45. Par cette maîtrise le pouvoir d'exiguïté et les autres siddhis (ou pouvoirs) sont atteints, ainsi que la perfection corporelle et l'affranchissement de toutes entraves.
En approchant de sa conclusion, chacun de ces trois livres sur le Raja Yoga donne un résumé des résultats et une vision de ce qui est accessible à l'aspirant intelligent et assidu. Ce sont les suivants :
"La réalisation s'étend ainsi, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, et d'annu (l'atome ou point) à atma (ou esprit) sa connaissance est parachevée." (Livre I, Sutra 40)
"Comme résultat de ces moyens, il s'ensuit la complète sujétion des organes sensoriels." (Livre II, Sutra 55)
"Par cette maîtrise, le pouvoir d'exiguïté et les autres siddhis (ou pouvoirs) sont atteints, ainsi que la perfection corporelle et l'affranchissement de toutes entraves." (Livre III, Sutra 45)
On peut voir d'après cela : premièrement, comment s'acquiert la vision et la prise de conscience intérieure de Dieu ; puis, comment se réalise la sujétion complète de la nature inférieure, ainsi que la maîtrise des sens et de leurs organes, de telle sorte que cette prise de conscience devient un fait d'expérience sur le plan physique et qu'il s'ensuit la manifestation de cette maîtrise, par la mise en jeu de certains pouvoirs.
Le quatrième livre tout entier traite de la réalisation grandiose qui naît des trois résultats ci-dessus, et produit :
1. La cessation de l'affliction et du labeur. (Sutra 30)
2. La réalisation de la connaissance infinie. (Sutra 31)
3. L'entrée dans l'Eternité. (Sutra 33)
4. Le retour de la conscience à son centre. (Sutra 34)
En relation avec le sutra qui fait l'objet de notre présente étude, les huit siddhis ou pouvoirs psychiques sont souvent appelés les huit perfections et constituent, avec les deux autres, les dix perfections se rapportant à l'homme inférieur. Ces pouvoirs sont :
1. L'exiguïté anima.
C'est le pouvoir que possède le yogi de se faire aussi petit qu'un atome, de s'identifier avec la plus infime partie de l'univers, en sachant que le soi contenu dans cet atome est un avec lui-même. Ceci est dû au fait que l'anima mundi, ou âme du monde, est universellement répandue à travers tous les aspects de la vie divine.
2. La magnitude mahima.
C'est le pouvoir de dilater sa conscience et d'entrer ainsi dans le grand tout aussi bien que dans sa plus petite partie.
3. La gravitation garina.
Ceci concerne le poids et la masse, et s'applique à la loi de gravitation, qui est un aspect de la Loi d'Attraction.
4. La légèreté laghima.
C'est le pouvoir sous-jacent au phénomène de la lévitation. C'est la capacité qu'a l'adepte de détourner la force d'attraction de la planète et de se détacher de la terre, et c'est l'opposé du troisième siddhi.
5. La réalisation de l'objectif prapti.
C'est la capacité qu'a le yogi d'atteindre son but, de donner à sa conscience une extension lui permettant de se rendre à n'importe quel endroit et, selon son désir, d'atteindre quoi que ce soit en quelque lieu que ce soit. Il est clair que ce fait trouvera une application dans les trois mondes et sur tous les plans, comme c'est en fait le cas pour l'ensemble des siddhis.
6. La volonté irrésistible prakamya.
Ceci est parfois dépeint comme étant la souveraineté et consiste en cette force entraînante et irrésistible qui se trouve chez tout adepte et qui provoque le couronnement de ses plans, la réalisation de ses désirs et le parachèvement de ses impulsions. C'est la qualité qui constitue la caractéristique distinctive du magicien noir comme du magicien blanc. Elle se manifeste nécessairement avec une force plus grande sur le plan qui, dans les trois mondes, reflète l'aspect volonté de la divinité, le plan mental. Tous les éléments obéissent à cette force de volonté, dans l'emploi qu'en fait le yogi.
7. Le pouvoir créateur isatva.
Ceci concerne le pouvoir qu'a l'adepte de disposer des éléments en leurs cinq formes, de produire, en s'en servant, des réalités objectives, et par cela, faire oeuvre de créateur sur le plan physique.
8. Le pouvoir de commander vasitva.
Le magicien qui place sous son contrôle les forces élémentaires de la nature, utilise ce pouvoir ; c'est là la base du mantra yoga, le yoga du son ou mot créateur. Le pouvoir créateur, le septième siddhi, concerne les éléments et leur vivification ; ils deviennent alors [23@348] des "causes efficaces" ; ce siddhi, le huitième, concerne ce pouvoir qu'a le Mot de pousser les forces constructives de la nature à une activité cohérente, afin de produire des formes.
Quand ces huit pouvoirs fonctionnent, il en résulte alors le neuvième, la perfection corporelle, car l'adepte peut construire un véhicule adapté à ses besoins, peut faire de lui ce qu'il veut, et par son entremise, atteindre son objectif. Finalement, le dixième pouvoir sera vu en pleine manifestation et aucune forme ne constituera une entrave ou un obstacle à la réalisation de la volonté du yogi. Il est libéré de la forme et de ses qualités.