y a une Unique Flamme, mais beaucoup d'étincelles d'éclat différent, au sein de cette Flamme. Telle est la Gloire du grand Etre Eternel. Cette prise de conscience est l'aspiration de l'âme et le but de sa grande illumination. C'est, comme vous le signalez à juste titre, en envisageant l'angle mère-matière, l'assomption de la Vierge dans le ciel, où elle sera glorifiée. Une grande partie du mystère des "trois véhicules du Bouddha" est en relation avec la glorification des trois corps. On peut apprendre beaucoup en étudiant soigneusement le rapport entre les trois corps de l'être humain et les véhicules du Seigneur Bouddha.
Toute la question de la Sublimation, de la Purification, et de la Transfiguration est contenue dans cette relation. Il reste, néanmoins, à signaler les correspondances. C'est une tâche qui n'a pas encore été faite.
Permettez-moi maintenant d'en revenir à vos instructions particulières. Je ne vais pas vous donner de forme fixe de méditation. Cependant, je vais vous donner quelque chose à faire qui, si vous l'accomplissez avec succès, peut vous apporter une libération.
Chaque jour pendant dix minutes, essayez de prendre contact spirituellement, mentalement et émotionnellement avec l'un ou l'autre de vos frères de groupe. Prenez chacun d'eux, successivement, chaque jour. Cherchez à établir un rapport précis et déversez amour et espoir. Oubliez-vous alors et chassez de votre conscience le fait que vous savez être un centre d'où émane la force. Réfléchissez aux circonstances de leur vie, telles que vous pouvez les connaître ; essayez de comprendre leurs problèmes de temps, de caractère et
d'aspiration. Ecrivez-leur, si vous le désirez, et essayez de faire en sorte qu'ils vous aident. Qu'ils puisent chez vous l'essence même de votre service spirituel, ce qui signifie qu'ils tireront de votre âme ce dont ils ont besoin ; en donnant ainsi, vous serez enrichi. Ma bénédiction s'étend sur vous, mon frère.

Août 1942.


1. Au centre d'une grande tornade il y a un point de paix. C'est ce que dit l'histoire. On peut le trouver. Il en va de même pour toutes les tempêtes de la vie. Elles conduisent à la paix, si vous n'êtes pas une feuille.
2. Maintenez les anciens liens établis et cheminez avec vos frères.
Foulez en groupe la Voie illuminée. La chaîne de la Hiérarchie demeure fermement.
3. La lumière qui sort à flots de mon ashram est une partie de la Voie illuminée ; avancez sur ce fil de lumière ; vos frères avancent avec vous.
4. La solitude – telle que vous croyez la connaître – n'est qu'un mirage, mon frère. Vous n'êtes pas seul. Mais la solitude telle que vous pouvez la connaître est une lumière qui éclaire les ténèbres.
5. Cherchez cela.
6. C'est au sommet de la solitude qu'est le seul endroit où la vérité soit connue. Tenez-vous sur ce sommet.
7. Quand la vérité sera perçue clairement, chassant les toiles d'araignées et la poussière de la vie inférieure, votre service pourra porter une vérité nouvelle aux hommes.

Septembre 1943.


Mon frère,
Je vous ai observé avec intérêt pendant que vous opériez les nombreux et sévères réajustements dans votre vie, au cours des deux dernières années. J'ai noté la force accrue de vos liens spirituels avec votre âme, avec mon ashram et avec moi-même, votre Maître et votre ami constant. Vous n'avez peut-être pas eu conscience de ce fait, en permanence, ou de manière inspirée, mais vous avez fait une chose surprenante, surprenante car elle n'est pas habituelle. Vous avez fait ces sévères réajustements sans perdre de terrain, temporairement. Ceci
est vraiment rare. D'ordinaire, pendant ces changements fondamentaux de la vie, et pendant les périodes où la trame de la vie quotidienne est modifiée, il se produit une perte temporaire de temps et de terrain. Cela est rarement permanent mais existe habituellement, pendant une courte période, jusqu'à ce que les arrangements et ajustements nouveaux aient été organisés selon un rythme ; le cours des choses reprend alors, les anciennes habitudes spirituelles sont rétablies et le disciple progresse de nouveau sur sa route. Ce n'est pas, néanmoins, ce qui vous est arrivé. Vous semblez avoir avancé régulièrement, sans expérience spirituelle d'importance vitale, mais avec stabilité. Cela devrait vous indiquer quelque chose d'important et signifie que vous avez atteint, sur le
Sentier du Disciple, un point où vous n'avez plus besoin de vous demander si vous allez échouer en ce qui concerne un progrès constant et rectiligne. Vous échouerez peut-être, et même sûrement, sur les détails, la technique et les méthodes ; vous pouvez vous tromper dans la compréhension ou dans la prompte réaction face à une occasion spirituelle. C'est inévitable, et c'est la méthode par laquelle le disciple apprend. Mais vous poursuivrez votre progression ; vous ne retournerez pas en arrière, vous n'aurez aucune tendance véritable en ce sens, seulement des moments de fatigue inexprimable où la tentation pourra se faire jour, mais vous n'y prêterez pas attention.
