50. La maîtrise correcte du prana (ou des courants vitaux) est externe, interne ou immobile ; elle est subordonnée au lieu, au temps et au nombre et elle est aussi prolongée.

 

Ce sutra est très difficile à comprendre et la signification en a été à dessein rendue obscure, en raison des dangers pouvant résulter de la maîtrise des forces corporelles. Les idées et le sens qu'il transmet se répartissent en deux rubriques :

I.
Le contrôle externe, interne ou immobile des courants vitaux du corps (dense et éthérique). Cela concerne :
1.
L'appareil respiratoire et l'utilisation du souffle.
2.
Les airs vitaux et leur radiation.
3.
Les centres et leur éveil.
4.
Le feu de kundalini et sa progression correcte vers le haut de l'épine dorsale.

II.
La signification astrologique et la relation entre l'homme et son groupe, planétaire ou autre. Cela se rapporte aux mots "lieu, temps et nombre".

III.
Le processus de l'illumination et l'intervention, au sein de l'homme physique et par la voie du cerveau, d'une réaction aux impressions supérieures. Cette aptitude à répondre à la voix de l'égo et à devenir tranquille et réceptif, doit précéder les quatre derniers moyens de yoga, qui ne concernent pas aussi directement le plan physique dense ou les niveaux éthériques de la conscience.

Il est évident qu'une grande partie de l'enseignement contenu dans ce sutra ne peut être donnée en toute sécurité que directement du maître à l'élève, et après une étude adéquate des conditions corporelles de cet élève. Il n'est ni possible ni opportun d'exposer dans un livre destiné au grand public, les règles, pratiques et méthodes qui donnent au disciple entraîné la possibilité de mettre son véhicule physique dense en synchronisme instantané avec son corps éthérique ; de densifier et irradier son aura jusqu'à produire certains résultats magnétiques dans son entourage, et, en éveillant ses centres, de rendre manifestes certains pouvoirs psychiques. La méthode employée pour faire surgir le feu de kundalini et sa fusion avec la force égoïque descendante, doit également être laissée à l'enseignement direct que donne à son élève un maître en cette science, tant que cet élève n'a pas atteint à un équilibre correct entre les couples de contraires. Il y a, dans l'éveil prématuré du feu, un extrême danger : la destruction consécutive, dans le corps éthérique, de certaines structures protectrices et la rupture des barrières qui séparent ce monde du monde astral. Le développement prématuré des pouvoirs psychiques inférieurs, avant l'éveil de la nature supérieure, contient une menace, et l'effet produit sur le cerveau peut se traduire par de la folie, douce ou furieuse.
Quelques mots d'explication peuvent néanmoins être donnés, afin de permettre à l'authentique étudiant en occultisme d'obtenir une information qui, correctement appliquée, agit comme une clé permettant d'en obtenir davantage.
C'est la méthode occulte constante. Nous allons donc traiter brièvement nos trois points :

I.
La maîtrise externe du prana, ou courants vitaux, concerne les exercices respiratoires et les pratiques rythmiques qui mettent les organes physiques, joints aux centres éthériques, dans la condition voulue. Ces organes physiques ne sont jamais en eux-mêmes, l'objet d'une attention particulière de la part du magicien blanc ou de l'occultiste. Il en est question en magie noire et ils sont constitués par le cerveau, les poumons, le cœur, la rate et les organes génitaux.
Le magicien noir utilise sciemment ces parties physiques du corps pour engendrer un type de force qui constitue un mélange de force éthérique et d'énergie physique dense, dont l'emploi lui permet de se livrer à certaines formes de travail magique et de produire également des effets sur les corps physiques des animaux et des hommes. C'est cette connaissance qui est à la base du vaudouisme et de toutes les pratiques dont résultent l'épuisement et la mort des hommes et des femmes qui barrent la route au magicien noir ou sont considérés comme ses ennemis ; toutes choses qui ne concernent en rien l'aspirant aux mystères de la Fraternité de la Grande Loge Blanche qui, lui, réalise la fusion des deux parties du physique dense et la synchronisation du rythme des deux corps, ainsi que l'unification consécutive de l'homme inférieur tout entier, grâce à l'attention apportée au souffle et au rythme éthériques. Ceci aboutit inévitablement à la "maîtrise externe des courants vitaux".

