3. Quand la chitta s'absorbe en ce qui est la réalité (ou l'idée enclose dans la forme) et n'a plus conscience ni d'une séparation ni du soi personnel, il s'agit de la contemplation ou samadhi.

 

Le moyen le plus simple de comprendre ce sutra consiste à se rendre compte que toute forme ou objet est une vie manifestée, de quelque genre que ce soit. Dans les premiers stades du processus de méditation, l'étudiant prend connaissance de la nature de la forme et des rapports existant entre elle et lui.
Les deux états dans lesquels il est conscient de lui-même et de l'objet de sa méditation sont des conditions purement mentales ; elles existent dans son mental.

Cette condition est suivie d'une autre, dans laquelle sa prise de conscience se dirige vers l'intérieur et atteint le plan subjectif. Il se rend compte de la nature de la vie qui s'exprime à travers la forme. La qualité et les rapports subjectifs accaparent son attention et il perd de vue l'aspect forme ; mais le sentiment de séparation ou de dualité persiste encore. Il est encore conscient de lui-même et de ce qui constitue le non-soi. La similitude de qualité et la réaction à une vibration analogue sont cependant acquises par lui.

Dans les deux stades de dharana et dhyana – la concentration et la méditation – le mental est le facteur important agissant dans le cerveau comme agent producteur. Un grand instructeur hindou, Kecidhvaja, exprime cette idée dans les termes suivants :

"L'âme a le moyen. La pensée est le moyen. Elle est inanimée. Lorsque la pensée a terminé sa tâche libératrice, elle a accompli ce qu'elle devait faire, et cesse." (Du Vishnou Purana VI. 7. 90)

La vérité de ce fait rend très difficile toute description ou explication au sujet de l'état élevé de samadhi ou contemplation, car les mots et les phrases ne sont qu'un effort du mental visant à soumettre au cerveau du soi personnel ce qui le rendra apte à apprécier et comprendre le processus.

Dans la contemplation, le yogi perd de vue :

1.
Sa conscience cérébrale, ou les notions du plan physique se rapportant au temps et à l'espace.
2.
Ses réactions émotives au sujet du processus de sa méditation.

3.
Ses activités mentales ; de sorte que toutes les "modifications" du processus pensant, toutes les réactions émotives du véhicule du mental-désir (kama-manas) sont subjuguées, le yogi en étant inconscient. Il est cependant intensément vivant et alerte, positif et éveillé ; car le cerveau et le mental sont fermement tenus en bride par lui et il en fait usage sans aucune intervention de leur part.

Cela signifie littéralement que la vie indépendante des formes à travers lesquelles fonctionne le soi réel est tranquille, pacifiée et subjuguée, l'homme réel ou spirituel étant éveillé sur son propre plan et apte à fonctionner en faisant un plein usage du cerveau, des enveloppes et du mental du soi inférieur son véhicule ou instrument. Il est, en conséquence, centré en lui-même, ou dans l'aspect âme. Il a perdu de vue tout sens de séparation, ou de soi personnel inférieur ; il s'identifie avec l'âme de la forme qui a fait l'objet de sa méditation.

N'étant plus entravé par la substance mentale, ou par la nature de désir, il "pénètre" en un état qui présente quatre caractéristiques prépondérantes :

1.
L'absorption dans la conscience de l'âme et, en conséquence, la connaissance consciente de l'âme de toutes choses. La forme n'est plus perçue et la vision de la réalité, que voilent toutes formes, se révèle.

2.
La libération hors des trois mondes de la perception sensorielle ; de sorte que seul est connu ou peut faire l'objet d'un contact, ce qui est dénué de forme, de désir et de substance mentale concrète.

3.
La conscience d'être un avec toutes les âmes, sub-humaines, humaines et supra-humaines. La conscience de groupe exprime tant soit peu cette idée, tout comme la conscience particulière, ou la conscience que peut avoir un être de sa propre identité individuelle, caractérise la conscience dans les trois mondes.

4.
L'illumination, ou perception de l'aspect lumière de la manifestation.
Grâce à la méditation, le yogi se sait être lui-même lumière, être un point d'essence ignée. Grâce à la facilité avec laquelle se déroule le processus de méditation, il peut centrer cette lumière sur quelque objet de son choix et se mettre "en rapport" ( En français dans le texte. (N.d.l.t.)) avec la lumière que cache cet objet. Cette lumière est alors reconnue pour être une en essence avec son propre centre de lumière, et la compréhension, la communication et l'identification sont alors rendues possibles.