Je me demande, mon frère, si vous vous rendez compte de ce que cela signifie pour le Maître qui entraîne et guide un disciple. Cela signifie qu'un danger possible peut être nettement écarté et que, dans une certaine
direction du moins, le Maître peut être sûr de son disciple. Il n'a plus à s'interroger sur son endurance. Il sait que celle-ci est bonne et que le disciple prendra ce qui vient sans broncher.
A mesure que vous avancerez, au cours des douze prochains mois, vous devrez parvenir à une compréhension claire de l'injonction que je vous ai faite précédemment, soit "chercher le sommet de la solitude, qui est le seul endroit où la vérité puisse être connue". Cette injonction a pour but d'accroître votre faculté de vous retirer dans le point focal du mental illuminé, où personne ne peut vous accompagner, et d'y attendre l'arrivée de la vérité – vérité particulière que votre personnalité réclame à votre âme, et dont vous sentez – à un moment
donné – qu'il est essentiel de la saisir, afin de faire avancer correctement votre service et votre progrès. Cette demande, basée sur un besoin ressenti, variera d'année en année, mais il y aura toujours quelque vérité, quelque phase de la compréhension et quelque révélation immédiate que vous saurez (au-delà de toute controverse ou discussion) devoir saisir et comprendre, pour avancer selon les désirs de votre âme et de votre Maître.
En ce moment, quelle est la vérité, l'information, la révélation qui vous est immédiatement nécessaire ? Ce n'est pas à moi de vous le dire, bien que je le sache. C'est en formulant ce besoin et cette exigence que vous progresserez. Je vous demande, au reçu de ces instructions, de déterminer dans votre esprit, en réfléchissant calmement, quel est votre besoin spirituel immédiat. Cherchez alors le sommet de la vérité en vous-même et là attendez la révélation. Elle viendra inévitablement si vous y tenez assez et si vous êtes suffisamment patient.
Les deux dernières années ont été des années de préparation pour vous, même si vous ne connaissez pas encore les buts de cette préparation. Elles vous ont beaucoup appris. Mais, je souhaite ici vous rappeler que tout
l'enseignement, l'entraînement et l'expérience que vous avez subis, doivent maintenant être rassemblés en un point de synthèse au sein du mental illuminé.
Ils deviendront alors une puissante pensée-semence, capable d'apporter beaucoup de perception intuitive et plus tard de révélation.
Voulez-vous donc faire ce qui suit, et observer la méthode indiquée cidessous :
1. Résumez dans votre conscience et à la lumière de votre âme la nature et le dessein des expériences et des changements auxquels vous avez été soumis. Essayez de voir le grand mouvement de l'intention et ne
vous préoccupez pas du détail. Formulez à vous-même vos conclusions en phrases claires et concises, de sorte que les leçons du passé vous soient révélées.
2. Déterminez en vous-même quelle est la prochaine vérité nécessaire, le genre de révélation ou de besoin qui vous permettront d'avancer avec une puissance accrue, une vision plus claire, une pénétration plus vraie. Ce ne sera pas aussi simple qu'il le paraît, car cette prochaine vérité doit relier le passé à l'avenir de service, selon votre optique de ce service.
3. Puis, en maintenant ces deux lignes de pensée, calmement et clairement dans votre mental, cherchez ce "sommet de la solitude" que l'on trouve si l'on cherche dûment. Là, on peut compter sur la vérité et la révélation désirées, et les attendre. Puis, attendez.