La maîtrise interne des courants vitaux se réalise de trois façons :

1.
Par la compréhension intellectuelle de la nature du corps éthérique et des lois qui régissent sa vie.

2.
Par la considération des types d'énergie et de leur dispositif, le système des centres, qu'on trouve dans le corps éthérique.

3.
Par certaines clartés et connaissances qui viennent à l'aspirant lorsqu'il y est prêt (ayant pratiqué les précédents moyens de yoga) et lui confèrent une aptitude à capter certains types de forces et d'énergies, ou shaktis, en vue de produire, par leur utilisation correcte au moyen de ses propres centres, des effets qui peuvent être décrits par les termes : illuminants, purifiants, magnétiques, dynamiques, psychiques et magiques.
La maîtrise immobile des courants vitaux résulte du développement convenable des deux autres maîtrises, externe et interne, et doit être effective pour que le cinquième moyen de yoga, le retrait ou abstraction, devienne possible. Elle démontre simplement qu'il existe un synchronisme parfaitement équilibré et une complète unification des deux parties du corps physique, de sorte qu'aucun obstacle ne s'oppose à la sortie ou à l'entrée des forces. Quand la maîtrise immobile est réalisée, le yogi peut, à son gré, se retirer de son corps physique, ou peut rentrer dans ce corps et user à volonté de l'une quelconque des sept grandes forces planétaires.

Il ne faut pas oublier qu'il est question ici d'un état idéal et qu'aucun aspirant ne peut réaliser ce moyen de yoga sans travailler simultanément d'après les autres moyens. L'étude du parallélisme dans la nature peut avoir ici sa valeur.

II.
Il est également fait allusion ici à la signification astrologique des trois termes "lieu, temps et nombre". Il faut reconnaître en ces mots les triplicités universelles, et voir, dans la maîtrise correcte des courants vitaux, un rapport avec le karma, les occasions favorables et la forme ; il est certains termes qui, bien compris, donnent la clé de tout l'occultisme pratique et font du yogi un maître de la vie. Ce sont les mots : Son Nombre Couleur Forme.

Mot Vie
Lumière Corps.

Ils seront reconnus comme étant subordonnés à l'idée d'espace et à l'élément temps. A ce propos, il ne faut pas oublier que "l'espace est la première entité" (Doctrine Secrète, I. 583 éd. angl.) et que la manifestation cyclique est la loi de la vie. Ce fait étant reconnu, l'entité, en s'exprimant de façon cyclique, fera sentir sa présence par la différenciation, par la couleur ou la qualité de la forme qui voile, et par la forme elle-même. L'ensemble de ces facteurs constitue, dans sa totalité absolue, la manifestation d'une entité qu'elle soit Dieu ou homme ; l'apparence de quelque homme que ce soit en une manifestation exotérique sur le plan physique dépend du rythme, ou énergie cyclique – entrante ou sortante – de la grande Vie en qui cet homme a la vie, le mouvement et l'être. C'est là la base de la science de l'astrologie, ou de la relation existant entre la planète, ou les planètes, et l'être humain, ainsi que leur relation avec les étoiles et les divers signes du zodiaque.

Une certaine connaissance de tout ceci est essentielle à la maîtrise correcte des courants vitaux, et permet au disciple de tirer profit des "saisons et des jours" en lesquels les progrès peuvent être accélérés.

III.
Le processus d'illumination de l'homme inférieur est rendu possible par la maîtrise correcte des pranas et ce "processus illuminant" est une science exacte à laquelle ces quatre moyens de yoga ont ouvert la voie. Les feux du corps sont correctement distribués ; la condition d' "immobilité" peut, jusqu'à un certain point, être réalisée ; les airs vitaux dans la tête sont "en paix", et l'homme inférieur tout entier est en attente de l'un des deux processus suivants :
a.
Le retrait de l'homme véritable ou spirituel, en vue d'une activité sur quelque plan supérieur,
b.
ou la descente, dans la conscience inférieure du cerveau, de la lumière, de l'illumination et de la connaissance, provenant des plans de l'égo.