42. Quand celui qui perçoit amalgame le mot, l'idée (ou signification) et l'objet, cela est appelé la condition mentale d'un raisonnement critique.
Dans ce sutra et dans le suivant, Patanjali développe une vérité précédemment exprimée.
(Voir Sutra 7.) Il nous apprend qu'il y a deux sortes de méditation :
1.
Avec un objet ou semence ; employant en conséquence le mental rationnel et critique, le corps mental, avec son aptitude à la concrétisation et à la création de formes-pensées.
2.
Sans objet ou semence ; exigeant en conséquence une faculté différente, qui ne peut entrer en action que lorsque le mental concret est compris et correctement utilisé. Cette utilisation correcte implique l'aptitude à "calmer les modifications du mental" et à réduire la "chitta", ou substance mentale, à la quiétude, de sorte qu'elle puisse prendre la teinte de la connaissance supérieure et refléter les plus hautes réalités.
Pour arriver à la connaissance des choses subliminales, celui qui perçoit doit tout d'abord prendre conscience de la forme externe ; il doit ensuite passer au-delà de cette forme externe, pour en saisir l'état interne, soit ce qui (étant une force d'un certain genre) suscite l'externalité ; jusqu'à ce qu'il arrive à la cause de l'une et de l'autre. Dans ce sutra, ces trois états sont dénommés :
L'idée La cause sous-jacente à la forme objective.
Le mot Le son qui produit la forme.
L'objet La forme produite par le son pour exprimer l'idée.
Les étudiants feront bien de se rendre compte que ce travail comprend l'état méditatif antérieur et qu'il constitue, du fait que le mental inférieur est utilisé dans ce processus, la méthode séparative. Les choses se divisent en leurs parties constituantes et, comme tout ce qui, par ailleurs, se trouve dans la nature, elles se présentent sous un triple aspect. Ce fait étant compris, l'importance et le sens occulte de toute méditation se dévoilent et la méthode qui forme les occultistes apparaît clairement. L'occultiste, au cours du travail auquel il se livre pour atteindre à la compréhension de la nature, procède toujours en direction de l'intérieur, à partir de la forme externe, afin de découvrir le son qui créa cette forme, ou l'agrégat de forces qui produisit l'apparence extérieure ; tout agrégat de forces rend un son qui lui est propre, produit par le jeu réciproque de ces forces. L'ayant découvert, l'occultiste pénètre plus loin encore en direction de l'intérieur, jusqu'à prendre contact avec la cause, l'idée ou la pensée divine (émanant du Logos, planétaire ou solaire) qui suscita le son et produisit ainsi la forme.
Pour son travail créateur, l'adepte prend son point de départ au-dedans, car il connaît l'idée qu'il cherche à incorporer en une forme ; il prononce certains mots ou sons et évoque ainsi certaines forces, qui produisent (par leur interaction) une forme d'un certain genre. Plus le niveau sur lequel travaille l'adepte est élevé, plus les idées atteintes le seront également, et plus seront simples et synthétiques les sons émis.
Les étudiants en Raja Yoga doivent cependant saisir les faits élémentaires s'appliquant à toutes les formes ; ils doivent aussi se familiariser, au cours de leur méditation, avec le travail consistant à dissocier les triades afin d'être capables, en définitive, d'établir à volonté un contact avec l'un quelconque des aspects constituants. C'est par ce moyen que la nature de la conscience peut être comprise, car celui qui perçoit (entraîné à faire ces distinctions) peut entrer dans la conscience des atomes dont est composée une forme tangible quelconque et, allant plus loin, peut entrer également dans la conscience des énergies qui produisent le corps objectif et qui sont littéralement ce qui a été dénommé l' "Armée de la Voix". Finalement, il peut aussi prendre contact avec la conscience de la Vie Souveraine génératrice du mot initial. Ce sont là les points de repère majeurs ; il y a entre eux de nombreux degrés de vies d'où émanent des sons intermédiaires et qui peuvent, en conséquence, être décelées et connues.