4. Quand votre intuition commence à entrer en jeu et que votre attente patiente, votre calme réflexion, votre attitude mentale ferme et équilibrée apportent la récompense d'une perception clarifiée, essayez alors d'appliquer la vérité reconnue et le germe de la révélation aux affaires pratiques de la vie. Vous constaterez alors un constant enrichissement de toute votre vie.
Ce sera un exercice très fructueux ; si vous pouviez le comprendre, il s'agit là d'une forme nettement avancée de méditation. Vous découvrirez que ce projet de méditation est une expérience des plus intéressantes.
Autre chose, mon frère. Cette période de guerre ne va pas durer indéfiniment. Sa fin est déjà en vue et vous devez y être préparé. Ceci n'est pas simplement de la sagesse pratique de ce monde, mais aussi de la prévision
spirituelle. Votre travail dans mon ashram doit nécessairement devenir plus nettement un aspect de mon travail dans le monde extérieur, qu'il ne l'est actuellement par nécessité ; je souhaite que vous réfléchissiez à ce que
vous pouvez faire. Les disciples de tous les ashrams (le mien n'est pas une exception) sont engagés dans le travail de leur ashram ? vous le savez depuis toujours. Même s'il est vrai que tout travail est spirituel, si son motif et son intention sont justes, les disciples, cependant s'engagent véritablement à certaines formes hiérarchiques de service qui doivent avoir la priorité sur toutes les activités de la vie, même si – en même temps – le disciple remplit ses autres devoirs dans le monde extérieur, basés sur ses justes obligations et responsabilités et sur sa condition de citoyen. Gardez bien cela à la pensée, et rappelez-vous que j'ai besoin de l'aide de tout le groupe faisant partie de mon ashram. J'ai aussi besoin de la compréhension et de la coopération de chacun, face à tous les problèmes à résoudre. Il m'est permis de lancer un appel général, et d'affirmer certains principes particuliers et certaines lignes d'activité devant gouverner le travail de mes disciples. Il ne m'est pas permis de dire où et quand
ce service doit être accompli.
Le travail de groupe et les quatre stades de réflexion que j'ai tracés pour vous, suffiront à vos entreprises spirituelles pour l'instant. Ces derniers et le travail que vous faites dans le domaine actuel de votre profession, offrent des possibilités adéquates de vie et de progrès. Mon amour et ma bénédiction sont vôtres ; vous pouvez y compter.

Novembre 1944.


Il y a actuellement une question majeure dans votre conscience. Votre âme vous a appris à vous poser des questions ; vous avez fait vôtre l'injonction selon laquelle le Maître parvient à son but par un processus consistant à se poser des questions et à trouver la réponse, seul et sans aide extérieure. Chez vous, c'est une croyance ferme ; c'est compris et c'est bien. La question de votre mental, qui n'a pas encore sa réponse, est suscitée par l'affirmation – dans mes dernières instructions – selon laquelle le travail de l'ashram est toujours la première obligation du disciple.
Ce travail varie nécessairement selon le rang du disciple et selon sa place dans l'ashram. Je vous ai donné (dans diverses instructions de groupe) les stades de l'état de disciple. C'étaient des stades dans la conscience du disciple et ils concernaient sa relation avec le Maître. Il entraient dans le détail de son progrès, partant d'un rare contact et allant jusqu'à une position proche du Maître. Il est intéressant maintenant d'ajouter, à ces stades individuels, ceux qui concernent la position du disciple au sein de l'ashram ; ceci sous l'angle de son devoir et de son service ashramiques. C'est une question différente ; bien qu'ils soient liés aux échanges entre lui et son Maître, ces stades concernent l'action et les résultats de l'expansion de sa conscience au sein de la conscience
hiérarchique.
Ils sont liés à sa perception de la vérité, sa réponse à la radiation du maître suscitant en lui certains développements, stimulant certaines qualités et caractéristiques nouvelles et illuminant son mental.
Ces stades dans le service et dans la reconnaissance du devoir et des obligations, sont davantage en rapport avec la position qu'avec le développement de l'âme et la maîtrise qu'elle exerce, bien que ce développement soit l'un des facteurs déterminants de sa position dans l'ashram.
