III. LE FAIT DE L'IMMORTALITÉ ET DE LA VIE ÉTERNELLE
La troisième vérité est le sentiment de la Vie éternelle ou Immortalité. L'adhésion à ce principe fait partie des réactions de l'humanité tout comme l'instinct de préservation – et il semble que bien peu y échappent.
Avec cette conviction intime nous affrontons la mort, sachant que nous revivrons, que nous allons et venons et que nous persistons parce que nous sommes divins et les maîtres de notre propre destinée. Nous savons que nous nous sommes assignés un but et que ce but est "une Vie plus abondante" – quelque part, ici, là, et finalement partout.
L'esprit en l'homme ne meurt pas ; il vit éternellement, progressant d'étape en étape sur le sentier de l'évolution, développant sûrement, l'un après l'autre, les aspects et les attributs divins. Cette vérité implique nécessairement la reconnaissance de deux grandes lois naturelles : la Loi de la Réincarnation et la Loi de Cause à Effet. Les Églises d'Occident ont officiellement refusé de reconnaître la Loi de la Réincarnation et se sont ainsi égarées dans une impasse théologique et dans une voie sans issue. Les Églises orientales ont trop insisté sur ces lois si bien que leurs fidèles ont adopté une attitude négative et passive, en face de la vie et des événements, en se basant sur l'idée que la renaissance offre des occasions toujours renouvelées. Le christianisme a insisté sur l'immortalité, mais il fait dépendre le bonheur éternel de l'acceptation d'un dogme théologique : soyez un bon chrétien pratiquant et vous vivrez dans un ciel plus ou moins vague, ou refusez d'être un chrétien pratiquant ou négatif qui fait passivement profession de foi et allez à un enfer absurde – un enfer né de la théologie de l'Ancien Testament et de sa présentation d'un Dieu haineux et jaloux. Ces deux conceptions sont également rejetées aujourd'hui par tous les gens réfléchis, sains et équilibrés. Nul être humain raisonnable, croyant tant soit peu en un Dieu d'Amour, ne peut accepter ce Ciel des hommes d'église, ou n'éprouve le moindre désir d'y aller. Ils acceptent encore moins "l'étang ardent de feu et de soufre" (Apoc., XIX, 20) ou la torture éternelle qu'un Dieu d'Amour infligerait à tous ceux qui ne croient pas aux interprétations théologiques du moyen âge, ni à celles des sectaires et des ecclésiastiques peu éclairés, qui cherchent – par les dogmes, la crainte et la menace – à retenir les masses prisonnières d'un enseignement ancien et périmé. La vérité essentielle est ailleurs. "Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi" (Gal., VI, 7) est une vérité qu'il convient de remettre en évidence. Dans cette phrase, saint Paul formule pour nous l'ancienne et véritable Loi de Cause et Effet, appelée en Orient la Loi de Karma.
L'immortalité de l'âme humaine et la capacité innée que possède l'homme spirituel intérieur de mener à bien son propre salut, suivant la Loi de la Réincarnation, conformément à celle de Cause et Effet, sont les facteurs fondamentaux qui déterminent toute la conduite et toutes les aspirations humaines. Nul homme ne peut se soustraire à ces deux lois. Elles le gouvernent à tout moment, jusqu'à ce qu'il ait atteint la perfection qu'il désire et qui lui est destinée, et qu'il puisse se manifester sur terre en véritable Fils de Dieu.