Permettez-moi de les énumérer, en vous laissant le soin de vous situer dans la catégorie de serviteurs à laquelle vous appartenez, et vous laissant aussi manifester dans le monde, la nature de votre position ashramique. Je vais vous donner les noms et symboles ésotériques de cette différenciation :
1. Le stade de "l'impulsion qui s'éveille". Le symbole de ce stade est l'oeil à demi ouvert. Le néophyte, qui vient d'être admis dans l'ashram, devient (comme le dit le Livre d'Instructions aux Néophytes) victime d'une vue double. Avec l'oeil droit, il voit un chemin ombragé conduisant à l'ashram central ; de point en point, de la lumière à l'ombre et de l'ombre à la lumière, les piliers jalonnent le chemin ; il voit un étroit corridor et, au bout, une pièce ; dans cette pièce la silhouette du Maître paraît et disparaît. Avec l'oeil gauche, il voit un monde de brume et de brouillard, de ténèbres et de formes indistinctes – pays de malheur, d'affreuse détresse, avec un va-et-vient de lumière et d'ombre. De ce monde enténébré, s'élève un cri : "Nous avons besoin de votre aide. Nous ne pouvons pas voir. Venez à nous avec la lumière." Ces phrases comportent la première réaction du nouveau disciple à la vie double à laquelle son admission dans l'ashram l'a engagé vie d'instruction ashramique et d'approche régulière du Maître, s'ajoutant à une vie de service extérieur qui doit répondre aux besoins et non exécuter un devoir imposé. Il ne voit clairement dans aucune direction. Rappelez-vous toujours que cette approche et ce service doivent être instaurés par soi-même. La seule aide qu'obtient le disciple à ce stade vient de l'effet stimulant de l'aura de l'ashram.
2. Le stade de la "marche en avant". Par là, je ne veux pas parler du progrès dans la compréhension. Celui-ci est inévitable dans le temps et dépend des circonstances dans l'espace, quand le disciple est inébranlable dans sa détermination. Je veux parler du processus de sa marche en avant (au sens technique) le long du corridor aux piliers, et simultanément de son apparition dans le monde extérieur, en tant que travailleur ashramique. Vous avez une expression qui est habituellement employée dans un sens péjoratif – celle d'arriviste ; elle désigne une personne qui n'est pas satisfaite de sa position sociale, de ses contacts sociaux, de ses relations sociales, et qui emploie n'importe quelle méthode pour pénétrer dans les milieux sociaux apparemment inaccessibles. Dire que tous les buts méprisables (leur motif n'étant pas correct) sont la correspondance inférieure ou l'expression
symbolique (même déformée) de buts et d'aspirations plus élevés est une banalité. Cette pensée devrait rendre vos idées plus claires. A ce stade, un disciple est un homme dont les capacités et le caractère lu ont permis d'entrer dans l'ashram, avec le consentement de ses membres. Cependant, il erre, hésitant, à la périphérie des activités de l'ashram ; il sait que, dans le cercle infranchissable de l'ashram, se trouvent l'action, les relations, les contacts qui peuvent être un jour les siens. Néanmoins, il sait aussi qu'il lui faut comprendre la signification
de l'affirmation paradoxale qui a répondu à l'expression de son aspiration : "Sortez par la porte et quittez l'ashram, tel qu'il est et tel que vous êtes ; cherchez une autre entrée ; trouvez ce que vous cherchez en le laissant derrière vous, allez de l'avant en apprenant l'art d'aller en arrière." Dans la lumière éclatante de l'ashram, le disciple comprend qu'il n'a pas encore gagné le droit de suivre le corridor jusqu'au sanctuaire du Maître, mais qu'il lui faut aller dans le monde des hommes, des ténèbres et de la douleur ; ensuite, il pourra revenir à l'ashram puiser de la force pour continuer son travail extérieur. Ce qui se trouve à l'extérieur de la porte de l'ashram,
symboliquement, devient plus important pour lui que de réussir à passer le long du corridor. Ce qui lui est arrivé, c'est que, ses deux yeux "fonctionnant dans la lumière double", son sens des valeurs a été mis au point et la satisfaction de son propre progrès est devenue, pour lui, moins importante que ce qu'il peut faire pour soulager la douleur et la détresse qui sont à l'extérieur de la porte.
3. Le stade où "chaque pilier est dépassé et laissé dans son ombre". C'est un simple truisme de faire remarquer qu'à mesure que le service se poursuit, et que son efficacité augmente, le disciple s'aperçoit, lorsqu'il franchit la porte de l'ashram, qu'il ne se tient plus contre le côté intérieur de la porte, mais qu'il a déjà pénétré le long du corridor, sur une certaine distance. Il a dépassé certains piliers. L'un des Maîtres – utilisant ce mot dans son sens correct – a appelé ces piliers symboliques, "les piliers de la propriété", voulant dire que chaque pilier dépassé indique que certains aspects d'une conduite appropriée ont été atteints. Quand ces aspects sont développés, le disciple peut aller et venir à volonté dans le corridor, ce qui symbolise pour lui, la phase encore non développée de conduite ashramique. Ces piliers incarnent la dernière phase de l'illusion – ces illusions qui troublent le disciple, mais n'ont aucun effet sur celui qui se trouve hors de l'ashram. Vous devez les découvrir vous-même. Il y a encore cinq piliers pour lesquels vous devez acquérir la faculté de dépasser, avant d'avoir le droit de cité dans l'ashram. Vous avez déjà appris à en passer sept ; pour vous, ils sont maintenant inexistants.
4. Le stade de "l'alcôve où l'on se retire". Il me faut traduire ces aspects de la conscience en formes matérielles symboliques, afin de porter à votre attention, par des images, les phases de l'approche par lesquelles vous-même et tous les disciples devez passer. Les piliers (toujours symboliquement) ne se dressent plus de chaque côté de la voie d'approche. Bien qu'existant pour d'autres, ils ne constituent plus pour vous un souci. La voie s'étend libre devant vous. L'espoir d'un libre accès dans la pièce où travaille le Maître est une possibilité actuelle. Mais au sein de l'ashram, protégeant la retraite du Maître, se trouve l'antichambre du lieu où Il travaille ; son disciple le plus ancien préside dans cette antichambre. Ce disciple veille à ce que le Maître ne soit pas indûment dérangé : il est responsable du soin de son corps physique lorsqu'Il entre en "samadhi" ; il a le droit de l'interrompre en cas d'urgence ; il lui est fait confiance pour entrer et sortir de Son bureau, quand il estime que c'est désirable. Cet arrangement exige du disciple en progrès qu'il reconnaisse le disciple ancien. C'est ce processus de reconnaissance qui constitue l'épreuve finale, avant que soit donnée l'autorisation de franchir la porte intérieure.
5. Le stade appelé "le droit d'entrée". Quand ce stade est atteint, le disciple peut aller et venir selon ce que lui dictent sa conscience et les nécessités de son service dans le monde extérieur. Il a acquis une sensibilité telle qu'il sait quand il peut ou non faire intrusion auprès du Maître. Lorsqu'il en est à ce point, il s'aperçoit que, en lui, tout désir a disparu, désir d'entrer en contact avec le Maître pour sa propre satisfaction ou pour se faire aider. Une seule chose lui fait parcourir le corridor sur les ailes de la lumière, et fortifie sa main pour ouvrir grande la porte, c'est le besoin du monde.
Mon frère, vous découvrirez derrière ces symboles la leçon que j'essaie de vous transmettre. Je vous ai enjoint, dans mes dernières instructions, de comprendre la nécessité de parvenir au sommet de solitude, car sur ce sommet se trouve ce dont vous avez besoin. Ce que c'est, vous devez le trouver vous même.
Avez-vous appris quelque chose concernant ce lieu solitaire ? Si oui, votre prochain développement peut comporter (je n'ai pas dit qu'il "comporterait") les moments de solitude passés par vous, de pilier en pilier, en
avançant le long du corridor, aiguillonné par les besoins de ceux que vous vous efforcez de servir. Puis, viendra le moment où le disciple ancien symbolisera pour vous la fin de la solitude, et vous accueillera comme un frère. Ce qui passera plus tard, entre vous et le Maître, est votre secret, partagé avec lui.
Un point sur lequel je souhaite insister auprès de vous, actuellement, est la nécessité pour vous de reconnaître plus nettement que le chemin conduisant au sanctuaire intérieur est le chemin du service extérieur. Ce service ne doit pas avoir pour motif les exigences du moment, ou des considérations financières, ou les ordres de la personnalité. Il peut englober ou non le lieu de votre travail extérieur ; il se peut qu'il nécessite un changement
de votre cadre et de vos conditions de vie, mais le disciple – s'il est fidèle à son âme et à l'ashram – sert ses semblables en tant qu'ésotériste aussi bien que comme individu qui vise au bien de l'humanité et comme psychologue. C'est un point que vous devez saisir. Il vous faut alors faire cadrer les tâches assumées et entreprises dans le tableau symbolique que je vous ai donné. Je compte sur votre compréhension, car je n'énonce pas des paroles vaines ; je compte aussi que vous examinerez la déclaration qui suit, et y réfléchirez calmement.
Il y a un travail précis, prévu par moi, qui doit être mis en oeuvre par les membres de mon ashram ; c'est un travail que vous pouvez entreprendre. Il est en rapport avec la tâche majeure de bonne volonté, qui est si chère à mon coeur ; il nécessitera un sacrifice de votre part et peut-être l'abandon d'objectifs moins importants. Si vous le reconnaissez, cela voudra dire que "les piliers gardant l'approche du sanctuaire" de votre Maître peuvent être dépassés ; vous aurez atteint le point où vous pourrez entrer dans la "pièce de retraite". De nouveau, je vous parle en symboles. Vous avez presque soixante ans, mon frère. La soixante-troisième année de votre vie, comme celle de tous les disciples, sera une année de crise et de très grande opportunité ; vous devriez tourner vos regards vers ce point et vous y préparer. Dans l'intervalle, vous devriez dépasser les piliers, de point en point, en maintenant toujours fermement votre conscience dans l'ashram, et l'activité de votre personnalité consacrée à la tâche imposée par votre âme.
Une décision fondamentale va bientôt se présenter à vous ; de cette décision, dépendra votre droit d'entrée, au sens technique. Je ne peux même pas vous indiquer la nature de la prochaine crise, ni vous donner une indication quant à ce que devrait être votre décision. Néanmoins, j'ai confiance en vous, car vous avez beaucoup appris au cours des cinq dernières années ; vous êtes allé de point fort en point fort, et vous êtes passé de pilier en pilier, même si vous ne vous en rendiez pas compte. Vous découvrirez la qualité de votre force quand la nécessité d'une décision se présentera à vous. Je vous attends dans la pièce intérieure.

Août 1946.


Mon frère je n'ai rien à vous dire aujourd'hui de très important. Mes dernières instructions pour vous étaient longues et très importantes ; vous n'en avez pas encore absorbé la pleine signification. Dans ces instructions-là ; il y avait deux phrases sur lesquelles je souhaite de nouveau mettre l'accent dans votre conscience. Ce sont :
1. Le chemin du sanctuaire intérieur est le chemin du service extérieur.
2. La soixante-troisième année de votre vie – comme celle de tous les disciples – sera une année de crise et de très grande opportunité.
Ces deux affirmations sont en relation étroite. Les crises, mon frère, peuvent être objectives ou subjectives ; elles peuvent se produire sur le plan physique, et n'ont pas une aussi grande signification sous l'angle spirituel,
même si elles causent beaucoup de souffrances à la personnalité ; elles peuvent surgir, dans la conscience, sur le plan émotionnel ou mental ; elles présentent alors des possibilités d'action, mais surtout d'action se rapportant à la personnalité ; elles peuvent résulter de l'intention de l'âme, enregistrée par la personnalité et le cerveau. Elles sont alors de très grande importance, mais très souvent elles ne sont pas reconnues à moins que le disciple ne soit très vigilant et constamment conscient du flux cyclique d'énergie spirituelle.
C'est une crise de ce genre qui se présente à vous. Votre sensibilité spirituelle s'est-elle accrue au cours des dernières années, au point que vous soyez sûr de pouvoir reconnaître dans cette crise l'occasion offerte, lorsqu'elle se présentera ? Voilà les points que je souhaite vous voir examiner, car de ces reconnaissances et de vos décisions dépendra votre utilité pour le reste de votre vie, c'est-à-dire, sous l'angle de l'ashram.
Il existe une difficulté particulière, liée au fait qu'il reste relativement peu d'années devant la majorité des membres du groupe. Voici quatre difficultés parmi celles qui entravent l'intelligente et heureuse réalisation de la
future transition :
1. La tendance à "se tasser", à estimer que l'on a fait le mieux possible, et que c'est tout ce que l'on peut vous demander. Ceci fait des quelques années qui restent une simple expression de l'habitude et du caractère établi, et empêche d'entreprendre toute nouvelle aventure spirituelle.
2. La reconnaissance que l'on a atteint son niveau le plus élevé pour cette vie, et qu'il n'y a plus rien à attendre. Ce peut être vrai sous l'angle de la personnalité, mais l'âme demeure éternellement jeune et insatisfaite ; elle ne connaît pas de point statique.
3. La préoccupation, grandissant avec les années, concernant le processus de vieillissement, ses servitudes, ses symptômes physiques, sa laideur, et ses nécessaires (?) abandons. C'est la manière habituelle dont la majorité des gens abordent leurs dernières années. Veillez à ce que ce ne soit pas la vôtre au cours de la prochaine décennie.
4. La reconnaissance que l'âme, riche des expériences accumulées d'une vie, est maintenant libre de servir. Aucun nouveau problème n'est pris en mains, aucune nouvelle discipline n'est appliquée ; le disciple utilise tout ce qu'il possède au service de l'ashram, et cela pour le reste de sa vie.
Je cherche à vous faire réfléchir à tous ces points, car ils représentent les choix qui vous attendent, et c'est votre droit de savoir ce qu'ils sont. Je n'ajoute aucun commentaire ; j'insiste sur le fait qu'il y a un choix précis et conscient à faire, et je vous laisse libre de réfléchir à fond à cette question.
Dans le passé, vous avez fait beaucoup pour aider au travail prévu par moi.
Aujourd'hui, vous êtes parmi ceux que la découverte de leur entreprise spirituelle intéresse. Découvrez-la, mon frère, et entreprenez quelque chose qui comptera pour la réalisation (je n'utilise pas le mot manifestation) du
royaume de Dieu sur terre. Intéressez-vous vivement, de nouveau, aux plans hiérarchiques, et insérez-vous dans le programme, réglé dans le temps, de mes desseins ashramiques. Mettez au point votre sens des valeurs qui s'est considérablement modifié dernièrement (je ne dis pas si c'est bien ou non, car cela est votre affaire), et faites que votre vie compte à l'heure des besoins de l'humanité.
J'ai les suggestions suivantes à faire en ce qui concerne votre travail de méditation :
1. Orientez-vous dynamiquement vers l'ashram et vers moi, votre Maître, et réfléchissez pendant un certain temps à votre relation avec moi et à ses diverses implications.
2. Orientez-vous vers les entreprises spirituelles (car il y en a plusieurs) émanant de l'ashram, sous ma direction ; réfléchissez à votre responsabilité envers elles.
3. Orientez-vous vers le travail quotidien que vous avez choisi, et examinez ce qu'il offre comme possibilités, pouvant s'insérer dans la vision spirituelle que tous les disciples portent en eux.
4. Orientez-vous vers votre âme, et examinez quels sont les devoirs, les responsabilités et les relations de cette âme dans les trois mondes de l'expérience.
5. Puis énoncez le OM trois fois afin de clarifier le mental ; calmez toute réaction émotionnelle et essayez de rendre votre cerveau réceptif à l'impression spirituelle supérieure.
6. Puis, en tant qu'âme, en vos propres termes, parlez-moi et discutez avec moi de votre vie et de votre intention spirituelle. Je ne vous répondrai pas ; rappelez-vous que ce qui aura le pouvoir de pénétrer dans l'ashram sera enregistré.
7. Dites la Nouvelle Invocation, et prononcez le OM après chaque stance.
8. Terminez votre méditation en disant – en tant que personnalité, et avec force :
"Puissé-je faire tout mon devoir alors que je chemine vers Tes pieds sacrés."
Vous me connaissez depuis de très nombreuses armées, mon frère. Je demeure le même ; donc à tout moments, vous pouvez compter avec certitude sur mon amour, ma force et ma compréhension.